Epidémiologie et Prélèvements microbiologiques Infections du Pied Diabétique – Lille 10 Octobre 2008 Classification de l’infection de la plaie (IWGDF-IDSA) MPP infecté MPP Grade 1 Grade 2 DHBN-FN DHB Gangrène humide Grade 3 Nécrose + Retentissement général Grade 4 IWGDF-IDSA, 2003 & 2007 La Problématique: L'infection doit être distinguée de la colonisation bactérienne Colonisation Normal Bact. peu virulentes Flore bactérienne résidente (Flore commensale) Flore bactérienne transitoire Infection Modification de flore Germes virulents Retard cicatrisation Extension Moyens de défense (Flore cutanée résidente Bactéries: corynébactéries, Propionibacterium, Staphylococcus non aureus… Champignon: Malassezia sp., Candida sp. Moyens de défense (Flore cutanée résidente ( Propriétés physico-chimiques de l’épiderme: Turn over cellulaire Sécrétions sébacées et sudoripares Kératinocytes ( Facteurs Généraux Immunité Humorale: Ig Immunité Cellulaire: cellules de Langherans Rupture de l’équilibre Locaux Lésions cutanées: plaies, brûlures… Mauvaise hygiène Macération Corticothérapie locale Généraux Déficit immunitaire Diabète sucré Corticothérapie générale Immunosuppresseurs Indications du prélèvement microbiologique Les prélèvements bactériologiques ne sont indiqués qu’en cas d’infection établie cliniquement SPILF, Med Mal Infect 2007 Méthodes d’isolement microbiologique ) Des protocoles conçus conjointement par les cliniciens et les microbiologistes sont indispensables ) Définir les objectifs de l’analyse, la manière de prélever selon les différentes présentations cliniques, le matériel de prélèvement à utiliser, les conditions de transport, les techniques analytiques l’interprétation des résultats de la culture ) Il n’existe pas de consensus quant à la meilleure technique à appliquer SPILF, Med Mal Infect 2007 Débridement Mécanique Avant tout prélèvement, il faut PREPARER LA PLAIE - débridement mécanique au moyen d’une curette ou d’un scalpel stériles - un nettoyage doit être réalisé avec une gaze imbibée de sérum physiologique stérile NB: utilisation d’antiseptiques possible, mais à éliminer par du sérum physiologique stérile avant de réaliser le prélèvement SPILF, Med Mal Infect 2007 Le Prélèvement Superficiel L ’Écouvillonnage simple : ) Méthode la plus utilisée car la plus facile, ) Demeure peu adapté à la mise en évidence optimale des bactéries réellement responsables de l’infection ) Recueil de la totalité de la flore aérobie colonisante si la préparation n’est pas optimale ) Difficultés d’isoler les bactéries anaérobies strictes (non recherchées généralement bien que ce soit techniquement possible) $ Cette méthode de prélèvement a un intérêt limité SPILF, Med Mal Infect 2007 Le Prélèvement Superficiel ou Profond Le Curetage-Ecouvillonnage : ) Débrider et nettoyer l’ulcère ) Prélèvement du tissu par grattage de la base de l’ulcère au moyen d’une curette ou d’un scalpel stériles ) Prélever en frottant avec un écouvillon la périphérie du fond de l’ulcère $ Cette méthode est indiquée pour les prélèvements superficiels et les plaies anfractueuses profondes SPILF, Med Mal Infect 2007 Le Prélèvement Profond L’Aspiration à l’aiguille fine : ) Débrider et nettoyer ) Désinfecter la peau en périphérie (antiseptique) ) Ponctionner avec une seringue et une aiguille pour IM ou SC: La ponction doit être effectuée en passant par une zone saine ) En l’absence d’obtention de liquide, 1 à 2 ml de sérum physiologique stérile peuvent être injectés puis réaspirés immédiatement à l’aide d’une seconde aiguille pour être analysés )La seringue ayant servi au prélèvement est envoyée au laboratoire sans l’aiguille, purgée