Allergies : fléau du 21e siècle ? ▪ W. Stevens
Symposium “Les allergies : maladies du futur?” ▪ Institut Danone ▪ 21/10/2006 ▪2▪
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d’anticorps IgE. Lors d’une réaction immune de type Th2, les anticorps IgE sont produits
en priorité, et une allergie peut apparaître.
En quoi la prépondérance des lymphocytes Th 1 ou 2 est-elle importante? Pour répondre à
cette question, nous devons nous pencher sur ce qui se passe lors d’une grossesse normale
au moment de l’implantation de l’ovule fécondé dans l’utérus. Cette implantation n’est
possible que si une majorité de lymphocytes Th 2 sont présents dans l’environnement uté-
rin. En effet, les lymphocytes Th 1 sécrètent des substances (cytokines) qui empêchent
l’implantation de l’embryon fécondé (et entraîneraient alors un avortement). Au niveau de
l’utérus, la mère doit donc faire passer son système immunitaire du système Th1 normal à
celui où les Th2 dominent, et ce pendant la durée de la grossesse. En conséquence,
l’enfance « baigne » pendant neuf mois dans un milieu Th2, jusqu’à sa naissance, et aurait
donc tendance à réagir par la formation d’anticorps IgE en cas de contact avec des substan-
ces étrangères.
Après la naissance, en situation physiologique normale, l’enfant modifiera toutefois son
profil Th2 pour adopter un profil Th1. Ce changement s’opère surtout sous l’influence des
contacts avec des agents infectieux.
C’est précisément sur ce point que repose l’hypothèse hygiéniste. Selon celle-ci, les en-
fants qui naissent aujourd’hui seraient nettement moins exposés aux infections “banales”
pendant la première période de leur vie, à cause d’une meilleure “hygiène”. Sont compris
par ce terme non seulement de meilleures, entendez “plus hygiéniques”, conditions de vie
(chauffage, moins d’exposition à la poussière et à la saleté), mais aussi une diminution du
nombre d’infections (familles plus petites, ce qui réduit les chances que les enfants se
transmettent des infections, recours plus fréquent aux antibiotiques, …). Cette amélioration
de l’“hygiène” ralentit le passage des Th2 aux Th1, et l’enfant pourra donc former davan-
tage d’anticorps IgE contre les antigènes rencontrés après la naissance, en commençant par
les aliments (protéines du lait et des oeufs), puis les acariens, le pollen, les substances
d’origine animale, … .
Les premiers signes d’allergie chez le nourrisson s’observent généralement au niveau cuta-
né (eczéma atopique), puis à celui des voies respiratoires.
Ces dernières années, on constate également une véritable explosion des allergies alimen-
taires, y compris à l’âge adulte. Il peut s’agir d’une allergie dite primaire, ce qui signifie
que, depuis le début, les protéines des aliments provoquent une réaction. Les allergies ali-
mentaires secondaires sont plus fréquentes: les personnes allergiques aux pollens (souvent
ceux des arbres) vont aussi réagir aux protéines présentes dans les fruits ou les légumes.
Les symptômes peuvent s’étendre des troubles allergiques classiques à hauteur des voies
respiratoires (asthme, rhinite, …) aux troubles cutanés, comme l’urticaire, l’apparition de
gonflements (angio-oedème), voire même à un choc anaphylactique.
Lorsque quelqu’un réagit à un aliment, le mécanisme en cause n’est pas toujours un méca-
nisme immunologique médié par les IgE. Dans certains cas, il s’agit de réactions dites