Les cancers d’origine professionnelle représentent une part importante des cancers chez les travailleurs manuels. Les effets des interventions sont difficiles à mesurer du fait de la longue période de latence entre l’exposition à la substance toxique et la survenue de la maladie, de l’évolution de l’incidence naturelle et de la mortalité dans le temps ainsi que de la difficulté à évaluer l’exposition. Actuellement, seules cinq substances cancérogènes, à savoir l’amiante et quelques amines aromatiques (la bêta-naphtylamine, la benzidine, le 4-aminobiphényle et le 4-nitrobiphényle), sont interdites dans l’Union Européenne. Toutefois, l’Union Européenne a réglementé l’étiquetage d’une longue liste de produits chimiques cancérogènes et restreint leur utilisation. Malgré une baisse globale des niveaux d’exposition aux substances cancérogènes, la réglementation n’est pas toujours bien appliquée et les travailleurs disposent rarement d’un droit de recours juridique complet en cas d’exposition. Les ONG peuvent contribuer à lutter contre l’exposition à des substances cancérogènes en milieu professionnel en faisant pression sur les gouvernements afin qu’ils garantissent l’hygiène et la sécurité des lieux de travail et sur les organismes supranationaux afin qu’ils exigent l’insertion de normes de protection des travailleurs dans tous les accords d’investissement ou de commerce. Les ONG peuvent également encourager la recherche en matière d’agents cancérogènes sur le lieu de travail et collaborer avec les syndicats afin de sensibiliser les travailleurs et d’accroître leurs connaissances concernant les agents cancérogènes et les mesures de prévention. 134 Les expositions professionnelles Les expositions professionnelles 135 Preuves scientifiques de la relation entre exposition professionnell et cancer Résumé des études portant sur l’efficacité des interventions Les interventions efficaces: méthodes et caractéristiques Informations manquantes Conclusions et recommandations 136 Franco Merletti et Dario Mirabelli Département d’Epidémiologie du Cancer, Université de Turin et Centre de Prévention Oncologique, Turin, Italie Les expositions professionnelles degré d’exposition provoquant une ont compté parmi les premières augmentation du risque de cancer causes de cancer connues et ont, est également inconnu; (iii) l'im- dans certains cas, permis d’iden- portance des expositions dans la tifier des agents cancérogènes spé- population des travailleurs est cifiques. Ainsi, l’étude des cancers souvent basée sur des données d’origine professionnelle a permis insuffisantes. La base de données d’acquérir de précieuses connais- CAREX est un système internatio- sances et une compréhension de nal d’information sur l’exposition l’épidémiologie du cancer dans professionnelle aux agents cancé- son ensemble. Le présent article rogènes connus ou supposés, est axé sur les agents dont la établi avec l’aide du programme cancérogénéité pour l’être humain «L’Europe contre le cancer» de est prouvée. Les tableaux 1 et 2 l’Union Européenne (2). Le sys- répertorient les substances dont le tème CAREX a permis l’obtention rôle dans l’étiologie des cancers d’estimations du nombre de tra- professionnels est établi ainsi que vailleurs exposés par pays, par les professions pour lesquelles secteur industriel et par agent une augmentation des risques de cancérogène, pour 139 agents cancer a été montrée (1). évalués par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) Preuves scientifiques de la relation entre exposition professionnelle et cancer et pour 55 secteurs industriels classés en fonction de la Classification internationale standard (CITI) révision 2. L’exposition professionnelle à ces agents a été Il est difficile d’évaluer le risque évaluée de 1990 à 1993 pour les d'une population exposée aux quinze Etats membres de l’Union agents cancérogènes décrits dans Européenne (EU). Quelques 32 le tableau 1 car: (i) le nombre exact millions de travailleurs, soit 23 % de travailleurs exposés à un com- de la main-d’œuvre, ont été expo- posé donné est inconnu; (ii) le sés à des agents répertoriés dans la Les expositions professionnelles Les expositions professionnelles 137 Tableau 1 Agents, groupes d’agents et mélanges pouvant faire l’objet d’une exposition professionnelle et dont la cancérogénicité est étayée par des preuves suffisantes – (Groupe 1 cancérogènes, programme de monographies du CIRC, Vol. 1 - 80 (IARC 2002)) Agents et groupes d’agents1 Aflatoxines, présents dans la nature 4-aminobiphényle Arsenic Amiante Azathioprine Benzène Benzidine Béryllium Bis(chlorométhyl)éther et chlorométhyl méthyléther Butanediol-1,4 diméthanesulfonate (Busulphan; Myleran) Cadmium et composés du cadmium Chlorambucil 1-(2-Chloroéthyl)-3-(4-méthylcyclohexyl) -1-nitroso-urée (Méthyl-CCNU; Sémustine) Chrome [VI] (composés de) Cyclosporine Cyclophosphamide Ethylène (oxyde d’) Etoposide Melphalan 8-Méthoxypsoralène (Méthoxsalène) associé aux rayonnements ultraviolets MOPP (et autres chimiothérapies combinées utilisant des alkylants Gaz moutarde (moutarde souffrée) 2-Naphthylamine Neutrons (NB: Modification de l’évaluation globale, du groupe 2B au groupe 1sur la base de données complémentaires relatives à l’évaluation de la cancérogénéité et à ses mécanismes) Nickel (composés de) Phosphore-32 en tant que phosphate Plutonium-239 et ses produits de désintégration (peut contenir du plutonium 240 et d’autres isotopes), en aérosol Radio-isotope:Iode radioactive à vie courte, y compris l’iode 131, des accidents des réacteurs atomiques et des détonations d’armes nucléaires (exposition durant l’enfance) Radioéléments émettant des particules alpha par contamination interne (NB: les radioéléments spécifiques dont la cancérogénéité pour l’être humain est prouvée sont aussi répertoriés individuellement en tant qu’agents du Groupe 1) Radioéléments émettant des particules bêta par contamination interne (NB: les radioéléments spécifiques dont la cancérogénéité pour l’être humain est prouvée sont aussi répertoriés individuellement en tant qu’agents du Groupe 1) Radium 224 et ses produits de désintégration Radium 226 et ses produits de désintégration Radium 228 et ses produits de désintégration Radon 222 et ses produits de désintégration Rayons X et rayons gamma Rayonnement solaire Silice cristalline (inhalée sous forme de quartz ou de cristobalite de source professionnelle) Talc contenant des fibres asbestiformes Tamoxifène Tétrachloro-2, 3, 7, 8 dibenzo-para-dioxine (NB: Modification de l’évaluation globale, du groupe 2A au groupe 1, sur la base de données complémentaires relatives à l’évaluation de la cancérogénéité et à ses mécanismes) Thiotepa Tréosulfan Vinyle (chlorure de) Radiation X- et gamma 2 Mélanges Brais de houille Goudrons de houille Huiles minérales, peu ou non raffinées Huiles de schiste Suies Fumée de tabac Poussière de bois 1 Les agents biologiques ont été omis, hormis les virus VIH, VHB, VHC. Les hormones utilisées à titre thérapeutique ont été omises, bien que l’exposition à ces agents soit toujours possible durant leur production. Les substances anticancéreuses ou immunosupressives ont été conservées. L’érionite et le Thorium IV ont été exclues. 2 La fumée de tabac est inclue étant donné l’importance de la fumée de tabac dans l’air ambiant sur les lieux de travail. 138 Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe base de données CAREX, donnant raient être d’origine professionnelle, général. De plus, les cancérogènes lieu à environ 42 millions d’exposi- cette large fourchette correspon- d’origine professionnelle comptent tions. Les expositions les plus fré- dant à des régions différentes des parmi les rares facteurs que la quentes étaient les suivantes: pays occidentaux industrialisés. réglementation permet, du moins rayonnement solaire (9,1 millions Pour le cancer du poumon, ces en théorie, de contrôler. de travailleurs exposés), fumée de auteurs rapportent des résultats tabac ambiante (7,5 millions), silice allant de 6 à 35 %, issus d’études cristallisée (3,2), gaz d’échappement utilisant une matrice emploi/expo- de moteur diesel (3,0), radon (2.7), sition. Une estimation récente du poussières de bois (2,6), plomb et risque attribuable pour le cancer du composés inorganiques du plomb poumon faite auprès de résidents Les (1,5), benzène (1,4), amiante (1,2), d’une grande ville industrielle ita- permettant l’élimination ou la hydrocarbures aromatiques polycy- lienne est de l'ordre de 10 % (4). réduction des risques sont dispo- Résumé des études portant sur l’efficacité des interventions données épidémiologiques nibles, ou peuvent être obtenues, hexavalent et ses composés (0,8). Tableau 2 par des études adéquates pour les expositions professionnelles réper- Toute tentative d’estimation de Expositions professionnelles dont la cancérogénéité est prouvée – Cancérogènes du groupe 1 Aluminium (production de l’) Auramine (fabrication de) Chaussures (fabrication et réparation) Charbon (gazéification) Coke (production de) Meubles (fabrication) et ébénisterie Hématite (extraction souterraine avec exposition concomitante au radon) Fonderie de fonte et d’acier Isopropanol (fabrication de l’) (procédé à l’acide fort) Magenta (fabrication du) Peintres (exposition professionnelle) Caoutchouc (industrie du) Brouillards d’acides minéraux forts contenant de l’acide sulfurique (exposition professionnelle) L’un des exemples les plus remar- l’ampleur du problème des cancers d’origine professionnelle exige la prudence, même lorsque l’on dispose d’évaluations des expositions, comme celles émanant de CAREX. La communauté scientifique s’accorde généralement à dire qu’il s’agit là d’un domaine où règne l’incertitude. Les estimations sont difficiles à établir car elles dépendent (i) de la proportion de la population exposée et (ii) de l’étendue du risque parmi les personnes exposées. Malheureusement, ces deux gran- toriés dans les tableaux 1 et 2. quables de l’efficacité de la réduction des risques de cancer professionnels est certainement celui du contrôle de l’exposition aux rayonnements ionisants dans le secteur de l’énergie nucléaire. Bien qu’une étude ait encore relevé un risque accru de leucémie dans ce secteur (43), de grandes études de cohortes industrielles n’ont révélé aucun excès de mortalité attribuable à des leucémies ou des tumeurs solides. Certains suggèrent qu’aux niveaux d’exposition actuellement autori- deurs, comme nous l'avons dit, sont difficiles à chiffrer et sont fonc- Les cancers d’origine professionnel- sés, le risque de cancer est réduit tion du lieu, de l’espace et du le revêtent une importance particu- mais non complètement éliminé temps. Les divergences entre les dif- lière dans certains sous-groupes de (44). De plus, certaines études sug- férentes études quant à la valeur la population. Ainsi, si 3 % de la gèrent qu'à ces niveaux d’exposi- des risques attribuables ne sau- mortalité par cancer est attribua- tion sont associés des risques de raient donc nous surprendre. ble, dans l’ensemble de la popula- cancer plus indirects et donc diffici- Vineis et Simonato (3) ont ainsi esti- tion, à des expositions profession- lement décelables, à savoir les can- mé que 2 % à 24 % des cancers de nelles, ce chiffre correspond à 12 % cers affectant la descendance des la vessie chez les hommes pour- pour les ouvriers et travailleurs en travailleurs concernés (45). Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe Les expositions professionnelles cliques (HAP) (0,98) et chrome 139 entièrement appliquée par tous les Etats dié aux Etats-Unis dans une usine produi- membres. Aux Etats-Unis, l’exposition à sant de la benzidine (16) et ayant mis au Les modifications des processus de fabri- l’amiante sur le lieu de travail est stricte- point, en 1955, un procédé entièrement clos cation dans l’industrie de raffinement du ment réglementée et l’industrie de l’amiante pour la production de sulfate de benzidine. nickel semblent avoir grandement réduit s'est exportée dans d’autres pays. Les Chez les travailleurs employés avant 1955, l’excès de risque de cancer des sinus de la modèles ajustés sur les tranches d’âge, les 115 cas de cancer de la vessie ont été obs- face et de cancer du poumon (5,6), bien que périodes et les cohortes laissent prévoir ervés, dont 36 cas chez les ouvriers expo- la nature exacte de l’agent cancérigène une régression de l’épidémie de mésothé- sés uniquement à la benzidine. Aucun cas en cause n’aie jamais pu être établie. liomes malins aux Etats-Unis et dans l’UE, n’a été relevé parmi les ouvriers employés Différents composés du nickel étaient mais pas avant la fin des années 2010 - 2020 à partir de 1955 uniquement. Cette étude présents dans l’air des ateliers (7), mais le (11,12). Aucun modèle semblable ne permet est toutefois peu probante, car le cancer risque de cancer était associé aux premiers encore d’évaluer la baisse dans le temps de la vessie d’origine professionnelle peut stades du processus de raffinage ce qui des cancers du poumon liés à l’amiante. avoir une période de latence supérieure à entraînait une forte exposition aux pous- Actuellement, les études cas-témoin 20 ans. sières du minerai relativement brut. Les menées dans différentes régions d’Italie, de données concernant les modifications des Grande-Bretagne, de Suède, de Finlande et Au Royaume-Uni, la production et l’utili- processus ayant contribué à réduire le de Norvège indiquent que les cancers du sation de la bêta-naphtylamine, du 4-amino- risque de cancer sont peu détaillées (6). poumon liés à l’amiante représenteraient biphényle et de la benzidine ont été Risque et exposition professionnelle de 5,7 à 19 % des cancers chez les hommes interrompues dans la première moitié des L’utilisation d’insecticides et de fongicides (13). Cela ne saurait surprendre, puisque 20 années 1960, puis ont été interdites par le contenant de l’arsenic a été interrompue à 25% des hommes nés dans les cohortes Carcinogenic Substances Act (Loi sur les dans de nombreux pays dans la dernière de 1920 a 1949 ont été exposés à l’amiante substances cancérogènes) de 1967. Les moitié des années 1970, en raison d’une dans le cadre de leur profession (14). Les Etats-Unis, le Japon et certains pays euro- réglementation stricte limitant la présence cohortes les plus exposées (nées dans les péens ont suivi l’exemple du Royaume-Uni de résidus d’arsenic dans les eaux de années 1940-49 et 1950-59, en France) sont au milieu des années 1970. L’utilisation de surface et les nappes phréatiques desti- encore trop jeunes pour voir complètement ces substances pour la production d’agents nées à la fourniture d’eau potable, dans les les conséquences de ces expositions. Il est colorants a été généralement interrompue aliments et dans les aliments pour animaux. donc impossible à l’heure actuelle d’obser- également quelques années plus tard, mais Certains pays ont