d’air et bouchée hermétiquement et stérilement. $ indiquée pour les plaies profondes et en particulier lors d’infections collectées SPILF, Med Mal Infect 2007 Le Prélèvement Profond La Biopsie tissulaire : ) La sévérité de la neuropathie autorise souvent une biopsie au lit du patient sans préparation particulière. ) Deux à trois fragments de tissu sont obtenus à partir de plusieurs zones ; immédiatement déposés dans un tube stérile additionné de quelques gouttes de sérum physiologique pour éviter la dessiccation ) La signification clinique d’une analyse quantitative des tissus n’a pas été clairement démontrée $ la biopsie est la méthode à privilégier chaque fois que possible devant toute lésion tissulaires profonde SPILF, Med Mal Infect 2007 Le Prélèvement Profond La Biopsie osseuse : ) La biopsie osseuse est la méthode de référence pour le diagnostic d’ostéite : rapide, simple, sans effet secondaire ) rarement réalisée en dehors des centres spécialisés ) Indication si le diagnostic d'ostéite reste douteux après la réalisation d'autres examens ou après une fenêtre thérapeutique de 15 jours ou si les bactéries responsables ne peuvent être isolées du fait d'un traitement antibiotique antérieur ) Prélèvement par chirurgie ou par ponction percutanée radio ou écho-guidée, passage en peau saine au moyen d'un trocart, après désinfection sans anesthésie locale (neuropathie sensitive) Pot stérile contenant du sérum physiologique Le Prélèvement Profond Les Hémocultures Aéro-Anaérobies : ) Utiles lors de sepsis (Grade 4) SPILF, Med Mal Infect 2007 CAT: Les Prélèvements Plaie Collection Aspiration à l'aiguille fine Non réalisable Biopsie osseuse Milieu de transport, Identification c Milieu de transport Transmission la plus rapide au labo de Bactériologie +++ Bonne condition de transport+++ Milieux notamment Anaérobie, liquide de ponction, biopsie d Examen Direct Coloration de Gram + Examen Direct Numération des leucocytes e Mise en culture Pas d’ensemencement direct Milieux usuels ATBgramme Intérêt?? Interprétation des résultats: Principes Il n’existe à ce jour aucun moyen formel permettant de différencier une colonisation d’une infection!!! L’interprétation doit tenir compte: - des conditions de recueil du prélèvement - du délai de transport du prélèvement au laboratoire - des conditions de transport du prélèvement - du type de bactéries isolées : Staphylocoque, BGN - de la localisation des bactéries isolées - du nombre de prélèvements où la même bactérie est isolée (cas des bactéries commensales) SPILF, Med Mal Infect 2007 Corrélation clinico-bactériologique entre les pathogènes identifiés et les types de plaies Type de plaie Pathogènes Plaie superficielle Monomicrobienne Cocci à Gram + Plaie profonde Polymicrobienne Cocci à Gram + et Bacilles à Gram négatif ± anaérobies Plaie superficielle récente sans ATB S. aureus, streptocoques β-hémolytiques Plaie Chronique (> 1mois) ou traitée par ATB + entérobactéries Plaie de Longue durée (> 6 mois) avec ATB large spectre Association CG+ & BGN Attention BMR ± corynébactéries Plaie traitée par Céphalosporine (évolution défavorable) entérocoques Lésion macérée Pseudomonas spp. Odeur nauséabonde, Nécrose, Gangrène Anaérobies SPILF, Med Mal Infect 2007 Épidémiologie des plaies Les Cocci à Gram + S. aureus +++: isolé ou polymicrobien/ infection superficielle ou profonde, virulence des SARM? Streptocoques β-hémolytiques: flore polymicrobienne Staphylocoques à coagulase négative: rarement pathogène Entérocoques: Traitement par Céphalosporine, rôle? SPILF, Med Mal Infect 2007 Virulence des SARM? BMR vs non BMR (p=0.71) Diab. Metabolism (2008) BMR vs non BMR: - p=0.036 