Colloque international / International Conference

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Colloque international / International Conference
Discours politique et histoire dans l’Antiquité / Political Discourse and
History in Antiquity
Programme
Vendredi 15 octobre 2010
Séance I : Passé et présent : le discours politique à travers l’histoire (Présidente : Marie-Pierre
Bussières)
9h00
Hans Beck (McGill University)
Theban discourses on the Persian Wars: a rescue mission
9h30
Marie-Rose Guelfucci (Université de Franche-Comté)
Polybe et le discours politique de l’historien : histoire universelle et histoire(s) nationale(s)
10h00 Bernard Mineo (Université de Nantes)
Le discours de Tite-Live sur l’actualité de l’instauration du principat (res publica restituta)
10h30
Pause-café
11h00 Olivier Battistini (Université de Corse)
Le Périple du Pont-Euxin d’Arrien entre politique et histoire
11h30 Conor Whately (University of Winnipeg)
Jordanes, the Battle of the Catalaunian Plains, and Constantinople.
12h00
Repas du midi
Séance II : La mise en scène de l’histoire : la rhétorique du passé (Président : Alban Baudou)
14h00 Pierre Pontier (Université de Paris IV)
Xénophon : l’utilisation de l’histoire dans le discours politique
14h30 Thomas Guard (Université de Franche-Comté)
La parole historique mise en scène dans les discours de Cicéron : éloquence et idéologie politique
15h00 Sylvie Pittia (Université de Reims Champagne-Ardenne)
L’histoire de l’administration provinciale dans les discours cicéroniens)
15h30
Pause-café
16h00 Paul-Marius Martin (Université de Montpellier)
La manipulation rhétorique de l’Histoire dans les Philippiques de Cicéron
16h30 Jean-Yves Guillaumin (Université de Franche-Comté)
Rappel de l’histoire et invitation à l’action dans les Panégyriques de Sidoine Apollinaire
19h30 Banquet
Samedi 16 octobre 2010
Séance III : Historicité du discours et rhétorique du passé (Président : Thomas Schmidt)
9h30
Louis-André Dorion (Université de Montréal)
Dialogues socratiques et discours politiques
10h00 James T. Chlup (University of Manitoba)
Sallust’s Melian Dialogue: Sulla and Bocchus in the Bellum Iugurthinum
10h30
Pause-café
11h00 Agathe Roman (Université Laval)
Apparence et dissimulation : la place du discours dans l’oeuvre de Thucydide
11h30 Claire Muckensturm-Poulle (Université de Franche-Comté)
L’agôn d’Alexandre et de Coenos au bord de l’Hyphase selon Quinte-Curce et Arrien
12h00 Peter O’Brien (Dalhousie University)
Constantian Rhetoric and Ammianus’ Transformation of Political Discourse
12h30
Repas du midi
Séance IV : Manipulations et relectures de l’histoire politique (Président : Geoffrey Greatrex)
14h30 Pierre Bonnechère (Université de Montréal)
Les oracles «corrompus» de la Pythie dans l’histoire d’Ariston et Démarate selon Hérodote
15h00 Ugo Fantasia (Université de Parme)
Entre politique, rhétorique et histoire : la Guerre du Péloponnèse dans les historiens et les orateurs du
IVème siècle
15h30
Pause-café
16h00 Alban Baudou (Université Laval)
Commenter la propagande: l’engagement virgilien dans les Commentaires de Servius
16h30 John Vanderspoel (University of Calgary)
The Longevity of Falsehood: Julian’s Political Purpose and the Historical Tradition
17h30 Visite du musée des antiquités gréco-romaines du département d’études anciennes et de sciences des
religions de l’Université d’Ottawa
Dimanche 17 octobre 2010
Séance V : L’histoire comme argument : emploi des exempla en littérature (Président :
Dominique Côté)
9h00 Frances Pownall (University of Alberta)
Where are Harmodius and Aristogiton? Isocrates versus the Attic Orators on the Liberation of Athens
9h30 Catherine Sensal (Université de Franche-Comté)
Le discours politique sur la guerre sociale chez les auteurs latins du premier siècle av. J.-C.
