Bactérioses de la pomme de terre Encadrant : F.Val A.Aussel, A.Décultot, V.Galland, A.Lienard, J.Luneau, A.Ponton, S.Yvoz Quatrième culture mondiale, la pomme de terre subit les attaques de nombreux bioagresseurs dont les bactéries. Parmi celles-ci, les bactéries pectinolytiques ou Pectobacterium, produisant des enzymes pectinolytiques, causent chez la pomme de terre des symptômes de jambe noire en végétation et des pourritures molles sur tubercules en conservation. Dans ce cas, les pertes de rendement sont de 15% à 30% et aucune méthode de lutte ne permet de contrôler la maladie (Hélias, 2012). De plus, des test biochimiques et moléculaires ont mis en évidence la présence sur le même plan de différentes souches entrainant les mêmes symptômes rendant plus difficile l’établissement d’une méthode de lutte. L’objectif de ce projet est de tester le niveau de résistance de 5 variétés de pomme de terre vis-à-vis de 5 souches de bactéries Pectobacterium atrosepticum (Pa), Pectobacterium carotovorum (Pc), Pectobacterium wasabie (Pw), Dickeya dianthicola (Dd), Dickeya solanacearum (Ds) et de comprendre les interactions entre les souches bactériennes sur une même plante. Le choix de variétés résistantes pourrait-il contribuer au contrôle de la maladie ? La connaissance des interactions entre les souches peut-elle aider à une meilleure gestion de la maladie ? Quelles interactions entre les bactéries ? Compétition in vitro Principe : afin de repérer les interactions entre les cinq souches bactériennes, Quelles variétés résistantes? nous avons recouvert dix boîtes de Petri avec 1mL de nos souches à 107 bactéries/ml. Nous avons ensuite déposé 25µL des autres bactéries à 108 bactéries/ml sur chacune des boîtes sous forme de gouttes. Test agressivité/virulence : Principe : L’agressivité se traduit par la quantité de symptômes induit. 10 tranches de Résultats : Fig 3 : Mise en compétition in vitro pomme de terre de chacune des variétés ont été inoculées respectivement par les 5 souches à concentrations 108 bact/ml. La quantité de pourriture est évaluée 3 jours après incubation des tranches à température ambiante. Résultats : Les dépôts de Pw sur les 4 autres souches sont entourés d’un halo clair où peu de bactéries se sont développées. Il semble donc que Pw soit capable de produire des molécules diffusibles empêchant le développement des autres souches (effet bactériostatique). Et quelles conséquences sur les pommes de terre ? Compétition in vivo Principe : La même quantité de bactéries (5.106) est inoculée sur 5 tranches Fig 1 : Masse de pourriture pour chaque variété exposée aux différentes souches bactériennes de pomme de terre. Trois conditions expérimentales : Pa, Pw, Pa+Pw. Après incubation 3 jours à température ambiante, la masse de pourriture obtenue est mesurée. Résultats : Des niveaux de sensibilité différents sont observables pour les différentes variétés, nous permettant d’établir un classement moyen des résistances des variétés aux bactéries pectinolytiques : Spunta et Kerpondy plus résistantes, Akersegen plus sensible. Celui-ci peut varier d’une place selon la souche utilisée. Dans un souci de validité agronomique, ce graphe a été réalisé en ne prenant que les données relatives à Pw, Pa et Pc, bactéries présentes sur le territoire français dans des quantités suffisantes pour provoquer ces symptômes au champ. La souche Pw semble provoquer le plus de symptômes, donc être la plus agressive. La virulence des souches est mesurée par la présence ou l’absence de pourriture pour une variété. Résultats : toutes les souches infectent à au moins une concentration toutes les variétés. Les souches sont donc toutes virulentes sur toutes les variétés. Fig 2 : symptômes causés par Pa sur différentes variétés de pomme de terre Fig 4: Résultats de la mise en compétition in vivo Les masses de pourritures en présence de Pa+Pw sont inférieures aux masses obtenues avec Pw. Un antagonisme entre les deux bactéries est donc observable. Plusieurs hypothèses pourraient expliquer cette concurrence : • Les bactéries sont en compétition pour le substrat qui devient un paramètre limitant. Par conséquent, elles ont toutes les deux un développement moins important. • Pw ne libère de molécules nocives pour les autres bactéries qu’en leur présence, ce qui lui coûte de l’énergie et ralentit son développement. Conclusion & Discussion Les tests d’agressivités réalisés mettent clairement en évidence des différences de sensibilité sur les variétés étudiées (Spunta étant globalement la plus résistante et Ackersegen la plus sensible). Le choix de variétés résistantes pour luter contre ce type de bactéries est donc tout à fait justifié. Des différences d’agressivité sont aussi observées, Pw provoquant le plus de symptômes. Il existe de nombreuses interactions entre les souches qui sont présentes sur un même plant. Les expériences de compétition in vitro et in vivo montrent des effets antagonistes et non synergiques. Les tests biochimiques montrent des différences d’équipement enzymatique entre souches, cette différence peut éventuellement jouer un rôle dans les tests de compétitions. Comme il y a concurrence, la libération de molécules limitantes, pourrait entrainer un coût d’énergie supplémentaire pour les deux souches et donc limiter leur développement. La compréhension et peut être l’utilisation de ces interactions est une piste intéressante pour de nouvelles méthodes de gestion de ces maladies. Pour extrapoler ces expérimentations à des tubercules entiers, et à des plantes entières sur une parcelle, des études complémentaires au champ sont nécessaires. Références: Hélias, V. (2012). Jambe noire : évolution des souches et risques associés