
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie n° 56 - deuxième trimestre 2009
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Éditorial
Pour les administrations centrales de l’État,
l’article 29 du décret n° 2005-1755 du
30 décembre 2005, pris en application de la
loi de 1978, prévoit que cette publication
s’effectue dans des bulletins officiels
ministériels, ayant une périodicité au moins
trimestrielle4. Cependant, dans la pratique,
ces dispositions ne sont pas scrupuleusement
respectées, entrainant de nombreux textes
dans les tréfonds les plus sombres du
« souterrain circulaire », à savoir l’illégalité.
1.2. Le nouveau principe de l’« e-
publication » conditionnant l’appli-
cabilité des circulaires
En profitant des opportunités offertes par
les nouvelles technologies, le nouveau
dispositif d’« e-publication » prévu par le
décret du 8 décembre 2008 permet à
l’administration d’améliorer et de moderniser
l’accès à ce « droit souterrain ».
Le décret établit un nouveau principe : l’« e-
publication » conditionne l’applicabilité des
circulaires. Pour être applicable, toute
circulaire doit dorénavant être mise en ligne
sur le site « circulaires.gouv.fr ». Les
circulaires déjà signées sont réputées
abrogées si elles ne sont pas reprises sur le
site avant le 1er mai 2009, exception faite des
actes visés par le décret du 28 avril 2009
(voir infra). L’« e-publication » s’effectue sans
préjudice des autres formes de publicité
existantes (Journal Officiel, bulletins officiels
papiers, bulletins officiels numériques, etc.).
Le nouveau dispositif ne dispense donc pas
l’administration de son obligation de
publication prévue par la loi de 1978.
Ce nouveau principe a contraint
l’administration à effectuer un important
ménage de printemps dans cet univers
opaque. Il l’oblige aussi, pour l’avenir, à mieux
suivre les textes dont elle entend se prévaloir
à l’égard des administrés. Mais l’« e-
publication » permet surtout d’introduire
davantage de transparence au profit du
citoyen. En quelques clics, ce dernier peut
désormais avoir accès à ce « droit
souterrain » et bénéficie d’un outil complétant
le très riche « legifrance.gouv.fr ».
2. Les difficultés liées à l’« e-
publication » des circulaires
2.1. L’opacité de la notion de circulaires
et du champ d’application du décret
Pour diffuser l’interprétation qu’elle entend
donner à une loi ou à un règlement, sans
toutefois modifier l’état du droit, mais
également pour préciser la portée d’une
politique publique, l’administration utilise
divers vecteurs : les circulaires, les
instructions, les notes de service, les notes
d’information, etc. Cependant, aucun
formalisme ne lui est imposé. En pratique,
il s’avère que le terme « circulaire » est le
plus répandu, exception faite du domaine
particulier des instructions fiscales.
Si le Conseil d’État juge qu’une circulaire
peut être déférée devant le juge
administratif, dès lors qu’elle contient des
dispositions impératives à caractère
général5, il n’existe toutefois ni définition
jurisprudentielle, ni définition administrative
délimitant de manière exhaustive le contenu
des différents vecteurs précités.
Lors des travaux de recensement, une des
principales difficultés rencontrées par les
administrations fut de cerner avec
exactitude le champ d’application du décret.
Plusieurs questions se sont posées : les
actes portant simple organisation des
services (exemple : note de service
informant de la nomination d’un nouveau
chef de bureau, fréquence de l’organisation
de réunions, guide de bonnes pratiques,
etc.) doivent-ils entrer dans le dispositif ?
Les textes ne portant pas la dénomination
« circulaires et instructions », mais dont
l’administration entend se prévaloir, doivent-
ils être inclus ? Doit-on appliquer le décret
aux actes de gestion des agents publics,
c’est-à-dire les circulaires relatives aux
ressources humaines, et donc inclure les
agents dans la notion d’administrés ?
Les deux premières questions ont très
rapidement trouvé une réponse. Le
Secrétariat général du Gouvernement a
décidé d’exclure du dispositif les actes
d’organisation mineurs et d’inclure les actes
qui, bien que non dénommés « circulaire
ou instruction », interprètent le droit et dont
4 Certains de ces bulletins officiels ministériels sont
déjà entièrement dématérialisés. Exemple : BO du
ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi
et du ministère du budget, des comptes publics et
de la fonction publique et BO du ministère de la
défense, respectivement consultables sur les sites
internet des ministères.
5 CE, Sect., 18 décembre 2002, Mme Duvignères,
req. n° 233618.