10h00
Pause-café
10h30 Thomas Schmidt (Université de Fribourg)
L'Histoire au secours du politique: les exempla dans les Discours bithyniens de Dion Chrysostome
11h00 Pascale Fleury (Université Laval)
Les grandes figures historiques dans la Correspondance de Fronton, chez Apulée et Aulu-Gelle.
11h30 Christian Raschle (Université de Montréal)
Jean Chrysostome et les « exempla » tirés de l’histoire impériale récente
13h00
Repas de clôture
Résumés / Abstracts
O. BATTISTINI (Université de Corse)
Le Périple du Pont-Euxin d’Arrien entre politique et histoire
Arrien, dans le Périple du Pont-Euxin, est chargé par Hadrien d’inspecter, aux confins de l’Empire, les
ouvrages de défense et les postes avancés où, depuis Trapézonte jusqu’à Dioscurias, stationnent des
troupes. Les Barbares sont tout proches, les Alains, les Parthes ou encore les Sannes rebelles. Le voyage
d’Arrien s’est arrêté à Dioscurias (Sébastopolis). Il donne cependant à Hadrien des informations sur les
étapes et la route vers le Bosphore Cimmérien, ce qu’il « a noté pour l’avoir entendu » (23, 3), de sorte que,
si l’empereur avait « quelque projet au sujet du Bosphore, [il puisse] prendre une décision sans ignorer non
plus le trajet » (17, 3). Il ne s’agit pas du limes terrestre traditionnel, les forts étant côtiers et trop distants
les uns des autres. On peut imaginer qu’il s’agit-là, d’interdire l’accès à une mer que tient la flotte et de
protéger la base de Trapézonte. Mais ces forts sont aussi de véritables points d’appui pour la Classis
Pontica qui croise dans le sud du Pont-Euxin : un système de surveillance où la pensée de la guerre sur
terre est combinée à celle de la guerre sur mer. Flavius Arrien Athénien par sa paideia, sait le nomos de la
mer. Son texte d’historien devient donc discours politique…
A. BAUDOU (Université Laval)
Commenter la propagande : l’engagement virgilien dans les Commentaires de Servius
Si l’on connaît bien les passages des œuvres de Virgile où le poète exprime manifestement son soutien à
l’empereur Auguste, il est en revanche plus difficile pour nous de déceler les vers où cette orientation a pu
être exposée de manière moins patente. Lorsqu’ils les soulignent, les Commentarii serviens nous aident à
repérer ces discrètes manifestations d’allégeance. Mais ces gloses permettent aussi de voir parfois l’opinion
— ou du moins l’appréciation — du commentateur s’inscrire en parallèle à celle du poète, voire la dépasser
: on est alors en droit de se demander s’il n’y a pas surinterprétation du texte et, si tel est le cas, quel en sont
les causes et le but visé.
H. BECK (McGill University)
Theban discourses on the Persian Wars: a rescue mission
In an enigmatic note, the Boeotian historian Aristophanes (FGrH 379) claims that Thebes' negative image
in Herodotus' 'Histories,' particularly its questionable role in the Persian Wars, was due to his fellow men's
refusal to bribe Herodotus. The incident is a classic case of meta-historiographical discourse: in Classical
antiquity, Thebes was widely criticized for its alleged 'medismos' during the campaigns of Xerxes against
Greece in 480/79 BC. Yet the public oratory at Thebes indicates that the Thebans had a different take on
what had happened. Their explanation, yet again different from the one offered by Aristophanes, fell on
deaf ears, because the other Greeks fully bought into the narrative disseminated by Herodotus. My
presentation seeks to offer the Thebans a fair chance. Drawing on evidence from various 5th- and 4thcentury historians, it discloses how political and historical discourses on the Persian War fed into a certain
perception of events, one that was favorable to some Greeks and less so to others.
P. BONNECHÈRE (Université de Montréal)
Les oracles corrompus de la Pythie dans l’histoire d’Ariston et Démarate
Les oracles "corrompus" de la Pythie dans l'histoire d'Ariston et Démarate (Hérodote, VI, 61-84) sont en
fait une remarquable élaboration littéraire de l'image que les Grecs du Ve siècle avaient de l'influence de la
mantique sur la politique au VIe siècle. Une analyse interne de l'épisode, l'étude des pratiques oraculaires
attestées par l'épigraphie (notamment l'analyse du processus de consultation par les cités), et la
comparaison avec d'autres cas semblables chez Thucydide (V, 16, 12) et Plutarque (Cléomène, 7-8),
permettent de juger de l'importance des stéréotypes religieux dans la construction de l'histoire politique de
l'époque classique et, partant sur l'histoire qu'on en tire aujourd'hui.
J. T. CHLUP (University of Manitoba)
Sallust’s Melian Dialogue: Sulla and Bocchus in the Bellum Iugurthinum
In his Bellum Jugurthinum Sallust records two meetings between the quaestor Sulla and the Mauretanian
regent Bocchus (chs. 102 & 108–113). These meetings constitute a debate on the nature of, and from the
perspective of the non-Roman the appropriate response to, Roman power. Sulla insists on Bocchus’
acceptance of the inevitability of Roman power; Bocchus negotiates to retain his autonomy within the new
Roman Africa.
These episodes acquire additional significance when examined in relation to their possible Thucydidean
model: the Melian dialogue (5.85–113). But in the BJ Sallust presents an interesting reversal of positions.
Whereas Melians’ refusal to submit to the Athenians leads to their destruction, Sallust intends for the reader
to contemplate events post-bellum, where Roman power turns in on itself in the civil war in which Sulla is
a prominent actor.
L.-A. DORION (Université de Montréal)
Dialogues socratiques et discours politiques
Les historiens de la philosophie ont beaucoup débattu, ces dernières décennies, de l’historicité des
entretiens « rapportés » dans les dialogues socratiques de Platon et de Xénophon. S’agit-il de transcriptions
fidèles d’entretiens réels entre Socrate et différents interlocuteurs, ou plutôt d’entretiens fictifs librement
imaginés par Platon et Xénophon? La tendance actuelle est de considérer, sur la base du témoignage
d’Aristote, que ces entretiens sont fictifs, mais l’on n’a pas suffisamment examiné l’hypothèse suivant
laquelle Platon et Xénophon se seraient inspirés des historiens qui « rapportent », dans leur récit, des
discours tenus par différents acteurs politiques. Qu’en est-il du statut de ces discours? Peut-on les
considérer comme des transcriptions fidèles ou s’agit-il de créations fictives? Ont-ils pu servir de modèles,
pour ce qui est de leur statut narratif, aux entretiens rapportés par Platon et Xénophon? Ce sont les
principales questions que je me propose d’examiner et d’approfondir.
U. FANTASIA (Università di Parma)
Entre politique, rhétorique et histoire : la Guerre du Péloponnèse dans les historiens et les
orateurs du IVème siècle
Il a été reconnu depuis longtemps (cf. dernièrement Schepens 2007) que la perception du fait historique
‘Guerre du Péloponnèse’ dans l’historiographie grecque du IV ème siècle av. J.C. s’écarte – pour ce qui
concerne sa périodisation, son déroulement, sa signification historique et donc ses causes aussi – de la
vision consacrée par Thucydide. Il serait peut-être utile, en se dérobant à une perspective de simple
déformation d’un modèle ou d’histoire de la réception de Thucydide, de s’interroger sur les raisons
historiques et culturels qui ont porté à cette relecture et réinterprétation du passé récent, et sur la place que
la Guerre du Péloponnèse est venue à occuper dans le discours politique de l’Athènes du IV ème siècle.
