C U R R I C U LU M Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 39 Possibilités de traitement chirurgical des anévrismes et dissections aortiques thoraciques P. A. Berdat, J. Schmidli, T. Carrel Introduction Service de Chirurgie cardiovasculaire, Hôpital de l’Ile, Berne Correspondance: Dr P. A. Berdat Service de Chirurgie cardiovasculaire Hôpital de l’Ile CH-3010 Berne [email protected] Les pathologies de l’aorte sont fréquentes, et très importantes en raison du grand risque de complications aiguës et potentiellement fatales. Pour les diagnostiquer à temps, le problème est que la plupart de ces pathologies aortiques restent longtemps asymptomatiques, à l’exception des dissections aiguës et des lésions traumatiques. Et si les signes annonciateurs de complications se manifestent, ils sont souvent aspécifiques et difficiles à classer. Ce qui impose donc de faire un diagnostic différentiel dès la moindre suspicion de pathologie aortique. De plus, les patients présentant des pathologies cardiovasculaires avec risque d’anévrisme aortique (hypertension artérielle, sténose aortique avec valve aortique bicuspide, status après traitement d’anévrismes d’autres localisations ou anamnèse familiale de pathologies aortiques) doivent faire l’objet d’un screening de l’aorte thoracique. Cet article donne un aperçu des deux pathologies les plus courantes de l’aorte thoracique, l’anévrisme et la dissection, et présente leurs particularités cliniques, thérapeutiques et pronostiques. L’aorte est un organe qui s’étend de la valve aortique jusqu’à la bifurcation iliaque, divisé en plusieurs segments: le premier segment, de l’anneau valvulaire à la ligne sinotubulaire, est la portion sinusale, formée par le sinus de Valsalva. Il donne comme premières ramifications les artères coronaires. La portion sinusale avec la valve aortique est également appelée racine aortique. La ligne sinotubulaire, au niveau des insertions des commissures valvulaires aortiques, marque la transition entre portion sinusale et aorte ascendante. L’aorte ascendante va jusqu’au niveau du tronc brachiocéphalique, première ramification de la crosse aortique en caractérisant sa partie proximale. L’arc aortique donne ensuite la carotide primitive et l’artère sous-clavière gauche. Vient ensuite le segment dit isthmique, qui va jusqu’au canal ou au ligament artériel de Botal, qui forme le segment proximal de l’aorte thoracique descen- dante. Il est suivi du segment thoraco-abdominal, jusqu’au diaphragme, et du segment abdominal, rétropéritonéal. La longueur normale de l’aorte n’est en corrélation ni avec la taille ni avec le poids, mais bien avec l’âge et le sexe, l’aorte augmentant en longueur avec l’âge (env. 0,005–8 cm/an); les femmes ont des aortes plus fines que les hommes, à taille égale. Chez les adultes, le diamètre normal au niveau de la ligne sinotubulaire est de 21 mm [1], celui de l’aorte ascendante de 32 mm, de l’aorte proximale de 30 mm, de l’aorte thoraco-abdominale de 26–28 mm et de l’aorte infrarénale de 19 mm [2]. Anévrismes aortiques thoraciques Si le diamètre de l’aorte est supérieur à sa norme, et si toutes les couches de la paroi sont impliquées, il s’agit d’un anévrisme vrai. L’incidence des anévrismes thoraciques est de 5,9/100 000/habitants/an, dont 50% au niveau de l’aorte ascendante (figure 1), 11% au niveau de la crosse aortique et 38% au niveau de l’aorte descendante [3]. 25% sont associés à un anévrisme de l’aorte abdominale, et 12,5% présentent plusieurs dilatations anévrismales [4]. Il est donc vivement recommandé de toujours examiner l’aorte sur tout son trajet. Pour décrire l’extension des anévrismes thoraciques, il est possible de faire appel à la classification internationale selon Crawford (figure 2) [5]. Les hommes sont plus souvent touchés par des anévrismes aortiques que les femmes, selon des proportions de 2:1 à 9:1 [6], et en Grande-Bretagne, 1,2% des hommes et 0,6% des femmes décèdent d’anévrismes aortiques (National Center for Health Statistics 1987). L’étiologie est la plupart du temps artériosclérotique, avec dégénérescence de la média, mais aussi faiblesse du tissu conjonctif (syndrome de Marfan surtout), et plus rarement aortite et nécrose kystique de la média. Il existe de rares formes familiales [7, 8]. Les facteurs de risque des anévrismes sont l’hypertension artérielle, l’âge, le sexe masculin et la consommation de tabac. C U R R I C U LU M Figure 1. Vue peropératoire d’un anévrisme de l’aorte ascendante (A). Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 40 diamètre. Des études ont donné des progressions d’env. 0,1–0,56 cm par an [9–18]. A long terme, 44–51% des anévrismes thoraciques évoluent vers la rupture (figure 3) [3, 18], et à partir d’un diamètre de 5 cm, le risque de rupture est nettement augmenté. Avec un diamètre de 6 cm, l’incidence annuelle des ruptures est de 3–7% [18, 19], celle de dissection et de rupture cumulée de 6,9% et celle des décès de 11,8% [18]. La survie spontanée avec des anévrismes de cette taille est donc mauvaise, avec 24% à 2 ans, et le décès résulte d’une rupture dans 50% des cas [21, 22]. Le risque indi- Figure 2. Classification des anévrismes de l’aorte thoraco-abdominale selon Crawford: a) type I; b) type II; c) type III; d) type IV. Figure 3. TC d’une rupture anévrismale de l’aorte ascendante (A) avec hématome médiastinal et extrapleural et (B) atélectasie par compression du poumon gauche. L’évolution spontanée d’un anévrisme est caractérisée par son augmentation de volume et la manifestation de complications à long terme, notamment la rupture et la dissection. La rapidité de la progression est fonction des dimensions de l’anévrisme, les plus petits se développant plus lentement et les plus grands plus rapidement. Ce phénomène, suivant la loi de Laplace, résulte de l’augmentation de la tension de la paroi surproportionnelle par rapport au viduel de rupture peut se calculer selon la formule de Juvonen [20]. L’hypertension artérielle et la BPCO sont des facteurs de risque de rupture. L’indication opératoire est posée dès que le segment atteint dépasse le double de son diamètre normal. Ce qui veut dire à partir de 6 cm pour l’aorte thoracique [9, 23, 24] et de 5 cm pour l’aorte infrarénale, car à partir de tels diamètres, le risque de rupture est très nettement plus élevé que le risque périopératoire [25]. Chez les patients ayant un Marfan, une stratégie thérapeutique plus agressive est indiquée en raison du risque accru de dissection et de rupture, et de la progression plus rapide, c’est-à-dire qu’un remplacement aortique est indiqué déjà à partir de 5 cm pour l’aorte thoracique. En plus du diamètre, il faut tenir compte également de la rapidité de l’évolution et de la symptomatologie dans la pose de l’indication: un traitement chirurgical doit être prévu électivement pour des progressions de plus de 6–10 mm par an [26], et plus tôt pour celles de plus de 10 mm. La technique diagnostique de choix est l’angio-TC ou l’angioIRM du thorax et de l’abdomen/bassin. Si la fonction rénale est diminuée, il faut donner la préférence à l’IRM du fait qu’elle mieux tolérée que la TC. 75% des anévrismes aortiques sont asympto- C U R R I C U LU M matiques et découverts fortuitement. S’il y a des symptômes, il faut soigneusement préciser s’ils peuvent être ceux de l’anévrisme, car un anévrisme symptomatique a un pronostic nettement moins bon si le patient ne bénéficie pas très rapidement d’un traitement chirurgical. Le symptôme dominant est la plupart du temps la douleur, paravertébrale (interscapulaire à lombaire basse), rarement rétrosternale, abdominale ou sacrée, qui a souvent un caractère sourd. Les douleurs purement abdominales sont extrêmement rares. Les anévrismes très volumineux peuvent provoquer des phénomènes de compression des organes internes, comme dysphagie par compression œsophagienne, stase jugulaire par compression de la veine cave supérieure pour les volumineux anévrismes de l’aorte ascendante, pneumonies récidivantes par compression bronchique et même ballonnements par compression de viscères, tout comme enrouement si atteinte du nerf vague ou du récurrent. La pression permanente peut éroder les structures voisines et former des fistules aortobronchiques ou aortoœsophagiennes. Ce n’est alors souvent que l’hémorragie dans les organes creux qui met en route les moyens diagnostiques. Si l’indication à un traitement chirurgical est donnée, il faut aller plus loin dans le diagnostic: en raison du stress considérable pour le système cardiovasculaire en cours d’intervention. Il convient de procéder à un examen de la fonction cardiaque et rechercher une cardiopathie coronaire ou des valvulopathies majeures. Une échocardiographie, mais aussi un cathétérisme cardiaque sont très souvent requis. Il s’agit en outre d’exclure des sténoses carotidiennes par ultrasonographie Duplex, et des artères périphériques par examen sous occlusion. Un examen de la fonction pulmonaire est indiqué en préopératoire chez les patients devant subir une thoracotomie ou souffrant d’une grave pathologie pulmonaire. La fonction rénale doit également être examinée. La plupart des interventions sur l’aorte thoracique se font sous circulation extracorporelle (CEC). Pour les interventions proches du cœur, elle permet une mise en arrêt du cœur. Lors du remplacement de l’aorte descendante, la CEC se fait à cœur battant et est raccordée aux vaisseaux iliaques. Ce qui permet d’optimiser le management cardiovasculaire, et surtout le contrôle de la postcharge au moment du clampage du segment aortique à remplacer, vu que l’ascension brusque de la postcharge fait courir le risque d’ischémie myocardique peropératoire. La CEC permet en outre de maintenir la perfusion viscérale et spinale, en perfusant l’aorte distale, et de protéger de l’ischémie les organes internes par abaissement de la température corporelle centrale à 32° env. (hypothermie modérée), ce qui diminue leur consommation d’oxygène. Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 41 En présence d’un anévrisme de la racine aortique avec dilation de l’anneau valvulaire et de la portion sinusale, il s’agit d’une ectasie annulo-aortique (EAA, figure 4a, b). En général, la dilatation de la ligne sinotubulaire que cela implique, avec écartement des commissures valvulaires aortiques, provoque une insuffisance aortique centrale par impossibilité de coaptation des valvules. L’indication opératoire est donnée par la gravité de l’insuffisance aortique et de la dilatation. Avec un diamètre de la racine aortique de plus de 5 cm, le risque de rupture ou de dissection augmente considérablement. L’EAA est souvent associée à un syndrome de Marfan, à des anomalies valvulaires aortiques et à un syndrome de coarctation. Les symptômes cliniques sont dominés par des précordialgies et des signes d’insuffisance aortique. Le diagnostic est posé de préférence par TTE (échographie transœsophagienne) mais aussi par angio-TC ou IRM. Si un ou plusieurs sinus de Valsalva sont dilatés, il s’agit d’un anévrisme sinusal. Si la valve aortique est normale, il est possible de remplacer la racine aortique en conservant la valve aortique native [27] et de ne remplacer que les sinus dilatés et l’aorte ascendante. L’EAA et les anévrismes de l’aorte ascendante s’opèrent par sternotomie. L’EAA avec valvulopathie impose généralement le remplacement de la racine aortique avec la valve par «composite graft», avec valve mécanique ou biologique, ou par homogreffe. Chez les adolescents et jeunes adultes, il est possible en alternative de procéder à l’opération dite de Ross: transfert de la valve pulmonaire en position aortique avec reconstruction de la sortie du ventricule droit par un conduit biologique avec valvule. Si la valve aortique est intacte, il est possible d’envisager l’opération de Yacoub [28] (figure 4) ou de David [29, 30], avec sauvegarde de la valve. Mais quelle que soit la technique, les ostia coronaires doivent être réimplantés. Le principal avantage du remplacement de la racine en gardant la valve ou en transférant la valve pulmonaire est l’absence d’une anticoagulation à vie. Lors de la correction d’un anévrisme isolé de l’aorte ascendante, il faut implanter une prothèse supracoronaire. Les anévrismes de la crosse peuvent être abordés par sternotomie ou par thoracotomie latérale, surtout lors de localisation distale. Seule une partie peut être remplacée si nécessaire, ou l’ensemble de l’arc avec réimplantation des branches supra-aortiques en manchette. S’il y a une pathologie du segment aortique voisin, qui devra probablement être opéré plus tard, il est possible de mettre un «elephant trunk» à titre préparatoire [31, 32]. Cette trompe d’éléphant pourra alors directement être utilisée pour remplacer le reste de l’aorte, ce qui simplifiera considérablement la seconde intervention. Après interventions sur C U R R I C U LU M Figure 4. Vue peropératoire du remplacement de la racine aortique avec conservation de la valve aortique (*) selon Yacoub; (<) ostium et pas encore réimplanté de la coronaire droite. la racine de l’aorte, l’aorte ascendante et la crosse aortique, il faut compter une mortalité postopératoire immédiate de 1–7%, une incidence d’infarctus de 3,5% et de déficits neurologiques de 1–3%, dont 50% de nature transitoire. Les anévrismes de l’aorte descendante sont remplacés par une prothèse par thoracotomie gauche postérolatérale. En cas d’extension abdominale, d’anévrismes dits thoracoabdominaux, l’abord est élargi distalement par thoraco-phrénico-lombotomie, pour permettre de remplacer tout le segment anévrismal en réimplantant les artères intercostales distales (D8–D12), de même que les artères viscérales. Avec la réimplantation des artères intercostales distales, le risque de paraplégie par ischémie spinale devrait être diminué, car la perfusion médullaire peut dépendre en majeure partie de ce segment. La protection médullaire peut en outre être complétée par un drainage périopératoire du liquide céphalorachidien. Pour prévenir les éventuelles complications ischémiques, les artères viscérales et rénales sont perfusées continuellement par des cathéters sélectifs branchés sur la CEC [33–35]. Le management de l’anesthésie comporte en plus un tube à double lumière, pour permettre la ventilation d’un seul poumon. La mortalité postopératoire immédiate de ces interventions est de 3–12%, et les complications sont les infarctus du myocarde périopératoires (2%), les complications cérébrales (0,5%), paraplégies (4–7%), complications