Appel à projets dans le cadre du Xème FED régional « Gestion durable du patrimoine naturel de Mayotte et des Iles Eparses » Fiche technique 1 : Campagne « Estimation de biomasse halieutique des bancs de Geyser, de la Zélée et de l’Iris » Ouvert du 10 juillet au 15 novembre 2013 Contexte Mayotte et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), chargées de l’administration des îles Eparses depuis février 2007, renferment des écosystèmes tropicaux exceptionnels, de par leur richesse biologique, notamment sur un gradient latitudinal qui s’étend du 11ème parallèle sud (avec les îles Glorieuses) au 26ème parallèle sud (avec l’île d’Europa). Ces territoires et les zones marines qui leurs sont associées offrent à la France une position internationale pour répondre aux grands enjeux environnementaux et notamment pour contribuer à « Enrayer la diminution de la biodiversité à l’horizon 2020 et au-delà ». Le caractère insulaire de ces territoires et leur situation géographique les placent, au même titre que les autres territoires insulaires tropicaux parmi les premiers impactés par le phénomène planétaire du changement climatique. De plus, les ressources naturelles encore abondantes de ces réservoirs de biodiversité, en particulier les ressources halieutiques, font face à des pressions grandissantes de la part des exploitants. Il est impératif de maitriser l’exploitation de ces ressources pour garantir leur maintien et par conséquent celui des activités socio-économiques qui en dépendent (pêche, tourisme, recherche scientifique, etc.). Afin de préserver ce patrimoine naturel d’exception, Mayotte et les TAAF, soutenus par de multiples partenaires (Etat, organismes de recherche, entreprises privées, etc.), ont développé des plans d’actions en faveur de la conservation de la biodiversité. Ils se retrouvent sur trois enjeux principaux: 1) Développer la connaissance de la biodiversité, 2) Maintenir la diversité du vivant, 3) Assurer le bon fonctionnement des écosystèmes. Les connaissances acquises au travers de cette dynamique régionale ont d’abord permis de confirmer la valeur patrimoniale de ces territoires, mais aussi d’alimenter les projets de classement des deux territoires. C’est ainsi que deux parcs naturels marins adjacents, celui de Mayotte et celui des Glorieuses, ont pu voir le jour, respectivement en janvier 2010 et février 2012, pour former la seconde plus grande surface marine protégée de France. Ce schéma, émanation du Grenelle de l’environnement, qui insistait sur la nécessiter de réaliser des inventaires de la biodiversité outre-mer et d’en déduire les menaces potentielles pour une meilleure gestion, a également amené les TAAF et le Conseil Général de Mayotte à construire le projet ambitieux de mettre en place une « Gestion durable du patrimoine naturel de Mayotte et des Iles Éparses ». Ce projet a été élaboré dans le cadre du Xème Fond Européen de Développement (FED) régional et cet appel d’offre est la première phase opérationnelle de sa mise en œuvre. Objectifs de la campagne« Estimation de biomasse halieutique des bancs de Geyser, de la Zélée et de l’Iris » L’objectif de la campagne proposée dans cet appel d’offre est de développer un espace exemplaire en matière de pêches durables (côtières et hauturières) et de mettre en place des mesures conservatoires adaptées à la protection de la biodiversité marine. Les bancs de Geyser (ZEE des Glorieuses), de la Zélée et de l’Iris (ZEE de Mayotte), sont trois zones de concentration importante d’espèces marines commerciales et font, par conséquent, l’objet d’une importante pression de pêche. Les activités de pêche concernées, qu’elles soient légales ou illégales, sont essentiellement artisanales et en provenance des Comores, de Mayotte ou de Madagascar. Sans une gestion minimale de ces activités, le phénomène de déstructuration des peuplements ichtyologiques et de baisse d’abondance des familles les plus ciblées, déjà constaté sur le banc du Geyser entre 1996 et 2006, pourrait conduire à un effondrement irréversible des stocks encore potentiellement exploitables. Une étude d’estimation de la biomasse et de son suivi sur le long terme est donc indispensable pour développer, une pêche artisanale mahoraise raisonnée qui pourrait contribuer à l’autosuffisance de Mayotte en produits de la mer et promouvoir des emplois directs ou indirects de la filière productive locale. La campagne « Estimation de biomasse halieutique des bancs de Geyser, de la Zélée et de l’Iris »a donc pour objectifs: 1) D’évaluer les stocks de la ressource halieutique récifale commerciale (diversité, densité, biomasse, dynamique des populations) sur chacun des bancsdu Geyser, de la Zélée et de l’Iris, suivant des protocoles standardisés ; 2) D’établir la situation de référence des zones couvertes par les campagnes et calculer par proxy le potentiel spatial de tous les bancs de la zone inclus dans les ZEE de Mayotte et des Glorieuses. 