P. FLEURY (Université Laval)
Les grandes figures historiques dans la Correspondance de Fronton, chez Apulée et AuluGelle
Comme on le sait, les auteurs latins du deuxième siècle de notre ère ont des tendances archaïsantes, tant au
niveau du vocabulaire que du canon littéraire. Comme nos explorations antérieures l’ont montré (cf. Actes
du colloque Histoire et rhétorique, CEA 42 (2005), Étymologie et rhétorique, Brepols, 2008, et Action
politique et écriture de l’histoire, CEA, 46-47 (2009-2010), Regards sur la Seconde Sophistique (2010)),
cet archaïsme n’est pas nécessairement le symptôme d’un passéisme, autant dans la littérature grecque que
dans la littérature latine. Il n’en demeure pas moins que l’analyse de détail de l’utilisation des exempla
historiques chez ces auteurs latins n’a pas été faite. Il faudra dans un premier temps nous demander si ces
auteurs, qui donnent une importance particulière à la rhétorique et à la connaissance, entrevoient les
grandes figures historiques selon un angle politique ou culturel. Il nous sera ensuite possible de mieux saisir
la perception de ces auteurs du passé, du présent et de l’action ou la réflexion politique qu’ils entendent
mener et de mettre cette perspective en lien avec leurs conceptions de l’orateur agissant.
T. GUARD (Université de Franche-Comté)
La parole historique mise en scène dans les discours de Cicéron : éloquence et idéologie
politique
L'orateur accompli est considéré par Cicéron comme un homme d'Etat idéal. A ce titre, nous avons pu
étudier l'importance accordée par Cicéron à l'histoire dans sa définition de l'orateur et la place réservée à
cette discipline dans la pratique de l'éloquence . Il nous reste désormais à examiner la façon dont Cicéron
met en scène la parole historique dans le discours politique, en particulier quand il permet à des
personnages devenus exemplaires de s'exprimer, comme Appius Claudius Caecus dans le Pro Caelio. Nous
verrons ainsi à l'œuvre les conceptions historiographiques précédemment observées : ces discours
enracinent le propos de Cicéron dans l'histoire et lui permettent à son tour de devenir historique.
M.-R. GUELFUCCI (Université de Franche-Comté)
Polybe et le discours politique de l’historien : histoire universelle et histoire(s) nationale(s)
Dans ses Histoires, Polybe examine à travers l’exemple de Rome la manière dont une puissance
hégémonique acquiert puis maintient son pouvoir sur l’oikouménè. Tout en définissant très clairement les
cadres de son sujet, l’histoire du monde habité dans les années 220-168 av. J.C., il ne s’interdit cependant
pas, dans une histoire pourtant voulue comme universelle, de prendre des exemples de référence dans le
passé lointain, et plus précisément dans l’histoire nationale des Etats dont il traite (Philippe II de
Macédoine par exemple), ou de mettre en valeur telle tradition qui fait l’identité de telle ou telle
communauté. C’est ce type de discours politique que nous voudrions étudier et la manière dont l’historien,
pour former l’homme d’Etat, convoque et commente pour son lecteur l’histoire passée en faisant
ponctuellement appel à différentes mémoires collectives.
J.-Y. GUILLAUMIN (Université de Franche-Comté)
Rappel de l’histoire et invitation à l’action dans les Panégyriques de Sidoine Apollinaire
Sidoine Apollinaire, dans ses trois Panégyriques de la seconde moitié du cinquième siècle, a fréquemment
recours à l’histoire romaine qui lui sert à déplorer le malheur des temps et les difficultés de l’empire ou de
ce qu’il en reste ; mais, pratiquant soit la longue fresque historique soit l’évocation individuelle de grandes
figures romaines, il veut surtout convaincre l’auditoire que celui qui accède au pouvoir est bien l’homme
providentiel que l’on attendait, et rappeler à cet homme providentiel la nécessité de pratiquer les vertus
romaines traditionnelles pour mener la politique (surtout extérieure) qu’attendent de lui ceux qui ont
accompagné son accession à l’empire et dont il doit garantir les intérêts.
