On voit bien que le préformisme, cad l'héritage des facteurs maternels, et la régulation, cad les
interactions cellulaires, sont étroitement liées, mais l'un aura parfois l'ascendant sur l'autre, qui ne
s'exprimera presque plus (cas de l'homme).
L'héritage maternel est représenté par le stockage asymétrique de molécules synthétisées
pendant l'ovogenèse. Après les différentes divisions cellulaires, on aura donc une inégalité de
distribution des facteurs dans les blastomères. Ainsi, certains facteurs se retrouvent au pôle végétatif,
d'autres au pôle animal, mais d'autres encore ne seront pas localisés …
Driesh et Hoïstadius ont réalisé des travaux sur l'œuf d'oursin, qui présente une partie colorée
du cytoplasme. Ainsi, lors des 2 premières divisions (longitudinales), les 4 blastomères reçoivent le
même contenu, mais dès que l'on observe une division équatoriale, on obtient :
- des macromères colorés en orange
- des micromères et des mésomères non colorés
On sait de plus que si l'on divise la blastula selon un plan polaire, alors on pourra obtenir 2
embryons normaux, mais si on la divise selon un plan équatorial, alors les blastomères ne sont pas
capables de donner un embryon normal. Driesh et Hoïstadius ont alors divisé l'embryon en différents
étages : les mésomères d'un côté, et le pôle végétatif de l'autre, mais on subdivise ce dernier en 3
parties (les micromères, le végétatif 1 et le végétatif 2.
Ils ont alors réalisé différentes associations (mésomères +
une des 3 autres) afin de voir lesquelles sont capables de
donner un embryon normal :
- avec les micromères, on obtient une larve pluteus
normale
- avec le végétatif 2, on obtient une larve pluteus avec
quelques défauts
- avec le végétatif 1, on obtient une larve franchement
différente
Finalement, l'association entre les mésomères et les
micromères reconstitue un embryon tout à fait normal, alors
qu'avec les 2 autres parties, on obtient un embryon anormal qui
a été plus ou moins corrigé. Driesh et Hoïstadius ont donc
supposé qu'il y avait une molécule capable de réorganiser un
axe animal-végétatif, et cette molécule serait un morphogène
synthétisé par les micromères. Cette molécule donne des
indications aux cellules situées au-dessus afin d'initier un axe
normal : dans un embryon classique, le morphogène va diffuser
et on aura donc installation d'un gradient. Finalement, le
morphogène va donner un information de position.
Dans l'expérience de Driesh et Hoïstadius, les
micromères fabriquent toujours le morphogène en grande
concentration, et on aura ensuite un gradient au sein même du
pôle animal : les cellules de la base de la partie animale se
transforment sous l'influence de ce facteur pour devenir "plus
végétative" que les autres. On a une véritable
reprogrammation des cellules grâce au morphogène. Dans la partie végétatif 2, la concentration en
morphogène est déjà moins importante dès le début de l'expérience , puisqu'on a déjà eu diffusion :
les cellules de la base de la partie animale recevront donc assez moins de molécules de morphogène
que dans la 1
e
expérience, et elles ne deviendront qu'un peu "végétative". Finalement, la
détermination des cellules mésomériques est assez peu poussée, puisque le morphogène est capable
de les reprogrammer.