© Pharma-News page 3 Numéro 42, mars 2007
L’efficacité de DUKORAL° contre le choléra, à court terme, est d’environ 85%. La
protection qu’il confère vis-à-vis de la maladie baisse rapidement chez les jeunes enfants, au
bout de 6 mois, mais chez l’adulte elle serait encore de 60% après 2 ans
7,9
.
DUKORAL° est indiqué dès l’âge de 2 ans pour les voyageurs se rendant dans des zones
d’épidémie. Or si les règles d’hygiène élémentaires sont respectées, le risque d’être contaminé
par le choléra est très faible : de l’ordre de 2 cas pour un million de voyageurs
9
. En outre,
plus aucun pays n’exige une vaccination anticholérique pour les voyageurs
10
. Une
vaccination pourrait cependant être utile pour les voyageurs ou les professionnels de la santé
qui partent pour travailler dans l’humanitaire dans des pays endémiques
10
.
Le choléra :
Le choléra est une infection intestinale aigüe due à la bactérie Vibrio cholerae. Cette bactérie existe sous différentes formes
appelées sérogroupes, dont deux seulement sont responsables d’épidémies
1,2
. La transmission se fait par l’ingestion d’eau
ou d’aliments contaminés, souvent des coquillages ou des poissons crus ou pas assez cuits
1,4
. L’infection est associée à de
mauvaises conditions d’hygiène, au manque d’eau potable ou de sanitaires et à la surpopulation
1,2
. 80% des cas de choléra ne
présentent aucun symptôme
2,3
; dans les autres cas, après une courte période d’incubation (de quelques heures à 5 jours), les
symptômes débutent rapidement avec des diarrhées aqueuses et abondantes (jusqu’à 30 litres / jour chez l’adulte) ainsi que
des vomissements, ce qui provoque une déshydratation rapide et importante avec une perte d’électrolytes et les symptômes
qui en découlent (confusion, crampes, troubles du rythme cardiaque, insuffisance rénale aiguë, etc)
2
.
Sans traitement, la mortalité peut aller jusqu’à 40 - 50%, mais si celui-ci est adapté, ce taux tombe en-dessous de 1%
1,2,4
. Ce
traitement repose sur la réhydratation orale (solution recommandée par l’OMS
4
, p.ex.) ou par voie intraveineuse si la voie
orale est impossible ou lors de déshydratation importante
2
. L’antibiothérapie diminue la durée et le volume des diarrhées
mais n’a pas d’influence sur la mortalité. Le premier choix est la doxycycline (VIBRAMYCINE°) en une prise unique de 300
mg pour les adultes
2,4
. Il est important de réaliser que bien que les cas bénins et asymptomatiques soient les plus fréquents,
plus de 130'000 cas de choléra ont été déclarés en 2005, dont 2'272 décès. L’Afrique représentait 95% du total mondial des
cas officiellement déclarés, ce qui bien évidemment ne tient pas compte de tous ceux qui n’ont pas été notifiés ! L’Asie est
l’autre continent le plus touché avec 6'284 malades déclarés en 2005, les autres continents ayant essentiellement des cas
importés
5
.
Contre la diarrhée du voyageur, l’efficacité de DUKORAL° est de courte durée, d’environ
3 mois, avec une protection de l’ordre de 50%. Cette efficacité limitée, associée à un risque
de faux sentiment de sécurité des voyageurs vaccinés, restreint sa recommandation pour cette
indication. Il pourrait éventuellement être envisagé lors de séjour de courte durée chez des
personnes à haut risque (malades chroniques, immunodéprimés,etc), lors de plusieurs
antécédents sévères de diarrhées du voyageur, ou encore chez les voyageurs pour qui une
indisposition n’est pas acceptable (athlètes de haut niveau ou hommes politiques par
exemple)
10
.
La diarrhée du voyageur (ou turista) :
Elle est fréquente, de l’ordre de 15% à 50% chez les voyageurs des pays industrialisés lors d’un séjour de 2 semaines dans un
pays en développement, et se caractérise par l’émission d’au moins trois selles non moulées sur 24 heures
1
ou par une
augmentation durant 3 jours en moyenne de la fréquence des selles
3
selon les références. La diarrhée du voyageur est une
infection bénigne, mais elle peut avoir des conséquences graves chez certaines personnes atteintes de maladies chroniques
comme l’insuffisance cardiaque ou rénale, une immunodéficience, une maladie intestinale inflammatoire ou un diabète
insulinodépendant
1
. La transmission est oro-fécale et se fait par l’ingestion d’aliments ou de boissons contaminées (crudités,
produits de la mer ou viande mal cuits, fruits non pelés, produits laitiers non pasteurisés, boissons non conditionnées, etc)
1,6
.
Des bactéries sont le plus souvent en cause, dont Escherichia coli entérotoxinogène (= de souche ECET) dans 25 à 50% des
cas
1,3
. 20 à 50% des diarrhées n’ont pas de cause précise
3,6
. Les mesures d’hygiène (bien se laver les mains avant chaque
repas, notamment) et les précautions alimentaires sont la meilleure prévention de la diarrhée des voyageurs
3
. Comme règle
alimentaire de base, les Anglo-Saxons ont une devise : « peel it, cook it or forget it » qui peut se traduire par « peler, cuire ou
laisser tomber ».
La primo-vaccination comprend 2 doses à au moins une semaine d’écart, la dernière dose
devant être prise au minimum 1 semaine avant une exposition. Une 3
e
dose de rappel est
recommandée après 3 mois.
9
La Revue Prescrire Déc.2005 ; 25(267) : p.811-1-811-5
10
Relevé des maladies transmissibles au Canada (RMTC) 1
er
juillet 2005 , Vol 31 ; DCC-7 : p.1-9