P.-M. MARTIN (Université de Montpellier)
La manipulation rhétorique de l’Histoire dans les Philippiques de Cicéron
Outre que le titre même donné par Cicéron à ses discours contre Antoine relève déjà de la manipulation
rhétorique de l’Histoire, celle-ci est une constante de l’ensemble des Philippiques.
Le champ historique balayé par Cicéron est très vaste : depuis la guerre de Troie et Alexandre le Grand
jusqu’à l’ « histoire immédiate » (Lupercales et Ides de mars 44), en passant par la chute de la royauté, les
adfectationes regni, quelques grandes figures de la « République heureuse », les guerres puniques, la crise
gracchienne et ses conséquences, la guerre sociale, la guerre servile et les guerres civiles jusqu’à Pharsale,
sans oublier – bien sûr – le consulat de Cicéron (dont nous ne nous occuperons pas, ayant consacré un
travail à cet aspect de la « reconstruction de l’Histoire »).
L’Histoire apparaît d’abord pour Cicéron comme un recueil d’exempla ou de contre-exemples. Jusque là,
rien de particulièrement original dans cette utilisation rhétorique de l’Histoire ; depuis la Rhétorique à
Herennius, tous les traités de rhétorique latins prônent cette manière d’utiliser l’Histoire.
Ce qui fait la spécificité du discours cicéronien, c’est la distorsion qu’il impose aux faits historiques pour
les faire servir à sa démonstration rhétorique. C’est là qu’il y a plus particulièrement manipulation de
l’Histoire. Cette manipulation, diffuse de manière générale, est particulièrement nette pour certaines
périodes envisagées par lui : la chute de la royauté, la guerre hannibalique, la guerre sociale et les guerres
civiles. Nous étudierons les procédés de cette manipulation et les raisons de celle-ci.
B. MINEO (Université de Nantes)
Le discours de Tite-Live sur l’actualité de l’instauration du principat (res publica restituta).
Loin d’être étrangère aux préoccupations du présent, l’œuvre livienne permet à son auteur de développer un
discours politique cohérent sur l’actualité. Il s’agira ici de montrer quels furent les outils rhétoriques
(discours auctorial des préfaces ou commentaires narratifs, métaphores, exempla, apologue, dramatisation,
écriture tragique de l’histoire, conception cyclique, discours directs et indirects, gros plans, retour en
arrière, allusions, construction analogique) qui permirent à l’auteur de se faire entendre sur tous les
dossiers en cours. Plusieurs domaines de la politique seront envisagés :
- La politique institutionnelle augustéenne à laquelle répond en miroir dans l’AVC une conception
particulière de l’autorité politique et du rôle historique et politique du princeps.
- La politique culturelle et sociale.
- La politique religieuse augustéenne et ses précédents mythiques ou historiques.
- La politique étrangère du prince.
P. O’BRIEN (Dalhousie University)
Constantian Rhetoric and Ammianus’ Transformation of Political Discourse
This paper explores political discourse in Ammianus’ late antique Res Gestae as a transmogrified topos of
classical historiography in the grand style. While the classical historians he emulates feature frequent
speeches in oratio recta, Ammianus has relatively few, and they are comparatively limited by speaker,
occasion, and form. This is doubtless due to the diminished scope of deliberative oratory in the fourthcentury political process. But scholars have been too quick to dismiss Ammianus’ twelve imperial speeches
as a meaningless vestige of an outmoded generic code. I argue that they instead represent a new method of
incorporating oratio recta into historical narrative; one that melds description of imperial ceremonial with
speech, and which is thus more adequate to the political discourse of his contemporary empire. I examine
the five orations of the emperor Constantius’ to show just how subtle a tool for character and policy
criticism Ammianus’ speeches can be.
