Les cancers d`origine professionnelle représentent une part

Les cancers d’origine professionnelle représentent
une part importante des cancers chez les travailleurs
manuels. Les effets des interventions sont difficiles à
mesurer du fait de la longue période de latence entre
l’exposition à la substance toxique et la survenue de
la maladie, de l’évolution de l’incidence naturelle et
de la mortalité dans le temps ainsi que de la difficulté
à évaluer l’exposition. Actuellement, seules cinq
substances cancérogènes, à savoir l’amiante et
quelques amines aromatiques (la bêta-naphtylamine,
la benzidine, le 4-aminobiphényle et le 4-nitrobiphé-
nyle), sont interdites dans l’Union Européenne.
Toutefois, l’Union Européenne a réglementé l’étique-
tage d’une longue liste de produits chimiques cancé-
rogènes et restreint leur utilisation. Malgré une baisse
globale des niveaux d’exposition aux substances
cancérogènes, la réglementation n’est pas toujours
bien appliquée et les travailleurs disposent rarement
d’un droit de recours juridique complet en cas d’ex-
position. Les ONG peuvent contribuer à lutter contre
l’exposition à des substances cancérogènes en milieu
professionnel en faisant pression sur les gouverne-
ments afin qu’ils garantissent l’hygiène et la sécurité
des lieux de travail et sur les organismes suprana-
tionaux afin qu’ils exigent l’insertion de normes de
protection des travailleurs dans tous les accords
d’investissement ou de commerce. Les ONG peuvent
également encourager la recherche en matière
d’agents cancérogènes sur le lieu de travail et colla-
borer avec les syndicats afin de sensibiliser les
travailleurs et d’accroître leurs connaissances
concernant les agents cancérogènes et les mesures
de prévention.
134
Les expositions professionnelles
Les expositions professionnelles
Les expositions professionnelles
135
Preuves scientifiques de la relation entre
exposition professionnell et cancer
Résumé des études
portant sur l’efficacité des interventions
Les interventions efficaces:
méthodes et caractéristiques
Informations manquantes
Conclusions et recommandations
136
Les expositions professionnelles
Les expositions professionnelles
Les expositions professionnelles
ont compté parmi les premières
causes de cancer connues et ont,
dans certains cas, permis d’iden-
tifier des agents cancérogènes spé-
cifiques. Ainsi, l’étude des cancers
d’origine professionnelle a permis
d’acquérir de précieuses connais-
sances et une compréhension de
l’épidémiologie du cancer dans
son ensemble. Le présent article
est axé sur les agents dont la
cancérogénéité pour l’être humain
est prouvée. Les tableaux 1 et 2
répertorient les substances dont le
rôle dans l’étiologie des cancers
professionnels est établi ainsi que
les professions pour lesquelles
une augmentation des risques de
cancer a été montrée (1).
Preuves scientifiques
de la relation entre
exposition professionnelle
et cancer
Il est difficile d’évaluer le risque
d'une population exposée aux
agents cancérogènes décrits dans
le tableau 1 car: (i) le nombre exact
de travailleurs exposés à un com-
posé donné est inconnu; (ii) le
degré d’exposition provoquant une
augmentation du risque de cancer
est également inconnu; (iii) l'im-
portance des expositions dans la
population des travailleurs est
souvent basée sur des données
insuffisantes. La base de données
CAREX est un système internatio-
nal d’information sur l’exposition
professionnelle aux agents cancé-
rogènes connus ou supposés,
établi avec l’aide du programme
«L’Europe contre le cancer» de
l’Union Européenne (2). Le sys-
tème CAREX a permis l’obtention
d’estimations du nombre de tra-
vailleurs exposés par pays, par
secteur industriel et par agent
cancérogène, pour 139 agents
évalués par le Centre International
de Recherche sur le Cancer (CIRC)
et pour 55 secteurs industriels
