씰Cœur et diabète de type 2
Il semblerait que tous les coronariens devraient avoir une
HGPO pour préciser leur statut glucidique, la glycémie à
jeun ne suffisant jamais, ni à titre diagnostique, ni à titre pro-
nostique.
●L’étude DECODE (BMJ, 1998; 317 : 371-5 ; Lancet, 1999 ;
354 : 617-21) a montré que seuls 28 % des patients présen-
taient les deux critères diagnostiques de diabète (glycémie à
jeun et glycémie à 2 heures), 40 % le critère glycémie à jeun
seul et surtout 31 % le critère glycémie à 2 h seul. Ainsi donc,
se contenter de la glycémie à jeun c’est manquer le diagnos-
tic de près d’un tiers des diabétiques (pour mémoire,
DECODE analysait les données de 10 cohortes prospectives
européennes regroupant 2 200 patients).
●Dans l’Euro Heart Survey tout récemment publié (M. Bart-
nik et al. Heart, 2007 ; 93 : 72-7), il apparaît qu’un test de
tolérance au glucose après charge orale est nécessaire à la
détermination correcte du risque des coronariens. 110 centres
issus de 25 pays ont prospectivement enrôlé 4 961 patients
chez lesquels une glycémie à jeun a été mesurée et, chez les
3 362 patients n’ayant pas d’anomalie connue du métabo-
lisme glucidique, une glycémie a été prélevée 2 h après l’ad-
ministration per os de 75 g de glucose. Les patients ont alors
été répartis selon la classification OMS entre patients nor-
maux, glycémie à jeun altérée, tolérance au glucose altérée
ou diabète.
Les données des prélèvements à jeun et après HGPO ont été
disponibles pour 1 867 patients dont 47 % avaient une régula-
tion normale du glucose, 5 % une glycémie à jeun altérée,
32 % une tolérance au glucose altérée et 17 % un diabète.
Si le classement avait eu lieu en fonction des critères 1997 de
l’ADA, 39 % auraient été classés à tort comme “plus nor-
maux” qu’avec les critères actuels et, avec les critères 2004 de
l’ADA, 8 % auraient été surévalués et 33 % sous-évalués, soit
41 % d’erreurs.
>>> C’est la glycémie à 2 heures qui détermine le pronos-
tic bien plus que la glycémie à jeun
On rappellera ici que la glycémie à jeun peut être normale
bien que la glycémie à 2 h soit élevée, témoignant donc d’un
pronostic déjà aggravé comme dans les anomalies de la tolé-
rance au glucose.
Dans l’étude japonaise Funagata, seule l’intolérance au glucose
était un facteur de risque, mais pas l’anomalie de la glycémie à
jeun (la différence entre les deux portant bien évidemment sur
la glycméie à 2 h). Dans une étude finlandaise, le caractère
péjoratif de l’intolérance au glucose n’était pas modifié par
l’apparition secondaire ou non d’un diabète. La Chicago Heart
Study portant sur 12 000 hommes confirmait la différence de
pronostic entre les patients ayant des anomalies de la glycémie
après charge en glucose et les patients ayant une anomalie de la
glycémie à jeun mais sans anomalies après charge. Enfin, sur
une population mauricienne, les anomalies isolées de la glycé-
mie à 2 h doublaient le risque cardiovasculaire tandis que celles
isolées de la glycémie à jeun ne le modifiaient pas.
Enfin, dans DECODE, on rapporte que :
– la mortalité toute cause et les pathologies cardiovasculaires
étaient plus fréquentes chez les diabétiques dont le diagnostic
était porté par la glycémie à 2 h que chez les autres,
– les patients ayant des anomalies de la tolérance au glucose
avaient une mortalité plus élevée que ceux n’ayant pas d’ano-
malie glucidique ou une simple anomalie de la glycémie à jeun,
– en analyse multivariée, après ajustements aux autres fac-
teurs de risque, la glycémie à 2 h altérait le pronostic, mais pas
la glycémie à jeun, l’altération du pronostic en cas d’aug-
mentation de la glycémie à jeun n’était finalement liée qu’à
l’éventuelle augmentation associée de la glycémie à 2 h,
– la plus grande partie du surcroît de mortalité cardiovascu-
laire associée à l’élévation de la glycémie à 2 h était observée
chez ceux dont la glycémie à jeun était normale,
– l’augmentation de mortalité avec la glycémie à 2 h était
linéaire.
3. – Remarques
>>> On rappelle que l’hémoglobine glyquée n’a aucun inté-
rêt diagnostique car elle est trop imprécise pour les niveaux de
glycémie peu élevés.
>>> Les seuils diagnostiques pour le diabète ont été établis
pour des valeurs glycémiques à partir desquelles apparaît une
rétinopathie (après plusieurs années d’exposition et donc après
le risque cardiovasculaire), c’est-à-dire une microangiopathie,
et non par rapport à l’apparition d’une macroangiopathie. Une
révision des critères OMS pourrait advenir dans ce sens.
>>> Les patients ayant des anomalies de la tolérance au glu-
cose tirent parti des interventions par des mesures hygiéno-
diététiques qui retardent ou réduisent l’apparition du diabète.
>>> Le syndrome métabolique identifie des patients à
risque plus élevé que la population générale, mais il n’est