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Planck s’intéresse à l’inverse de la dérivée seconde de l’entropie par rapport à l’énergie :
La dérivée première est toujours positive (c’est l’inverse de la température), la dérivée seconde décrit
donc le phénomène. Selon Planck, elle mesure l’irréversibilité des échanges d’énergie entre la paroi et
le rayonnement. De plus l’étude de l’entropie est en relation avec ses travaux antérieurs.
Grâce à la thermodynamique, il a calculé les deux expressions de R relatives aux lois de Wien et de
Rayleigh-Jeans et les a ajoutés :
R = RW + RRJ = -a u1 -b u12 (a et b sont deux coefficients)
Cela lui a donné une expression qui se ramenait à la loi de Wien aux grandes fréquences car RRJ est
alors négligeable devant RW et vice-versa. Ensuite il en a déduit ρν.
Planck propose sa formule à la Société de Physique de Berlin le 19 octobre 1900. Dans la nuit même,
un de ses collègues physiciens confronte la formule aux résultats expérimentaux. Et dès le lendemain
matin l’informe de son succès. Planck considère sa formule comme une « heureuse trouvaille ».
L’interprétation
Planck ne se satisfait pas de ce bon accord expérimental, il veut trouver l’interprétation théorique de
cette loi. Il lui faut partager, diviser l’énergie du rayonnement entre les N résonateurs de la paroi.
Il est conduit à considérer que les échanges d’énergie entre la matière et le rayonnement se font
par quantités déterminées, par « quanta » de valeur E = hν.
Le 14 décembre 1900, devant la Société Allemande de Physique, Planck explique l’interprétation
théorique qu’il dégage de la loi du rayonnement.
Il faut préciser que Planck mettra beaucoup de temps à croire lui-même à son interprétation. Einstein
sera, comme nous allons le voir, beaucoup plus hardi.
Continu et discontinu
Pourquoi cette interprétation est-elle si difficile à croire ? C’est le poids de l’Histoire.
La Physique a longtemps fonctionné selon un modèle continu avec un monde de la Physique rempli de
deux sortes « d’objets », la matière et les ondes. Ces deux objets apparaissent d’abord comme
continus.
A part les considérations atomistes de Démocrite, la matière a longtemps été vue comme continue,
c'est-à-dire sans vide et divisible à l’infini. Au XIXe siècle l’hypothèse atomique est revenue à la
surface pour expliquer les proportions fixes dans les réactions chimiques et les propriétés des gaz.
Les ondes jusqu’à l’apparition des quanta sont traitées comme continues. Leur énergie est répartie
continument dans l’espace et est divisible à l’infini.
De plus le phénomène lui-même, à savoir le rayonnement thermique, est continu : toutes les
fréquences y sont présentes, avec une plus ou moins grande intensité mais toutes sont là. On peut
s’étonner d’expliquer un phénomène continu par un processus discontinu. Dans l’interprétation
présentée par Planck, des échanges d’énergie discontinus entre la matière et les ondes expliquent le
rayonnement continu du corps noir.
Remarque : Le spectre du corps noir est continu mais le spectre des atomes est discontinu. Nous en
reparlerons.