
Dexia Perspcetives Economiques - Mai 2011 3
Matières premières: un coup d’arrêt rude
et brutal à la flambée des cours
Les prix du pétrole n’ont pas échappé à la correction à la
baisse des cours des matières premières observée début
mai. Le recul des cours du pétrole s’expliquent par les
prises de bénéfices dans le chef des spéculateurs ainsi
que par l’évolution des stocks de pétrole et de la
consommation d'essence aux États-Unis.
Les vacances d’été sont imminentes Outre-Atlantique et,
avec elles, l’augmentation saisonnière de la demande en
essence. Toutefois, les prix très élevés de l’essence
entraînent une baisse de sa demande (par rapport à
l’année précédente).
De plus, il n’y a pas pénurie en pétrole brut, comme le
montrent les stocks de pétrole américains.
Du reste, si une pénurie physique en pétrole devait
survenir, l’OPEP pourrait sans aucun problème la
compenser au moyen de ses capacités tampons. La
prochaine réunion de l’OPEP aura lieu le 8 juin.
Une solution à la crise libyenne ou un ralentissement
marqué de la croissance économique dans les principaux
pays industrialisés pourrait rapidement pousser les prix du
pétrole à la baisse au cours des prochains mois. En outre,
la chute de l’activité économique au Japon tempèrera à
court terme la croissance mondiale de la demande de brut,
ce qui modèrera les cours.
Mais même si les cours du pétrole se repliaient dans le
courant de cette année, leur tendance à la hausse à long
terme demeurerait intacte.
Les champs pétrolifères actuels, aisément exploitables,
s’épuisent; l’exploration et l’exploitation de nouveaux
champs (par exemple dans les fonds abyssaux) sont
nettement plus difficiles et onéreuses. Les pays de l’OPEP,
qui ont grandement besoin de leurs pétrodollars pour
assurer le financement de projets susceptibles
« d’acheter » la paix sociale, ne voient pas d’un bon œil
une baisse soutenue des cours du pétrole.
En raison de la catastrophe nucléaire de Fukushima et des
problèmes dans d’autres centrales nucléaires, le Japon
devra, à l’avenir, réduire l’apport du nucléaire dans son
approvisionnement énergétique et devra donc davantage
faire appel à d’autres sources d'énergie, comme le pétrole,
le gaz naturel et le charbon - ce qui aura bien évidemment
des répercussions sur les cours de ces ressources.
La demande en pétrole des pays émergents d’Asie (Inde et
Chine) continuera d’exploser, notamment en raison de la
croissance exponentielle de leur parc automobile.
En outre, les matières premières demeureront
intéressantes pour les spéculateurs, en raison des taux
d'intérêt très faibles. Elles peuvent aussi servir de
protection contre un affaiblissement du billet vert et une
montée de l'inflation.
Enfin, les évolutions sociopolitiques dans les pays arabes
producteurs de pétrole influenceront aussi les cours de l’or
noir. Aussi longtemps que la production pétrolière en
Arabie saoudite ne sera pas mise en péril, nous ne
pensons pas que les cours du pétrole atteindront des
niveaux record. Dans le cas contraire, les conséquences
sur les cours du brut seraient imprévisibles.
Taux à court terme
Lors de sa réunion de fin avril, la Fed n’a guère changé de
ton, conservant un discours très relaxe. Elle a annoncé
qu’elle maintiendra son taux directeur à un niveau
exceptionnellement bas pour une période prolongée. Elle
minimise la remontée de l’inflation. Elle est par contre
préoccupée par le niveau très élevé du chômage, ce qui
l’incite à reporter une hausse du taux directeur le plus loin
possible dans le temps.
Les risques d’inflation sont cependant loin d’être
négligeables. C’est pourquoi un durcissement du taux
directeur en 2012 est largement attendu par les analystes
et par les marchés.
Avant de relever le taux des Fed funds, elle durcira
graduellement de ton de son discours. Elle mettra aussi fin
à son programme d’achat massif d’obligations, ce qui
réduira la stimulation de l’économie. Elle commencera à
drainer les énormes excédents de liquidités qu’elle a fait
circuler.
Après avoir relevé son taux directeur de 25 pb pour le
porter à 1,25% début avril, la BCE a laissé ce taux
inchangé lors de sa réunion de début mai et a suggéré
qu’elle n’y touchera pas en juin. Elle n’a donc pas réagi à la
poursuite de la remontée de l’inflation qui a atteint 2,8% en
avril. Contrairement à certaines attentes, elle ne s’est pas
donc lancée dans un cycle de resserrement au rythme d’un
relèvement des taux par mois. Elle laisse cependant la
porte largement ouverte pour plusieurs relèvements
ultérieurs.
A l’horizon d’un an, d’autres relèvements interviendront, car
la relance de l’inflation n’est pas terminée vu l’impact
différé du bond du prix du pétrole, observé depuis
novembre. Toutefois la BCE agira probablement en
douceur. Il est loin d’être certain que la conjoncture
économique restera bien orientée après l’envol du prix de
l’or noir et la montée de l’euro observée durant les 12
derniers mois. Le marasme dans les pays périphériques
inquiète aussi. Ces éléments tempèrent l’agressivité de la
BCE.
Libor en dollars et Euribor à 3 mois
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LIBOR EN $ A 3 MOIS