Ravel de Jean Echenoz
Complément en ligne
Nouvelle Revue Pédagogique - Lycée / n° 46 / septembre 2011 1
Texte 2
Né en 1798, mort en 1874, Jules Michelet est connu
pour avoir été l’un des principaux historiens du XIXe siècle ; on
lui doit notamment une monumentale Histoire de France.
Le Temple, comme tous les ordres militaires, dérivait de Citeaux.
Le réformateur de Citeaux, saint Bernard, de la même plume qui
commentait le Cantique des Cantiques, donna aux chevaliers leur règle
enthousiaste et austère. Cette règle, c’était l’exil et la guerre sainte
jusqu’à la mort. Les templiers devaient toujours accepter le combat,
fut-ce d’un contre trois, ne jamais demander quartier, ne point donner
de rançon, pas un pan de mur, pas un pouce de terre. Ils n’avaient pas
de repos à espérer. On ne leur permettait pas de passer dans des ordres
moins austères.
« Allez heureux, allez paisibles, leur dit saint Bernard ; chassez
d’un cœur intrépide les ennemis de la croix de Christ, bien sûrs que ni
la vie ni la mort ne pourront vous mettre hors l’amour de Dieu qui est
en Jésus. En tout péril, redites-vous la parole : Vivants ou morts, nous
sommes au Seigneur… Glorieux les vainqueurs, heureux les martyrs ! »
Voici la rude esquisse qu’il nous donne de la fi gure du templier :
« Cheveux tondus, poil hérissé, souillé de poussière ; noir de fer, noir
de hâle et de soleil… Ils aiment les chevaux ardents et rapides, mais
non parés, bigarrés, caparaçonnés… Ce qui charme dans cette foule,
dans ce torrent qui coule à la Terre-Sainte, c’est que vous n’y voyez que
des scélérats et des impies. Christ d’un ennemi se fait un champion ;
du persécuteur Saul, il fait un saint Paul… » Puis, dans un éloquent
itinéraire, il conduit les guerriers pénitents de Bethléem au Calvaire, de
Nazareth au Saint-Sépulcre.
Le soldat a la gloire, le moine le repos. Le templier abjurait l’un
et l’autre. Il réunissait ce que les deux vies ont de plus dur, les périls et
les abstinences. La grande affaire du Moyen Âge fut la guerre sainte, la
croisade ; l’idéal de la croisade semblait réalisé dans l’ordre du Temple.
C’était la croisade devenue fi xe et permanente, la noble représentation
de cette croisade spirituelle, de cette guerre mystique que le chrétien
soutient jusqu’à la mort contre l’ennemi intérieur.
Jules Michelet,
Histoire de France
(1833-1867).
Corpus
Texte 1
Historien latin ayant vécu entre le Ier et le IIe s. après
J.-C., Suétone est célèbre pour sa Vie des douze Césars, qui
comprend les biographies de Jules César à Domitien.
On sait que Germanicus réunissait, à un degré que n’atteignit
jamais personne, tous les avantages du corps et les qualités de l’esprit,
une beauté et une valeur singulières, une profonde érudition et une
haute éloquence dans les lettres grecques et les lettres latines, une
bonté d’âme admirable, le plus grand désir de se concilier et de mériter
l’affection de ses semblables, et le plus merveilleux talent pour y réussir.
La maigreur de ses jambes n’était pas en harmonie avec sa beauté ;
mais il y remédia peu à peu par l’habitude de monter à cheval après ses
repas. Il tua plusieurs ennemis de sa main. Il plaida des causes, même
après son triomphe. Entre autres monuments de ses études, il nous
reste de lui des comédies grecques. Il était également affable dans sa
vie privée et dans sa vie publique. Il entrait sans licteurs dans les villes
libres et alliées. Il honorait de sacrifi ces funéraires tous les tombeaux
des hommes illustres. Ce fut lui qui recueillit le premier de ses mains et
renferma dans un même sépulcre les ossements blanchis et dispersés des
guerriers morts dans la défaite de Varus. Il n’opposait indistinctement
que la douceur et la modération à tous ses détracteurs, quelle que fût
la cause de leur inimitié. Il ne témoigna de ressentiment à Pison, qui
avait révoqué ses décrets et maltraité ses clients, que lorsqu’il s’aperçut
qu’il l’accusait de maléfi ces et de sortilèges. Alors même il se contenta,
selon la coutume de nos aïeux, de renoncer publiquement à son amitié,
et de confi er aux siens le soin de sa vengeance, s’il lui arrivait quelque
malheur.
Suétone,
Vie des douze Césars
, trad. Désiré Nisard, 1855.
5
10
15
20
5
10
15
20
25
30
09111322_COMPLEMENT-1.indd 109111322_COMPLEMENT-1.indd 1 01/08/11 14:1001/08/11 14:10
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !