Prier le Notre Père avec Vatican II -- 3
Reçue durant le temps du catéchuménat, priée durant la célébration eucharistique, cette
formule, héritage du Christ, n’est pas une formule. Le Notre Père est la prière de l’identité
chrétienne, la prière de ceux qui se reconnaissent fils, de ceux qui sont devenus frères et
sœurs du Fils Unique et donc membres d’une même famille, de ceux qui sont devenus des
«christs » par le baptême, chrétiens, c'est-à-dire membres du Corps du Christ.
Il est intéressant de regarder la situation du Notre Père dans la célébration de l’Eucharistie.
Après avoir, dans la prière eucharistique, rendu grâces à Dieu pour la création et le salut,
après avoir fait mémoire de la mort et de la résurrection du Christ, après avoir prié pour
l’Eglise et toute l’humanité, nous nous adressons ensemble à Notre Père.
Puis nous nous donnons la Paix qui vient du Christ.
Ensuite, nous partageons le pain dans le geste de la fraction, et enfin nous mangeons le même
pain qui fait de nous un même Corps, l’Eglise, Corps du Christ.
Le Notre Père est le premier des 4 gestes de communion.
*Notre Père : le geste des fils. Nous nous trouvons à l’intérieur de la relation de Jésus à son
Père et nous sommes invités à nous reconnaitre « chez nous » T Radcliffe, Pourquoi aller à
l’église ? p220-227. Dire cette prière c’est se reconnaitre fils, recevoir l’appel de le devenir
toujours plus. Notre identité la plus profonde ne nous est pas donnée par notre famille ou
notre nationalité. Notre parenté est celle du Christ TR
*La Paix : le geste des frères. Nous recevons, acceptons, transmettons le don de la paix du
Christ. Faire ce geste c’est se reconnaitre membres les uns des autres, se reconnaitre
‘assemblée’ par le don du Christ, être appelés à être frères les uns des autres et à le devenir
toujours davantage.
*La fraction : pour être partagé le pain doit être rompu, signe d’unité, unité avec le Christ et
unité entre nous. Geste de convivialité et de partage de vie, geste de solidarité, de partage d’un
bien commun, par lequel nous sommes appelés à un rôle actif dans l’histoire humaine, comme
les disciples lorsqu’ils ont ramené du poisson sur l’ordre du Seigneur (cf. Jn 21).
*La réception : le geste (main qui donne et mains qui reçoivent) et le dialogue qui
l’accompagne, sont signe que nous acceptons l’invitation à ce pain pour le voyage de ce jour.
S Augustin invite ses auditeurs à recevoir ce qu’ils sont : Vous êtes le corps du Christ et ses
membres dit l’Apôtre. Si donc vous êtes le corps du Christ et ses membres, c’est votre propre
symbole qui repose sur la table du Seigneur. C’est votre propre symbole que vous recevez. A
ce que vous êtes, vous répondez « Amen » et cette réponse marque votre adhésion. Tu entends
« le corps du Christ » et tu réponds « amen ». Sois un membre de ce corps afin que ton
« amen » soit vrai. (Sermon 272)
Ces quatre gestes nous permettent de découvrir la richesse de ce que signifie « communier ».
Ils nous donnent de vivre, dès aujourd'hui, ce à quoi nous sommes appelés, ce vers quoi nous
tendons l'union intime avec Dieu et l'unité de tout le genre humain dont l’Eglise est dans le
Christ comme un sacrement ou, si l'on veut, un signe et un moyen (LG 1).
Dans un monde si souvent en proie aux divisions, nous osons parler d’une même famille
humaine, parce que nous y croyons ; nous osons parler d’une véritable fraternité, parce que
Jésus nous l’a révélée, et parce qu’il l’a rendue possible par le don de sa vie pour la vie du
monde.