à 6 mois - p=0.60 après 6 mois Modèles ) Étude in vivo: Modèle C. elegans Cycle de développement Mise en contact de souches bactériennes et de vers Fer-15 au stade L4, incubés à 25°C avec un décompte chaque jour des vers vivants au stéréomicroscope Virulence des SARM? OP50 (O FV) DL50=7,1 jrs L = 13 jrs S. aureus métiS DL50 =1.8 jrs L = 4.2 jours S. aureus métiR DL50 =1.8 jrs L = 4.1 jours Sotto et al, Diabetes Care 2008 Virulence des SARM: Co-existence de 2 populations p<0.05 p<0.05 p<0.05 Sotto et al, Diabetes Care 2008 Épidémiologie des plaies Les Cocci à Gram + S. aureus +++: isolé ou polymicrobien/ infection superficielle ou profonde, virulence des SARM? Streptocoques β-hémolytiques: flore polymicrobienne Staphylocoques à coagulase négative: rarement pathogène Entérocoques: Traitement par Céphalosporine, rôle? SPILF, Med Mal Infect 2007 Virulence entérocoques ) Étude in vivo: Virulence des souches en monomicrobien OP50 (O FV) DL50=7,1 jrs L = 13 jrs E. faecalis (1 FV) DL50 = 4,4 jrs L = 11 jrs E. coli (15 FVs) DL50 =3.2 jrs L = 6,6jrs Lavigne et al, PLoS One 2008 Virulence entérocoques ) Étude in vivo: Synergie de virulence E. coli/E. faecalis E. coli E. coli + E.faecalis Les souches d’entérocoques E. faecalis potentialisent la virulence E. coli (p<0.001) DL50: 1,7 à 2,1 jrs L: 4,0 à 4,8 jrs Lavigne et al, PLoS One 2008 Virulence entérocoques Lavigne et al, PLoS One 2008 Épidémiologie des plaies Les Anaérobies Très fréquemment associées à des bactéries aérobies Gram +: Clostridium spp., Peptostreptococcus spp. fréquemment isolées de plaies peu profondes Gram -: Bacteroides spp. associées à une nécrose ischémique ou à une atteinte profonde Pourcentage d’implication : 2 à 73% en fonction des sites prélevés Intérêt de leur identification exacte??? SPILF, Med Mal Infect 2007 Épidémiologie des plaies Les Bacilles à Gram négatif Les Entérobactéries : -Proteus mirabilis, Escherichia coli, Klebsiella sp. -fréquemment en cas d’infections chroniques ou déjà traitées ou en cas de stade avancé Pseudomonas aeruginosa : -après des hospitalisations de longue durée ou des bains de pied, ou un traitement par des pansements humides, le port de chaussures en caoutchouc -isolés de plaies punctiformes situées en regard du calcanéum et sont à l’origine d’ostéites -rôle dans les plaies superficielles?? SPILF, Med Mal Infect 2007 Épidémiologie des plaies Les bactéries multirésistantes: en constante augmentation SARM +++ dans le cadre d’infections polymicrobiennes, lors de séjours antérieurs en hôpital ou en institution, après des traitements antibiotiques récents; mauvais pronostic ?? VRE, VISA, Bactéries de l’environnement (Stenotrophomas maltophilia, Acinetobacter baumannii): à surveiller Bacilles à Gram- résistants aux C3G (BLSE, Case déréprimée): toujours présents Nouveautés: Pseudomonas aeruginosa totoR ++ SPILF, Med Mal Infect 2007 Interprétation des résultats: Schéma théorique Plaie cutanée Oui Signes cliniques d’infection? Prélever Bact. pathogènes ATB ciblant pathogènes Non Ne pas prélever Bact. pathogènes + commensales ATB ciblant pathogènes Bact. commensales Suivi clinique ATB ciblant commensaux Suivi clinique Bonne évolution Pas d’ATB Mauvaise évolution Mauvaise qualité Prélèvement? Ne pas oublier… • Éducation, décharge … • Soins de la plaie • Observance / tolérance au traitement ATB • Surveillance (prolongée) des récidives • Multidisciplinaire (diabétologue, IDE-pédicure, rééducation fonctionnelle, infectiologue, anesthésiechirurgie…) Remerciements Tous les organisateurs lillois… Dr J-L Richard et Pr A Sotto (Nîmes) Laboratoire MSD (N. Mège - Dr K. Boudjemia – M. Favier-Lagues - A. Mallet)