Des membres du maquis D2 - Bayard (Fin août 1944)
Le 3 septembre 1939, la France
déclare la guerre à l’Allemagne qui
vient d’envahir la Pologne.
La région se vide de ses hommes
mobilisables qui rejoignent leurs
unités sur le front de l’est et du
nord ou dans les cantonnements de
l’intérieur. En revanche, les Civraisiens
doivent accueillir les réfugiés lorrains,
notamment les habitants de
Merlebach (Moselle) qui arrivent par
trains eners, avec quelques bagages,
à la gare de Civray.
Loensive allemande débute le 10
mai 1940. Sans déclaraon de guerre,
les troupes allemandes pénètrent
aux Pays-Bas et en Belgique.
Le 13 mai, Hitler déclenche
l’opération décisive sur la
zone de Sedan. Les Alliés sont
rapidement débordés et les lignes
de défense françaises se disloquent
une à une. Entrés à Paris le 14 juin
1940, les Allemands progressent
rapidement vers le sud.
Le 17 juin, le maréchal Pétain,
nommé président du Conseil, appelle
à cesser le combat. Le 18 juin, depuis
Londres, lenéral de Gaulle demande
aux Français de connuer la lue.
Le 19 juin, la région poitevine est
bombardée par les Allemands. On
dénombre 131 vicmes.
Le 22 juin, l’armisce est signé.
Larmée française est vaincue. Elle
vient de subir le plus grand désastre
de son histoire : près de 100 000
soldats tués, 200 000 blessés et
1 850 000 prisonniers.
Les Allemands aeignent Poiers
le 23. Le 24, le maire de Civray déclare
sa ville « ville ouverte » an d’éviter
des destrucons et des représailles.
Les unités allemandes y pénètrent
le jour même sans rencontrer
praquement de résistance, les
troupes françaises ayant été
éloignées. Aussitôt, les nouveaux
occupants vont s’installer dans des
bâments réquisionnés et sur les
points stratégiques : les accès rouers
et la gare dans laquelle est staonné
un détachement qui assure la
permanence d’observaon sur le toit
du silo voisin.
Ainsi débute cee occupaon
allemande qui durera plus de quatre
ans avec en toile de fond depuis le
25 juin 1940, un département coupé
en deux par la ligne de démarcaon,
véritable fronère imposée par les
Allemands, gardée à l’ouest par la
Wehrmacht puis par des douaniers
et par trois compagnies d’armisce à
l’est.
INTRODUCTION
SOMMAIRE
Introducon ..................................................................................
La ligne de démarcaon ................................................................
La constuon de la Résistance dans le Civraisien ........................
Organigramme des maquis du Civraisien ......................................
Chronologie des engagements et représailles ..............................
Les chemins de la Liberté autour de Civray (carte) .......................
Etape 1 - Civray .............................................................................
Etape 2 - Saint-Saviol .....................................................................
Etape 3 - Sauzé-Vaussais ...............................................................
Etape 4 - Chaunay .........................................................................
Etape 5 - Romagne / Etape 6 - Champagné-Saint-Hilaire ..............
Etape 7 - Saint-Maurice-La-Clouère ..............................................
Etape 8 - Joussé / Etape 9 - Mauprévoir .......................................
Etape 10 - Le Vigeant ....................................................................
Etape 11 - Pleuville ........................................................................
Etape 12 - Charroux .......................................................................
Remerciements .............................................................................
p. 3
p. 4
p. 5
p. 8
p. 9
p. 10
p. 12
p. 13
p. 14
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p. 19
p. 20
p. 22
p. 23
Conception graphique : Mission interdépartementale Mémoire
et Communication Poitou-Charentes - ONAC
Crédits photos : l’Amicale de la Résistance de Civray pour les pages de couverture, 12, 14, 19, 20, 23,
Roger Picard, La Vienne dans la guerre 1939-1945 pour les pages 19 et 21
Christian Genet, La libération des deux Charentes - Soldats en sabots pour la page 21
Impression : RBS 86 - Dépôt légal ISBN : 978-2-11-129874-3 - octobre 2012
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La ligne de démarcation
Depuis l’armisce, une ligne de
démarcaon coupe la région en deux,
l’Allemagne conservant la zone allant
de la côte atlanque jusqu’à 20
kilomètres à l’est de la ligne de chemin
de fer Paris-Bordeaux-Espagne.