classés en fonction de la Classi-
fication internationale standard
(CITI) révision 2. L’exposition
professionnelle à ces agents a été
évaluée de 1990 à 1993 pour les
quinze Etats membres de l’Union
Européenne (EU). Quelques 32
millions de travailleurs, soit 23 %
de la main-d’œuvre, ont été expo-
sés à des agents répertoriés dans la
Franco Merletti
et Dario Mirabelli
Département d’Epidémiologie
du Cancer,
Université de Turin
et Centre de
Prévention
Oncologique,
Turin, Italie
137
Tableau 1
Agents, groupes d’agents et mélanges pouvant faire l’objet d’une exposition profession-
nelle et dont la cancérogénicité est étayée par des preuves suffisantes –
(Groupe 1 cancérogènes, programme de monographies du CIRC, Vol. 1 - 80 (IARC 2002))
Agents et groupes d’agents1
Aflatoxines, présents dans la nature
4-aminobiphényle
Arsenic
Amiante
Azathioprine
Benzène
Benzidine
Béryllium
Bis(chlorométhyl)éther et chlorométhyl
méthyléther
Butanediol-1,4 diméthanesulfonate
(Busulphan; Myleran)
Cadmium et composés du cadmium
Chlorambucil
1-(2-Chloroéthyl)-3-(4-méthylcyclohexyl)
-1-nitroso-urée (Méthyl-CCNU; Sémustine)
Chrome [VI] (composés de)
Cyclosporine
Cyclophosphamide
Ethylène (oxyde d’)
Etoposide
Melphalan
8-Méthoxypsoralène (Méthoxsalène)
associé aux rayonnements ultraviolets
MOPP (et autres chimiothérapies
combinées utilisant des alkylants
Gaz moutarde (moutarde souffrée)
2-Naphthylamine
Neutrons (NB: Modification de l’évaluation globale,
du groupe 2B au groupe 1sur la base de données com-
plémentaires relatives à l’évaluation de la cancérogé-
néité et à ses mécanismes)
Nickel (composés de)
Phosphore-32 en tant que phosphate
Plutonium-239 et ses produits de désinté-
gration (peut contenir du plutonium 240
et d’autres isotopes), en aérosol
Radio-isotope:Iode radioactive à vie courte,
y compris l’iode 131, des accidents des réac-
teurs atomiques et des détonations d’armes
nucléaires (exposition durant l’enfance)
Radioéléments émettant des particules
alpha par contamination interne
(NB: les radioéléments spécifiques dont la cancérogé-
néité pour l’être humain est prouvée sont aussi réperto-
riés individuellement en tant qu’agents du Groupe 1)
Radioéléments émettant des particules
bêta par contamination interne
(NB: les radioéléments spécifiques dont la cancérogé-
néité pour l’être humain est prouvée sont aussi réperto-
riés individuellement en tant qu’agents du Groupe 1)
Radium 224 et ses produits de désintégration
Radium 226 et ses produits de désintégration
Radium 228 et ses produits de désintégration
Radon 222 et ses produits de désintégration
Rayons X et rayons gamma
Rayonnement solaire
Silice cristalline (inhalée sous forme de
quartz ou de cristobalite de source
professionnelle)
Talc contenant des fibres asbestiformes
Tamoxifène
Tétrachloro-2, 3, 7, 8 dibenzo-para-dioxine
(NB: Modification de l’évaluation globale, du groupe 2A
au groupe 1, sur la base de données complémentaires
relatives à l’évaluation de la cancérogénéité et à ses
mécanismes)
Thiotepa
Tréosulfan
Vinyle (chlorure de)
Radiation X- et gamma
Brais de houille
Goudrons de houille
Huiles minérales, peu ou non raffinées
Huiles de schiste
Suies
Fumée de tabac
Poussière de bois
Mélanges2
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Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe
1 Les agents biologiques ont été omis, hormis les virus VIH, VHB, VHC. Les hormones utilisées à titre thérapeutique
ont été omises, bien que l’exposition à ces agents soit toujours possible durant leur production. Les substances
anticancéreuses ou immunosupressives ont été conservées. L’érionite et le Thorium IV ont été exclues.
2 La fumée de tabac est inclue étant donné l’importance de la fumée de tabac dans l’air ambiant sur les lieux de
travail.
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