S. PITTIA (Université de Reims-Champagne)
L’histoire de l’administration provinciale dans les discours cicéroniens.
Quand il se réfère au passé de Rome, Cicéron évoque plutôt la relation avec les Italiens et leur intégration
dans la cité que celle avec les provinciaux Cicéron s’est fait une seule fois l’accusateur d’un magistrat
romain gouverneur de province, Verrès. La célébrité des Verrines fait oublier qu’il a été de nombreuses fois
le défenseur des gouverneurs provinciaux (coupables ou non) et qu’il s’est même fait une spécialité de les
défendre dans le cadre des procès de pecuniis repetundis. Cicéron a moins arpenté les provinces romaines
que ses contemporains Pompée ou César mais son œuvre oratoire offre à la fois un témoignage et une
réflexion sur l’histoire de l’administration provinciale, dans laquelle l’histoire de la conquête et celle du
temps présent d’une part servent à la stratégie judiciaire, d’autre part contribuent à l’élaboration progressive
d’une « représentation » du gouvernement provincial. Sans ignorer quelques éléments d’éclairage fournis
par la correspondance cicéronienne (notamment sur les concepts de fides et aequitas), on s’attachera
principalement ici à l’exploration du corpus des discours, en utilisant à la fois les discours conservés mais
aussi les fragments et citations indirectes, qui permettent de verser au dossier plusieurs autres grandes
affaires judiciaires intéressant l’histoire de l’imperium Romanum et de son fonctionnement.
Le but est de voir comment la série des discours politiques cicéroniens a tiré parti de l’histoire des
provinces romaines, tout en mesurant aussi comment et dans quelles limites l’historien d’aujourd’hui peut
s’en servir pour écrire l’histoire de l’administration provinciale à l’époque républicaine.
P. PONTIER (Université de Paris IV)
Xénophon : l’utilisation de l’histoire dans le discours politique
Pour cette communication, le corpus se limite nécessairement aux œuvres où l’on peut déterminer
l’existence d’un « discours politique », c’est-à-dire l’Anabase, les Helléniques et les Poroi. Ces discours
sont prononcés par Xénophon lui-même (Anabase, et Poroi) ou par des orateurs dont il reconstitue les
propos et dont il est plus ou moins proche (Proclès de Phlionte). Même si les intentions sont différentes en
fonction des œuvres, Xénophon instrumentalise l’histoire passée de façon ambiguë et sélective; une
évolution est discernable de l’Anabase aux Poroi. Nous nous intéresserons particulièrement à son
traitement du topos des Guerres Médiques et des hégémonies athénienne puis spartiate, au regard de ce
qu’en ont fait d’autres auteurs, de Lysias à Isocrate, jusqu’à Platon à la même période.
C. POULLE (Université de Franche-Comté)
L’agôn d’Alexandre et de Coenos au bord de l’Hyphase selon Quinte-Curce et Arrien
Dans les discours reconstitués par Quinte-Curce (IX, 2, 12 - 3, 15) et par Arrien (Anabase, V, 25-27), on
étudiera les moyens rhétoriques par lesquels Alexandre tente de persuader ses hommes de poursuivre sa
conquête vers l’est et ceux par lesquels le stratège Coenos s’oppose à la politique impérialiste de son
souverain et lui fait connaître le désir qu’ont les Macédoniens de rentrer chez eux. On s’interrogera
également sur la conception politique de la monarchie macédonienne que révèlent ces discours : Alexandre
est-il un « primus inter pares » qui règne sur des hommes libres ou un maître absolu qui a besoin de la
guerre pour affirmer la légitimité de son pouvoir.