Lensemble des voies de
communicaon est coupé et le
franchissement de la ligne n’est
possible, avec un laissez-passer, en
Vienne sud, qu’à certains points de
passage situés :
> Sur la D 29 entre Saint-Secondin et
Bouresse ;
> Sur la D 102 entre Saint-Secondin et
Usson-du-Poitou ;
> Sur la D 741 entre Saint-Secondin et
Usson-du-Poitou ;
> Sur la D 25, à Bellevue, entre Usson-
du-Poitou et Château-Garnier ;
> Sur la D 727, à « Les Essarts », entre
Usson-du-Poitou et Joussé ;
> Aux passages (2 fois) de la voie ferrée
reliant Saint-Saviol à L’Isle-Jourdain ;
> Sur la D 100, à « Chez Villae »,
entre Mauprévoir et Payroux ;
> Sur la RD 948 (anciennement
la RN 148), à « La Pete Moe »,
entre Pressac et Charroux ;
> Sur la D 35 à Chatain.
Des passages clandesns se
font en dehors de ces points, grâce
au dévouement et au courage de
certains riverains, mais les arrestaons
sont nombreuses et certains sont
emprisonnés ou déportés tels André
Ravarit à Pressac ou l’abbé Guillon à
Chatain.
La ligne de démarcaon n’est plus
jusée après l’entrée des Allemands
en zone libre le 11 novembre 1942.
Son ouverture n’est eecve que le
1er mars 1943 et sa suppression est
dénive le 27 juin 1944.
Pet à pet, les Civraisiens
découvrent les conséquences de
la faite des armées. L’idée d’une
résistance dans la région commence à
se développer.
Le rôle de résistant consiste tout
d’abord à :
> soustraire de la convoise du
vainqueur les armes, les objets de
valeur, le ravitaillement ;
> faciliter l’évasion et le passage de
la ligne de démarcaon pour tous
ceux qui fuient loccupant et la police
allemande : prisonniers de guerre
évadés, ressortissants juifs,
étrangers, aviateurs alliés tombés
sur le territoire fraais.
Une première organisaon de
résistance naît en 1941 et 1942
avec des Civraisiens ralliés au réseau
« Renard » de Poiers.
A la suite de la découverte de
documents compromeants par les
autorités françaises qui transmeent
le dossier aux Allemands, le groupe
est démantelé en septembre 1942
et les Civraisiens Pierre Pestureau,
Norbert Portejoie, Maurice Grillas
sont arrêtés et déportés. Le premier
nommé ne reviendra pas, exécuté le
3 décembre 1943 à Wolfenbüel avec
neuf de ses camarades dont Louis
Renard. Deux d’entre eux échappent
cependant à l’arrestaon, Jean Multon
et Edmond Bernard qui, en compagnie
de deux dirigeants poitevins, Gaston
Chapron et Noël Sorin passent en
zone libre. Ils rejoignent le groupe «
Combat » à Marseille. Edmond Bernard
militera dans ce mouvement mais la
crainte d’une arrestaon l’oblige, à la
n de la guerre, à se replier dans la
Vienne il parcipe acvement aux
combats de 1944.
Multon, arrêté par les Allemands
en avril 1943, est « retourné » par
eux. Sa trahison coûte beaucoup à
l’armée de l’ombre. Il est, en eet,
à l’origine de l’arrestaon de très
nombreux résistans parmi lesquels
Bere Albrecht, René Hardy et le
général Delestraint. Il est exécuté
le 11 septembre 1946 au fort de
Montrouge.
Un deuxième groupe est constué
en mars 1943 sous l’impulsion
du capitaine Musso de Poiers
(Organisaon Civile et Militaire).
Le Civraisien Georges Bonneau est
contacté pour constuer une équipe
dans le secteur. Rapidement, il recrute
six autres patriotes volontaires pour
cet engagement. Ce nouveau groupe
reçoit un premier parachutage
d’Angleterre composé de huit
containers d’armes, d’explosifs et
de munions, qu’il cache dans les
La constitution de la Résistance dans le Civraisien
45
bois puis dans la scierie de Georges
Bonneau et enn dans la ferme de
Marcel Provost à Saint-Gaudent.
En août 1943, le capitaine Musso
est arrêté et les membres de son
groupe subissent le même sort, dont
les Civraisiens Georges Bonneau,
René Baillargeon et Marcel Provost.
Vicmes des mauvais traitements,
René Baillargeon périt à la prison de
la Pierre Levée à Poiers et Marcel
Provost en camp de concentraon.
Les autres membres du groupe
réussissent à s’enfuir et à se cacher
mais leurs épouses, mesdames
Bourdet, Bourdin, Dupré, Savignat
et Suire ainsi que le ls Bourdin,
âgé de vingt ans, sont arrêtés et
emprisonnés.
La résistance locale n’est cependant
pas anéane après ces arrestaons.
Un nouveau groupe de Civraisiens,
animé par Georges Gaucher, se
charge de récupérer et de dissimuler
les containers d’armes et de matériel
d’un deuxième parachutage. Avec
Roger Bonnet, ocier de réserve
du génie, qui accepte de prendre la
direcon du groupe, ils organisent le
futur maquis de Civray.
