Résumés du n° 62 (automne 2011 - hiver 2012)
Dossier : Juifs et musulmans au Moyen Age
Enracinement et émergence d'une pensée. Coran et mystique juive (Merkaba, Hékhalot et vision d'Ezéchiel) par
Geneviève Gobillot
L'histoire de Salomon et de la reine de Sabâ' dans le Coran fait appel non seulement à de nombreuses
réminiscences bibliques, mais surtout à deux grands thèmes de la mystique juive de l'Antiquité tardive : la Merkaba
et les Hékhalot en relation avec la vision des eaux d'Ezéchiel. Le fait que cette découverte soit intimement liée à
l'avancée des travaux du bibliste Bernard Barc sur la lecture de la Torah de Rabbi Aqiba prouve à quel point les
textes fondateurs des deux religions sont indissociables.
The story of Solomon with the queen of Sabâ' in the Koran appealed not only to numerous biblical recollections, but
especially to two important themes of Jewish mysticism of the Late Antiquity : Merkaba and Hékhalot in connexion
with the vision of waters of Ezekiel. The fact that this discovery depends closely on the advance of the works of
Bernard Barc on the Torah's explanation of Rabbi Aqiba indicates up to which point the founding texts of the two
religions are inseparable.
L'inclusion de l'islam dans le champ polémique judéo-chrétien, Moyen Age et Siècle d'Or ibériques par Hugues
Didier
Passé un premier stade de surprise ignorante, le monde chrétien apparenta l'islam au judaïsme, en raison de son
cadre rituel sémitique, ainsi qu'à lui-même, puisque le Coran honore Jésus et sa Mère, bien que la négation explicite
des dogmes de la Trinité et de l'Incarnation semble y reproduire l'hérésie arienne de jadis. Par conséquent, en
général, les musulmans furent considérés comme plus proches ou plus estimables que les juifs, et même que
certaines catégories de chrétiens hétérodoxes. Dans la péninsule ibérique, aux XVe et XVIe siècles, l'accentuation
de la polémique anti-juive rejaillit négativement sur la relation islamo-chrétienne. Avec le recul de l'Espagne et
l'avènement de la France au XVIIe siècle, l'islam cessa d'être perçu comme une solution moyenne entre la
Synagogue et l'Eglise. Il disparut du champ polémique judéo-chrétien et fut relégué dans un Orient exotique.
After a starting phase of unaware amazement, Christianity regarded Islam as closely related with Judaism, for its
semitic ritual framework, just as well with itself, since the Koran honours Jesus and his Mother, although its explicit
and negative statements about Incarnation and Trinity seem to be a kind of echo of former Arian heresy. Therefore,
as a rule, Moslem were looked as more akin or more estimable than Jews and even that some categories of
Christian heretics. Nevertheless, in Spain, during the 15th and 16th Centuries, the increasing anti-Jew controversial
issue negatively disrupted into the relationship between Christians and Moslems. With the decline of Spain, and the
advent of France during the 17th Century, Islam ceased being received as a middle-of-the road solution between
Church and Synagogue. It vanished out of the judeo-christian polemical field and was banished to an exotic East.
Regards d'Abk $am+d al- azl+ (m. 1111) sur les juifs par Emmanuel Pisani
Abk $am+d al- azl+ (m. 1111) est considéré comme le plus éminent théologien musulman du onzième siècle. Sa
renommée a traversé les siècles au point où aujourd'hui, tous les courants de l'islam le reconnaissent comme un
maître. Dès lors, son enseignement sur les juifs peut contribuer à nourrir les débats de notre époque eu égard aux
relations qu'entretiennent juifs et musulmans. Or, sur ce point, loin d'enfermer le juif dans un stéréotype religieux ou
éthique, al- azl+ expose des regards, puisant notamment dans les traditions juives, faisant éclater un avis arrêté au
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