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Résumé1
L’accès au marché de 500 000 à 1 million de malentendants qui, en France, ne s’appareillent
pas pour des raisons économiques, constitue un défi d’envergure pour les pouvoirs publics.
Outre l’enjeu de santé publique que représente l’appareillage de ces patients, le fait qu’un tiers
de la demande potentielle ne soit pas satisfaite par le marché, tel qu’il fonctionne aujourd’hui,
soulève nécessairement des interrogations pour l’Autorité de la concurrence.
Pour une partie des patients, souvent âgés et aux revenus modestes, le prix élevé de
l’appareillage (1500 euros en moyenne par oreille) associé au faible niveau de remboursement
par l’Assurance maladie est l’un des facteurs qui conduit à renoncer aux soins. En outre, pour
ceux qui ont les moyens de s’appareiller, le niveau élevé du prix, qui implique un engagement
de plusieurs années, suscite des difficultés, alors que la capacité du patient à changer de
professionnel en cas d’insatisfaction apparaît très limitée.
Aujourd’hui, le secteur des audioprothèses en France est en pleine mutation. En amont de la
chaîne de valeur, les fabricants s’engagent dans un mouvement d’intégration verticale auquel
il convient d’être attentif car il pourrait à terme provoquer un phénomène connu sous le terme
de barrière à l’entrée (« forclusion »). À l’aval, une nouvelle offre plus dynamique, venant de
certains centres d’audioprothésistes ou de chaînes d’optique, propose aux patients des prix
inférieurs de 15 % environ aux prix de marché moyens sans que la qualité des prestations
afférentes ne semble en être affectée, puisque les enquêtes de satisfaction menées par ces
acteurs demeurent largement favorables. Dans un contexte où ces nouveaux acteurs détiennent
des parts de marché encore modestes, il convient de ne pas brider leur essor, notamment en
levant les éventuels freins structurels à leur développement.
L’Autorité a identifié deux caractéristiques du fonctionnement du secteur qui peuvent freiner
le jeu de la concurrence et limiter la baisse des prix et, par voie de conséquence, l’accès de
patients à l’appareillage.
En premier lieu, le marché des audioprothèses, où les prix sont libres, présente des
caractéristiques qui contribuent à limiter la capacité de choix du patient : le couplage
indissociable de la vente de l’appareil et des prestations de suivi, le caractère aujourd’hui
largement artificiel de la ventilation des coûts dans les devis proposés aux patients, l’absence
d’individualisation du temps consacré aux prestations de suivi. En outre, l’acheteur contracte
avec l’audioprothésiste pour une durée de 5 à 6 ans, pendant laquelle il se trouve dans une
situation de dépendance vis-à-vis du professionnel. Cette dépendance est d’autant plus forte
que le coût élevé de l’appareillage interdit toute forme de « nomadisme » de la patientèle. En
outre, l’asymétrie d’information sur le marché est telle que le patient se trouve dans une
position de « faiblesse » vis-à-vis du professionnel.
L’Autorité a entendu proposer des mesures propres à créer les conditions favorables à
l’émergence d’un cercle vertueux qui, intensifiant la concurrence, pourrait conduire à une
baisse du prix de l’appareillage, tout en maintenant un niveau de qualité élevé pour les patients.
À cet égard, la dissociation de la vente de l’appareil et de son adaptation, d’une part, et de la
fourniture des prestations de suivi au-delà de la première année, d’autre part, lui paraît un
élément nécessaire à un meilleur fonctionnement concurrentiel du marché. En outre, cette
dissociation apportera une réponse aux préoccupations des patients en termes de prix, de
flexibilité des prestations et de transparence. Ainsi l’Autorité formule-t-elle dans cet avis des
propositions pour renforcer la capacité de choix du patient et animer la concurrence en prix.
1 Ce résumé a un caractère strictement informatif.