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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 20 April 2017
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Au-delà du côté tragique, cette planète fera l'objet dans l'avenir d'observations régulières qui contraindront
les modèles planétaires et, en particulier, le paramètre de marée décrivant les échanges d'énergie entre une
planète et son étoile : «nous ne savons pas si ce paramètre a une valeur universelle. S'il a dans le système
WASP-18b une valeur identique à celle mesurée pour notre soleil, nos instruments devraient déjà observer le
rapprochement de la planète dans 10 ou 20 ans : la période de son transit devrait avoir diminué d'une dizaine
de secondes en dix ans. C'est observable...», reprend Michaël Gillon.
Détecter des exoplanètes
Plus une exoplanète est massive et/ou proche de son étoile, plus les effets de marée induits sont
importants. «On peut penser que si une exoplanète plus massive que Jupiter s'aventure trop près de son
étoile, elle disparaît sur celle-ci. Cela expliquerait pourquoi on détecte si peu de très grosses planètes
gravitant près de leur étoile : elles disparaissent trop rapidement pour être statistiquement nombreuses.
WASP-18b est la première de ce type à être observée si près de son étoile, en 15 ans de recherche et
parmi des centaines de détections.» La majorité des exoplanètes trouvées à ce jour sont des planètes sur
des orbites serrées et de masse proche de celle de notre jupiter, voire des planètes plus massives mais qui
sont alors plus loin de leur étoile.
Plusieurs méthodes sont utilisées pour démasquer les exoplanètes. La première à avoir porté fruit est celle
des vitesses radiales : lorsqu'un corps gravite autour d'une étoile, le mouvement de cette dernière dans la
direction de la Terre est modulé par un signal périodique d'amplitude d'autant plus importante que la masse
du corps est grande. Cette modulation peut être mise en évidence par des suivis spectroscopiques d'étoiles.
Initialement, dans les années 70, la méthode des vitesses radiales a été utilisée pour déterminer les masses
de systèmes binaires d'étoiles. Dans les années nonante, la précision des instruments était suffisante pour
se lancer à la recherche d'exoplanètes. Aujourd'hui, près de 300 de ces planètes ont ainsi été détectées. La
première date de 1995. De masse équivalente à la moitié de celle de notre jupiter, elle gravite en 4,5 jours
très près autour de son soleil. Ces exoplanètes de grande masse orbitant près de leur l'étoile sont appelées
des «Jupiters chauds».
Une seconde méthode a également déjà permis de débusquer des dizaines
d'exoplanètes. L'an 2000 a inauguré en effet la méthode des transits : lorsqu'une planète passe devant
le disque de son étoile, elle induit une faible chute de l'intensité lumineuse de cette dernière. D'ambitieux
projets, basés sur cette méthode, ont rapidement vus le jour, dont Kepler ou CoRoT (Lire Voyage au cœur
des étoiles) qui traquent les transits planétaires depuis l'espace. Le satellite CoRoT a, par exemple, détecté
une planète dont la masse est équivalente à seulement cinq fois celle de notre planète et le rayon, deux
fois celui de la terre. C'est la plus petite planète jamais détectée hors de notre système solaire. À l'heure
actuelle, les transits planétaires ont permis la découverte d'une soixantaine d'exoplanètes.