
MAPAR 2013
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3.1. CARACTÉRISTIQUES DU PATIENT
Pendant de nombreuses années, le choix des antibiotiques en réanimation 
était  fonction de  la  durée  de  l’hospitalisation  antérieure.  Or,  l’émergence  de 
bactéries multirésistantes (BMR) communautaires a rendu ce concept obsolète 
[12]. Les facteurs de risque identifiés d’être porteur de BMR sont la prescription 
d’un traitement antibiotique dans les trois mois précédents, un séjour dans un 
hôpital  dans les  30  jours  précédents, une  durée  d’hospitalisation  de  plus  de 
cinq jours, des soins invasifs à domicile, la présence d’un porteur de BMR dans 
l’entourage d’un patient et l’immunosuppression. En présence de ces facteurs de 
risque, le spectre de l’antibiothérapie initiale doit inclure les BMR. Cela implique 
le  plus  souvent  la  prescription  d’un  antibiotique  actif  sur  les  entérobactéries 
productrices d’une β-lactamase de spectre étendu (BLSE) et d’un antibiotique 
actif sur le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM).
Dans le cas des pneumonies, les facteurs de risque spécifiques d’infection 
à  des  BMR  sont  d’une  durée  d’hospitalisation  ≥ deux  jours,  une  résidence 
prolongée  dans  une  institution médicalisée,  un  contexte  d’hospitalisation  à 
domicile, une dialyse chronique et un membre de la famille porteur de BMR.
3.2. SITE DE L’INFECTION
Le site de l’infection est l’un des principaux déterminants dans le choix de 
l’antibiothérapie  (Tableau  I).  Les  infections  les  plus  fréquemment  rapportées 
en réanimation sont  les pneumonies (63 %), les infections intra-abdominales 
(20 %), les bactériémies (15 %) et les infections des voies urinaires (14 %) [12]. 
Leur gravité n’est pas égale, les infections urinaires étant associées à une faible 
morbidité.
Chez  les  patients  sans  facteur  de  risque  de  BMR,  les  principaux  micro-
organismes  responsables  de  pneumonie  sont :  Streptococcus  pneumoniae, 
Haemophilus influenzae, Staphylococcus aureus, Legionella sp., Mycoplasma 
pneumoniae, Chlamydia  pneumoniae  et  les  virus. Pour  les  patients  avec  des 
facteurs de risque de BMR, Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumannii, 
Klebsiella pneumoniae et le SARM doivent être suspectés.
Soixante pour cent des épisodes de péritonites bactériennes primaires sont 
dues  à  des  entérobactéries  à  Gram  négatif,  Escherichia  coli  et  Klebsiella  sp. 
étant les micro-organismes les plus fréquemment isolés. Des streptocoques 
et  entérocoques  sont  retrouvés  chez  25 %  de  ces  patients.  A  contrario,  les 
péritonites  secondaires  sont  fréquemment  polymicrobiennes,  associant  des 
bactéries  à  Gram  négatif  (E.  coli,  Enterobacter  sp.,  Klebsiella  sp.),  des  cocci 
à Gram positif (entérocoques dans 20 % des cas) et anaérobies (Bacteroides 
sp.). Pour les patients qui ont des facteurs de risque de BMR, ou dans le cas de 
péritonites tertiaires, les BMR et les levures sont prises en compte.
Les  infections  cutanées  sont  également  souvent  polymicrobiennes.  Les 
bactéries  les  plus  fréquemment  identifiées  sont  Streptococcus  sp.  (40 %), 
S. aureus (30 %), bactéries anaérobies (30 %) et les bactéries à Gram négatif 
(10-20 %).  S.  pneumoniae  (35 %)  et  Neisseria  meningitidis  (32 %)  sont  res-
ponsables de la majorité des méningites communautaires, contrairement aux 
méningites postopératoires. La documentation bactériologique avec culture du 
liquide céphalo-rachidien est indispensable dans ce contexte. Du point de vue 
microbiologique, les staphylocoques (Staphylococcus epidermidis) et les bacilles