I. INTRODUCTION
« C’est qu’à côté de ceux qui connaissent et se taisent, des ignorants essaient de se rendre
intéressants en inventant ou exagérant. Il y a aussi ceux qui confondent les plantes… Et puis il y
a des femmes qui détiennent les recettes ignorées des hommes.
Enfin, il y a l’esprit railleur de l’Africain qui aime rire sans malice, du supérieur, qu’il
soit ou non son frère de race. Il trouvera amusant de prêter un pouvoir curatif à une plante
absolument banale. » A. Schmitz, 1967.
Très tôt toutes les cultures, de l’ancien temps à nos jours se sont servies (et se servent
encore) des plantes pour se nourrir, se vêtir et se soigner. C’est ainsi que la première étape dans
une réflexion ethno-botanique consiste avant tout dans l’établissement des listes des plantes utiles
pour l’homme avec leurs noms et usages. Les ressources alimentaires constituent donc le premier
thème exploité, le second étant celui des plantes médicinales.
On sait en effet combien la pharmacopée de l’Afrique Tropicale est riche, ce qui explique
la multiplicité des ouvrages dans ce domaine. Mais pour traiter des plantes médicinales d’une
région donnée de manière complète, il convient de faire des investigations scientifiques
comprenant les inventaires, l’iconographie, les usages, la chimie et l’écologie de chaque espèce.
Si les ouvrages qui s’y conforment existent ailleurs, ils font encore défaut pour le Bas-
Congo. Ceux existants ne sont pour la plupart que des énumérations selon diverses approches
dont les principales sont soit articulées autour d’une liste des plantes présentées en ordre
taxonomique ou alphabétique avec leurs usages (Mukoko Matondo 1991 et Budiongo Ndombasi
Abbé 1984); soit regroupées selon les besoins auxquels elles répondent. De toute manière, la
connaissance ethno-botanique, c’est-à-dire l’étude de la manière dont on utilise les plantes dans
la société traditionnelle est importante, comme il est aussi important et nécessaire d’avoir une
détermination taxonomique correcte impliquant la constitution d’un herbier de référence.
Malheureusement cette démarche n’est pas toujours appliquée dans bon nombre d’ouvrages
traitant des plantes médicinales du Bas-Congo.
L’emploi des noms vernaculaires complique davantage le problème. Et quelle que soit la
façon dont se fait le recueil des données « ethno-médico-pharnaceutique », la remarque pertinente
de A. Schmitz ci-dessus, pousse à plus de réflexion (Malaisse 1997).
Comme on le voit, au-delà de l’intérêt toujours croissant suscité par les plantes
médicinales, des interrogations subsistent.
L’usage du latin comme langue universelle pour nommer les plantes permet à la
communauté tant nationale qu’internationale de bénéficier de la somme de connaissances
accumulées par les unes et les autres pendant des siècles, voire des millénaires. Malheureusement
ceci n’est pas accessible à tous, alors que la connaissance des plantes s’impose de plus en plus
comme un besoin, un « plus» important pour la mise en valeur rationnelle et durable de nos
ressources.