Créé par Muriel Langbour
Donc, voilà, ça, ça a quelque chose de très en avance, si on peut dire, par rapport à l’époque. Et, Confucius
a aussi beaucoup de méthodes qui sont, je dirais, très intéressantes. Par exemple, il dit que dans
l’enseignement, il faut faire appel à l’imagination de la personne, du disciple ou de l’élève. Et il faut que
l’élève arrive à « … », c’est à dire, vous parlez d’une seule chose et il est capable de comprendre trois
choses, si je traduis concrètement mot à mot. C’est à dire, faire des associations. On n’a pas besoin de livrer
des choses trop concrètes pour qu’un enfant ou un adulte comprenne tout, mais de suggérer, essayer de
faire appel à son imagination. A partir de un, il peut imaginer le trois. C’est à dire que le trois, surtout en
Chine, le chiffre trois parfois signifie multiple, l’infini. Voyez ! Donc, à partir de très peu de chose, de quelque
chose de concret, on peut arriver à comprendre beaucoup de choses. C’est l’imagination personnelle, la
subjectivité de l’élève etc. Donc, toutes les pensées de Confucius, évidemment, petit à petit, ont été
réinterprétées de façons très différentes à chaque époque. Mais, comme toute la Chine impériale, en gros, a
accepté les doctrines de Confucius, et bien, il se passe quelque chose de très important qu’on doit évoquer
lorsqu’on parle de l’éducation, c’est à partir du VII, VIIIème siècle, c’est à dire aux alentours des dynasties
Sui et Tang, et bien l’Empereur de Chine a mis en place un système de concours impérial, qui est resté
quelque chose de très, très important pour tout le système politique chinois. Tous les lettrés doivent passer
cet examen impérial, national pour pouvoir devenir un fonctionnaire important dans l’empire. Les empereurs
de Chine des dynasties Sui et Tang ont mis en place un système de concours que même les français, vous
utilisez encore maintenant. Un concours national obligatoire, qui est devenu la seule possibilité pour tous les
gens, tous les lettrés de pouvoir arriver au pouvoir, ou disons d’être au sein du pouvoir. Et donc, ce système
a été suivi jusqu’à la fin du XIXème siècle et n’a été aboli vraiment qu’à l’aube du XXIème siècle pour
différentes raisons. Donc, ce système est très, très important. Tous sont obligés de connaître par cœur les
mêmes textes, ce qu’on appelle les grands classiques, les « jīngzhuàn… » etc. C’est le système le plus
égalitaire du monde. C’est à dire que vous pouvez être issu d’une famille très riche ou très pauvre et bien, si
vous connaissez par cœur ces textes, si après, vous pouvez faire des commentaires, si après, vous pouvez
faire des réflexions à partir de ces textes, et bien vous pouvez très bien passer en premier les examens et
être reçu par l’Empereur lui-même et tout de suite devenir un mandarin important et parfois même, devenir
professeur de l’Empereur. Donc, ce système a été très important pour la stabilité même de toute la Chine
parce que cet enseignement est national. Surtout, vous savez que la Chine est en gros un pays agricole, à
presque 90% c’est la campagne. Et bien, même au fin fond de la campagne, il y a des écoles, parfois
privées, vous avez des professeurs qui enseignent à des gens, même à des gens qui sont d’origine pauvre
pour qu’ils puissent un jour s’en sortir et passer ce fameux examen et changer de statut social. Ce système
est resté presque 1400 ans en Chine.
Mais, avec l’évolution, avec l’histoire, finalement à la fin, il s’est avéré un système un peu trop rigide parce
que, vous savez comme il y a une grande concurrence, la Chine est grande et déjà à l’époque, elle été très
peuplée, donc, il n’y a pas tant de postes auprès de l’empereur. Il y a des gens qui ratent l’examen,
malheureusement. Vous savez, vers la fin du XVIIIème siècle, il y a des romans qui décrivent un peu les
fameux lettrés qui ont raté l’examen. Il y a des vieillards de 70 ans qui encore essaient de passer ces
fameux examens pour essayer de se voir valoriser et qui, un jour soudain, s’aperçoivent qu’ils l’ont passé et
deviennent fou. Ceux sont des histoires comme ça. D’autre part, à cause du fait qu’on a toujours la même
matière, si on peut dire, ceux sont toujours les textes canoniques de Confucius et autres. Avec l’évolution et
surtout l’occident qui devient de plus en plus puissant grâce à la science, à la technologie et bien, les
chinois, disons les intellectuels éclairés se sont rendus compte qu’on ne pouvait plus comme ça. Parce qu’à
la fin du XIXème siècle encore, on ne lit et relit que Confucius et bien ce pays, évidemment, devient faible
face aux puissances occidentales. Il se trouve que, justement, dans ces fameuses guerres de l’opium etc, ou
la guerre contre le Japon, la Chine a toujours perdu. Et là, les intellectuels éclairés ont voulu un despote
éclairé et sont allés voir l’Empereur et ont voulu faire de réformes etc. ET c’est la fameuse histoire de « … ».
Donc tous ces gens là veulent réformer. C’est là que c’est très important. La Chine rentre dans la modernité
par pression, par pression des puissances occidentales. Et ça, c’est très important pour comprendre la
Chine, il faut toujours avoir dans la tête cette idée là. La Chine a été forcée de sortir d’un état presque
féodal, tout ce que vous voulez, presqu’immobile, comme dirait Alain Peyrefitte dans « L’Empire immobile »,
a été obligée de sortir de cette immobilité par les canons, par les sabres, les fusils des puissances
occidentales, du Japon. Ils se sont réveillés et se sont rendu compte que ce système là, lettré et confucéen,
ne pouvait plus continuer. On perd toutes les guerres, on est obligé de payer des amendes à tout le monde.
C’est à ce moment là, qu’il y a une nouvelle vision sur le monde. C’est à dire, une ouverture vers l’extérieur.
Et puis c’est là que les chinois demandent deux choses : la science, qu’ils appellent Monsieur ké et
Monsieur dé , la démocratie. C’est ça qui est très important. C’est à l’aube du XXème siècle que les chinois
veulent deux choses, la science et la démocratie. Deux choses, toutes occidentales. Et il s considèrent que
c’est avec ça qu’on peut changer le pays, qu’on peut entrer dans la modernité. C’est là que s’ouvre tout le
XXème siècle. Et c’est là que ça devient intéressant. A partir du moment où l’ancien régime, l’ancien
système est mis en cause et de façon radicale et à partir du moment où on ne connaît que peu l’extérieur,