
Biologie 19
Le tabac étant épidémiologiquement le principal facteur de risque on
s'est
demandé si le facteur génétique d'augmentation du risque ne
pouvait pas s'expliquer par des capacités particulières à métaboliser
les carcinogènes et les pro-carcinogènes de la fumée du tabac. De façon
générale il faut savoir que les carcinogènes de la fumée du tabac
peuvent donner naissance, lors des réactions de métabolisation qui
visent à les rendre éliminables par l'organisme, à des metabolites plus
réactifs (plus carcinogènes) que le produit initial. Le meilleur exemple
est celui du benzo(a)pyrène, beaucoup moins mutagène et cancerogene
que son metabolite, un diol-epoxide, le 7ß,8ct-dihydroxy-9a,10a epoxy-
7,8,9,10-tetra-hydro- benzo(a)pyrène, que l'on appelle pour cette raison
carcinogène ultime. Pour tous les hydrocarbures aromatiques
polycycliques (PAH), la formation de composés diol-époxides, composés
particulièrement réactifs avec l'ADN (Alkylants), est justement
l'élément important de leur carcinogénicité.
De fait deux activités enzymatiques (toutes deux liées aux
cytochromes P-450), qui permettent la métabolisation des substances
carcino et pro-carcinogènes de la fumée du tabac et dont le niveau
d'activité est en partie génétiquement déterminé ont (statistiquement)
un niveau différent chez les fumeurs atteints d'un cancer bronchique. Il
s'agit
de l'activité enzymatique contrôlant le métabolisme de la
débrisoquine et de l'activité Aryl- hydrocarbon- hydroxylase (ahh).
Les sujets métaboliseurs forts de la débrisoquine ont un risque de
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à
10 fois plus élevé de développer un cancer bronchique que les sujets
métaboliseurs intermédiaires ou faibles (5). Cette augmentation du
risque est du même ordre que celle notée en epidemiologie descriptive
pour le risque familial.
Le métabolisme de la débrisoquine est contrôlé le gène codant pour le
cytochrome P-450
DB1,
gène appelé
CYP2D6,
localisé sur le bras long du
chromosome 22. Si l'on pense que l'activité enzymatique correspondant
à celle du métabolisme de la débrisoquine pourrait être celle du
métabolisme d'un carcinogène contenu dans la fumée du tabac celui-ci
n'est pour l'instant pas identifié. On ne sait donc pas si un phénotype de
fort hydroxylateur est réellement un facteur de risque ou à l'inverse si
un phénotype de faible hydroxylateur est un facteur protecteur. Enfin il
est possible que ces constatations ne reflètent qu'un phénomène de
liaison génétique et que le gène réellement responsable de
l'augmentation de risque ne soit un gène très proche, mais distinct, de
CYP2D6. Pour répondre à ces interrogations des études sont en cours,