Guide de l`exposition

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Collection Jacques-Edouard Berger | Art ancien d’Egypte et d’Asie
Vive le Roi !
Figures emblématiques de l’Egypte ancienne, les pharaons étaient non seulement rois mais aussi dieux. Considérés comme des Horus vivants, ils étaient les
garants de la Maât, l’ordre du monde. Sans eux, les Egyptiens redoutaient le
retour du chaos. Tout à la fois grands prêtres, chefs des armées, juges et administrateurs principaux, les pharaons se succédèrent pendant près de 3000 ans.
Cependant, ils déléguèrent constamment une partie de leurs nombreux pouvoirs
à des prêtres et des conseillers, choisis parmi les courtisans. Des femmes, issues
de leur entourage, surent aussi tirer parti de leur influence et, parfois, accéder au
pouvoir suprême. Préparez-vous à une immersion dans l’intimité de ces illustres
souverains! Audrey Eller
Les collections d’art ancien d’Egypte et d’Asie réunies de son vivant par
Jacques-Edouard Berger, historien d’art, conférencier, organisateur et accompagnateur de voyages culturels, déposées en 2000 auprès de la Ville de
Lausanne par la Fondation du même nom, sont données à voir au travers d’expositions thématiques régulièrement renouvelées. Des visites guidées sont
proposées chaque dernier dimanche du mois, Asie et Egypte en alternance.
Collection Jacques-Edouard Berger | Art ancien d’Egypte et d’Asie
Vive le roi !
Plan des vitrines
Les numéros correspondent aux numéros d’inventaire établis par JacquesEdouard Berger et indiquent les objets mis en évidence dans ce descriptif.
A
B
538 392
145 147
C
K
512
216
518
D
J
345
413
E
I
51
394
78
F
H
214
304
G
206
L
449
M
316
1
Dignitaires en fonction (vitrine A)
Le roi pouvait compter sur une armada de dignitaires pour l’aider à accomplir
les nombreuses tâches qui lui incombaient. Exerçant des fonctions soit très
élevées – tels les vizirs (sortes de Premier ministre), les nomarques (à la tête
d’un des nomes (=canton/département d’Egypte) ou les grands prêtres – soit
plus modestes, ces dignitaires permettaient d’assurer le bon fonctionnement
économique et religieux du royaume. Leur puissance pouvait être parfois
considérable et conduisit notamment au morcellement du pouvoir royal lors de
certaines périodes troublées.
392 Statuette de dignitaire
Serpentinite
Moyen Empire, XIIe dynastie (2070-1786 av. J.-C.)
Cette petite statuette datant de la XIIe dynastie (soit environ de 2000 à 1800 avant J.-C.) représente un homme assis
en tailleur. La tête a malheureusement disparu et seuls
subsistent quelques hiéroglyphes (qui composaient sûrement une formule d’offrandes) sur le socle. L’homme est
enveloppé dans un grand manteau dont sort la main gauche qui repose sur sa poitrine. Il s’agit selon toute vraisemblance de la représentation d’un dignitaire qui laissait ainsi
une trace pour l’éternité et, par le biais de la formule d’offrandes, s’assurait de ne rien manquer dans l’au-delà.
538 Fragment d’un profil de dignitaire
Calcaire polychrome
Ancien Empire, IIIe-VIe dynastie (2800-2200 av. J.-C.)
Ce fragment sculpté possède encore des traces de polychromie, indiquant qu’il fut un temps entièrement peint. La
finesse de la sculpture et le style ont permis de le dater de
l’Ancien Empire. Il s’agit très probablement d’un relief issu des
parois d’une tombe et représentant son propriétaire. Ce dernier appartenait sans nul doute à la haute société égyptienne
et ce pour deux raisons: une tombe de cette qualité était un
luxe que seuls quelques élus pouvaient se permettre et
l’homme porte autour du cou un ensemble de colliers d’or
ressemblant à ceux que pharaon offrait à ses plus fidèles serviteurs en remerciement de leurs services.
2
Relations extérieures (vitrine B)
L’Egypte pharaonique entretint de nombreux contacts avec l’étranger, que ce soit
dans un but commercial ou plus belliqueux lorsqu’il s’agissait d’étendre son
influence. Des ambassadeurs étrangers sont souvent représentés apportant
notamment de riches tributs au pharaon. Il pouvait s’agir de produits ou matériaux
absents d’Egypte (tels l’encens, le lapis-lazuli ou certains bois précieux) ou encore d’animaux exotiques.