respiratoires (jusqu’à 43%) et l’insuffisance rénale (7%). Le remplacement de l’aorte thoraco-abdominale est globalement grevé de davantage de complications que celui de l’aorte thoracique descendante seule. De manière générale, dans les dernières séries publiées, les complications graves sont en diminution [36–39]. Malgré tout, la paraplégie et la paraparésie restent les complications postopératoires les plus redoutées. Ce risque doit donc Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 42 être évalué en préopératoire et discuté avec le patient. Il dépend d’une part de l’importance de l’anévrisme, les anévrismes Crawford de type II faisant courir un risque de paraplégie de 31% et ceux de type I de 15%, chiffres les plus élevés, alors que ceux de type III et IV présentent un risque plus faible, resp. de 7% et 4% [38]. D’autres facteurs de risque de paraplégie sont l’étendue du remplacement aortique, la durée du clampage aortique, la présence d’une rupture aortique, l’âge, un autre anévrisme de l’aorte ascendante ou de l’arc, et une insuffisance rénale préopératoire. Mais l’incidence des paraplégies peut être abaissée par des mesures périopératoires, dont: le recours à la CEC sous hypothermie modérée pour la perfusion de la partie distale du corps, sous clampage de l’aorte proximale, la réimplantation des artères intercostales D8–D12, le drainage du liquide céphalorachidien, des durées de clampage les plus brèves possibles, la prévention de phases prolongées d’hypotension, et le recours à plusieurs médicaments (thiopental, stéroïdes, prostaglandines, papavérine). Aucune de ces mesures à elle seule n’a fait la preuve flagrante de son efficacité, mais plusieurs études cliniques ont pu démontrer une diminution de la fréquence des paraplégies lors de leur association judicieuse [36, 37, 40–45]. Dans notre collectif mixte d’anévrismes et de dissections, l’incidence des paraplégies a pu être abaissée de manière significative, de 8,8% à 2,6% [46, 47]. Dans une étude prospective randomisée sur la technique du drainage du liquide céphalorachidien, 3 mois après l’opération, 7% des patients étaient encore paraplégiques et 7% paraparétiques (dont les 2⁄3 étaient néanmoins capables de marcher) [48]. L’insuffisance rénale postopératoire a elle aussi un effet négatif non négligeable sur le pronostic à long terme. Svensson et al. [35] ont pu montrer que la survie à 5 ans de patients en insuffisance rénale à dialyser ou non en postopératoire, avec respectivement 7% et 49%, est significativement moins bonne que celle des patients sans insuffisance rénale, de 69%. Les facteurs de risque d’insuffisance rénale postopératoire sont l’âge, le sexe masculin, des troubles de la perfusion et de la fonction rénale préopératoires, un status après accident cérébrovasculaire et la durée de l’ischémie rénale peropératoire. Les complications respiratoires sont fréquentes du fait qu’il s’agit souvent de patients fumeurs ayant une BPCO, mais contrairement à l’insuffisance rénale, elles n’ont aucune répercussion sur le pronostic à long terme. Dans des situations choisies, l’anévrisme peut être exclu par un stent intra-aortique (figure 5) [49–56]. Ce stent est mis en place sous contrôle endoscopique par voie fémorale ou iliaque. Il existe en outre des techniques hybrides [57, 58], chirurgicales et interventionnelles. C U R R I C U LU M Les premiers résultats de ces méthodes sont encourageants, leurs complications sont nettement moins nombreuses que celles des techniques chirurgicales ouvertes, surtout en urgence. Mais il reste encore plusieurs problèmes à long terme, comme la persistance ou l’apparition d’«endoleaks», la migration du stent et la réaction à long terme du matériel. Dissection aortique La dissection aortique (figure 6a, b) est définie par une infiltration de la média par du sang extraluminal dans la paroi aortique. Physiopathologiquement, il se produit une déchirure de l’intima avec infiltration de sang dans la média, pouvant s’étendre aussi bien de façon antérograde que rétrograde en direction proximale. La dissection provient rarement d’un hématome intramural de la paroi aortique, sans déchirure intimale [59, 60]. L’infiltration de sang produit en peu de temps une seconde lumière perfusée, ou fausse lumière, qui s’étend rapidement et peut comprimer la vraie lumière au point de donner un gradient de pression hémodynamiquement significatif entre les moitiés supérieure et inférieure du corps (pseudocoarctation). Sous l’effet des multiples fissures de la membrane entre la vraie et la fausse lumière, plusieurs interconnections se forment entre ces deux lumières, appelées «entries» et «re-entries». La dissection compromet la circulation dans les artères partant du segment touché par différents mécanismes: déchirure de la paroi de la vraie lumière de l’artère et perfusion uniquement par la fausse lumière, compression par la fausse lumière sous pression, progression de la dissection dans la branche artérielle, ou formation de «flaps» intimaux à l’origine de l’artère, le tout pouvant entraîner une malperfusion avec ischémie d’organes. La dissection affaiblit la paroi aortique, ce qui favorise en phase aiguë la rupture avec tam- Figure 5. TC de l’aorte descendante avec stentgraft (A) in situ. Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 43 ponnade péricardique, exsanguination interne et décès, et en phase chronique la dilatation secondaire de l’aorte (figure 7). Les dissections proximales de type A (v. ci-dessous), ont souvent tendance à l’extension rétrograde jusqu’à la portion sinusale, avec risque d’insuffisance aortique aiguë, d’occlusion coronaire (surtout de la droite) ou de pénétration dans le septum ventriculaire avec bloc AV ou insuffisance mitrale aiguë. Les classifications internationales de Stanford type A et B (figure 6a, b) [61] ou de DeBakey type I–IIIb [62] sont utilisées pour décrire dissection. Elles tiennent compte de la localisation de la déchirure intimale initiale et de l’extension distale de la dissection. La classification simple de Stanford donne immédiatement le management thérapeutique, les dissections de type A avec implication de l’aorte ascendante et/ou de l’arc aortique proximal doivent être traitées par une opération en urgence, et les dissections de type B limitées à l’aorte thoracique descendante généralement de manière conservative. L’incidence de la dissection aortique n’est pas précisément connue, mais selon des estimations se basant sur l’incidence des dissections diagnostiquées, des causes de décès recensées et de la relation connue entre le nombre des dissections et des anévrismes avec rupture de l’aorte abdominale, elle devrait se situer autour de 10/100 000 habitants/an, soit plus fréquente que la rupture d’un anévrisme de l’aorte abdominale [5]. L’étiologie de la dissection aortique n’est pas certaine. Les dissections sont cependant associées dans 75–90% des cas à la nécrose kystique de la média et à l’hypertension artérielle. L’athérosclérose par contre n’est probablement pas impliquée comme facteur étiologique des dissections, mais tout au plus dans le cadre de la rupture d’une plaque ulcérée pénétrante [60]. Il y a de rares causes iatrogènes et traumatiques, après cathétérisme cardiaque par exemple, opérations cardiaques ou traumatismes par décélération. Les facteurs de risque d’une dissection sont l’hypertension artérielle, le syndrome de Marfan et d’autres syndromes de faiblesse du tissu conjonctif, la grossesse, des anomalies congénitales de la valve aortique, la coarctation et l’anévrisme aortique. Les dissections au stade aigu déclenchent des douleurs typiques, telles que douleurs thoraciques foudroyantes, syncopes et valeurs tensionnelles d’hypertension. La douleur est typiquement à début rétrosternal dans les dissections A, interscapulaire dans les B, et elle se déplace vers la région lombaire. Une symptomatologie variable avec variations fugitives du pouls est elle aussi relativement typique, et l’absence de pouls est un signe de circulation compromise et de pronostic très nettement plus C U R R I C U LU M Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 44 Figure 6. a. Dissection aortique de type A selon Stanford, partant de l’aorte ascendante. Flèche noire: flux à travers la déchirure de l’intima de la vraie (rouge) vers la fausse (sombre) lumière. b. Dissection aortique de type B selon Stanford, partant de l’aorte descendante. Flèche noire: flux à travers la déchirure de l’intima de la vraie (rouge) vers la fausse (sombre) lumière. a b mauvais [63]. En phase aiguë, une proportion élevée de dissections fait craindre de graves complications: sous la forme d’un hémopéri- carde avec tamponnade dans les dissections A, avec rupture extrapéricardique et exsanguination dans la cavité pleurale gauche ou dans l’abdomen, ischémie myocardique et/ou cérébrale dans les quelques heures à jours suivants chez presque tous les patients. Le transfert rapide du patient dans un centre hospitalier en vue d’un traitement chirurgical en urgence est donc indiqué dans la plupart des cas. Le patient doit si possible ne pas être intubé pour le transfert, pour qu’il soit possible d’en faire encore l’examen neurologique immédiatement avant l’opération. Il faut en outre mettre en route un traitement médicamenteux stabilisant son système vasculaire. Dans les dissections B par contre, le traitement conservateur est prioritaire, avec médicaments hypotenseurs, bêtabloquants de préférence. Un traitement interventionnel ou chirurgical doit également être entrepris rapidement dans les complications aiguës des dissections B, dont la menace de rupture, la dilatation secondaire de l’aorte à plus de 