Sommier Malory
Zainou Sarah
Bras de fer économique et politique entre Google et Pékin
Internet est le réseau informatique mondial qui rend accessible au public des
services variés. L'ambition du Web s'exprime en une phrase : relier entre eux, tous
les ordinateurs du monde. A l'image du téléphone qui permet de converser avec toute
personne dont on connaît le numéro, Internet est un système mondial d'échange de
documents électroniques : textes, fichiers, images, sons et séquences
audiovisuelles. Cette toile devient, au fil des années, une source de profit pour le
monde. Selon le site de statistiques « InternetWorldStats », le plus « gros
consommateur » reste l’Asie. En effet, sur tous les utilisateurs du monde, 34.5%
d’utilisateurs sont asiatiques. Plus précisément, c’est la Chine qui mène la danse
avec 31.8% d’utilisateurs. De plus 70.1% de la population de Hong Kong utilise
Internet. Néanmoins, cette puissance mondiale n’a pourtant pas toutes les conditions
favorables à l’utilisation dite « ordinaire » du Web. Les lois votées par l’Assemblée
Nationale de la République Populaire de Chine, provoquent la mise en place de
différents systèmes de censures.Toutefois, il est à noter qu’il existe des régions
administratives spéciales telles que Hong Kong ou Macao, qui possèdent leur propre
système légal qui limite ces lois. C’est depuis peu que l’une des plus imposantes
entreprises du marché du Web, « Google » (créée le 27 Septembre 1998) est dans le
« collimateur » du Gouvernement Chinois. En effet, il y a quelques mois de cela,
Google mettait au grand jour « l’affaire de la censure chinoise ». Débute alors un
bras de fer entre l’entreprise et le gouvernement.
Dans quelle mesure le bras de fer entre Google et la Chine a-t-il pris une
tournure politique et économique ?
Tout d’abord, nous analyserons quelques articles de journaux traitant de la
polémique existante, pour ensuite apporter notre opinion personnelle.
I- Synthèse des articles
- Le Nouvel Observateur : Tensions Google/Chine : Barack Obama se dit "préoccupé",
auteur non communiqué (22/01/2010)
- Le Monde : Le retrait de Google de Chine n’a pas d’impact sur les requêtes des
internautes, auteur non communiqué (23/03/2010)
- Le Figaro : Les mots de passe de Google attaqués depuis la Chine, Benjamin
Ferran (20/04/2010)
L’utilisation d’Internet ne cesse de se généraliser en Chine. Selon le Centre
d’information sur le réseau d’Internet en Chine (CNNIC), le nombre d’internautes au
1er juillet 2007 atteignait 162 millions, soit 12,3% de la population. A l’heure actuelle,
la Chine est le premier marché mondial avec 400 millions d’internautes. Afin de
conserver son pouvoir, le Parti communiste chinois (PCC) a toujours contrôlé
l’ensemble des dias (presse, radio et télévision) en prohibant l’indépendance de
l’information ou la participation étrangère dans les entreprises de presse. Avec
l’apparition d’Internet, le pouvoir a vu ce contrôle s’effriter. Le Web est le premier outil
offrant un espace d’expression directe à la population. Mais les nombreux sites
d'informations privés présents sur la Toile ne sont pas libres pour autant. Ils doivent
eux aussi se plier à la censure et pratiquer l’autocensure pour ne pas être
condamnés à une disparition immédiate. Cette surveillance de la Toile s’exerce grâce
à un savant mélange de technologies de filtrage, de surveillance par la cyber police
et de propagande, pour lesquelles la Chine investit massivement. La censure,
draconienne, prend en chasse tout ce qui a trait aux droits de l’homme, à la
démocratie ou à la liberté de croyance.
