I. INTRODUCTION
La génioplastie est une intervention visant à modifier la forme du menton.
Elle consiste essentiellement à pratiquer une ostéotomie de la partie basilaire de
la symphyse mandibulaire, puis une ostéosynthèse en position d’avancée, de
recul, d’élévation ou d’abaissement. Elle présente des applications à la fois
fonctionnelles et esthétiques, ce que nous démontrerons à partir d’un tableau
clinique : l’hyperactivité des muscles labio-mentonniers. Cette dernière est à
l’origine d’une problématique clinique s’exprimant de plusieurs façons :
• par une hyperactivité des muscles buccinateurs qui peut engendrer :
- Une rétroalvéolie globale inférieure : l’ensemble du tiroir
alvéolo-dentaire se situe en retrait par rapport au support
squelettique mandibulaire, alors même que les axes des incisives
sont correctement vestibulés,
- Une récidive d’encombrement antérieur ou l’apparition d’un
surplomb incisif augmenté après traitement orthodontique ;
• par une hyperactivité des muscles mentonniers (le muscle abaisseur
de l’angle de la bouche, de la lèvre inférieure et le muscle mentonnier)
qui engendre des récessions parodontales.
Ainsi, l’arcade alvéolo-dentaire est dépendante de la musculature
environnementale antérieure et latérale. Pour assurer un équilibre dento-alvéolo-
squelettique ainsi qu’une intégrité osseuse et une stabilité des traitements
(notamment orthodontiques), il apparaît nécessaire de « décomprimer » la partie
antérieure (voire latérale) des arcades par une chirurgie d’affaiblissement des
muscles labio-mentonniers, associée ou complétée par une génioplastie.
Avant d’aborder le traitement chirurgical et l’anatomie fonctionnelle de cet
ensemble musculaire labio-mentonnier, intéressons-nous à l’anatomie de cette
région mentonnière. Dans un premier temps, nous préciserons la phylogenèse et
l’ontogenèse du menton ; puis dans un second temps, nous exposerons nos
résultats à partir de nos travaux de dissections.