Féodalité et croisades (fin du cours de la séance N° 4)

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SEANCE N° 4
FEODALITE, AFFIRMATION DU POUVOIR ROYAL ET CROISADES.
II FEODALITE
Féodalité influence les structures politiques et les monarchies.
Féodalité influence enfin les structures religieuses.
Les seigneurs sont parfois hommes déglise (évêques et monastères). Cette Eglise devient donc
seigneuriale. La puissance du Ciel devient aussi puissance de la Terre.
Ce renouveau économique provoque un renouveau culturel. Après un siècle de sommeil, les
monastères se multiplient. Ordre le plus saisissant : lordre de Cluny. Organisation centralisée de
monastères liés entre eux et centralisée autour de Cluny. Labbé de Cluny est une force majeure (il
contrôle 200 monastères). Cest le 2e personnage le plus puissant de lEglise dOccident après le
Pape.
LEglise est assez forte pour développer et contenir ensemble des tendances contraires. Lordre
clunisien provoque des réactions. Ainsi la fondation de lordre des Cisterciens autour de Bernard de
Clairvaux qui au 12e siècle fait vœu de solitude et de pauvreté par réaction devant la richesse des
Clunisiens (1119). Il rejoint les ordres mendiants qui évangélisent par lexemple et par la parole :
franciscains et dominicains. O.P. = ordres prêcheurs.
Ces monastères et ces courants réactivent lévangélisation des hommes après la vague de
christianisation du 8e siècle. Cette évangélisation prolonge la précédente en direction de lEst de
lEurope : en « Pologne » ou dans les espaces nordiques (Scandinavie) et sefforce de christianiser en
profondeur les campagnes.
Lun des supports de cette évangélisation : les constructions religieuses. Eglises, basiliques et
cathédrales. 30 % du PNB de ces royaumes sont consacrés à leur construction au 12e siècle.
Le 12e siècle est le siècle du renouveau culturel de lEglise à travers lélaboration dun nouvel art :
lart gothique (dès 1150).
Après le gothique primitif (Sens) simpose le gothique rayonnant (1250/1310 après J.C.) à Chartres
ou Reims. Art gothique est un art de la lumière et des sens : profondeur du chœur, voûte élevée (37
mètres à Chartres), façade riche et étendue des verrières et du vide. Lien réaffirmé avec Dieu à
travers les clochers et les pointes qui, conçues comme des flèches lancées vers le Ciel, sont une
courroie de liaison entre les hommes et la divinité.
Cette réaffirmation de lEglise provoque par phénomène en chaîne une réaffirmation du pouvoir du
chef de lEglise chrétienne en Occident : le Pape.
Ce renforcement sexplique aussi par le rôle que le Pape va jouer dans les Croisades ce qui lui
permet de s’’imposer devant les évêques et les Princes. D lapparition de papes forts comme
Urbain II ou Grégoire VII qui proclament la primauté absolue de Rome sur lEglise (Dictatus Papae) et
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de lEglise sur les puissances terrestres (=les Princes) : Innocent III se fait lapôtre de la théocratie, les
princes devant sagenouiller devant le Pape, vicaire (serviteur) du Christ.
Cette réaffirmation entraine toutefois des oppositions dans les rangs des princes. Ainsi en France :
Philippe le Bel finit par faire enlever le pape Boniface VIII qui meurt dans son voyage de mauvais
traitements (1303) et provoque linstallation des papes francophiles à Avignon (Clément V dès 1309).
Ainsi dans le Saint Empire romain germanique : la famille des Ottons couronnée empereur par le
Pape qui les préfère aux Carolingiens, devenus trop faibles (depuis 962 après J.C), finissent par se
retourner contre lui. LEmpereur aux 11e-12e siècle dispute aux Papes le pouvoir de nommer les
évêques et de distribuer les biens de lEglise.
III LES CROISADES
Distinction par DUPRONT de deux formes de croisade liées entre elles : croisade réelle,
événementielle et croisade rêvée, le mythe de la Croisade. Liens mais aussi survivance : le mythe
perdure longtemps après la chute du dernier bastion chrétien en Orient : Saint Jean d’Acre (1281).
A LES FACTEURS DE LA CROISADE
A lire : Appel d’Urbain II à Clermont (27 Novembre 1095).
Facteurs religieux et mentaux
Persécutions contre les chrétiens (pèlerins latins et orthodoxes de Byzance) depuis la conquête du
califat d Bagdad par les Turcs Seldjoukides (1055), porteur d’un islam plus radical que celui des
anciennes lignées de califes arabes (Omeyyades et Abbassides).
« Guerre juste » assure à celui qui la mène le salut de l’âme. Salut adapté au monde des chevaliers.
Non pas abandon de leur mode de vie guerrier mais application de ce mode contre les paîens. Croix
sur les vêtements et bouclier (= croisés).
Facteurs moins apparents et ressorts plus profonds
Faire la guerre
Une des raisons : éloigner les chevaliers qui répandent terreur et insécurité. Croisade est un exutoire
à la violence de la société féodale : exportation de cette violence à l’extérieur.