147 Frise représentant des ambassadeurs étrangers
Grès
Nouvel Empire, XVIIIe dynastie (1555-1303 av. J.-C.)
Ce relief en creux est gravé sur un petit bloc en grès appelé
talatat (en arabe «trois», faisant référence à sa dimension:
trois fois la largeur de la main). Ces blocs de petit module
permirent de construire très rapidement les sanctuaires
d’Akhenaton, le roi adorateur du disque solaire, Aton. La coiffure des deux hommes, de laquelle pointe une plume, ainsi
que leurs traits indiquent une origine nubienne. Ils devaient
vraisemblablement apporter des tributs au roi. La Nubie, en
actuel nord Soudan et extrême sud de l’Egypte, était particulièrement riche en mines d’or. Des animaux exotiques, provenant de contrées encore plus méridionales, y transitaient
également.
145 Trois porteurs d’offrande (détail d'une peinture murale)
Stuc peint
Nouvel Empire, XVIIIe dynastie (1555-1303 av. J.-C.)
Ce fragment de peinture murale, datant de la XVIIIe dynastie, représente trois hommes précédés de trois signes
hiéroglyphiques se lisant « intendants ». Le style de cette
peinture murale rappelle celui de nombreuses tombes thébaines construites pour des particuliers. Si la provenance
ne peut qu’être supposée en fonction de cette ressemblance, il ne subsiste aucun doute quant au fait que ce
fragment s’insérait dans la décoration d’un tombeau. Ces
trois intendants amenaient possiblement des offrandes ou
comptabilisaient et enregistraient minutieusement des
denrées, telles que des céréales.
3
Pharaons à travers les âges (vitrine C)
L’institution pharaonique a connu une longévité inégalée: les premiers souverains
du Double pays (la Haute et la Basse Egypte) vécurent aux alentours de 3100
avant J.-C., alors que le dernier souverain indigène, Néctanébo II, acheva son
règne en 343 avant J.-C. Quelques décennies plus tard, les Ptolémée, des rois
d’origine macédonienne, établirent leur pouvoir sur l’Egypte, en empruntant les
codes du système monarchique égyptien. Cléopâtre VII fut la dernière d’entre
eux. La célèbre souveraine se donna la mort en 30 avant J.-C. alors qu’Octave, le
futur Auguste, assujettissait l’Egypte.
216 Fragment de torse d’une statue de Sésostris Ier
Granit
Moyen Empire, XIIe dynastie (2010-1786 av. J.-C.)
Ce fragment en granit a conservé une partie du ventre d’une
statue de Sésostris Ier. On devine encore le nombril dans la
cassure à gauche et, surtout, une partie de la ceinture qui retenait le pagne. Sur cette dernière, l’un des deux cartouches du
roi est gravé: «Kheper-kâ-Rê», ce qui signifie «le kâ de Rê est
créé». La titulature royale comptait cinq noms, parmi lesquels
on trouvait le nom de naissance (pour Sésostris Ier : Sésostris).
Ce souverain régna pendant le Moyen Empire, durant la XIIe
dynastie. Chargé par son père, Amenemhat Ier, de conduire
plusieurs expéditions militaires, notamment contre la Nubie et
la Libye, il apprit sa mort durant l’une d’elles. Cet événement
est relaté dans le Conte de Sinouhé, texte conservé jusqu’à
nos jours.
518 Cintre de stèle au cartouche d’Aménophis II
Calcaire
Nouvel Empire, XVIIIe dynastie (1555-1303 av. J.-C.)
Le nom de couronnement d’Aménophis II est visible à l’intérieur du cartouche au centre de ce fragment de stèle :
« Aa-kheperou-Rê », ce qui signifie « les manifestations de
Rê sont grandes ». Ce roi de la XVIIIe dynastie est particulièrement connu pour ses nombreuses campagnes militaires et pour sa force physique, mise en avant par la propagande royale. Sur ce fragment de stèle, on aperçoit
encore les deux uraei (cobras) qui protègent le nom du
pharaon, auxquels sont accrochées des croix ankh, symboles de vie. Il s’agit de la partie supérieure d’une stèle
cintrée (dont le haut se termine en demi-cercle), en-dessous de laquelle le texte était inscrit.