totalement interdit ces ver une quelconque diminution de l’inciden- est poursuivie dans d’autres pays dont résidus d’arsenic (8). Les études cas- ce, et a fortiori de la mortalité, des cancers l’Inde, le Brésil, la République populaire de témoin sur le cancer du poumon montrent liés à l’amiante de fait, les cancers liés à l’a- Chine et les pays d’Europe de l’Est (17). Des un excès de risque chez les agriculteurs miante risquent encore d’augmenter dans études cas-témoin semblent indiquer une potentiellement exposés à des insecticides le monde en raison du fort développement baisse du nombre de cancers de la vessie contenant de l’arsenic (9,10). des activités industrielles dans les pays dans les usines produisant des agents colo- n’appliquant aucune restriction légale de rants ainsi que dans les industries où ces L’utilisation d’amiante et de matériaux et l’utilisation de l’amiante et aucune mesure colorants sont largement utilisés, comme produits contenant de l’amiante a récem- de protection vis a vis des expositions (15). pour la teinture des textiles. Cette baisse est possible, à condition que les agents colo- ment été interdite dans certains pays 140 européens. Cette interdiction repose sur L’effet d’une amélioration des conditions de rants de substitution ne soient pas eux- une directive de l’UE qui n’est pas encore travail sur le cancer de la vessie a été étu- mêmes cancérogènes et que la production Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe des agents interdits soit interrompue dans l’industrie du caoutchouc (23-26), ainsi que pas clairement en évidence une baisse les pays en développement, ainsi que la dans certaines usines chimiques (27). subséquente du risque de cancer (32,33). Les huiles modernes de graissage et de Le benzène est un facteur cancérogène Le risque de cancer de la vessie dans coupe sont produites à base d’huiles miné- prouvé induisant des leucémies; une l’industrie du caoutchouc et de la fabrica- rales issues du pétrole plutôt que du char- relation avec les myélomes multiples et les tion des câbles était attribué à certains bon. Ces huiles minérales subissent un fort lymphomes non hodgkiniens est moins antioxydants à base d’alpha-naphtylamine raffinage (28) par un processus réduisant certaine (34-35). Ces constatations se contenant des traces de bêta-naphtylamine. leur teneur en hydrocarbures aromatiques rapportent aux expositions des années 1950 Leur utilisation a été interrompue en 1949. Le polycycliques (HAP). Les huiles pour et 1960. Les expositions nettement plus suivi initial des cohortes de travailleurs de machine les plus récentes sont synthé- faibles dans l’industrie pétrochimique ne l’industrie britannique du caoutchouc n'a tiques et non à base d’huile minérale. sont pas associées à une augmentation de pas décelé de mortalité excessive par Le risque de cancer cutanés parmi les la mortalité par leucémie, myélome multiple cancer de la vessie parmi les ouvriers ayant travailleurs des industrie mécaniques et et lymphome dans ce secteur industriel débuté dans leur emploi après 1949 (18, 20). textiles observé dans les années 1950 (29), a (36,38). Cependant d’autres études ont Toutefois, comme dans l’étude de Ferber et dans l’ensemble disparu de la littérature montré une augmentation de la mortalité par al (16), l’éradication du risque de cancer ne concernant la médecine du travail. leucémie et lymphome chez les travailleurs peut être prouvée, étant donné la longue L’éradication du risque de cancer affectant exposés au benzène (39). Toutefois ces période de latence du cancer de la vessie et d’autres organes apparaît toutefois bien études ont été réalisées dans des milieux ou la faible sensibilité de la mortalité en tant moins clairement. Un taux de mortalité élevé les niveaux d’exposition étaient supérieurs qu’indicateur de fréquence… De plus, par cancer du larynx, du rectum, de la ou plus étendus, comme semblent l’indiquer certaines études menées dans d’autres vessie et, à un moindre degré du côlon, de la les cas d’anémie aplasique relevés. pays ont révélé la persistance de ce risque prostate et des sinus de la face se retrouve (21,22). La production et l’utilisation de dans l’industrie mécanique où les travail- La fumée de tabac ambiante est, par ordre l’alpha-naphtylamine et de la phényl-bêta- leurs sont en contact avec des huiles de de fréquence, la deuxième forme d’exposi- naphtylamine ont été interrompues à la fin coupe et de graissage (30). De plus, certains tion à des substances cancérogènes, selon des années 1980 aux Etats-Unis et dans l’UE, processus de raffinage des huiles minérales les estimations du système CAREX (2). De car on craignait leur contamination par contiennent des quantités importantes plus, l’interaction entre le tabagisme et la bêta-naphtylamine. D’autres substituts d’extraits minéraux aromatiques, riches en les expositions professionnelles, principale- basés sur des mélanges d’aryle-para- HAP. Depuis les années 1950, ces