La censure en Chine prend une ampleur alarmante quant il est question d’enjeux
politiques et sociaux (liberté d’expression et d’opinion). Jusqu’ici, la Chine offrait
d’importantes perspectives à ceux qui s’accommodaient de leurs lois. Mais depuis
peu, l’annonce du « divorce sino-américain » (qui a débuté en Janvier) bouleverse
l’entente entre les États-Unis et la Chine. C’est en Décembre 2009 que le moteur de
recherche californien, « Google », a été l’objet de piratages informatiques venant de
hackers Chinois et visant son code source ainsi que la messagerie Gmail de militants
chinois des droits de l'homme. Après avoir établi leur enquête (établir la position
géographique des hackers : à savoir la Chine, ce qui conforte leur accusation de
départ) et renforcé ses dispositifs de sécurité, Google a annoncé, le 12 Janvier 2010,
être victime de cyber attaques venant de Chine, car jusque les accusations contre
la Chine était sans fondements. C’est alors que l’incident prend une tournure
politique. Le gouvernement américain a réagi rapidement en demandant des «
explications » à des diplomates chinois, le président Barack Obama s’est me
exprimé en soutenant le droit à la liberté d’Internet en Chine. Il avait d’ailleurs déjà
abordé le sujet quelques mois auparavant, lors de sa première visite présidentielle en
Chine. Réaction semblable de la part de la chef de la diplomatie américaine, Hillary
Clinton, qui se prononça sur le sujet en se rangeant également du côté de la liberté
d’expression. Les répliques ne se font pas attendre du côté de l’Empire du Milieu. En
effet, il s’oppose à ces accusations en assurant la liberté des internautes chinois.
Néanmoins, il souhaite tout de même renouer le dialogue. Ce qui ne fut pas aisé : le
fait est que, chaque camps ne voulant pas céder à l’autre engendre, le 22 avril 2010,
l’annonce officielle de Google sur l’arrêt de son autocensure qu’elle s’imposait jusque
(en mettant fin à son logiciel de filtrage). L’information divulguée, Google passe
ensuite à l’action en transférant ses usagers chinois, qui étaient sur le portail
(Google.com.cn) sur son site hongkongais (Google.com.hk). Hong Kong, rappelons
le, n’est pas soumis aux mêmes demandes de censure que dans le reste du territoire
chinois. Néanmoins, l'accès en Chine, via Google, à des sites Internet couvrant des
sujets sensibles reste toujours bloqué, les pages accueillant le mouvement spirituel
Falun gong (principal ennemi du gouvernement) et les organisations jugées hostiles
au pays affichent page blanche. Ce blocage semble indiquer que le système pare-feu
érigé par les autorités chinoises est en mesure de filtrer toutes les recherches faites
en Chine, en dépit de la décision de Google. Une seconde riposte du géant de
l’internet éclate le Mardi 30 Mars 2010 en dénonçant la censure chinoise pour les
blocages empêchant les internautes chinois de faire des recherches sur son site
hongkongais. A l’heure actuelle, l’affaire Google semble s’être apaisée
médiatiquement et politiquement, mais cela ne veut pas dire pour autant que l‘affaire
s’est assoupie. L’Empire du milieu conserve toujours son pouvoir sur les internautes
chinois, les sites consacrés à des sujets sensibles demeurent quasiment bloqués.
Même quand une liste de sites était parfois fournie par Google.com.hk, il était
impossible d'accéder à la page. Depuis peu, les termes du New York Times, repris
par Le Figaro, jettent un nouvel éclairage sur l’affaire. Ils annoncent, après une
seconde enquête, le déroulement de l’infiltration des hackers chinois sur le célèbre
moteur de recherche…
II- Synthèse personnelle
L’avis reste mitigé, comme le cite l‘article du Nouvel Observateur, le porte-
parole du ministère chinois, Ma Zhaoxu souligne le fait que « l'internet chinois est
ouvert » et ajoute même que « la Chine est également un pays le développement
d'internet est très actif. La Constitution chinoise protège la liberté d'expression des
citoyens, promouvoir le développement de l'internet est une politique constante pour
nous ».
Nous pouvons comprendre le fait que la Chine souhaite théoriquement « protéger »
les internautes chinois par des contrôles « agressifs » tels que le contrôle de
l'information, la propagande et la censure. Néanmoins, cette menace de répression
ne cache-t-elle pas plutôt une protection du gouvernement ? Prenons exemple sur
tous les mots associés au mouvement pour la démocratie, réprimé dans le sang par
les autorités, sur la place Tiananmen, en 1989. Ils ont tous été prohibés sur le
Réseau : « 1989.6.4 », « vague estudiantine de 89 », « mouvement étudiant de 89 »,
« troubles », « émeutes », « massacres », « révolte », etc. Ce fait historique est
inconsultable en raison des sites qui répertorient même les homonymes et
synonymes de ces mots. « Aujourd'hui, il y aurait environ 400 à 500 mots clés
interdits relatifs aux événements du 4 juin 1989 » (source latribune.fr). Et l'accès aux
sites hotmail, Flickr, Youtube... et même Twitter a été bloqué à la veille de la
commémoration du 20e anniversaire de ce tragique événement. Tout est fait pour
rejeter le moindre espace de liberté pour les citoyens dont la Chine craint finalement
le réveil brutal.