4
Aménophis III (vitrine D)
Souverain de la glorieuse XVIIIe dynastie, Aménophis III régna pendant environ 38
ans sur une Egypte prospère et en paix. Considéré comme un âge d’or de l’histoire égyptienne par les égyptologues, son règne est marqué par la construction
de nombreux monuments. L’art de cette époque est particulièrement raffiné et
réaliste. Les représentations du souverain sont légion et le montrent à différents
stades de sa vie. Il apparaît que, dans ses dernières années, le roi souffrait d’obésité. A sa mort, son fils, Aménophis IV (le futur Akhenaton) monta sur le trône.
345 Pommeau de canne [au cartouche d'Aménophis III]
Pierre émaillée, décor gravé en réserve et incrusté
Nouvel Empire, XVIIIe dynastie (1555-1303 av. J.-C.)
Ce pommeau de canne est décoré des deux cartouches du
souverain comportant son nom de couronnement et son nom
de naissance: «Neb-Maât-Rê» («Rê est le maître de la
justice») et «Imen-hetep» («Amon est en paix»). Ce dernier
nom est celui qui a été retranscrit en grec par le prêtre égyptien Manéthon (IIIe siècle avant J.-C.) et que nous utilisons
encore aujourd’hui: Aménophis. Ce prêtre, qui avait sans
doute accès aux listes royales déposées dans les temples
égyptiens, a écrit une histoire de l’Egypte en grec à l’époque
de Ptolémée II et regroupa les règnes des pharaons égyptiens en 30 dynasties. Ce système très commode est encore
utilisé de nos jours en égyptologie.
Akhenaton (vitrine E)
Souverain emblématique de la XVIIIe dynastie, Akhenaton est connu notamment
pour ses représentations hyperréalistes, son adoration du disque solaire, Aton, et
le couple qu’il formait avec Néfertiti, dont le célèbre buste est conservé à Berlin.
Son règne d’environ 16 ans est marqué par la création d’une nouvelle capitale,
Akhetaton («l’horizon d’Aton», actuelle Tell al Amarna), construite sur un terrain
vierge de toute occupation et dédiée à Aton. Néfertiti lui donna 6 filles. Son successeur, Toutankhamon, serait issu d’une autre union.
394 Brique de fondation au cartouche d’Akhenaton
Terre cuite vernissée
Nouvel Empire, XVIIIe dynastie (1555-1303 av. J.-C.)
Sur cette brique de fondation, on peut encore lire une partie
du cartouche contenant le nom de couronnement d’Akhenaton: «Néfer-kheperou-Rê Oua-en-Rê» («les manifestations
de Rê sont parfaites, l’Unique de Rê»). Ce type de brique de
fondation faisait généralement partie d’un dépôt de fondation
constitué de plusieurs objets (outils miniatures, vases, etc.)
enfouis à l’emplacement d’une future construction, le plus
souvent, un temple. L’enfouissement de ces objets donnait lieu
à une cérémonie conduite par le roi, au cours de laquelle était
tracé sur le sol le plan du futur bâtiment.
51 Fragment de statue [au cartouche de la reine Nefertiti]
Calcaire silicieux
Nouvel Empire, XVIIIe dynastie (1555-1303 av. J.-C.)
Ce fragment de calcaire conserve une partie du ventre d’une
statue de Néfertiti, l’épouse d’Akhenaton. Le plissé de la robe
moulante est caractéristique des représentations de l’art
amarnien. Le cartouche de la célèbre reine est conservé, ce
qui permet d’identifier avec certitude la statue. Il se lit de cette
manière : « Néfer-néferou-Aton Néfertiti », ce qui signifie
«Belle est la perfection d’Aton, la belle est venue». Avec son
époux, elle occupait une place prépondérante dans le culte
du disque solaire. Tous deux étaient considérés comme les
intermédiaires directs entre la divinité et le peuple égyptien.
Souverains du Nouvel Empire (vitrine F)
Le Nouvel Empire, et plus particulièrement les XVIIIe et XIXe dynasties, est marqué par les règnes de souverains extrêmement connus, tels qu’Hatshepsout,
Thoutmosis III, Akhenaton, Toutankhamon, Séthi Ier ou encore Ramsès II. L’Egypte
était alors à son apogée artistique et politique. Son territoire s’étendait de la
Nubie au sud jusqu’à la côte syro-palestinienne au nord-est.
214 Fragment de profil royal
Calcaire
Nouvel Empire, XIXe dynastie (1303-1193 av. J.-C.)