extraits ment avec l’amiante, est prouvée (40-41). La phénylènediamines sont toujours produits sont largement utilisés comme huile de restriction du tabagisme sur le lieu de travail dans ces pays, mais on sait que ces substi- dilution dans l’industrie du caoutchouc, ce est donc dans l’intérêt des fumeurs actifs tuts sont contaminés par l’ortho-toluidine. qui pourrait expliquer l’augmentation du comme des fumeurs passifs et les lieux La diphénylamine et ses dérivés peuvent risque de cancer du poumon actuellement de travail sont effectivement propices être contaminé par le 4-aminobiphényle. Le observée dans ce secteur (23-25). La cons- aux campagnes de lutte contre le fait que l’exposition des travailleurs aux truction des chaussées et l’industrie du tabagisme (42). amines aromatiques cancérogènes n’ait pu bâtiment en général disposent depuis peu être entièrement éradiquée peut expliquer d’asphaltes à faible teneur en HAP. Au total l’augmentation persistante, dans le monde certaines expositions sont réduites (31) mais entier, du risque de cancer de la vessie dans les données épidémiologiques ne mettent Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe Les expositions professionnelles réimportation de leurs dérivés. 141 Il n’existe aucune revue systéma- mal enregistrées, ce qui rend répandus de cancers profession- tique des effets des interventions parfois impossible l’évaluation nels (29) ou d'expositions à des visant au contrôle des expositions de la relation quantitative entre agents cancérogènes semblent associées à des risques profes- l’exposition et la maladie, éva- avoir disparu ou avoir subi une sionnels, en dehors d’une étude luation justement nécessaire en forte réduction dans les milieux récente axée sur l’industrie du cas de réduction du niveau industriels et agricoles en Europe caoutchouc (23). Celle-ci a pris en d’exposition sans élimination et aux Etats-Unis. Toutefois, compte l’évolution de la techno- complète de l’agent cancérogène. certains agents de substitution logie et de la chimie en général et La nature chimique de l’exposi- s’avèrent à présent comporter les montre la persistance des risques tion concernée n’est pas toujours mêmes risques que les agents de cancers observés précédem- connue. L’agent cancérogène qu’ils ment. Elle a le mérite de relever les peut alors être supprimé, mais cancérogènes éliminés dans cer- difficultés nombreuses et variées les produits de substitution taines industries ont été réintégrés auxquelles on est confronté pour employés s’avèrent par fois dans d’autres processus. De plus, prouver l’efficacité de toute action aussi dangereux ou presque. lorsque l’exposition en cause de prévention des cancers profes- Les études épidémiologiques, concerne des mélanges complexes sionnels: qu'elles soient de base popula- plutôt que des agents chimiques • La longue période de latence de tionnelle ou industrielle, ont des simples, seule une élimination la plupart des cancers chez l’être limitations fortes en ce qui partielle du risque peut être humain fait qu’il est impossible concerne l'évaluation de l'exposi- obtenue (46). de tirer des conclusions d’obser- tion en raison du manque de L’application de la réglementation vations survenant peu après un données adéquates sur ces expo- de l’Union Européenne sur la changement: et certains travailleurs sitions. Ce phénomène est à l’o- classification, l’étiquetage et l’em- débutant dans leur emploi après rigine d’importantes incertitudes ballage des substances dange- un changement ne courent pas et de grandes controverses quant reuses aux cancérogènes peut encore de risque de cancer, ou à l’interprétation des résultats jouer un rôle important en matière épidémiologiques. de prévention. Ce rôle est toutefois les ne l’encourent pas encore pleine- 142 remplacent ment, étant donné cette période Ces faits expliquent la difficulté limité, principalement par le fait de latence. qu’il y a à prouver une quelconque que les cancérogènes sont dus aux • Les observations à très long réduction du risque de cancer produits de décomposition ou de terme sont toutefois difficiles à suite à l’adoption de mesures de combustion d’agents ou à des réaliser. Leur interprétation est prévention et donc la rareté de contaminants à l’état de trace et également ardue en raison de telles études. échappent ainsi aux dispositions l’évolution de la mortalité ou de Sous réserve des incertitudes de cette réglementation. l’incidence de la maladie concer- mentionnées ci-dessus, la préven- Un problème grave est la poursui- née, et des possibilités d'interac- tion de l’exposition des travailleurs te des processus de production tions complexes avec d’autres aux agents cancérogènes dans les entraînant l'exposition à des can- expositions. pays industrialisés ne semble cérogènes dans les pays en déve- • Souvent, les caractéristiques de pas encore aussi complète qu’elle loppement, qui manquent souvent l’exposition sont mal connues et pourrait