6 cm, la manifestation d’une malperfu- Figure 7. IRM d’une dissection chronique de l’aorte descendante avec dilatation secondaire (*); (>) vraie lumière. C U R R I C U LU M sion viscérale, spinale ou périphérique, et d’une pseudocoarctation par compression de la vraie lumière par la fausse sous pression, avec hypertension réfractaire au niveau de la moitié supérieure du corps. L’évolution spontanée des dissections aiguës de type A est elle aussi mauvaise. Seuls 50% des patients survivent plus de 24 heures, 20% plus d’une semaine [5, 64]. Si la phase aiguë est surmontée, les complications à moyen et long terme menacent, avec dilatation anévrismale du segment disséqué (figure 8), rupture secondaire et ischémies d’organes, surtout pour le type B. En l’absence de traitement, la survie à 2 ans n’est que de 10% pour les dissections A et de 40% pour les B [5]. La guérison spontanée par thrombose de la fausse lumière ne s’observe que dans 20% des cas. Dans les dissections de tpye A, pour des raisons de temps, les examens se limitent surtout à l’exclusion d’un infarctus du myocarde et à la confirmation du diagnostic par angio-TC et/ou échocardiographie transœsophagienne (TTE). Dans les dissections de type B, il est recommandé d’effectuer une angio-TC ou une IRM du thorax et de l’abdomen (figure 7c). Mais pour des raisons pronostiques, l’évolution spontanée est plus importante que l’extension exacte de la dissection. Les patients ayant en préopératoire des symptômes neurologiques, un choc cardiogène majeur, des douleurs thoraciques aiguës foudroyantes, une rupture aortique, un ECG pathologique, ceux de plus de 70 ans, et ceux avec une absence de pouls périphérique et une insuffisance rénale ont un mauvais pronostic [65]. Les dissections de type A sont opérées par sternotomie (figure 9). Le but de l’intervention est de remplacer l’aorte ascendante, et dans des situations choisies (par ex. syndrome de Marfan) toute la racine aortique, avec ou sans valve. Ce qui permet d’éliminer le risque de complications à proximité du cœur, pratiquement toujours fatales, et surtout la tamponnade. En raison des troubles de la coagulation résultant de la dissection aiguë, encore accentués par la CEC, un bon management périopératoire de la Figure 8. Vue peropératoire d’une dissection aortique de type A: (+) vraie lumière avec vue de la valve aortique; (*) fausse lumière. Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 45 coagulation est indispensable, avec substitution énergique des dérivés sanguins nécessaires au terme de l’intervention. La mortalité postopératoire précoce est de 15 à 20% [5, 6, 66–70], et l’absence de facteurs de risque en préopératoire peut l’abaisser à env. 7% seulement [67]. Dans notre collectif global, la mortalité à 30 jours est de 13,7% [46]. Une insuffisance de plusieurs organes survient dans 20% des cas, un infarctus périopératoire et un syndrome de petit débit dans 20%, des déficits neurologiques dans 5–10%, une insuffisance rénale dans 20%, des complications respiratoires dans 20% et des hémorragies postopératoires dans jusqu’à 30% des cas. En raison du très mauvais pronostic, il faut tenir compte des facteurs suivants comme contre-indications relatives à l’opération: âge supérieur à 75 ans, mais des études récentes ont pu obtenir des résultats précoces acceptables chez des patients de plus de 80 ans [71–73], déficits neurologiques confirmés en préopératoire, choc prolongé avec réanimation en préopératoire, et comorbidité notable susceptible d’abréger la vie. Ultérieurement, en cas de complications à long terme telles que dilatation de segments chroniquement disséqués (se rencontrant chez 30% des patients), pseudocoarctation, rupture, fistules aorto-entériques et anévrismes anastomotiques chez des patients déjà opérés, de nouvelles interventions peuvent s’avérer nécessaires. Une thrombose spontanée de la fausse lumière ne s’observe que chez 7% des patients. Dans les dissections de tpye B, 40% env. des patients doivent subir à plus ou moins long terme un traitement chirurgical ou interventionnel en raison de complications [74]. Ce qui souligne l’importance d’une prise en charge structurée. Jusqu’à 18% présentent une rupture fatale, et les vieillards surtout, de même que les patients souffrant de BPCO et d’hypertension artérielle, courent un risque particulier. L’opération consiste à remplacer le segment atteint par une prothèse et/ou de fenestrer, c.