La santé dans les modèles de croissance Bilan et perspectives Philippe ULMANN XXVIèmes Journées des Économistes Français de la Santé Clermont--Ferrand - 9 -10 Janvier 2003 Clermont Conservatoire National de Arts & Métiers de Paris Chaire d’économie et gestion des services de santé Web : www.cnam.fr/deg/sante - E-mail : [email protected] Département économie et gestion Plan Le contexte 1. Les relations entre croissance et santé 2. La santé dans les modèles de croissance 3. Implications pour les politiques économiques Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 2 1 Introduction ð 30 glorieuses : Âge d’or de la croissance et de la santé ð 20 piteuses :crise économique, hausse non maîtrisée des dépenses de santé, amélioration inégale de l’état de santé. Ä Remise en cause du modèle dominant ð nouvelles théories de la croissance et nouvelles approches macro-économiques de la santé ð Depuis 5 ans, nouvelles problématiques en plein développement : chercheurs (Barro, Sachs, Sala-iMartin...), institutions (Banque Mondiale, OMS, ONU…) Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 3 1. Les relations entre croissance et santé 1.1. Les faits stylisés : ð L’état de santé s’améliore : • avec la croissance économique, à un taux marginalement décroissant. • avec une répartition égalitaire de la richesse. • avec le progrès technique et le taux d’équipement des ménages. • grâce aux facteurs socio-économiques et parfois la médecine. • mais les inégalités de santé s’accroissent, surtout en période de crise. • mais progression non proportionnelle aux dépenses de santé (soins). Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 4 2 1. Les relations entre croissance et santé 1.1. Les faits stylisés : ð Le système de santé et ses dépenses : • Dépenses de santé OCDE (% PIB) : hausse constante jusqu’en 1990. • Niveau macro : élasticité-revenu proche de 1, élasticité-prix négative. • Richesse et progrès technique : principaux déterminants de la dépense. • Progrès technique médical : inflationniste et bénéfique pour la santé • Vieillissement ⇒ hausse des dépenses de santé mais pas leur rythme • Extension couverture sociale = hausse des dépenses de santé. Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 5 1. Les relations entre croissance et santé 1.1. Les faits stylisés : ð Nouveaux faits stylisés à l ’étude : • Dépense Nationale de Santé (Macro) contra-cyclique dans OCDE. • Consommation de santé des Ménages (Micro) contra-cyclique dans OCDE. • Convergence des systèmes de santé OCDE ð mix Beveridge-Bismarck • Clubs de convergence pour l’évolution de l’état de santé (causalité croissance ?) Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 6 3 1. Les relations entre croissance et santé 1.2 Le rôle de la croissance dans la santé : ð Approche longtemps simpliste et limitée aux PED. ð Rôle néanmoins complexe : Ä Effets directs positifs car la croissance engendre : - Hausse revenu ⇒ meilleures conditions de vie ⇒ ä santé - Progrès technique ⇒ amélioration des soins ⇒ ä santé - Urbanisation ⇒ meilleur accès santé (médical/non médical) ⇒ ä santé Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 7 1. Les relations entre croissance et santé 1.2 Le rôle de la croissance dans la santé : Ä Effets indirects négatifs car la croissance engendre : - Industrialisation ⇒ épidémies industrielles ⇒ æ santé - Capitalisme ⇒ inégalités ⇒ exclusion ⇒ æ santé - Nouvelles sociétés ⇒ nouvelles pathologies psychologiques ⇒ æ santé Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 8 4 1. Les relations entre croissance et santé 1.3 Le rôle de la santé dans la croissance : ð Surtout appliqué aux PED, longtemps ignoré pour l’OCDE Ä Effets directs positifs car l’amélioration de la santé : ⇒ Gain de productivité W et incitation à I dans K humain ⇒ ä croissance ⇒ Gain de productivité de l’éducation ⇒ ä K Humain ⇒ ä croissance ⇒ æ fertilité ⇒ æ n ⇒ ä croissance pour PVD (mais æ OCDE !) ⇒ æ coûts de santé ⇒ ä autres I productifs ⇒ ä croissance (surtout PVD) ⇒ ä Demande santé ⇒ ä marché santé/emploi ⇒ ä croissance (surtout OCDE) Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 9 1. Les relations entre croissance et santé 1.3 Le rôle de la santé dans la croissance : Ä Effets indirects négatifs car l ’amélioration de la santé ⇒ nécessite ä financement public des soins (hors E-U) ⇒ ä T ⇒ æ croissance ⇒ ä Allongement vie ⇒ Déséquilibre actif/inactif ⇒ æ croissance Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 10 5 2. La santé dans les modèles de croissance 2.1. Les modèles de mesure des sources de la croissance ð1960-1990, travaux sur les sources de la croissance mais facteur santé rarement considéré (Solow (57), Denison (62)). ð Fin 1980’s, nouvelles bases (séries plus longues et données plus fiables , Summers, Heston (88), Barro, Lee (93) ) et nouvelles théories de la croissance relancent ces travaux. ð Facteur santé pris en compte ð une des principales sources de la croissance (Bloom, Canning & Sevilla (2001), Sala-i-Martin 2001)). Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 11 2. La santé dans les modèles de croissance 2.1. Les modèles de mesure des sources de la croissance Auteurs Echantillon Résultats Barro (2001) 84 pays 1965-1995 Barro & Sala-iMartin (1996) 87 pays 1965-1985 ä Espérance de vie (EV) de 10% ⇒ ä 0,56 à 0,62 point de % de PIB par an selon la spécification du modèle. Variable la plus significative avec les termes de l’échange, l’investissement et les dépenses de l’état. ä EV de 10% ⇒ ä 0,35 point de % de PIB par an. Effet de seuil : Taux marg. æ g pour OCDE où gains EV surtout après la retraite Bloom, Canning & Sevilla (2001) 104 pays 1960-1990 ä EV de 1 an ⇒ ä 2,6 à 4 % du PIB. avec approche par club de convergence. OMS – Rapport Sachs (2001) Synthèse travaux (+100 pays,1965-95) 83 pays 1965-1990 ä EV de 10% ⇒ ä 0,3 à 0,4 point de % de PIB par an ⇒ compte tenu écart EV (28 ans) entre pays OCDE et PED ⇒ écart entre zones de 1,6 point de % de PIB par an ! (effet considérable sur plusieurs années) ä EV de 1 an ⇒ ä 3,4 % du PIB Effet de seuil : maximum à EV= 65 ans, au-delà ⇒ Taux marg. æ g 1 pays sur 200 ans 124 pays 1960-1998 L’amélioration de la santé ( poids/taille-calories) explique 23% du taux de croissance pour le R-U sur 200 ans (proche Fogel). L’amélioration de la santé de 30% (Taux de mortalité 15-60 ans) explique 17% du taux de croissance pour le panel de pays sur 38 ans. Sachs & Warner (1997) Weil (2001) Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 12 6 2. La santé dans les modèles de croissance 2.1. Les modèles de mesure des sources de la croissance ð D’abord privilégié, le rôle de l’éducation et de la formation dans le capital humain, et donc sur la croissance, est maintenant relégué derrière la santé. ð Résultats à nuancer car indicateur de santé imparfait (tentative OMS et Banque Mondiale avec DALY en cours) . ð Comme pour l’ensemble des travaux sur la croissance, favoriser une approche par zone (clubs de convergence). Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 13 2. La santé dans les modèles de croissance 2.2. Les modèles de croissance ð Approche croissance endogène et résultats empiriques à l’origine de l’intégration de la santé dans les modèles. ð Deux types de modèles : Ä santé : facteur parmi d’autres dans le K humain Ä santé : une des variables centrales du modèle intégrée dans les fonctions de production (Y,H,S) et d’utilité (u) . ð Seule la 2nde catégorie étudie feedbacks santé-croissance. Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 14 7 2. La santé dans les modèles de croissance 2.2. Les modèles de croissance Auteurs Approche Barro (1996) Néo-classique Sentier de croissance optimal atteint si S bien privé pur et équilibre sous-optimal si prise en charge partielle par l’État. Si S bien public, équilibre croissance optimal si T neutre. Néo-classique ä S augmente le taux de croissance (g) d’équilibre ä g due à ä S est 2 fois plus importante si éducation endogénéisée. Endogène Kamleli-Oczan, Ryder & Weil (1998) Morand (2001) Piatecki & Ulmann (1995) Ulmann (1999) van Zon & Muysken (1997) Résultats Néo-classique ä S ⇒ transition épidémiologique. Si intervient dans régime néoEndogène classique (K) ⇒ accélère le processus de croissance et passage plus rapide à régime croissance endogène (K,H). Endogène g d’équilibre dépend de la détermination endogène de la répartition du W entre K, H et S. Endogène Préférence pour le futur (= I dans la santé) + A ssurance-maladie ⇒ ä croissance avec effet de seuil état de santé. Au delà æ croissance Néo-classique Arbitrage éducation/santé. Productivité du secteur de la santé aussi importante que l’éducation sur la croissance. Si santé dans U, ä demande de soins et vieillissement population ⇒ æ croissance Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 15 2. La santé dans les modèles de croissance 2.2. Les modèles de croissance ð Conclusions sur les modèles Ä Intégrer assurance car effets importants sur Y,C,S,H Ä Développer approche clubs convergence et distinguer régimes de croissance classique et endogène Ä Travail sur hypothèses fonctions d’utilité et production Ä Mieux expliciter les feedbacks g/S Ä Nécessité d’affiner les indicateurs. Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 16 8 3. Implications pour les politiques économiques ð Distinguer soins et santé. Favoriser politique de santé (social, éducation, redistribution) vs soins ð Priorité dépenses de santé et d’éducation productives pour favoriser la croissance (analyse coût-avantage) ð Arbitrage santé/éducation selon zone ð Si ä état de santé uniquement après 65 ans (OCDE actuellement), ä dépenses publiques de santé contreproductives ð Donner priorité à éducation ð ä croissance ð Tenir compte de la santé et de l’éducation dans décision d’I. Ph.Ulmann - XXVI èmes Journées des Économistes Français de la Santé - Clermont-Ferrand - 9-10 janvier 2003 17 9