l’être. Des risques très d’expérience quant à la gestion des Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe risques industriels et n’ont pas le • remplacement de la substance pouvoir de faire appliquer des poli- nocive par des agents réputés proscrivait la bêta-naphtylamine, moins dangereux, la benzidine, le 4-aminobiphényle • processus industriel entièrement Les interventions efficaces: méthodes et caractéristiques fermé, cancérogènes) qui et le 4-nitrobiphényle. La directive 90/394/CEE a été la première • stricte limitation de l’exposition directive adoptée dans le cadre de par la réduction des quantités la réglementation de l’UE régissant utilisées, l’aspiration localisée, la l’utilisation des cancérogènes sur Le peu d’évidence de l’efficacité protection des personnes, les le lieu de travail. Mais jusqu’à des interventions visant à contrô- procédures de nettoyage, etc. présent, hormis l’amiante, les ler les risques d'exposition pro- Ces mesures visent à réduire ou, seuls agents cancérogènes dont la fessionnelles aux cancérogènes dans l’idéal, à éliminer à la fois le production et l’utilisation sont oblige à se poser le problème sui- nombre de travailleurs potentielle- interdites sont les quatre agents vant: à qui incombe la charge de ment exposés ainsi que leur degré visés par la loi du Royaume-Uni. la preuve et quelle est la nature d’exposition. La réduction des Toutefois, cette directive comprend de cette preuve, soit preuve de expositions efficace la classification et l’étiquetage des l’apport de l’intervention, soit lorsque celle-ci est intégrée au substances chimiques cancéro- preuve du danger de l’exposition? démarrage des usines et des gènes, cet étiquetage étant assorti Les expositions professionnelles processus, en ciblant tant la pro- d’un certain nombre de restric- sont subies par des personnes tection des travailleurs que celle tions quant à l’utilisation des com- qui n’ont pas, ou presque, le des communautés avoisinantes. posés concernés. La liste établie choix, la liberté ou la responsabi- L’élimination de l’exposition à la dans le cadre des monographies lité d’accepter ou de refuser ces fumée de tabac sur le lieu de du CIRC (1) répertorie davantage expositions et qui, souvent, man- travail nécessite des interventions d’agents quent des connaissances de base de prévention associant politiques milieux professionnels, notam- nécessaires en la matière. Par anti-tabac et programmes person- ment des agents physiques et conséquent, il incombe à l’em- nalisés. biologiques, ainsi que des circons- est plus retrouvés dans les tances entraînant une exposition. ployeur de démontrer la sécurité du processus de production, la Au niveau local et national, cette preuve de la nocivité potentielle prévention de l’exposition suffit à exiger une l’adoption réglementations quant aux risques d’exposition est intervention facilitant l’adoption ou l’applica- un point crucial. Il s’agit là d’une tion des mesures préventives. Le condition essentielle sans laquelle premier pays à interdire la produc- ils ne peuvent vérifier par eux- La prévention primaire dans le tion de certaines substances chi- même domaine de l’exposition aux can- miques en raison de leur caractère appropriées. La réglementation de cérogènes sur le lieu de travail se cancérogène fut le Royaume-Uni, l’UE concernant les cancérogènes fonde sur l’application des me- avec l’adoption en 1967 de la sur le lieu de travail requiert sures fondamentales d’hygiène Carcinogenic Substances Regu- l’information adéquate des travail- industrielle: lations (réglementation sur les leurs exposés aux cancérogènes, éliminant cette exposition. primaire de implique L’information des l’adoption travailleurs de Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe mesures Les expositions professionnelles tiques de contrôle (15). substances 143 Informations manquantes Réglementation de l’exposition aux cancérogènes L’amiante et certaines amines aromatiques n’ont fait l’objet d’interdictions que longtemps après que leurs dangers aient été connus. L’excès de cas de cancer de la vessie causé par l’exposition aux amines aromatiques était déjà connu depuis près de 70 ans, lorsque la réglementation les interdisant au Royaume-Uni (UK Carcinogenic Substances Regulations) a été adoptée en 1967. De même, les risques extrêmement élevés dus à l’exposition à l’amiante étaient connus depuis près de 50 ans (50) avant que l’UE n’interdise son utilisation (51). Dans l’ensemble, très peu de pays (et aucun pays en développement) ont adopté des lois interdisant les cancérogènes. D’autres pays ont même tenté de bloquer ces avancées, pourtant bien limitées, au nom de la défense des intérêts d’industries nationales. Ils ont pour cela fait appel à des organismes supranationaux, tels que l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), en invoquant la liberté des marchés (52). Les usines utilisant des substances cancérogènes autrefois implantées dans des