Ce fragment de profil royal provient soit d’une tombe soit
d’un temple. La barbe postiche permet d’identifier une figure
royale. En effet, cet élément faisait partie des attributs pharaoniques. Porté par les dieux, il permettait au roi de se distinguer des mortels. Sur ce bas-relief, le roi reçoit le symbole
de la vie, la croix ankh. Cette offrande permettait de renforcer
symboliquement son pouvoir royal et de recevoir par la
même occasion la protection des dieux.
Ramsès II (vitrine G)
Souverain de tous les superlatifs, Ramsès II régna environ 67 ans. Constructeur
frénétique, on lui doit les deux temples d’Abou Simbel (l’un des deux est dédié à
son épouse favorite, Néfertari), plusieurs sanctuaires en Nubie, des ajouts dans
les temples de Louxor et de Karnak, mais aussi une nouvelle capitale dans le
Delta, Pi-Ramsès. Avec sa douzaine d’épouses connues et ses nombreuses
concubines, il conçut environ 100 enfants. Ses fils aînés décédèrent au cours de
son long règne, ce qui amena sur le trône son 13e fils dans l’ordre de succession,
Mérenptah.
6
206 Effigie de Khaemouast
[Fils de Ramsès II. En prêtre de Ptah. Fragment.]
Granit noir
Nouvel Empire, XIXe dynastie (1303-1193 av. J.-C.)
Quatrième fils de Ramsès II et d’Isis-Nofret, Khaemouast
accompagna très tôt son père lors de campagnes militaires.
Grand érudit, il passa une bonne partie de sa vie à recueillir
les textes anciens et à désensabler et faire rénover les monuments des anciens pharaons, raison pour laquelle il est parfois qualifié de précurseur en archéologie. Sur cette petite
statuette, il est représenté en tant que Grand prêtre de Ptah,
fonction prestigieuse qu’il occupa réellement. Ses fonctions
l’amenèrent à résider principalement à Memphis, lieu de résidence de Ptah. Il fit creuser les grandes galeries du Sérapéum
(à Saqqara) donnant accès aux chambres funéraires des taureaux Apis, images vivantes de Ptah.
Princesses (vitrine H)
Les princesses de sang jouèrent un rôle prépondérant dans la monarchie égyptienne. Parfois prêtresses, elles assuraient des cultes qui garantissaient le pouvoir des pharaons. Par le biais de mariages endogamiques avec leurs frères ou
pères, elles plaçaient le couple royal au-dessus du commun des mortels en imitant les dieux qui pratiquaient eux aussi ces unions consanguines. Ces femmes
jouaient un rôle important dans la transmission du pouvoir royal et, de ce fait, il
semble que peu d’entre elles furent envoyées hors d’Egypte pour épouser des
souverains étrangers (alors que pharaon épousait régulièrement des princesses
étrangères).
304 Torse d’une statuette de princesse
Bronze
Basse Epoque (404-332 av. J.-C.)
Cette petite statuette en bronze représente une princesse. La
chevelure est délicatement ouvragée et le front de la statuette est orné d’un symbole royal par excellence, l’uraeus (cobra
dressé). Durant la Basse Epoque, de nombreuses princesses
sont représentées dans la statuaire égyptienne du fait de la
fonction rituelle que beaucoup d’entre elles occupèrent.
Connues sous le titre de Divines adoratrices d’Amon, elles
officiaient à Thèbes (actuelle Louqsor) et étaient chargées de
réveiller la puissance sexuelle d’Amon, assurant ainsi la prospérité du pays. Elles devaient rester célibataires et adoptaient leur successeur. En cette période où pharaon siégeait
dans une capitale située dans le Delta, le fait d’envoyer une
princesse à Thèbes permettait de garder le contrôle sur le
sud du pays et sur le très puissant clergé d’Amon.
7
Les Ptolémée (vitrine I)
Ptolémée Ier, général d’Alexandre le Grand, s’arrogea l’Egypte peu après la mort de
ce dernier et mit en place une dynastie qui perdura près de trois siècles (de 305
à 30 avant J.-C.). Pas moins de quinze souverains portèrent le nom de Ptolémée,
régnant aux côtés d’épouses (souvent de la même famille) connues sous les
noms d’Arsinoé, Bérénice et Cléopâtre. Même si leur capitale était à Alexandrie,
ville nouvellement fondée au bord de la Méditerranée, et qu’ils parlaient tous uniquement le grec (excepté Cléopâtre VII qui serait la seule à avoir parlé l’égyptien),
ils adoptèrent de nombreux aspects de la royauté pharaonique et s’appuyèrent sur
cette base pour asseoir leur pouvoir au sein de la population indigène.
