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L’explorateur du début du XXe siècle est un héros solitaire et un savant omniscient, un
personnage que le géographe suédois Sven Hedin (1865-1952) mieux que tout autre a incarné avec
brio. Sven Hedin trouve l’occasion de changer les principes et les méthodes de travail qui avaient
dirigé les campagnes précédentes menées dans l’ouest chinois de 1893 à 1908. La dernière
campagne s’était soldée par un échec cuisant car la Royal Geographical Society avait refusé
d’entériner la découverte du Transhimalaya puis avait passé sous silence la publication de
l’encyclopédie monumentale du Southern Tibet. Après la première guerre mondiale, la compagnie
Deutsche Lufthansa consulte le géographe suédois à propos de l’ouverture d’une ligne aérienne de
Berlin à Pékin et à Shanghai qui passerait par le Turkestan chinois. Pour exécuter ce projet, Hedin
signe un accord avec le gouvernement chinois en avril 1927 qui donne naissance à la « Sino-Swedish
Scientific Expedition to the North-Western Provinces of China ». La Lufthansa, la famille royale
suédoise, les cabinets suédois à partir de 1928, des hommes d’affaires américains, et le régime de
Chiang Kai-shek financent les multiples travaux de la mission qui prend fin exactement huit ans plus
tard.
Sven Hedin, qui se trouve à la tête d’une équipe de 28 chercheurs et techniciens dont 10 sont
chinois, assume les fonctions, nouvelles pour lui, de directeur de recherche puisqu’il doit négocier,
coordonner et financer les activités de recherche. Il supervise l’organisation logistique du travail des
spécialistes placés sous sa responsabilité, qui sont des archéologues, des géologues, des
météorologues avec leurs étudiants chinois, mais aussi des photographes et des topographes, des
interprètes, un opérateur radio, etc. En mai 1927, le président du bureau des directeurs de l’expédition
sino-suédoise charge le géographe d’un programme de coopération internationale et interdisciplinaire,
en application du contrat passé avec la Fédération des institutions scientifiques de Chine. Malgré la
guerre civile, Hedin et ses collaborateurs parviennent à visiter au Xinjiang les lieux qu’il avait
auparavant exploré seul. L’expédition sino-suédoise a réalisé un travail considérable d’inventaire
météorologique, géographique, géologique, archéologique, ethnographique, paléontologique,
zoologique, et botanique de tout l’Ouest chinois à l’exception du Tibet. Dans la préface d’History of the
Expedition in Asia, 1927-1935, Hedin rend hommage non seulement aux savants chinois qui ont
participé aux travaux et qui font partie de ses meilleurs amis. Hedin qui se réserve le droit de publier
les aventures et les résultats scientifiques de l’expédition, retourne à Stockholm en avril 1935 pour la
publication des Reports from the Scientific Expedition to the Northwestern Provinces of China, under
the Leadership of Dr. Sven Hedin. 55 volumes sont initialement prévus, qui sont répartis en 11
collections placées sous la direction initiale de Gösta Montell.
Comment la géographie de terrain a-t-elle évoluée ? Pour mesurer les changements
méthodologiques qui séparent les années 1900 des années 1930, il suffit de comparer ce qui
distingue l’expédition sino-suédoise dans l’Ouest chinois de l’exploration du Transhimalaya.
L’expédition sino-suédoise revête un caractère officiel et est le produit de longs pourparlers à Pékin, à
Nankin et à Urumqi. Elle est politiquement neutre puisqu’elle se place au service de la recherche de
plusieurs pays, se fait dans un but d’utilité publique, et ne comprend que des universitaires dans ses
collaborateurs. Appliquée, empirique et pratique dans ses approches méthodologiques, l’expédition