3) D’établir la situation de référence des zones couvertes par les campagnes et calculer par proxy le potentiel spatial de tous les bancs de la zone inclus dans les deux parcs marins. 4) définir la pression de pêche pouvant être pratiquée sans fragiliser les écosystèmes, 5) De proposer des mesures de gestion (définition de zones de pêche, dates d’ouverture/fermeture de la pêche, quotas, taille minimale des captures, engins de pêche autorisés, etc.) permettant de concilier activités économiques et conservation de la biodiversité; 6) De fixer des stations et des indicateurs de suivi-monitoring permettant de suivre l’évolution de la biomasse et d’affiner, si nécessaire, les mesures de gestion. La campagne de terrain devra être précédée d’une étude bibliographique reprenant l’état de l’art sur les questions posées par cet appel à projet(connaissances sur la biodiversité marine et les ressources halieutiques potentielles des zones concernées, sur les activités de pêches existantes et les types d’exploitation en cours, ainsi que sur les connaissances manquantes pour pouvoir proposer des mesures de gestions cohérentes de ces ressources et par conséquent les méthodes appropriées pour palier à ces lacunes). Le déroulé des campagnes proposées est détaillé ci-après. Descriptif de la campagne et méthodologie proposée A - Campagne d’étude des poissons récifaux (jusqu’à 20 m de profondeur) Objectif :1) Estimation de la diversité, densité et biomasse des peuplements de poissons récifaux, notamment les poissons commerciaux, jusqu’à 20 m de profondeur. 2) Comparaison de l’état des peuplements récifaux des sites étudiés (variables caractéristiques mesurées pendant les campagnes) avec l’état de peuplements similaires sur des sites « pristines » (valeurs de référence théoriques); 3) Etablissement de la situation halieutique de référence (valeurs actualisées issues de la campagne) des zones prospectées Localisation : bancsdu Geyser, de la Zélée et de l’Iris et potentiellement île du Lys (Archipel des Glorieuses) ; Matériel et méthodes: Au choix des porteurs de projet. Effort de prospection : 20 jours pour 4 à 5 plongeurs experts (5-6 jours par site) ; Type de bateau : unité type La Curieuse permettant l’utilisation d’un laboratoire embarqué et l’utilisation d’un moyen nautique léger (zodiac) pour aller précisément sur la zone d’étude. B – Campagne d’étude des poissons de profondeurs (> 20m) Objectif : 1) Compléter les connaissances sur l’état des peuplements de poissons de fond (au-delà de 20m) notamment des poissons d’intérêt commercial (détermination de la biomasse, densité et diversité des espèces) , si possible en caractérisant les différentes strates existantes (par exemple entre 20-40 m et entre 50-200 m) pour en faciliter la gestion. 2) Comparer l’état de ces peuplements de fonds sur les sites étudiés (variables caractéristiques mesurées pendant les campagnes) avec l’état de peuplements similaires sur des sites « pristines » (valeurs de référence). 3) Améliorer les connaissances sur la biologie des espèces dominantes ciblées par la pêche et la dynamique de ces populations de poissons afin de définir des mesures de gestion adaptées à une exploitation raisonnée ; 4) Etablissement de la situation halieutique de référence (valeurs actualisées issues de la campagne) des zones prospectées Localisation : bancsdu Geyser, de la Zélée et de l’Iris et potentiellement île du Lys (Archipel des Glorieuses) ; Méthode et matériel : évaluation par pêche expérimentale nécessitant un palangrier avec ligne de palangre de fond, usine de transformation, congélation/chambre froide ou toute autre approche méthodologique proposée par les porteurs de projet. Le poisson récolté durant la campagne devra, dans la mesure du possible, être valorisé (commercialisation par exemple) ; Effort de prospection : une mission de 10 jours, sur chacun des bancs, avec une équipe composée par exemple de 5 pêcheurs et de 2 biologistes ; Type de bateau : bateau de pêche type « palangrier » (10 à 14 m), possiblement La Curieuse. A noter : D’une façon générale ces deux campagnes doivent permettre d’avoir des estimations de l’état des peuplements de poissons (biomasse, densité, diversité des espèces) des sites d’étude et de situer cet état par rapport à des sites de référence. Cet objectif est un résultat minimum attendu des campagnes mais il est fortement souhaité que le travail réalisé dépasse ce stade et permette d’obtenir des éléments d’appréciation de la vulnérabilité de ces différents peuplements par zone d’étude (étude de la diversité fonctionnelle des peuplements, des réseaux trophiques, des capacités de résilience, etc.). Les projets qui proposeront une démarche dans ce sens seront favorisés. Livrables attendus Suite aux campagnes, les données récoltées devront être analysées afin de servir prioritairement à la rédaction des plans de gestion. Les données acquises devront être conservées dans la base de données prévue par ce Xème FED régional et être intégrées au Système d’Information Halieutique (SIH) de l’Ifremer. L’équipe retenue devra également prévoir les opérations de suivi monitoring qui seront réalisées 3 à 4 ans après la première estimation de biomasse par les équipes gestionnaires, dans les mêmes conditions que les campagnes décrites ci-avant, afin d’évaluer les fluctuations de la ressource et ajuster les mesures de gestion. Les livrables attendus de l’opérateur retenu seront donc : 1) Un rapport des campagnes effectuées selon le descriptif précédent ; 2) Une synthèse des résultats et diagnostic sur l’état des peuplements halieutiques de chaque banc et leur vulnérabilité; 3) Un ensemble de proposition de mesures de gestion répondant aux objectifs cités plus haut ; 4) Un protocole de suivi-monitoring des peuplements halieutiques pour les années suivantes. La valorisation scientifique sensu stricto du projet fera obligatoirement mention du contexte et identifiera la source des financements ayant permis d’obtenir les données utilisées. Modalités financières de mise en œuvre : Une enveloppe de 250 000 euros sera attribuée pour la mise en œuvre de ce projet. Les postes budgétaires sur lesquels cette enveloppe peut être ventilée comprennent notamment mais non exclusivement : les frais de déplacements, les frais de fonctionnements, la masse salariale engagée, les analyses d’échantillon ou encore l’achat de matériel. Il est à noter que cette enveloppe ne couvre pas les frais liés à l’utilisation des moyens logistiques lourds (affrètement du navire « La Curieuse », location de zodiacs, location du matériel de plongée, etc.) qui sont déjà pris en charge dans le cadre de ce projet. Modalités de réponse à l’appel à projets Les réponses à cet appel à projets devront parvenir sous forme électronique à : [email protected] [email protected] Au plus tard le 15 novembre 2013 (minuit, heure de Paris). Les réponses utiliseront le formulaire joint à cet appel à projets et téléchargeable à l’adresse : http://www.cnrs.fr/inee/communication/dossiers_docs_CNRS/formulaire_de_reponse_AAP_FED.docx L’attention des porteurs de projets est attirée : 1) sur l’adéquation du projet avec les moyens logistiques mis à disposition et le format des campagnes proposées ; 2) sur la capacité à fournir l’ensemble des livrables attendus suite aux campagnes proposées ; 3) sur le fait que, compte tenu de la spécificité des objectifs à atteindre, il est attendu que les projets proposés reposent sur l’association d’équipes complémentaires (coopérations possibles de laboratoires régionaux, nationaux voir internationaux) regroupant l’ensemble des compétences nécessaires pour répondre aux enjeux de cet appel à projet. Les projets proposés seront évalués par un comité scientifique désigné par l’Institut Ecologie et Environnement du CNRS, chargé d’évaluer la qualité scientifique des projets pour le compte des TAAF, auxquelles les projets sélectionnés seront transmis pour validation finale. Une fois le porteur de projet sélectionné, une première réunion entre ce dernier et les commanditaires de la campagne (Conseil Général de Mayotte/Taaf/AFD) sera conduite dans le but de définir un cahier des charges plus fin et d’établir un planning prévisionnel de mise en œuvre. Cette réunion donnera lieu à l’élaboration d’une convention déclinant les termes précis de ce projet, entre le porteur de projet retenu et les parties prenantes. Un comité technique associant l’ensemble des acteurs concernés, notamment les socioprofessionnels, les scientifiques, le Conseil Général de Mayotte et l’administration des TAAF, sera enfin constitué. Ce comité se réunira de façon collégiale en début, milieu et fin de projet, afin de discuter de l’avancée du projet et les éventuels ajustements à y apporter.