78 Modèle de sculpteur pour une tête de roi
Stuc
Période gréco-romaine (332-30 av. J.C.)
Même si le style de cette sculpture est parfaitement égyptien,
il s’agit bien de la représentation d’un souverain macédonien,
l’un des Ptolémée. L’absence d’inscription ne permet pas de
définir lequel, mais le style est indéniablement ptolémaïque.
Pour se faire représenter, on constate que les Ptolémée ont
adopté de nombreux éléments indigènes: ici la coiffe surmontée du cobra dressé, mais aussi, sur d’autres statues, le
pagne, vêtement habituel des pharaons égyptiens. Les souverains de cette dynastie sont représentés de la sorte dans
les nombreux temples construits pendant cette période et
adoptent les codes usuels de leurs prédécesseurs.
Uraeus (vitrine J)
Dérivé d’un mot grec signifiant «sur sa queue», le terme uraeus est associé à la
représentation d’un cobra dressé prêt à frapper l’ennemi. Placé sur le front du roi
et, par extension, des membres directs de sa famille, ce symbole agissait comme
un puissant protecteur. Ce cobra est un animal femelle, symbole de la déesse
Ouadjet, patronne du Delta du Nil (la Basse Egypte). Accompagnée de la déesse Nekhbet, déesse vautour protectrice de la Haute Egypte, elles symbolisaient
le pouvoir du roi sur le Double pays.
413 Uraeus
Bronze, incrustations de pâte de verre
Basse Epoque (702-332 av. J.C.)
Ce petit cobra en bronze, doté d’un disque solaire, devait selon
toute vraisemblance être fixé sur le front d’une statue figurant
un roi ou une divinité. Il n’est pas rare de trouver ce type d’éléments composites qui apportaient parfois plus de réalisme à
une sculpture en pierre. L’ajout du disque solaire est tout à fait
habituel étant donné que, dans la mythologie égyptienne, l’uraeus est l’œil de Rê, ou plus simplement sa fille. Le lien entre
le dieu soleil et le cobra est ainsi visuellement mis en évidence.
8
Portraits de dignitaires (vitrine K)
Les nombreux dignitaires et membres de la cour faisaient partie de la plus haute
couche de la société, juste derrière le roi et sa famille. Riches et puissants, ils désiraient laisser une trace de leur passage sur terre afin que leur nom ne soit pas
oublié. Hormis les tombes richement décorées qu’ils se firent construire, beaucoup
d’entre eux passèrent commande de statues à leur effigie et les déposèrent dans
les sanctuaires égyptiens les plus importants. Ils pouvaient ainsi bénéficier, par l’entremise de ce double en pierre, bois ou métal, des offrandes apportées aux divinités.
512 Tête d’une statue de dignitaire
Granit
Moyen Empire, XIIe dynastie (2010-1786 av. J.C.)
Cette tête en granit a été datée d’un point de vue stylistique du
Moyen Empire. Cet homme devait très probablement être
représenté assis en tailleur. Ses titres et fonctions nous sont
malheureusement inconnus, aucun texte n’ayant subsisté (en
règle générale, les textes se trouvent inscrits sur le socle ou sur
le pilier dorsal situé à l’arrière de la statue). Cependant, la taille
de la tête permet d’imaginer une statue de taille relativement
importante que seul un homme haut placé aurait pu s’offrir.
Reines (vitrine L)
Même si le roi avait parfois plusieurs épouses, d’ordinaire, une seule d’entre elles
portait le titre de Grande Epouse royale. Choisies en général au sein de la famille
royale, elles pouvaient cependant être aussi de simples roturières. Leurs fonctions
étaient essentielles : en tant que mères et épouses de roi, elles étaient assimilées
à de nombreuses déesses, qui jouèrent des rôles très similaires (notamment Isis,
sœur et épouse d’Osiris, qui régna sur l’Egypte, et mère d’Horus, qui succéda à
son père à la tête du Double pays), et légitimaient les successeurs des souverains.
Certaines d’entre elles, à la suite de régences, dirigèrent l’Egypte à l’instar des
pharaons. La plus célèbre d’entre elles est, sans conteste, Hatshepsout qui régna
pendant une vingtaine d’années.
449 Reine portant le sistre d’Hathor
Calcaire
Nouvel Empire, XIXe-XXe dynastie (1303-1080 av. J.C.)