pays ayant depuis adopté une réglementation stricte ont été délocalisées vers des pays en développement, bien souvent sans restriction de la part de leur pays d’origine ou des organisations de contrôle. La tendance générale à la baisse des valeurs seuil des substances chimiques, y compris les cancérogènes (54), permet de déduire que les très hauts degrés d’exposition autrefois rencontrés (53) ont diminué au cours des dernières décennies dans les pays les plus industrialisés. Ces progrès sont toutefois lents. De plus, la mise en oeuvre des stratégies de prévention a rencontré des difficultés, voire parfois l’opposition ouverte des industries concernées (55-57). En général les autorités sanitaires ont fait preuve d’un certain laxisme dans l’application de la réglementation et les plaintes des travailleurs auprès des tribunaux n’ont reçu que peu d’attention. Peu d’informations sur la production et l’utilisation des cancérogènes utilisés dans les milieux industriels sont encore disponibles. La Convention No. 139 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur la prévention des risques professionnels causés par les substances et agents cancérogènes, adoptée en 1974, recommandait de registres la constitution des travailleurs professionnellement exposés à des cancérogènes. Ces registres, basés sur la réglementation européenne aiderait considérablement à la surveillance épidémiologique et permettrait des liens avec les données de mortalité et d’incidence. Si, de plus, les données d’exposition étaient recueillies de façon quantitative, notamment la diffusion d’instruc- simple fait d’avoir été exposés, et tions sur la conduite à tenir en cas leur cas devrait être traité avec d’urgence ou d’accident. justesse. Ceci ne semble pas être Les études généralisées sur les le cas à présent, même dans les expositions professionnelles dans Tous les membres de l’UE étant plus grands des Etats membres de l’industrie, telles celles réalisées censés avoir adopté la réglementa- l’Union Européenne (47). dans le milieu des années 1970 et tion européenne, la vérification de le milieu des années 1980 par l’application de la loi par des ser- L’identification de personnes pré- l’Institut national de la sécurité et vices publics, spécialisés dans sentant une susceptibilité particu- de la santé au travail des Etats- l’inspection des lieux de travail, est lière à certaines expositions ne Unis (NIOSH) (58), n’ont pas été le point essentiel suivant. Les repose actuellement sur aucune renouvelées dans les années 1990. travailleurs pouvoir base scientifique et peut être source La mise à jour de l’étude CAREX bénéficier d’un système de répara- de discrimination, en particulier si en Europe n’est pas non plus tions non seulement en cas d’ap- cette identification se base sur un envisagée. Si les dispositions de la parition d’une pathologie d’origine dépistage génétique (48,49). Directive 90/394/CEE oblige tous devraient professionnelle, mais aussi du 144 leur efficacité en serait accrue. les Etats membres à consigner les Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe expositions à des cancérogènes, le l’expérimentation animale ainsi indicateurs et de fournir des registre finlandais (2) est malheu- que la baisse des financements indices concernant les mécanis- reusement le seul à fonctionner à pour ces expérimentations risque mes impliqués. Toutefois, aucun l’heure actuelle. de creuser encore cet écart. La consensus n’existe encore quant à tendance semble être également à l’interprétation Les quantités de substances chi- la conduite d’études épidémiolo- concernant les indicateurs de type miques, y compris les agents can- giques portant sur des agents déjà moléculaires cérogènes, produits ou importés étudiés, en négligeant l’étude de preuves épidémiologiques. chaque année dans les Etats nouvelles substances (59). Même membres de l’UE sont bien enre- les agents dont les données de Aucune procédure de dépistage gistrées, mais pas leur utilisation. l’expérimentation animale font des cancers associés à des exposi- La réglementation européenne sur soupçonner le caractère cancéro- tions professionnelles ne peut être les cancérogènes présents dans les gène sont rarement mis à l’étude. recommandée à l’heure actuelle lieux de travail requiert, pour des en résultats l’absence de chaque industrie, l’enregistrement L’intérêt des laboratoires, qui sou- d’intervention contrôlés tels que, systématique des expositions et haitent s’investir dans des domai- par exemple, l’utilisation du scan- des degrés d’exposition dans un nes plus prometteurs, tels que la ner hélicoïdal virtuel pour la détec- document pour l’évaluation des génomique, et le fait que l’on a tion des cancers pulmonaires. Si risques. La mise en œuvre de cette actuellement davantage de chance cette technique s’avère efficiente mesure permettrait d’obtenir les de recevoir des financements en (en termes de coût/efficacité), elle données nécessaires au suivi des