En ce qui concerne Google, certains penseront que la faute est au moteur de
recherche, car en rentrant sur le marché chinois en janvier 2006, Google avait
accepté les règles de la censure chinoise et par conséquent, il avait l’obligation de
s’y plier. De plus, c’est tout de même quatre ans après leur pénétration sur le
marché, que Google rend l’affaire publique et renonce au compromis qu’il avait dès
lors accepté. La censure chinoise quant à elle, n’est pas née il y a peu. Donc le géant
de l’internet savait ce qu’il encourait en s’y inscrivant.
Le soutien d’internautes chinois, certes, peu nombreux mais tout de même présents,
démontre que certaines personnes, au contraire, éprouvent un certain réconfort face
à la réaction dite « d’homme » et non de gestionnaire de la part de Google.
L’argument Google sur la défense de la « liberté d’expression » n’a pas l’air de
tenir la route ou tout du moins ne semble par être le principal objet de revendications.
Bien évidemment, derrière l’aspect transparent de Google se cache un enjeu
économique même si celui-ci n’intervient pas explicitement. En effet, il ne faut pas
douter que Google a su tirer son épingle du jeu par l’anticipation de futures
accusations en apparaissant comme victime dans le combat des libertés. Tout cela
reste selon nous, du « business contre censure ».
De plus, la firme joue probablement un gros coup de bluff et l’argument de Jean-Luc
Domenach (directeur de recherche au Centre d'études et de recherches
internationales et spécialiste de la Chine) prend alors une place importante dans la
poursuite de notre réflexion : « Qui imaginerait que le gouvernement chinois
autoriserait Google à sortir de sa politique de censure du web ? Nous sommes assez
d’accord sur cet avis : Pékin ne peut décemment pas laisser Google partir. "Ce serait
une claque terrible pour le pouvoir : toute sa politique internationale est justement
fondée sur l'idée qu'il peut imposer ses propres règles", explique-t-il. En termes
symboliques, la fermeture de Google.cn serait donc désastreuse, "d'autant plus
qu'aux yeux des Chinois, Google, c'est le seigneur d'Internet, "le" grand moteur de
recherche, même s'il reste moins utilisé que Baidu à l'échelle du pays".
Baidu est un moteur de recherche chinois qui peut chercher du texte et des images
(leur index est très vaste). Mais ce service est également fortement censu par le
gouvernement chinois. Baidu a été fondé par Li Yanhong en janvier 2000 à Beijing
Zhong Guan Cun et est devenu très rapidement leader grâce à sa technologie de
recherche en chinois. Face à Google, son slogan est « Baidu, connaît mieux le
chinois ».
En effet, quel poids possède réellement Google dans les négociations ? Il est tout de
même écrasé en Chine par ce moteur de recherche « Baidu » qui totalise 77% des
parts du marché de la recherche Internet en Chine. Qui penserait un instant que
Google tournerait définitivement le dos à un marché de plus de 400 millions
d'internautes, le plus grand marché au monde ?
Malgré ces nombreuses interrogations, une chose reste certaine pour nous : Google
a pris le risque de l'isolement sur le marché chinois.
Or, nous pouvons penser que les dirigeants du groupe gardent espoir de récolter
plus qu'ils n'ont perdu : en se plaçant comme totalement opposé au système de
censure du net chinois, Google renforce ainsi son image de média libre et serait ainsi
dans une position idéale si la donne venait à changer en Chine. Car il y a aussi
l’aspect de l’image qui rentre en compte, qu’il soit interne à son entreprise : aspect
bénéfique pour le moral des troupes, cela « redore le blason » ; ou externe : idée de
maintenir son leadership mondial et donc son image auprès des internautes. En
dénonçant la censure chinoise, Google rehausse sa vertu et renoue avec son
célèbre slogan « Don’t be evil (Ne sois pas malveillant) ». Il peut ainsi affirmer que sa
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