pour produire un certain son ! Une échancrure dans la partie supérieure
du tuyau dissocie la longueur réelle de la longueur utile. Enfin, sur le dix-
sept tuyaux présents sur les modèles plus courants, quatre ne sont pas
sonores et ne servent qu’à équilibrer l’instrument.
Parmi les différents types de sheng chinois employés de nos jours, citons
le petit sheng de Shanghai, le fangsheng à caisse carrée en bois du
Henan et du Shangdong et le sheng des temples bouddhiques du nord de
la Chine. Ils sont employés dans la musique populaire aussi bien que
dans certaines formes de musique classique.
Ses variantes coréenne seanghwang (qui correspond au terme chinois
ancien shenghuang) et japonaise (sho) ne sont utilisées que dans
certains ensembles de musique classique.
L’orgue à bouche dans sa forme ancienne (à deux rangées parallèles de
tuyaux) survit encore, et même très bien, parmi les minorités ethniques
chinoises et les populations tribales installées dans les régions reculées
du Viêt-nam, du Laos, de la Birmanie, de la Thaïlande, de Bornéo,
jusqu‚en Assam et au Bangladesh ! Il est plus rustique que le sheng
chinois, car les musiciens le fabriquent avec les matériaux à leur
disposition : bambou pour les tuyaux, bambou ou laiton pour les anches,
bois, ivoire ou même courges séchées pour le réservoir. Ces modèles sont
souvent assez grands (le khen laotien peut être construit en 3 mesures,
dont le plus grand peut compter des tuyaux longs de 3 mètres !). Ils
participent à la plupart des fêtes et restent donc très populaires chez ces
peuples.*
Comme avec l’harmonica, on peut obtenir un son en aspirant aussi bien
qu’en expirant.
Le jeu traditionnel se fait en accord, c’est-à-dire qu’on émet plusieurs
notes à la fois, ce qui convient pour l’accompagnement d’un autre
instrument soliste, tel que le hautbois suona ou la flûte traversière dizi,
ou encore la voix.
Le jeu soliste est possible, mais difficile et par conséquent peu pratiqué.
Les doigtés sont particulièrement complexes et une grande maîtrise du
souffle est nécessaire. Toutefois, plusieurs effets sont possibles, comme
le trémolo qui est produit par l’alternance rapide entre inspiration et
expiration. Un effet de glissando est également possible quand on
débouche lentement un trou, mais seulement sur certaines notes aiguës.
De grands spécialistes en Chine ont permis de créer un répertoire soliste
pour leur instrument.
En général, le sheng ne peut guère être remarqué, car il produit une
espèce de fonds sonore et de plus, le visage du musicien reste caché par
l‚instrument !
Le jeu du sheng tel qu’il était pratiqué sous les Tang survit probablement
dans la musique d’ensemble du Togaku japonais, où le sho exécute