F. POWNALL (University of Alberta)
Where are Harmodius and Aristogiton? Isocrates versus the Attic Orators on the
Liberation of Athens
Despite Herodotus’ and Thucydides’ protestations, a strongly-held popular tradition in Athens held that the
city was liberated from tyranny by the so-called tyrannicides, Harmodius and Aristogiton. Given the very
visible series of memorials commemorating their deed, it is not surprising that the Athenian orators adhere
to the popular version of events. Isocrates, however, subverts the conventional version of the liberation of
Athens, attributing the liberation of Athens to Cleisthenes rather than the tyrannicides (who are
conspicuous by their absence), and linking the expulsion of the tyrants to the foundation of the Athenian
democracy. As I shall argue, Isocrates’ intended audience was the elite, rather than the democratic
assembly, which left him free to reinvent the “official” democratic version of the past.
C. RASCHLE (Université de Montréal)
Jean Chrysostome et les « exempla » tirés de l’histoire impériale récente
Comme prédicateur et exégète, le père de l’Église et évêque de Constantinople, Jean Chrysostome, sait
réunir les meilleures qualités d’un pasteur socialement engagé et d’un orateur brillant issu de l’école
d’Antioche. En le comparant avec d’autres prédicateurs contemporains, on constate qu’il insère dans ses
homélies plus d’ « exempla » provenant de l’histoire impériale récente. Mais, Jean ne semble pas se
contenter des lieux communs ou des versions les plus courantes d’un événement. Ainsi, son récit portant
sur la mort de l’empereur Constant en 351 (cf. hom. 4 in Phil.15.5 [PG 62.295] seulement suivi par Zonaras
13,6 : suicide) se distingue fortement de la version répandue par Julien (or. 1,26c et or. 2,55d), des
historiens de l’Église (Socr. HE 2,25.7, Soz. HE 4.1.1) et des historiens (Joh. Ant. F 172 et Zos. 2,42.5), qui
parlent d’un assassinat par les partisans de l’usurpateur Magnence. La contribution poursuit comme objectif
de répertorier les «exempla historiques» dans les homélies que Jean Chrysostome a prononcées pendant son
épiscopat à Constantinople. Avec l’aide de l’analyse critique de quelques exemples choisis, on tentera de
démontrer que Jean Chrysostome emploie consciencieusement ces «exempla» tirés de l’histoire impériale
pour souligner son argumentation dans un contexte religieux et politique. Dans le cas échéant, on essayera,
par la suite, d’expliquer pourquoi quelques-uns de ces « exempla » sont différents de la « communis opinio
» exprimée par des auteurs contemporains ou postérieurs.
A. ROMAN (Université Laval)
Apparence et dissimulation : la place du discours dans l’oeuvre de Thucydide
Dans le récit de la Guerre du Péloponnèse, les discours politiques tiennent une place bien particulière. Étant
réécrits par Thucydide, ils participent de sa construction historique, par l’interaction qu’ils établissent avec
le récit des événements. Or, dans sa façon de présenter le récit, l’historien donne à voir le décalage qui
existe entre le motif qui est allégué dans un discours et le motif réel d’action. Pourquoi réécrire des discours
s’ils ne transmettent que rarement les enjeux qui sont réellement au cœur de l’action ? En quoi le discours
politique participe-t-il de l’histoire ? De fait, cette mise au jour du discours spécieux, qui masque la vérité,
recoupe le dessein essentiel de l’œuvre : révéler la cause la plus vraie, qui est aussi la moins apparente
(I,23). En nous attachant à l’étude de l’apparent (phaneros) et du caché (aphanès), nous verrons dans quelle
mesure le discours, qui dissimule sous des prétextes, renseigne cependant le lecteur sur les enjeux
véritables de l’action. Nous montrerons que cette relation discours-événement se répercute également sur le
plan de la construction de l’œuvre, dans les interventions directes de l’auteur Thucydide.
