Avis de Soutenance Rôle des jardins privatifs dans l'homogénéisation floristique et la connectivité des paysages urbanisés méditerranéens Angèle BOSSU Soutiendra publiquement ses travaux de thèse pour obtenir le grade de Docteur en Ecologie de l’Université d’Aix-Marseille. Le lundi 23 novembre 2015 à 13h30, à l’université d’Aix-Marseille, site Saint Charles, salle Fernand Pouillon Membres du jury Nathalie MACHON, Professeur, Museum National d’Histoire Naturelle, Paris Rapporteur Vincent DEVICTOR, Chargé de recherche, CNRS, Montpellier Rapporteur Hervé DANIEL, Maître de conférences, AgroCampus Ouest, Angers Examinateur Pierre-Olivier CHEPTOU, Directeur de recherche, CNRS, Montpellier Examinateur Valérie BERTAUDIERE-MONTES, Maître de conférences, Université d’Aix-Marseille, Marseille Co-directrice Stéphanie MANEL, Directeur d’Etudes, EPHE, Montpellier Co-directrice Résumé L'urbanisation croissante de ces dernières décennies a conduit à une homogénéisation biotique des communautés d’espèces, une perte et une fragmentation des habitats. Cette homogénéisation biotique peut avoir des conséquences non négligeables sur la biodiversité. Elle se traduit par une uniformisation des flores entre les villes à l’échelle globale, conduisant à une perte de biodiversité. La fragmentation des habitats peut entrainer un isolement des populations et une perte de diversité génétique. Seule une connaissance approfondie de la dynamique de la biodiversité en milieu urbain permettra d’aider à la mise en place des politiques de développement urbain favorisant le maintien de cette biodiversité. Ce travail de thèse s’est concentré sur le rôle d’un habitat fréquent en milieu urbain: le jardin privatif. A travers l'étude de la flore spontanée d’une grande agglomération littorale (Marseille, Bouches-du-Rhône) et d’un village de l’arrière pays en cours d’urbanisation (Lauris, Vaucluse), nous avons évalué l’homogénéisation taxonomique des jardins privés ainsi que leur composition fonctionnelle le long d’un gradient d’urbanisation. Afin d’expliquer les mécanismes sous-jacents à la dynamique de la végétation, nous avons étudié l’influence de l’urbanisation sur la structure génétique d’une espèce fréquente dans les jardins privatifs mais aussi dans la matrice urbaine (Parietaria judaica L.) ce qui nous a permis d’appréhender la notion de connectivité génétique au sein de la matrice urbaine. Bien que nous ayons observé une homogénéisation des flores dans les zones périphériques, les jardins des zones de forte densité de bâti ont montré une flore moins similaire qu’en périphérie. Les résultats pour les zones de forte densité de bâti diffèrent des études précédentes, qui ont observé une homogénéisation des flores en ville. Mais ces études, menées à des échelles spatiales plus large, ne considéraient pas les jardins privés. Les jardins privatifs des centres villes étudiés seraient donc moins riches, mais favorisaient la diversité taxonomique au regard de la composition spécifique des communautés de par leurs expositions, aménagements et pratiques. L’étude des traits des communautés végétales spontanées des jardins a mis en évidence des variations de la composition fonctionnelle le long du gradient d’urbanisation. Les zones de forte densité de bâti filtrent des traits, notamment ceux liés à la dispersion (mode de dispersion) et à la persitance (type biologique). Ainsi, l’analyse a montré que les communautés végétales des jardins privatifs des zones de forte densité de bâti sont caractérisées par la présence d’espèces phanérophytes et d’espèces endozoochores. Ces jardins sont entourés de bâti, ce mode de dissémination pourrait permettre le franchissement de ce bâti. Ces résultats suggèrent la présence de barrières fortes à la dispersion dans ces zones. La présence de barrière à la dispersion a été testée chez une espèce anémogame et barochore très fréquente en milieu urbain. L’étude a été réalisée dans une zone incluant trois villes : Marseille, Aix-enProvence et Lauris. L’absence de structure génétique de l’espèce à l’échelle des villes suggère une forte connectivité tandis qu’une faible connectivité est observée à l’échelle régionale, entre les trois sites. Les forts taux de consanguinité observés confirment les capacités de l’espèce à adopter différents modes de reproduction (autoféconde et fécondation croisée longue distance) expliquant la structure génétique observée. Les caractéristiques de dispersion de l’espèce seraient à l’origine de son succès en milieu urbain. Ce travail a ainsi permis de montrer que le jardin privatif est un élément paysager important qui ne doit plus être ignoré lors des évaluations de la biodiversité urbaine qui se focalise souvent dans les espaces publics. A l’instar des autres habitats du milieu urbain, les communautés végétales présentes dans les jardins privatifs peuvent participer aux dynamiques de la végétation urbaine; leur composition taxonomique et fonctionnelle varient le long du gradient d’urbanisation et sont soumises aux processus globaux tel que l’homogénéisation ou la différentiation Mots clés : Flore spontanée, Jardin privatif, Gradient d’urbanisation, Homogénéisation taxonomique, traits fonctionnels, Parietaria judaica L., Connectivité fonctionnelle, Microsatellite, Variables paysagères, Région méditerranéenne, France