L.-A. DORION (Université de Montréal)
Dialogues socratiques et discours politiques
Les historiens de la philosophie ont beaucoup débattu, ces dernières décennies, de l’historicité des
entretiens « rapportés » dans les dialogues socratiques de Platon et de Xénophon. S’agit-il de transcriptions
fidèles d’entretiens réels entre Socrate et différents interlocuteurs, ou plutôt d’entretiens fictifs librement
imaginés par Platon et Xénophon? La tendance actuelle est de considérer, sur la base du témoignage
d’Aristote, que ces entretiens sont fictifs, mais l’on n’a pas suffisamment examiné l’hypothèse suivant
laquelle Platon et Xénophon se seraient inspirés des historiens qui « rapportent », dans leur récit, des
discours tenus par différents acteurs politiques. Qu’en est-il du statut de ces discours? Peut-on les
considérer comme des transcriptions fidèles ou s’agit-il de créations fictives? Ont-ils pu servir de modèles,
pour ce qui est de leur statut narratif, aux entretiens rapportés par Platon et Xénophon? Ce sont les
principales questions que je me propose d’examiner et d’approfondir.
U. FANTASIA (Università di Parma)
Entre politique, rhétorique et histoire : la Guerre du Péloponnèse dans les historiens et les
orateurs du IVème siècle
Il a été reconnu depuis longtemps (cf. dernièrement Schepens 2007) que la perception du fait historique
‘Guerre du Péloponnèse’ dans l’historiographie grecque du IVème siècle av. J.C. s’écarte – pour ce qui
concerne sa périodisation, son déroulement, sa signification historique et donc ses causes aussi – de la
vision consacrée par Thucydide. Il serait peut-être utile, en se dérobant à une perspective de simple
déformation d’un modèle ou d’histoire de la réception de Thucydide, de s’interroger sur les raisons
historiques et culturels qui ont porté à cette relecture et réinterprétation du passé récent, et sur la place que
la Guerre du Péloponnèse est venue à occuper dans le discours politique de l’Athènes du IVème siècle.
P. FLEURY (Université Laval)
Les grandes figures historiques dans la Correspondance de Fronton, chez Apulée et Aulu-
Gelle
Comme on le sait, les auteurs latins du deuxième siècle de notre ère ont des tendances archaïsantes, tant au
niveau du vocabulaire que du canon littéraire. Comme nos explorations antérieures l’ont montré (cf. Actes
du colloque Histoire et rhétorique, CEA 42 (2005), Étymologie et rhétorique, Brepols, 2008, et Action
politique et écriture de l’histoire, CEA, 46-47 (2009-2010), Regards sur la Seconde Sophistique (2010)),
cet archaïsme n’est pas nécessairement le symptôme d’un passéisme, autant dans la littérature grecque que
dans la littérature latine. Il n’en demeure pas moins que l’analyse de détail de l’utilisation des exempla
historiques chez ces auteurs latins n’a pas été faite. Il faudra dans un premier temps nous demander si ces
auteurs, qui donnent une importance particulière à la rhétorique et à la connaissance, entrevoient les
grandes figures historiques selon un angle politique ou culturel. Il nous sera ensuite possible de mieux saisir
la perception de ces auteurs du passé, du présent et de l’action ou la réflexion politique qu’ils entendent
mener et de mettre cette perspective en lien avec leurs conceptions de l’orateur agissant.
T. GUARD (Université de Franche-Comté)
La parole historique mise en scène dans les discours de Cicéron : éloquence et idéologie
politique