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LA DIROFILARIOSE CANINE
PROPOSITIONS DE TRAITEMENT ET DE PRÉVENTION APPROPRIÉES AU QUÉBEC
Alain Villeneuve, D.M.V., Ph.D.
Professeur de parasitologie
FACULTÉ DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
SAINT-HYACINTHE
Corrigé le 15 mars 2014
INTRODUCTION
Collectivement, nous tentons d’endiguer la dirofilariose au Québec depuis
une trentaine d’années, soit le début des années ‘80. Comme nous sommes situés
dans la partie la plus nordique de l’aire d’enzootie de ce parasite, le climat limite en
partie la contagion. Chez nos voisins du sud, l’infection prend beaucoup
d’importance, au point l’on recommande des traitements mensuels à l’année
longue.
Des cas d’échecs de prévention ont été rapportés récemment, surtout dans le
sud des États-Unis, et le spectre de la résistance a été brandi. Pour faire face à ces
nouveaux défis, plusieurs mesures correctives ont été proposées et ces mesures
changent à un rythme très rapide dans les dernières années, au fur et à mesure de la
publication des résultats de nouvelles recherches scientifiques. Il devient parfois
difficile de suivre la logique de ces recommandations, et surtout, de savoir si elles
s’appliquent chez nous ou pas.
Ce texte se veut une mise à jour des diverses recommandations et une
proposition pour une approche appropriée à nos propres conditions. De nombreux
éléments doivent être pris en considération et l’ordre de leur discussion est indiqué
dans le plan, un peu plus bas. Les recommandations officielles de l’American
Heartworm Society (janvier 2014) sont disponibles sur leur site web à l’adresse
suivante : www.heartwormsociety.org.
Pourquoi s’occuper de cette infection ? Le propriétaire d’un chien consulte le
vétérinaire pour protéger la santé de son animal, bien évidemment, mais le
vétérinaire poursuit d’autres buts également et ceux-ci dictent le choix des
interventions. Ces buts sont, en particulier :
Trouver et traiter les animaux infectés ;
Protéger la santé des animaux non infectés ;
Contrer l’épidémie en limitant la transmission de l’infection ;
Protéger la santé humaine.
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PLAN
INTRODUCTION : Pourquoi s’occuper de cette infection ?
CHAPITRE 1 : ÉPIDÉMIOLOGIE p. 5
1.1 Caractéristiques biologiques du parasite p. 5
1.2 La transmission de l’infection (le modèle climatique) p. 5
1.3 Le rôle de Wolbachia pipientis à titre de commensal p. 6
1.4 La prévalence de l’infection p. 7
1.5 Distribution géographique p. 8
1.6 Facteurs de risque d’infection p. 10
CHAPITRE 2 : DIAGNOSTIC p. 11
2.1 Tests de dépistage : concentration sanguine vs tests sérologiques p. 11
2.1.1 Quel type de test choisir ? p. 13
2.1.2 Quel est l’intervalle de temps idéal entre les tests de dépistage ? p. 14
2.1.3 Quel est le bon moment de l’année pour tester ? p. 15
2.1.4 Quels chiens soumettre au test de dépistage ? p. 16
2.1.5 Interprétation du résultat du test de dépistage p. 17
2.2 Diagnostic chez l’animal possiblement infecté p. 17
2.3 Image clinique de l’animal infecté p. 20
2.3.1 Classification par syndrome. P. 20
2.3.1.1 Hypertension pulmonaire p. 20
2.3.1.2 Allergie p. 20
2.3.1.3 Défaillance hépatique p. 20
2.3.1.4 Problème rénal p. 21
2.3.2 Classification selon la gravité des signes cliniques p. 21
CHAPITRE 3 : TRAITEMENT p. 22
3.1 Programme de prévention de la dirofilariose chez l’animal non infecté p. 22
3.2 Traitement de l’animal infecté p. 24
3.2.1 Mort lente des parasites adultes p. 25
3.2.1.1 Protocoles suggérés p. 26
3.2.1.2 Le choix du médicament p. 26
3.2.1.3 Effets secondaires indésirables p. 27
3.2.1.4 Intervenir lors d’effets secondaires indésirables p. 27
3.2.1.5 Commentaires p. 27
3.2.2 Mort rapide des parasites adultes p. 29
