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CLOSTRIDIUM DIFFICILE
5) Rôle de l’animal : hypothèse d’un transfert de
souches animales à l’homme.
6) Rôle de l’alimentation : au Canada, 10 à 20 % de lots
de viandes destinées à la consommation humaine
(bœuf, veau, porc, dinde) sont contaminés.
Emergence d’une souche épidémique 027
La caractérisation moléculaire de cette souche
épidémique hypervirulente a montré des délétions dans
le gène régulateur tcdC, qui pourrait conduire à une
hyperproduction des toxines A (16 fois plus) et B (23 fois
plus). Les autres hypothèses expliquant l’hypervirulence
du clone 027 pourraient être notamment une meilleure
capacité de la toxine B à se fixer sur son récepteur
(modification du domaine C-terminal de TcdB) et une
augmentation de la capacité de sporulation.
Les souches 027 épidémiques sont résistantes aux
fluoroquinolones (CMI à la ciprofloxacine, à la
moxifloxacine et à la gatifloxacine > 32mg/L) par
mutations sur les gènes gyrA, gyrB. Elles sont aussi
résistantes à l’érythromycine (CMI > 256 mg/L) et pour
certaines à la clindamycine, mais restent sensibles au
métronidazole et à la vancomycine.
La souche a diffusé à partir du Canada et des USA et a
touché la France en Janvier 2006 (Nord-Pas de Calais).
Dès mai 2006, l’InVS a publié le “ Guide Raisin ”, pour
aider à la surveillance et au signalement des cas d’ICD
(http://www.invs.sante.fr/raisin). Un réseau de 6
laboratoires experts a été organisé en France (CNR des
anaérobies, CHU Saint Antoine Paris, CHU Nice, CHU
Rouen, CHU Montpellier, CHU Nancy) où peuvent être
envoyées les souches avec une fiche
d’accompagnement, en gélose profonde ou gélose au
sang, sous sachet de type Anaerogen Compact® (Oxoid)
ou Anaerocult P® (Merck).
En pratique : en l’absence de caractéristiques
phénotypiques, les souches 027 ne peuvent être
repérées au laboratoire, mais il faut suspecter leur
présence si une forme sévère de la maladie ou des cas
groupés d’infections à C. difficile sont identifiés. Dans ce
cas, il faut impérativement mettre en culture la selle
pour isoler la souche et l’envoyer pour expertise à un
laboratoire de référence.
Une coproculture spécialisée avec recherche de
C. difficile et des toxines A et/ou B doit être réalisée en
cas de diarrhée au cours ou décours d’une
antibiothérapie, d’une CPM, d’un contexte
épidémiologique évocateur, et d’une diarrhée chez tout
patient hospitalisé depuis au moins 3 jours. L’enfant de
moins de 2 ans est souvent porteur sain, y compris de
souches toxinogènes. Si une telle souche est isolée, elle
peut être responsable de la diarrhée ou juste
colonisatrice… (à discuter avec le pédiatre).
PRELEVEMENT
La recherche de C. difficile est réalisée sur des selles
diarrhéiques. Des biopsies coliques peuvent aussi
être utilisées pour la culture, mais la recherche de
toxines A et B sur un broyat de biopsie colique n’est
pas recommandée par manque de sensibilité.
L’écouvillonnage rectal est à proscrire.
QUESTIONS A POSER AU PATIENT
Interroger le patient sur d’éventuels facteurs de
risque d’acquisition d’une ICD. Ce sont
principalement une antibiothérapie (plus à risque
per os que par voie parentérale), souvent les bêta
lactamines, la clindamycine et plus récemment les
fluoroquinolones à large spectre qui sont devenues
un facteur de risque majeur ; occasionnellement, les
tétracyclines, sulfamides, macrolides ; rarement, les
aminosides, le métronidazole, la vancomycine, le
chloramphénicol. D’autres thérapeutiques ont
également été incriminées : chimiothérapie
anticancéreuse, inhibiteurs de pompe à protons,
laxatifs, lavements. Les autres facteurs en cause sont
une hospitalisation (surtout si de longue durée et/ou
en service de réanimation et long séjour), l’âge > 65
ans, des manoeuvres gastro-intestinales
(endoscopie, sonde naso-gastrique, chirurgie gastro-
intestinale).
CONSERVATION ET TRANSPORT
La mise en culture du prélèvement doit être rapide.
Si la recherche de toxines par EIA doit être différée,
les selles peuvent être conservées pendant 72 h à
+ 4 °C (mais il est préférable de faire la recherche le
plus rapidement possible car si le résultat est positif,
des mesures d’isolement et de prise en charge du
patient seront prises). Les selles peuvent être
congelées à –20 °C si les toxines sont
recherchées par EIA, mais pas si un effet
cytopathique est recherché (destruction de l’activité
cytotoxique de la toxine B à la congélation).
Détection d’antigène : mise en évidence de la glutamate
déshydrogénase (GDH)
Elle s’effectue directement sur les selles, par
méthode immunoenzymatique. Sa valeur prédictive
positive (VPP) est faible (50-60 %), mais sa valeur
prédictive négative (VPN) est élevée (99,6 %), ce qui
en fait une bonne méthode de dépistage.
Détection des toxines A et B (à privilégier)
Il peut s’agir d’une détection directe dans les selles
ou d’une détection sur culture en cas de recherche
négative sur selles (culture toxigénique).
RECOMMANDATIONS PREANALYTIQUES
INDICATIONS DE LA RECHERCHE
METHODES DIAGNOSTIQUES