La BVD ( Bovine Virus Diarrhoea Disease)
En février 2009, j’avais fait une petite présentation de la BVD lors de l’Assemblée Générale d’AFPC,
suivie d’un article paru dans le journal de la même association. Cette maladie encore inconnue sur
nos animaux en France avait été diagnostiquée les années précédentes aux USA, en Grande-
Bretagne, et même en Espagne (sur des animaux importés de Grande-Bretagne). C’est la raison
qui m’avait poussé à informer les éleveurs d’alpagas du risque à venir. Risque bien réel puisque
cette année 2015 a vu le premier cas diagnostiqué sur des alpagas en France.
La BVD (“Bovine Virus Diarrhoea Disease”) est une maladie bien connue des éleveurs bovins pour
les graves conséquences qu’elle entraîne sur leurs troupeaux. C’est une maladie à virus “pestivirus”
, avec existence de deux génotypes (BVD1 et BVD2). On connaît plusieurs souches par type, ainsi
que deux biotypes différents, l’un cytopathogène et l’autre non.
A / Les symptômes chez les bovins : ils dépendent du moment où l’animal a été en
contact avec le virus.
Sur un animal en contact pour la première fois, la maladie est généralement bénigne, avec
parfois un peu de diarrhée. Une immunodépression apparaît cependant parfois, entraînant des
symptômes plus graves pouvant aller jusqu’à la mort.
Mais la BVD est surtout une maladie de la reproduction, et si le bovin contaminé est en
gestation, les effets du virus sur le fétus dépendent du stade de gestation au moment de la
contamination:
1 - Contamination avant 45 jours : il y a mortalité embryonnaire et avortement.
2 - Contamination entre 45 et 125 jours de gestation : le système immunitaire du fétus est
immature, ce dernier ne “reconnaît” pas le virus comme un ennemi et ne fabrique pas d’anticorps
pour l’éliminer. S’il survit à l’infection, le petit qui naîtra sera porteur - et excréteur - du virus, à
vie. Il n’aura pas d’anticorps. On le nomme “IPI” (Infesté Persistant Immunotolérant). Les IPI
peuvent vivre quelques années pendant lesquelles ils excrètent le virus et sont donc une source
permanente de contamination. Ils sont la principale source de contamination. La recherche, suivie
de l’élimination, des IPI est la meilleure façon d’éradiquer la maladie.
3 - Contamination entre 125 et 180 jours de gestation : il y a avortement ou tares congénitales.
4 - Contamination après 180 jours de gestation : le système immunitaire du fétus est mature, ce
dernier fabrique des anticorps et élimine le virus. Il naît viable et protégé par ses anticorps.
Une variante : la maladie des muqueuses. Cette maladie est dûe à une surinfection d’un
animal IPI par la variante cytopathogène du virus BVD. La mortalité est très rapide.
B / Les moyens de lutte chez les bovins : On cherchera en priorité à dépister puis
éliminer les IPI (qui sont la principale source de contamination). Si ces IPI sont trop nombreux, la
vaccination protégera les troupeaux le temps d’arriver à éliminer les IPI.
Les moyens de dépistage sont doubles.
1 - On peut rechercher le virus par PCR (Polynuclear Chaîne Réaction) sur une prise de sang.
Un animal PCR négative est soit un animal “naïf” qui n’a jamais été en contact avec le virus, soit un
animal contaminé, qui a fait des anticorps et a éliminé le virus.
Un animal PCR positive excrète le virus. Soit il vient de se contaminer et n’a pas encore eu le
temps de fabriquer des anticorps pour éliminer le virus; soit c’est un IPI. Pour départager, on refait
une PCR 3 semaines après, l’IPI est toujours positif, l’autre s’est négativé (car il a eu le temps de
faire des anticorps).
2 - On peut rechercher le passage du virus en cherchant les anticorps produits dans le sérum. On
parle de sérologie.
Un animal avec sérologie négative n’a pas d’anticorps. C’est soit un animal “naïf”, soit un animal
juste contaminé qui n’a pas encore fabriqué ses anticorps, soit enfin un IPI.