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uvcw I Août/Septembre 2014 I n°890 I Focus
l’heure d’écrire ces lignes) avoir recours à
un crédit spécial de recettes prégurant les
dépenses d’investissement non engagées
de l’exercice, lequel reprendra un mon-
tant égal à 25 % du montant des dépenses
d’investissement de l’exercice proprement
dit nancées par le recours à l’emprunt.
Ce faisant, la Région considère comme
acquis qu’au moins un quart des dépenses
d’investissements prévues au budget ne se-
ront pas engagées. Sans juger ici du bien-
fondé de cette mesure et de sa conformité
par rapport aux principes du droit bud-
gétaire, nous soulignons qu’elle devrait
avoir pour conséquence une réduction
des lignes de crédit sollicitées par certains
pouvoirs locaux auprès de leurs banques.
En ce sens, ce nouveau crédit spécial est
une nouveauté positive, en ce qu’il forcera
la main aux pouvoirs locaux qui avaient
encore la mauvaise habitude de dimen-
sionner leurs besoins de crédits en se réfé-
rant aux montants inscrits au budget.
Outre une gestion prévisionnelle accrue
des investissements, dans le cadre d’une
programmation stratégique, et l’usage
des techniques comptables recomman-
dées par la Région, nous pouvons re-
commander une solution à deux niveaux
pour les emprunts relatifs à des investis-
sements relativement courants et ceux
relatifs aux projets immobiliers et struc-
turels de grande envergure (ex. : projet
majeur de nouveaux centres sportifs, de
parcs de logements) qui ne sont pas des-
tinés à se répéter.
S'agissant ainsi des marchés de ser-
vices nanciers « globalisés », portant
sur des investissements plus cou-
rants, la technique de la répétition
des services similaires, attribués par
procédure négociée sans publicité et
sans mise en concurrence, peut s'en-
visager. Il conviendra cependant que,
dans son marché initial, qui lui ne
peut faire l’économie de la mise en
concurrence, le pouvoir adjudicateur
ait expressément indiqué se réserver
cette possibilité, et que la décision
d'attribution des marchés répétitifs
intervienne dans les trois ans de la
conclusion du marché initial.
Même si, du point de vue du
pouvoir adjudicateur, il sera tenu
compte des répétitions éventuelles
pour estimer le montant du marché
(en réalité, des marchés cumulés), an
notamment de déterminer si le seuil
de publicité européenne est atteint, le
pouvoir adjudicateur comme le sou-
missionnaire (devenu adjudicataire)
ne s'engagent, initialement, qu'à exé-
cuter le premier marché.
An de calibrer les besoins en
emprunt pour les investissements
courants de façon réaliste, nous ne
pouvons que recommander aux ges-
tionnaires locaux d’observer le taux
de réalisation des années précédentes.
Sur cette base, et en tenant compte
d’une marge de sécurité, l’entité locale
devrait éviter de bloquer des lignes de
crédit trop importantes.
A côté de ces investissements plus
courants, gurent des projets de
grande envergure, dont la mise en
œuvre est beaucoup plus longue et
souvent plus incertaine, et qu'il est
peu opportun de globaliser avec les
investissements répétitifs. Ces pro-
jets particulièrement importants
feront plutôt l'objet d'emprunts - et
donc de marchés - spéciques.
Le pouvoir local doit toutefois inté-
grer ses projets dans un contexte de
gestion nancière prévisionnelle, mal-
heureusement encore mal soutenu
par les autres niveaux de pouvoirs.
Ainsi, en matière d’investissement, si le
renforcement du droit de tirage au sein
d’un fonds d’investissement pour les
communes permettra une meilleure pré-
visibilité de la mise en œuvre des projets,
il ne concerne toujours qu’une portion
relativement réduite des subsides à l’in-
vestissement en termes de montants et
de types d’investissements éligibles, lais-
sant une part importante des subsides
à l’investissement à l’opacité, à l’incer-
titude et à la rigidité des procédures de
subventionnement classiques, pourtant
tant décriées par la Cour des comptes.
De même, on sait les délais inadaptés
et la précision insusante dans lesquels
sont transmises aux communes les prévi-
sions de leurs recettes au Fonds des com-
munes ou à certaines recettes scales.
Il importe donc également de poursuivre
la conscientisation des autres niveaux de
pouvoirs quant à la nécessité de faire glis-
ser les mécanismes de subventionnement
des investissements vers de véritables
fonds d’investissement locaux, prévisibles
et gérés en autonomie, et quant à la né-
cessité de fournir des données prévision-
nelles précises aux pouvoirs locaux, an
qu’eux-mêmes puissent développer une
approche prévisionnelle et stratégique en
phase avec les besoins d’une gouvernance
publique locale moderne et performante.
En lien avec le surdimensionnement des
demandes d’emprunts, les travaux étalés
sur plusieurs exercices éloignaient sou-
vent les budgets communaux de la réalité.
Une circulaire du Ministre des Pouvoirs
locaux de juillet 2013 (circulaire complé-
mentaire à la circulaire budgétaire) a enn
éclairci la position de la Région: «dans le
cas d’un marché pluriannuel, il sera claire-
ment admis que seul le montant couvrant la
dépense de l’exercice gure au budget (qui
peut être l’ordinaire ou l’extraordinaire)».
Parallèlement aux crédits de dépenses, les
crédits de recettes ne doivent être calculés
que sur base de l’exercice proprement dit,
ce qui devrait permettre d’éviter un sur-
dimensionnement des emprunts tel que
celui décrié par les banques et découlant
de l’inscription au budget, par les com-
munes, de la totalité des projets d’inves-
tissement prévus, même lorsqu’ils seront
concrétisés lors d’exercices ultérieurs (cf.
supra) ou étalés sur plusieurs exercices.
Les durées de validité des offres
et de mise à disposition
Deuxième diculté pointée par le sec-
teur bancaire: les durées de validité des
ores et de mise à disposition sur les
lignes de crédit sont jugées trop longues.
En ce qui concerne la durée de validité
des ores, jusqu’alors souvent xée à 4
mois par certains cahiers de charges, elle
impose aux soumissionnaires de main-
tenir leurs marges durant un certain
temps. Selon le type d’emprunt, le prix
remis par la banque portera en réalité
sur sa marge, exprimée en points de base
par rapport à un taux déni en fonction
des conditions de révision après consoli-
dation: l’IRS pour les emprunts à long
terme et Euribor pour les emprunts à
court terme (révision avant un an).
Dès que la banque fait une ore, le
montant concerné est engagé dans le
bilan, c’est-à-dire que, pendant la durée
de l’ore, la banque se voit contrainte