approfondissant des recherches pourra être proposée aux tra- tendances des expositions dans le épidémiologiques existantes qu’en vailleurs exposés à l’amiante, au temps et d’évaluer l’efficacité des s’aventurant dans des domaines chrome et au nickel si un traite- interventions préventives, voire nouveaux permettent d’expliquer ment efficace peut être, alors, des politiques de prévention. Ce ces manques dans les connaissan- disponible. suivi nécessiterait toutefois des ces. L’inversion de telles tendances efforts coordonnés de collecte et nécessite que les organismes de d’analyse des données, sous la financement intervenant dans les houlette des autorités publiques programmes de santé publique ou des organismes de recherche. modifient leurs priorités ainsi que L’UE pourrait jouer un rôle de Un écart considérable sépare le leurs stratégies. L’épidémiologie leader en favorisant la coopération nombre de substances chimiques moléculaire pourrait contribuer à internationale dont nous connaissons les pro- l’identification de nouvelles sub- réduction de l’exposition profes- priétés cancérogènes et le nombre stances cancérogènes en rédui- sionnelle. La réglementation euro- de substances utilisées dans l’in- sant la période de latence néces- péenne portant sur la classifi- dustrie: la plupart d’entre elles ou saire pour observer les effets d’une cation, l’étiquetage et l’emballage n’ont jamais été testées, ou n’ont exposition. Cela permettrait aussi des substances dangereuses est pas été évaluées de manière adé- de réduire le nombre d’observa- un bon exemple de coopération quate. Les réductions récentes du tions pour la détection d’augmen- active, car elle impose l’étiquetage nombre de laboratoires pratiquant tations significatives de certains uniforme pour la commercialisa- Conclusions et recommandations en matière Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe de Les expositions professionnelles hormis dans le cadre d’essais 145 tion de substances, qu’il s’agisse et de leur tendance temporelle, respect de la loi ou pour la pro- de commerce intra-communau- - l’enregistrement systématique motion de normes de protection taire ou avec des pays tiers. des travailleurs exposés, plus strictes; - le recueil systématique des utili- • de la promotion du débat public Les connaissances scientifiques sations secondaires des sub- et professionnel sur la protection devraient être appliquées sans stances et des matériaux indus- des travailleurs; délai par des interventions adé- triels pour l’analyse des exposi- • de la coopération avec les syndi- quates. Il convient également de tions en dehors du milieu de cats afin d’améliorer les connais- décourager travail (eux-mêmes contrôlés). sances et la sensibilisation des par des mesures travailleurs concernant les can- strictes toute délocalisation d’activités à risque dans des pays Dans ce cadre général, les ONG cérogènes rencontrés sur le lieu connaissant un niveau de protec- ont un rôle à jouer dans de nomb- de travail ainsi que l’existence de tion inadapté et des normes à reux domaines. C’est le cas: mesures de prévention. deux vitesses, selon qu’il s’agisse • des pressions sur les organismes de protection de l’environnement supranationaux tels que l’UE ou de protection des travailleurs. et l’OMC afin d’obtenir que ces organismes accordent une Les recherche concernant ces importance suffisante à la pro- domaines devrait être financée de tection des travailleurs et de manière accrue par des fonds l’environnement lors de l’instau- publics et s’inscrire dans un cadre ration d’efforts internationaux coordon- notamment celles axées sur la nés et porter sur: liberté des marchés et des inves- • l’identification des risques (sub- tissements; réglementations, stances cancérogènes) par des • du financement de la recherche études expérimentales systéma- expérimentale et épidémiolo- tiques ainsi que par des études gique portant sur la cancérogéni- épidémiologiques des exposi- cité des substances chimiques tions professionnelles; rencontrées sur le lieu de travail; • l’évaluation des effets/dose par: • de la promotion et du finance- - des mesures contrôlées des ment d’études sur l’étendue et le expositions dans les études de degré d’exposition aux cancéro- cohorte et les études cas-témoin, gènes ainsi que de la diffusion - des recherches de modélisation des informations sur les résul- pour l’extrapolation quantitati- tats des interventions de préven- Remerciements ve des données expérimentales tion mises en œuvre; Étude en partie prise en charge par à l’être humain; 146 des • de la responsabilisation des l’Association italienne pour la • la description des expositions par: organisations publiques natio- recherche sur le cancer et par le - le recueil systématique de leur nales chargées de la santé et de Projet spécial oncologie de la prévalence dans chaque pays la sécurité au travail pour le Compagnia di San Paolo. 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