Les différents types
d’options réelles
Il existe de nombreux types d'op-
tions réelles,mais celles que l’on ren-
contre le plus souvent sont les trois
options de base suivante :
•l'option de croissance : une fois
qu'un projet est lancé, le manage-
ment peut avoir la flexibilité d'ef-
fectuer des investissements addi-
tionnels. Il peut ainsi se lancer
dans un projet ambitieux et se
prémunir des incertitudes du
marché par une première phase
exploratoire ou pilote. C'est ce qui
s'est passé dans l'exemple que
nous venons de rencontrer,
•l'option de différer : le projet est
différé jusqu’à ce que sa valeur
deviennent supérieur à l’investis-
sement nécessaire, mais n'est pas
abandonné, et reprend lorsque les
conditions sont favorables. On
peut choisir cette option par
exemple dans l'exploitation d'une
licence d’un réseau de télécom-
munication. Dans ce cas, le mana-
gement peut acquérir très tôt les
licences d’exploitation du réseau,
mais attendre que les conditions
soient favorables pour son déve-
loppement et son exploitation. La
théorie lui fournit aussi un prix
acceptable d’acquisition de telles
licences,
•l'option d'abandon : si les condi-
tions du marché changent, le
management peut abandonner
un projet, éventuellement en
échange d'une valeur de revente.
Cela permet de lancer des projets
de R & D et de disposer de critères
de décisions quant à l’utilisation
réelle des résultats obtenus.
De plus, un planning peut compor-
ter plusieurs phases donc plusieurs
options, certaines d’entre elles étant
réputées exercées à date fixe,
d’autres sur un intervalle de temps
prédéterminé.
Conclusion :
utilité de la démarche
Alors que l’usage des options réelles
est répandu aux États-Unis, il existe
un écart d’une quinzaine d’années
avec la France.
Pour être employée avec succès,
cette technique suppose :
•un modèle économique simple et
compréhensible ,
•des hypothèses claires permettant
d’identifier les sources d’incerti-
tudes,
•des expressions mathématiques
simples permettant de calculer les
cash-flows,
•l’identification de toutes les prises
de décisions (options) en cours de
programme,
•une vision stratégique à long
terme.
L’adoption des options réelles dans
un programme oblige ainsi la
Direction Générale et la DSI à poser,
dès le départ, les bonnes questions
en terme de vision stratégique à
long terme et à adopter des hypo-
thèses permettant de donner un
éclairage sur la valeur d’option
des opportunités. Elle permet de
présenter les investissements et les
opportunités associées à des finan-
ciers en adoptant un mécanisme
basé sur des taux et des volatilités
qui leur parlent.
La question de savoir si cette valeur
est une mesure précise ou au
contraire un prix de marché indicatif
devient secondaire lorsque l’on s’est
plié à cette démarche.
Cette démarche doit permettre
d’apporter un consensus autour
d’un problème réel correspondant à
un besoin réel. « Quel est le point
d’équilibre en deçà duquel je préfère
laisser le programme à mes concur-
rents,mais au delà duquel je souhaite
être présent ? ». Dans ce contexte, la
frilosité rencontrée en France face à la
prise de risque est certainement
regrettable pour notre pays.
à travers un nombre bien connu des
financiers : la volatilité, qui reflète la
propension de la valeur à fluctuer en
permanence. Nous supposons ici
que les managers de la société
choisissent une volatilité annuelle
de 35 % pour cette valeur « sous-
jacente » de 2 620 k€.
En pratique, il y a plusieurs moyens
pour estimer cette volatilité : en
regardant les historiques de volati-
lité des industries du secteur où de
certains projets similaires, en effec-
tuant des analystes de sensibilité,
c'est-à-dire en prenant des scénarios
optimistes et au contraire pessimiste
et en les comparant, ou encore en
effectuant des simulations mathé-
matiques de type Monte-Carlo.
Dans le cas qui nous préoccupe,l’op-
tion de développer la version II est
appelée une option de croissance
(et aussi une option d'apprentissage
ou une option d'expansion, dans la
mesure où la version I doit être mise
à profit pour mieux connaître le
comportement de notre marché).
Plus précisément, il s’agit d’une
option dite européenne (la décision
de poursuivre est prise à date fixe :
dans 3 ans).
Les paramètres intervenant dans le
calcul de cette option sont les
suivants :
Les calculs financiers permettent de
donner une valeur de 122 k€pour
cette option. Cette valeur prend en
compte le fait que, bien que risqué,
le projet a, vu d’aujourd'hui, une
forte probabilité ou bien un fort
potentiel de rendement, et cela jus-
qu'à 6 000 k€. Entre autre, on peut
estimer que la probabilité pour que
le cash-flow du deuxième projet soit
supérieure à 2 700 k€est de
l'ordre
de 34 % et ce sont ces cas favorables
qui donnent de la valeur à l’option.
Ainsi, la valeur actuelle nette « éten-
due » du programme, prenant en
compte l’opportunité de dévelop-
pement de la version II est égale à
– 30 k€+ 122 k€= 92 k€.
Elle est positive et justifie le dévelop-
pement de la version I,dans le cas où
on envisage de poursuivre une
version II si les circonstances sont
favorables.
dossier :Maîtrise des projets informatiques
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• La revue n° 84 - Novembre 2006
Volatilité 35 %
Échéance 3 ans
Investissement à réaliser dans 3 ans 2 700 k€
Valeur du projet de 2 620 k€,
actualisé aujourd’hui 1 438 k€