Faire fortune
Beaucoup de chevaliers sont des cadets de famille, désargentés. Croisade c’est conquérir un bien ou
une terre. Preuve : croisade est une « société de frères » pendant l’expédition. Après, la hiérarchie se
réaffirme. En terre sainte, la féodalité est plus rigoureuse qu’ailleurs.
Enjeu de pouvoir
®Pouvoir pour le Pape. Croisade est un moyen pour le pape, évêque de Rome, d’unifier la chrétienté
d’occident et d’orient autour de sa personne dans un contexte de rivalité avec les autres évêques.
®Pouvoir pour les seigneurs. Réaffirmer par la guerre et le pillage les liens vassaliques.
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®Pouvoir pour les rois. Moyen d’enrichissement et de soumission des seigneurs. Exemple : Louis IX
(saint Louis), 7e et 8e croisade. Soumission politique et « idéologique ». Monarchie juste et supérieure
par ses vertus à la féodalité, guerre privée permanente et portée à l’excès et à l’égoîsme.
B LES ETAPES
Les 2 premières : domination des croisés ou « franjs » (francs) pour les musulmans.
1e croisade (1096-1099).
®Armée de chevaliers dominée par Godefroi de Bouillon.
®Prise de Nicée, Antioche puis Jérusalem (Juillet 1099) après des massacres (Mosquée Al Aqsa :
20 000 morts)
®4 états latins fondés sur les bases de la féodalité.
2e (1146-1149)
®Armée de seigneurs et de rois contre les contre-offensives turques.
3e
Rééquilibrage des forces : unification des musulmans autour de Saladin. D’Egypte, il conquiert la
Syrie et vainc les croisés à Hattin (1187). Jérusalem est reprise en Octobre 1187. 3e échoue à la
reprendre
4e (1204).
Révélateur et à la fois détournement de la Croisade.
®Détournement : croisade menée par des barons sans moyens. Négociation avec Venise. Mise en
pillage de Constantinople et partage de l’Empire byzantin en « principautés franques »
®Révélateur : volonté de pillage / fossé religieux entre les chrétiens latins et les orthodoxes depuis la
rupture (le schisme de 1054). Incompréhension et haine entre les deux communautés. Orthodoxe et
musulman sont devenus des hérétiques.
Déclin des états latins en Orient et épuisement des croisades.
Facteurs : faiblesse et division des occidentaux / monopolisation par un roi.
Jérusalem redevient chrétienne pour la 6e croisade (1229). Mais répit : 1245, Jérusalem tombe entre
les mains du sultan d’Egypte.
Après 1245, défaite définitive. Toutes les places sont rasées jusqu’à Saint Jean d’Acre (1281).
C LIMITES ET CONSEQUENCES DE LA CROISADE
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Limites : liens entre Occident et Orient sont réciproques et non uniquement conflictuelle /
économiques et culturels et pas seulement militaires.
Conséquences
Constructions des identités et des royaumes est fondée à partir du rejet de l’autre civilisation.
®En France, Saint Louis vaincu en retire un grand prestige, il a souffert comme le Christ (imago
Christi). 1e pas vers la sacralisation et sanctification sur lequel va s’appuyer la Monarchie face aux
féodaux.
®Saladin en Orient réunifie le califat musulman de Turquie, Syrie à l’Egypte.
Effacement de Jérusalem comme centre de la chrétienté. Investissement autour de Rome devenue
« ville éternelle », comme centre du christianisme. Déplacement du centre de la sacralité chrétienne.
Poursuite du mythe de la croisade.
®15E siècle : création et extension du mot croisade (avant = expédition ou pèlerinage).
®La frontière d’Orient est fermée. D’autres s’ouvrent : la chrétienté est menacée. En Occident
même contre les hérésies chrétiennes (répression contre les cathares puis les protestants à partir du
16e siècle) ou musulmane : Espagne est reconquise définitivement en 1492 (reconquista). Dans le
Nouveau Monde (découvertes de Colomb et Vespucci / expéditions espagnoles : Cortès et Pizarro).
CONCLUSION
Féodalité a été un transfert de pouvoir (empire et royaume centralisé à une décentralisation du
pouvoir) et économique (mode de production esclavagiste à mode de production féodal).
Elle a assuré la reconstruction d’un ordre politique, économique, social et religieux.
Politique : permanence « d’un service public » et d’une autorité « régionale».
Economique : essor de la croissance agricole et économique. Gonflement de la population rurale
puis urbaine. Regain du commerce et des « services » (artisanat…).
Religieux : enrichissement économique et prestige social de l’Eglise qui est aussi seigneur et maître
de la Terre. Réaffirmation au sommet du pouvoir du Pape.
« Ce qui est bon pour la féodalité est bon pour l’Occident » (G. DUBY).
Cette reconstruction a permis ensuite le dépassement de la féodalité.
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Dépassement politique : monarchie affaiblie par la féodalité, utilise les moyens féodaux pour les
dépasser et se réaffirmer. Monarchies féodales, puis à partir des 13e- 14e siècles : construction de
monarchies nationales.
Economique : au 12e siècle, déplacement du centre de gravité économique des campagnes aux
villes.
Croisade a été un des facteurs / symptômes de ce dépassement.
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