T. SCHMIDT (Université de Fribourg)
L'Histoire au secours du politique: les exempla dans les Discours bithyniens de Dion
Chrysostome
Comme la plupart des membres de l'élite intellectuelle de son époque, Dion Chrysostome, le sophistephilosophe, figure de proue de la Seconde Sophistique, fut fortement impliqué dans les affaires politiques
de sa cité d'origine (Pruse). Ses Discours bithyniens (Or. 38-51), plaidoyers politiques prononcés devant le
conseil ou l'assemblée du peuple à Pruse et dans les autres cités de Bithynie, constituent à cet égard une
source d'informations très précieuse, autant sur le fonctionnement de la politique locale dans les cités d'Asie
Mineure que sur le comportement de Dion. Souvent acculé à se défendre de ses actions politiques, celui-ci
ne manque pas de convoquer les figures historiques pour se justifier et se présenter sous un jour favorable.
Notre communication se propose d'examiner ces exempla historiques et en particulier la figure
d'Épaminondas, le héros thébain, qui, dans le corpus des écrits de Dion, apparaît (à deux exceptions près)
uniquement dans les Discours bithyniens.
C. SENSAL (Université de Franche-Comté)
Le discours politique sur la guerre sociale chez les auteurs latins du premier siècle av. J.-C.
La guerre sociale a laissé dans les esprits de l’époque une empreinte traumatisante du fait de sa férocité
guerrière et de ses conséquences politiques et sociales. Au premier siècle av. J.-C., nombre d’œuvres
oratoires et historiographiques (Rhétorique à Herennius, discours de Cicéron, œuvres de Salluste, corpus
des annalistes…), font des allusions multiples, éparses et variées à cet épisode majeur de l’histoire romaine
récente. Le but de cet exposé est de cerner l’enjeu référentiel du discours sur la guerre sociale dans les
œuvres où il s’inscrit et d’en dégager les visées discursive et politique.
J. VANDERSPOEL (University of Calgary)
The Longevity of Falsehood: Julian’s Political Purpose and the Historical Tradition
According to the sources, Julian the Apostate was an inexperienced neophyte when he was appointed
Caesar in AD 355. Julian himself created that impression in his Letter to the Athenians; ancient (and
modern) historians have repeated that view ever since. Yet, careful analysis reveals a falsehood: in his
Letter to Themistius, Julian mentions a period with the court of Constantius in Gaul that included a
campaign to the Rhine frontier. When writing this work (initially as a private communication), Julian had
only recently become Caesar, with little political purpose of his own. When he wrote the Letter to the
Athenians to justify his usurpation against Constantius, it suited his political purpose to deny any previous
participation in the administration of his rival. That political purpose clearly influenced the writing of
history, for the perspective intended by Julian in the 360s has remained, until now, the universal view.
C. WHATELY (University of Winnipeg)
Jordanes, the Battle of the Catalaunian Plains, and Constantinople
Jordanes wrote the Getica, ostensibly a history of the Goths, c. 551, a time when the eastern empire was
faced with considerable challenges. Croke (“Jordanes and the Immediate Past,” Historia 2005: 494) has
recently suggested that through this text the historian expressed “his anxiety that the Empire has been
diminished through the negligence and cowardice of emperors and generals”. Although the Getica bears
some of the features of a chronicle, its classicizing nature must not be overlooked, a point recently
emphasized by Gillett (“The Mirror of Jordanes: Concepts of the Barbarian, Then and Now”, in the
Blackwell Companion to Late Antiquity 2009), who notes that this facet of the text has yet to be fully
exploited. Gillett is concerned, primarily, with ancient ethnography, though there are other classicizing
elements including, notably, his rhetorical description of the Battle of the Catalaunian Plains (Jord. Get.
36.190-40.219). How does this classicizing text of Jordanes, with its concern for contemporary military
affairs, fit into the sixth century Constantinopolitan cultural milieu? I will address this question by
examining his description of this battle (the only one of its kind in the Getica) in light of the text’s larger
themes, and then discuss Jordanes’ place amongst his peers, particularly in regard to contemporary
concerns about the state’s military success.
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