D’autres groupes sont également
constués dans la région et leur
acon est parculièrement ecace
dans ce secteur traversé par la ligne
de chemin de fer Paris-Bordeaux-
Espagne, la route naonale 10 Paris-
Bordeaux et la route naonale 148
(aujourd’hui RD 948) reliant la côte
atlanque (par Niort) au centre de la
France.
Cee région du Poitou-Charentes
est, de par sa situaon géographique,
un passage obligé des troupes
d’occupaon devant se déplacer sur
l’ensemble du territoire occupé.
Lennemi a donc l’impérieuse
nécessité de maintenir constamment
en bon état d’ulisaon les
voies de communicaon rouères
et ferroviaires. Par ailleurs, la
conguraon du terrain (bois et
brandes) se prête favorablement à
des acons de guérilla et de
regroupement de leurs auteurs dans
la discréon.
Aussitôt le débarquement allié
en Normandie, le 6 juin 1944, les
volontaires rejoignent les maquis qui
aendent les ordres de l’état-major
pour lancer leurs acons.
Ceux-ci arrivent de Londres le 10
juin au man. Les armes récurées
et un nouveau parachutage
permeent déquiper immédiatement
tous les hommes engagés et de
constuer les maquis de l’Armée
Secrète (A.S.). (cf. organigramme p.8).
De nombreuses acons sont aussi
réalisées par d’autres groupes de
la zone Vienne sud ou des environs
(cf. organigramme p.8).
A parr de la n juin 1944, les
acons de ces maquis sont quasi
permanentes : sabotages de voie
ferrée et autres installations
techniques, embuscades et aaques
des convois sur les routes. De par
ces acons, les transports par voies
ferrées, indispensables pendant
cee période à cause du manque
de véhicules et de carburant,
deviennent presque impossibles au
cours de la deuxième quinzaine du
mois d’août.
Les troupes sont obligées de
débarquer sur les lieux des sabotages
ou dans les gares de Ruec, Saint-
Saviol et Couhé, d’ elles essaient
de connuer par la route leur
remontée mais les aaques et les
embuscades ralenssent fortement
leur progression. Elles subissent, en
outre, des pertes importantes en
matériel et en hommes (tués, blessés
et prisonniers).
Un groupe du maquis D2 Bayard
(Collecon Yvon Pautrot)
6 7
Etat-major du colonel « Bernard »
(Chêne) à Luchapt
Commandant A.S. « Michel »
(Blondel) Responsable du groupement D
de la Vienne Sud
D1 - Henri
Charroux
D2 - Bayard
Civray
Responsables :
Albert Suire
puis Henri Billet
30 volontaires*
dans les bois de
« Chez Moutaud »
à Charroux
Responsables :
Roger Bonnet et
Georges Gaucher
70 volontaires* dans
les bois « des
Maisonnettes » à
Lizant et ensuite
dans les bois de
« Maumulon » à
Charroux.
issu de Bayard, créé
le 7 juillet 1944
Responsable :
Edmond Bernard
18 hommes de
Bayard et
20 venant de
Pleuville
dans les bois des
«Chevreaux» à
Joussé
après de nombreuses
actions de résistance
depuis 1941, sera
officiellement formé
fin juillet 1944
80 volontaires à
la ferme
des « Ecures »
F (Antoine Arlot) avec
Antoine fils à
Usson-du-Poitou
I (Charles Pélignat) avec
Ponsonnet et Chargelègue
à Champagné-Saint-Hilaire
G (Maurice) avec Thiault à
Availles-Limouzine
A (Marcel) avec Jalladeau
à Le Dorat (Haute-Vienne)
K (Fernand) avec
Jousseaume à Melle
(Deux-Sèvres)
F.T.P. Noël – Le Docteur
avec Tabourdeau à
Sauzé-Vaussais
(Deux-Sèvres) rattaché
ultérieurement à
Vienne-sud (F.T.P. Noël)
C (Joël) avec de Crisenoy à
Adriers
D3 - Renard
Joussé
* Effectif début juin 1944
D4 - RAF
Pleuville
D'autres maquis
civraisiens
La coordination entre les maquis est assurée par le Civraisien Marcel Bourdet
(commandant « Marcel »)
ORGANIGRAMME DES MAQUIS DU CIVRAISIEN
Chronologie des engagements et représailles
le 17 juillet
Etape 8 Joussé
le 3 août
Etapes 11 et 12 – Pleuville et Charroux
le 4 août
Etape 10 – Le Vigeant
les 12 et 13 août
Etape 6 - Champagné-Saint-Hilaire
les 20 et 21 août
Etape 3 Sauzé-Vaussais
les 24 et 25 août
Etapes 4 ; 5 ; 7 – Chaunay, Romagne, Saint-Maurice-la-Clouère
du mois de juin au 26 août
Etape 2 Saint-Saviol
les 26 et 28 août
Etape 1 – Civray
1944
89
1 / 13 100%