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* lexique en page 88
plan ont été prélevées au champ, iso-
lées et caractérisées. Différents scéna-
rios de compétition avec les flores les
plus représentatives du rhizoplan ou
de la rhizosphère ont été reconstitués
dans des dispositifs expérimentaux suf-
fisamment contrôlés. La réussite et l'im-
pact de la compétition ont été quanti-
fiés. Les résultats montrent une bonne
aptitude à la compétition de la souche
de
Phyllobacterium
, avec une capacité
à maintenir une colonisation et un effet
sur le système racinaire. La concentra-
tion et le positionnement de l'inoculum
par rapport à la jeune racine en cours
de développement sont très importants.
Les propriétés de
Phyllobacterium
La principale souche de
Phyllobacterium
travaillée a montré des capacités de
fixation d'azote à l'état libre sous des
pressions d'oxygène limitées. Ceci lui
confère la possibilité de survivre et de
se développer dans des milieux
dépourvus d'azote minéral. La présen-
ce d'un gène de nitrogénase a été mis
en évidence, dont les conditions opti-
males d'expression restent à détermi-
ner. La souche a une activité nitrate
réductase qui n'est pas inhibée par
l'ammonium ni par l'oxygène. Le nitrite
produit peut être également réduit en
ammonium.
Le développement des poils racinaires,
comme celui des racines latérales
d'une plante sont sous le contrôle de
phytohormones, l'auxine (hormone de
croissance) et l'éthylène (inhibiteur de
la rhizogénèse). Comme chez de nom-
breux microorganismes du sol,
Phyllobacterium
a la capacité de pro-
duire de l'auxine et de dégrader le
précurseur de l'éthylène en ammo-
nium, qu'elle utilise comme unique
source d'azote.
Par ailleurs, une activité de solubilisa-
tion du phosphate a pu être mise en
évidence.
En revanche, quelle que soit la métho-
de de détection, la souche ne semble
pas produire de sidérophore pouvant
l'aider à assimiler le fer.
Parallèlement à ces expériences, un
travail de caractérisation et de taxono-
mie du genre
Phyllobacterium,
peu
connu jusqu'à présent, a été entrepris.
Les principales fonctions bactériennes
mises en évidence sur les isolats, et
leur caractérisation moléculaire à par-
tir de zones conservées du génome,
devrait permettre la définition de plu-
sieurs espèces dans ce genre, avec
des propriétés nouvelles.
Vers une étude approfondie
des mécanismes en jeu
De façon à mieux comprendre les
mécanismes impliqués et permettre la
valorisation des propriétés de
Phyllobacterium
, les travaux ont été
complétés par des expérimentations
sur la plante modèle
Arabidopsis
. Des
lignées transformées sur le promoteur
régulant l'induction d'un gène de
transport du nitrate étaient en effet
disponibles. Elles ont permis d'étudier
les modifications de la régulation de
l'absorption du nitrate induites par la
bactérie.
Les expérimentations réalisées sur le
colza ont été reproduites avec
Arabidopsis
, avec les mêmes effets sur
la plante. Les modifications du système
racinaire, les effets de concentrations
bactériennes, étaient de même nature.
Les mêmes interactions positives entre
l'effet de l'inoculation de la bactérie et
la disponibilité en nitrate ont été obser-
vées sur le colza et sur
Arabidopsis
:
augmentation de l'influx de nitrate, des
quantités d'azote et d'acides aminés
à différents niveaux de la plante. Sur
Arabidopsis
, la présence de la bacté-
rie a bien induit une augmentation des
transcrits des gènes de transport du
nitrate.
L'étude et l'identification de facteurs de
transcription liés à la présence de la
bactérie sont actuellement en cours.
Ce travail devrait permettre d'identifier
d'autres mécanismes éventuellement
impliqués dans les effets promoteurs
de croissance de la souche de
Phyllobacterium
.
Outre l'inoculation au champ de la
bactérie, dans des conditions où ses
qualités seraient compatibles avec les
contraintes technologiques d'applica-
tion de l'inoculum bactérien, la com-
préhension des mécanismes impliqués
et l'étude de leur régulation permet-
tront une optimisation des effets. La
bactérie aura alors servi d'outil pour
révéler les mécanismes de la plante
qui doivent être améliorés, soit par la
gestion de l'environnement, soit par la
génétique.
Contact : Xavier PINOCHET
service Innovations
CETIOM, Centre de Grignon