Manager à l’école
de Confucius
Le management comme vous
ne l’avez jamais imaginé !
Sophie FAURE
Préface d’André BOYER
Professeur en Sciences de Gestion
Université de Nice Sophia-Antipolis
©Éditions d'Organisation, 2003
ISBN : 2-212-11220-3
CHAPITRE
Valeurs confucéennes et
qualités du leader
Celui dont les talents dépassent la « vertu » est un homme de
peu. Celui dont la « vertu » dépasse les talents est un homme de
bien. Qui possède grands talents et hautes « vertus » est un sage.
L'Histoire en miroir
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4
Et en quelques idéogrammes, tout est dit
Deux qualités complémentaires, courage et
sévérité – les apports des stratèges militaires
Valeurs confucéennes et qualités du leader
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1 Pour un approfondissement, se référer à l’annexe 3 en suivant les préconisations de lec-
ture. Pour chaque valeur sont ainsi donnés :
- un éventail des traductions possibles, qui éclaire le sens de la valeur, sachant qu’aucune
traduction n’est véritablement satisfaisante ;
- une définition composée par nos soins, pour laquelle chaque mot compte. La difficulté
de l’exercice, hérésie dans un contexte confucéen, mais indispensable à la compréhen-
sion d’un lecteur cartésien, tient à la richesse du sens ;
- quelques citations extraites principalement des Entretiens qui donnent des exemples des
contenus multiples pensés par Confucius.
Chaque valeur est ainsi clarifiée dans un contexte classique, mais facilement transposable
dans les situations actuelles.
En quelques idéogrammes, tout est dit
Comme nous l’avons vu, le confucianisme est une philosophie du gouverne-
ment qui s’adresse au souverain, lui proposant un cadre d’action et ne lui lais-
sant pas d’alternative quant au mode d’exercice du pouvoir : le bon souverain
est cet homme qui n’a de cesse de nourrir sa relation à l’autre et de chercher
à développer cet ensemble non exhaustif de qualités telles qu’elles sont
décrites de façon extrêmement pragmatique et concrète dans les textes fondateurs.
Des qualités du souverain, nous allons pouvoir déduire les qualités essen-
tielles du manager.
Nous allons reprendre et détailler
1
les six valeurs essentielles, les
six qualités pour définir le parfait manager confucéen, chacune
des qualités renvoyant non seulement à l’ensemble du système,
mais également à chacune des autres valeurs.
De même que le souverain ne peut être souverain s’il ne démontre pas ces
qualités, de même le manager ne peut être manager s’il ne sait pas être
ren , yi , li , de , xin , zhi
Ren : sens de l’humain, valeur centrale englobante
Yi : équité rituelle
Li : rites
De : morale (comportement), conformité aux règles
Xin : confiance
Zhi : connaissance des choses et des hommes
Il ne s’agit pas d’entrer dans des polémiques sémantiques ni de nous
attarder sur les imprécisions de la traduction, mais plutôt en musicien, de
s’inspirer du développé d’un son, de distinguer les harmoniques d’une
note qui derrière un do cachent l’autre do, mi, sol, si bémol… à partir des-
quelles chacun peut chercher à s’évaluer.
Nous attirons à nouveau l’attention sur les risques d’erreurs dans la com-
préhension des valeurs. En effet, à cultures et contextes différents, conte-
nus différents. Non seulement la construction de la langue chinoise elle-
même peut contribuer à entretenir la confusion, mais le filtre culturel
introduit également un biais dans le sens même des mots.
On se souviendra de la différence profonde existant entre un humanisme
qui place l’homme/sujet au centre de ses préoccupations et l’humanisme
confucéen qui considère l’homme dans sa relation/dépendance à l’autre
dans une société profondément hiérarchisée (Voir Partie I). Cette diffé-
rence induit une autre différence, de contenu et de contour de la notion,
cette fois. Prenons comme exemple des termes comme morale, loyauté
ou respect. Ils sont beaucoup plus connotés culturellement qu’on ne peut
le penser.
Ainsi, dans un contexte confucéen :
– la morale fait référence à une éthique du réel et exprime une nécessaire
conformité aux règles de vie dans une société hiérarchisée ;
– la loyauté est liée à l’appartenance au cercle ;
le respect (celui que l’on témoigne et celui que l’on attend en retour)
s’illustre dans la réciprocité, mais un respect proche de la déférence,
proche elle-même d’une obéissance parfois aveugle… ou encore ce res-
pect des règles et de l’ordre social. Il constitue un ciment d’autant plus
solide que l’œil social tient solidaire chacun des membres plus sûre-
ment que la règle elle-même.
MANAGER À LÉCOLE DE CONFUCIUS
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