-à-d. résection partielle de la membrane de dissection en direction proximale et distale. Cette fenestration assure une perfusion homogène et des pressions équilibrées aussi bien dans la vraie que dans la fausse lumière, et se pratique de préférence aussi en cas d’ischémie d’organes. Auquel cas l’intervention doit éventuellement être complétée par un pontage, de préférence de l’artère iliaque non disséquée vers l’artère de l’organe touché. Dans les dissections de tpye B aiguës et compliquées, les complications sont nettement plus nombreuses qu’après des opérations d’anévrismes de l’aorte thoracique, en raison de la sélection négative des patients, du pourcentage élevé de dissections aiguës récentes, des difficultés techniques sur un tissu aortique fragile et des troubles aigus de la coa- C U R R I C U LU M Figure 9. Stratégie de traitement des anévrismes de l’aorte thoracique. Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 46 Anévrisme symptômes? oui chirurgie non aorte ascendante crosse aortique aorte descendante TTE CT/ MRI CT/ MRI IA grave largeur > 5–5.5 cm Cave: Marfan largeur > 6 cm non oui oui chirurgie conservatif chirurgie suivi 6 –12 mois non augmentation >1 cm/ année symptômes largeur gulation. La mortalité est de 10–65%, dont la moitié est due à une exsanguination peropératoire, l’incidence des paraplégies de 13,6–35%, les complications respiratoires et viscérales, l’insuffisance rénale et les hémorragies peuvent atteindre 35% [74–77]. Les résultats à court terme des interventions pour dissections B chroniques sont par contre comparables à ceux des opérations des anévrismes thoraciques, et l’incidence des paraplégies est encore plus faible [78–80]. oui Le traitement de la dissection B aiguë par «stentgraft» a encore peu été pratiqué. Bien que la fermeture de la déchirure de l’intima ou la compression de la membrane disséquante par le stent ait théoriquement un sens, la malperfusion peut persister et effacer le bénéfice d’une telle intervention. Une autre possibilité de traiter l’ischémie aiguë est la fenestration interventionnelle [51, 68, 81, 82]. Sous contrôle échographique intravasculaire (IVUS) et échocardiographie transœsophagienne, cette mé- C U R R I C U LU M thode peut parfaitement être salvatrice entre des mains expertes [83]. Suivi Après des interventions proches du cœur, et en présence d’évolutions compliquées, une réadaptation cardiovasculaire structurée est de mise. La qualité de vie après intervention sur l’aorte thoracique est globalement très bonne, moins pour les patients victimes d’une dissection aiguë que pour ceux opérés d’un anévrisme. Une analyse de notre collectif au moyen du questionnaire SF-36 n’a montré que de discrets déficits par rapport à une population standard, en matière de fonctions et de douleurs physiques [46]. Des contrôles réguliers sont très importants pour tous les patients, pour diagnostiquer à temps les éventuelles complications à long terme. Pour ce faire, nous avons organisé dans notre hôpital une consultation aortique, pour faciliter le premier diagnostic des patients qui nous sont adressés pour un consilium, et contrôle complet des patients déjà traités. L’examen clinique doit généralement être complété par l’imagerie diagnostique de l’aorte dans son ensemble, la plupart du temps par angio-TC ou IRM, et pour les interventions proches du cœur par échocardiographie, de manière à pouvoir exclure spécifiquement les problèmes potentiels à long terme de l’aorte remplacée et de l’aorte native. Les intervalles recommandés entre les contrôles sont de 6 mois si les examens sont à la limite de la normale, sinon contrôle annuel puis tous les 5 ans après 3–5 ans. Après implantations de stentgrafts, il est judicieux de demander un contrôle radiologique tous les 6 mois, chaque année après 2 ans, et à vie du fait de l’absence de résultats à long terme. Le traitement médicamenteux des facteurs de risque cardiovasculaires revêt une importance majeure. L’hypertension artérielle doit de préférence être traitée par bêtabloquants. Les greffes aortiques ne sont pas une indication aux inhibiteurs de l’adhésivité plaquettaire, ni aux anticoagulants oraux. En cas de persistance d’une dissection, il faut veiller à une bonne régulation des selles et éviter tout effort de soulever des charges. Il s’agit d’envisager un changement de profession pour les rares patients devant accomplir un travail physique lourd. Les jeunes patients Marfan surtout, de même que les patients victimes d’une dissection aiguë, ont en outre besoin d’un accompagnement psychologique et de soutien, car les dépressions réactionnelles sont très fréquentes après de tels accidents potentiellement fatals, qui désécurisent considérablement les patients. Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 47 Réponses à des questions souvent posées Des questions très importantes surgissent souvent pour le médecin traitant en relation avec les anévrismes aortiques. – Mon patient a un anévrisme qui lui fait mal, mais dont la taille n’est pas une indication à un traitement chirurgical. Dois-je être inquiet pour lui? – La réponse est: oui! Les dimensions citées, base de l’indication, ne sont valables que pour les anévrismes asymptomatiques. Tout anévrisme symptomatique doit être opéré, car les symptômes annoncent la rupture. La douleur résulte de l’extension et de l’irritation de l’adventice aortique, de la paroi thoracique voisine, ou de la compression de structures voisines. Des anévrismes plus petits peuvent également disséquer ou se rupturer. Vous devez donc adresser sans tarder votre patient au spécialiste cardiovasculaire. – Comment savoir si la douleur provient de l’anévrisme ou a une autre étiologie, par ex. musculosquelétaire? – C’est une question très importante, dont la réponse n’est pas toujours si simple. Si la douleur varie avec les mouvements ou la position, elle est probablement d’origine musculosquelétaire. S’il y a une anamnèse de dorsalgies partant de la colonne, la douleur n’est probablement pas celle d’un anévrisme. Mais si elle est à localisation interscapulaire, la relation avec un anévrisme aortique thoracique est très probable. En cas de doute, et en l’absence de toute autre étiologie, il faut absolument partir du principe que cette douleur provient de l’aorte. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de prévenir de graves complications, rupture ou dissection. – Dois-je aussi examiner la famille de mon patient à la recherche d’un anévrisme de l’aorte? – Un examen de la famille proche est recommandé en fonction des relations connues aujourd’hui sur l’hérédité et l’incidence familiale des anévrismes aortiques. Les hommes et les femmes non en âge de concevoir peuvent être examinés par angioTC du thorax et de l’abdomen, et les enfants, de même que les femmes en âge de concevoir, par échocardiographie transthoracique et échographie abdominale. Dans un avenir proche, il devrait y avoir des techniques de screening aptes à identifier les marqueurs humoraux ou génétiques. – Dois-je recommander à mon patient d’éviter tout effort physique excessif? – Nous savons que chez les haltérophiles, la tension artérielle peut atteindre des pointes de 300 mmHg sous effort maximal. De tels efforts ne seraient pas sans danger pour un patient ayant un anévrisme, cela va de soi. C U R R I C U LU M Forum Med Suisse No 3 15 janvier 2003 Quintessence Les pathologies aortiques sont potentiellement fatales et leur diagnostic peut être difficile en raison de leur symptomatologie très variable. En présence de symptômes, il faut donc y penser dans le diagnostic différentiel. L’imagerie diagnostique, et surtout l’angio-TC, l’IRM et l’échocardiographie 48 Les activités physiques en aérobie, telles que marche, natation et vélo sont inoffensives. Il faut par contre éviter les sports de contacts, tels que le football, de même que ceux qui impliquent des secousses physiques importantes, comme le ski, le snowboard, et l’équitation. sont les techniques d’examen de choix. Il faut absolument examiner l’aorte sur tout son trajet. Sous l’angle diagnostique, thérapeutique, pronostique et didactique, il faut faire la distinction très nette entre anévrisme et dissection aortique. Les dissections sont des pathologies complexes, du ressort du spécialiste. Le timing et l’indication au traitement interventionnel ou chirurgical doivent entrer dans un concept de traitement global à long terme (figure 9). Ce qui comprend les examens préopératoires et les connaissances les plus récentes en matière d’estimation des risques, le recours aux techniques interventionnelles et chirurgicales les plus modernes, et un suivi bien organisé. Ce dernier a une importance capitale pour diagnostiquer à temps les problèmes à plus long terme. Les techniques chirurgicales actuelles et les options thérapeutiques plus nombreuses des techniques de cathétérisme interventionnel, grâce à leurs résultats très nettement améliorés, permettent aujourd’hui de traiter même des patients ayant une comorbidité non négligeable et un âge avancé. La chirurgie de l’aorte thoracique est très délicate, même entre des mains expertes, et seule une médecine de pointe interdisciplinaire est garante de bons résultats. Références 1 Kunzelman KS, Grande KJ, David TE, Cochran RP, Verrier ED. Aortic root and valve relationships. Impact on surgical repair. J Thorac Cardiovasc Surg 1994;107:162-70. 2 Pearce WH, LeMaire S, Salyapongse AN, Feinglass J, McCarthy WJ, J.S.;Yao. Aortic diameter as a function of age, gender, and body surface area. Surgery 1993;114:6917. 3 Bickerstaff LK, Pairolero PC, Hollier LH, Melton LJ, Van Peenen HJ, Cherry KJ,et al. Thoracic aortic aneurysms: a population-based study. Surgery 1982;92:1103-8. 4 Crawford ES, Cohen ES. Aortic aneurysm: a multifocal disease. Arch Surg 1982;117:1393-400. 5 Svensson LG, Crawford ES. Aortic dissection and aortic aneurysm surgery: clinical observations, experimental investigations, and statistical analyses. Part II. Curr Probl Surg 1992;29:913-1057. 6 Svensson LG, Crawford ES. 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