3.2.2.1 Protocoles suggérés p. 29
3.2.2.2 Les compléments au traitement : repos, vérification de l’efficacité
du traitement adulticide, doxycycline p. 29
3.2.2.3 Effets secondaires indésirables p. 30
CHAPITRE 4 : RÉSISTANCE p. 32
4.1 La résistance, à combattre ou à craindre ? p. 32
4.2 Les cas d’échecs des traitements administrés en prévention p. 35
4.3 Pourquoi certains animaux traités s’infectent-ils ? p. 36
4.4 Lutter contre la résistance p. 37
CONCLUSION : Devons-nous continuer à fournir autant d’efforts ? p. 38
QUELQUES COMMENTAIRES SUR LA DIROFILARIOSE FÉLINE p. 39
RÉFÉRENCES p. 41
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CHAPITRE 1 : ÉPIDÉMIOLOGIE
1.1 Caractéristiques biologiques du parasite : Les filaires, du nom que l’on donne aux
vers adultes de ce groupe, se décrivent comme de longs vers blanchâtres et minces. Le
mâle mesure entre 14 et 19 cm de longueur et la femelle peut atteindre 31 cm. Cette
dernière donne naissance à des larves d'environ 300 m (295-325) de longueur et 6
m de largeur qui circulent librement dans le sang. Les parasites vivent
principalement dans les artères pulmonaires, mais on peut également les trouver
dans le cœur droit ou dans les veines caves, s'ils sont en grand nombre ou si l'animal
est de petite taille. On les trouve à l'occasion dans des endroits inusités suite à une
migration somatique erratique.
Les moustiques du genre Culex, Aedes et Anopheles jouent le rôle d’hôte
intermédiaire et de vecteur (Ledesma et Harrington, 2011). Le chien est l'hôte
habituel, mais 21 autres espèces de canidés domestiques et sauvages s'infectent et
peuvent jouer le rôle de réservoir, tels les renards, les coyotes et les loups. Plusieurs
autres espèces peuvent en être infectées à l’occasion, dont le furet, le chat et
l’homme ; on le les considère généralement pas comme desservoirs potentiels.
La période de prépatence (PPP) a été évaluée à 184-210 jours (moyenne 190)
ce qui nous fait dire qu’elle est généralement de 7 mois. La durée de vie des adultes se
situerait entre 5 et 7 ans environ, chez les canidés. Les L1 survivraient 30 mois dans
l’animal, mais cette donnée ne correspond pas toujours aux observations rapportées
lors de traitement et il est possible que leur survie soit beaucoup plus courte, de
l’ordre de 4 à 8 semaines. Plusieurs facteurs, dont probablement la réaction du
système immunitaire, peuvent être impliqués dans la durée de la survie.
1.2 La transmission de l’infection (le modèle climatique): Le moustique qui pique un
animal parasité prélève du sang et des microfilaires. Le stade infectieux (L3) ne sera
atteint chez le moustique qu'après une période de développement relativement
longue. Celle-ci se calcule en nombre d’unités thermiques et se définit par la formule
suivante, soit 1°C pendant 24 heures, à une température supérieure à 14°C. Le
nombre d’unités thermiques requis pour atteindre le stade infectieux serait
d’environ 130 (Ledesma et Harrington, 2011). En laboratoire, à une température de
18ºC ou légèrement plus élevée, le stade infectieux n’est atteint qu’après un mois; à
27ºC, il ne sera atteint qu’après 10 à 14 jours. Dans les conditions naturelles, quand
la température ambiante descend sous la température limite (14ºC), le
développement est temporairement suspendu et le temps requis pour atteindre le
stade infectieux est prolongé d’autant. La durée de vie de plusieurs espèces de
maringouins peut atteindre 2 mois, dans des conditions idéales.
Plusieurs espèces de maringouins jouent un rôle dans la transmission de
l’infection (Ledesma et Harrington, 2011). La saison des moustiques, dans la région
de Montréal, couvre environ les mois d’avril à septembre inclusivement, avec
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