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•Comparées à leurs homologues européennes, les métropoles régionales
françaises sont plus petites en taille, dénuées de pouvoirs autonomes et
dotées d'un rayonnement international limité. Sept grandes villes
dominent l'armature urbaine: Lyon, Aix-Marseille, Lille, Toulouse,
Bordeaux, Nantes et Strasbourg. Quatre autres, aux fonctions
incomplètes, sont considérées comme des quasi-métropoles (Grenoble,
Montpellier, Rennes, Nice). Une douzaine de villes intermédiaires, plus
petites en taille, organisent également leur zone.
•l'image de « Paris et le désert français »3 ne se justifie plus. En matière
de grands équipements, les métropoles ont connu un réel rattrapage et
constituent d'indéniables relais régionaux. Soucieuses de renforcer leur
place dans la hiérarchie des villes européennes et d'accroître leur
rayonnement international, elles développent des projets urbains
d'envergure, tel « Euroméditerranée » à Marseille. Elles forment, avec la
capitale, un archipel métropolitain. Malgré cela, les grandes villes de
province nouent de plus en plus de relations directes, entre elles ou avec
d'autres villes européennes (contrats de recherche, programme
d'échanges universitaire « Erasmus » depuis 1987). Ainsi s'affirme une
organisation plus polycentrique.
•Avec la départementalisation, les villes petites et moyennes ont
longtemps maillé le territoire. Deux tiers des aires urbaines de 20 000 à
100 000 habitants perdent aujourd'hui des habitants. Leur évolution
reflète l'inégal dynamisme régional. Excédentaires dans les régions en
forte croissance (sud et ouest), elles sont très déficitaires au nord et à
l'est. La proximité des grandes métropoles a un effet dynamisant.
Inversement, ces villes souffrent de l'enclavement.
•Plus spécialisées que les grandes villes, les villes petites et moyennes
sont particulièrement vulnérables. Beaucoup ont une forte spécialisation
industrielle et pâtissent des délocalisations. Elles se distinguent aussi par
une sur-représentation des services à la population. Cette économie
résidentielle, parfois dynamique (tourisme), se trouve fragilisée par la
fermeture des services publics.
2. Des espaces urbains socialement fragmentés
2.1. Une fragmentation urbaine accentuée
•La métropolisation entraîne une hausse du prix du foncier qui renforce la
ségrégation urbaine. L'opposition historique entre les beaux quartiers et
les quartiers populaires évolue vers une ville à plusieurs vitesses. Les
centres connaissent un processus de gentrification qui passe par la
réhabilitation de l'habitat, des espaces publics et le renouveau des
commerces. Les politiques de reconquête économique et patrimoniale
ainsi que la spéculation immobilière favorisent cet embourgeoisement,
3 Titre d'un célèbre ouvrage de 1947 écrit par J.F.Gravier, qui décrivait parfaitement le
déséquilibre fondamental de l'armature urbaine de la France.