Ce fragment de calcaire représente une reine agitant devant
elle le sistre de la déesse Hathor. L’instrument est identifiable
par l’utilisation du visage de la déesse pour la décoration du
manche. En effet, ce visage humain encadré d’oreilles de
vache fait partie de l’iconographie habituelle de la déesse
(souvent représentée sous la forme de cet animal). Cette
musique divine était jouée en particulier dans les sanctuaires
d’Hathor et ravissait ses oreilles. Souvent assimilées à cette
déesse, les souveraines s’arrogeaient ainsi les prérogatives de
cette dernière – l’amour, la joie et la maternité – et augmentaient ainsi leurs chances de fonder une famille et de produire un descendant.
Enfants-rois (vitrine M)
La descendance était essentielle pour une lignée royale et, plus encore, la
conception d’un héritier masculin. L’aîné d’une fratrie, en devenant prince héritier,
bénéficiait d’une attention particulière. Initié souvent très jeune aux arcanes du
pouvoir, il devait se préparer à cette succession à laquelle il était parfois aidé, en
cas de décès prématuré du roi, par sa mère, qui exerçait alors une régence jusqu’à sa majorité, à 14 ans. Le jeune souverain en devenir était alors fréquemment
identifié à des divinités enfants, telles que Khonsou ou encore Horus-l’enfant.
316 Statuette royale
Bois
Nouvel Empire, XIXe dynastie (1303-1193 av. J.C.)
Cette petite statuette en bois représente un jeune garçon
assis portant sur le côté droit du crâne la traditionnelle mèche
de l’enfance. En effet, les anciens Egyptiens rasaient généralement le crâne des enfants en ne laissant qu’une mèche de
cheveux sur le côté. Cette mèche était alors coupée lors de
l’entrée dans l’âge adulte, à 14 ans. Le cylindre aplati que le
petit garçon porte sur la tête pourrait avoir servi de base à
une coiffe désormais disparue.
Pour plus de détails, vous pouvez vous reporter au catalogue Jacques-Edouard Berger, Un regard
partagé, édition Fondation Jacques-Edouard Berger, Lausanne, 1995, ainsi qu’au site Internet:
www.bergerfoundation.ch
Texte: Audrey Eller, guide au mudac
Photos: Truus deJong, sauf couverture, 206 et 538, Christian Bérad, AN
10
Tableau hiéroglyphique
A
a (aleph)
X
ch (allemand)
i
i
x
ch (français)
a
a(ain/ayin)
z
s
w
ou
s
s
b
b
S
sh
p
p
q
q
f
f
k
k
m
m
g
g
n
n
t
t
r
r
T
tch
h
h
d
d
H
h (aspiré)
D
dj
11
Tableau chronologique
Protohistoire
~ 4000-3100 av. J.-C
Epoque thinite
Ie-IIe Dynasties
~ 3100-2800 av. J.-C
Ancien Empire
IIIe Dynastie
IVe Dynastie
Ve Dynastie
VIe Dynastie
~ 2800-2620 av. J.-C
~ 2620-2500 av. J.-C
~ 2500-2350 av. J.-C
~ 2350-2200 av. J.-C
Première Période Intermédiaire
VIIe - début XIe Dynasties
~ 2200-2060 av. J.-C
Moyen Empire
Fin XIe Dynastie
XIIe Dynastie
~ 2060-2010 av. J.-C
~ 2010-1786 av. J.-C
Deuxième Période Intermédiaire
XIIIe - XVIIe Dynasties
~ 1786-1555 av. J.-C
Nouvel Empire
XVIIIe Dynastie
XIXe Dynastie
XXe Dynastie
~ 1555-1303 av. J.-C
~ 1303-1193 av. J.-C
~ 1193-1080 av. J.-C
Troisième Période Intermédiaire
XXIe Dynastie
XXIIe Dynastie
XXIIIe - XXIVe Dynasties
Début XXVe Dynastie
~ 1080-945 av. J.-C
~ 945-792 av. J.-C
~ 792-712 av. J.-C
~ 747 av. J.-C
Basse Epoque
Fin XXVe Dynastie
Epoque Saïte - XXVIe
Première domination perse
XXVIIIe - XXXe Dynasties
Deuxième domination perse
Epoque Ptolémaïque
L’Egypte devient une province romaine
~ 702 av. J.-C
~ 664-525 av. J.-C
~ 525-404 av. J.-C
~ 404-342 av J.-C
~ 342-332 av. J.-C
~ 332-30 av. J.-C
30 av. J.-C
12
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