Bilan Atelier artistique du lycée Jean Renoir, Bondy, niveau Terminale

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Bilan Atelier artistique du lycée Jean Renoir, Bondy, niveau Terminale (2008-2009).
Rédigé par Claire Bucquet après concertation avec les partenaires
- Atelier artistique. Partenariat avec la MC93, Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis
- Enseignante : Claire Bucquet
- Artiste intervenant : Sophie Lagier (pour La Compagnie Jean-Michel Rabeux)
- Nombre d’élèves participant à l’atelier : 17 au début de l’année. 14 jusqu’à la fin (11 filles et 3
garçons).
- Modalités : 3 heures par semaine le jeudi après-midi (16h-19h)
Lors du premier cours, plus de 25 élèves sont venus pour avoir une approche du projet proposé
dans le cadre de l’atelier artistique. 15 ont décidé de s’inscrire après avoir participé à quelques
exercices d’initiation à la pratique théâtrale et après avoir pris connaissance du projet autour des
auteurs contemporains français et de leur langue. Une dizaine de ces élèves n’avait encore jamais
eu l’occasion de faire un atelier de pratique théâtrale. Comme l’an dernier, Sophie Lagier est
intervenue dans l’atelier. Les interventions ont été plus régulières et plus fréquentes que l’année
précédente grâce aux financements de la DRAC, de la DAAC et du Lycée.
Le projet collectif : les auteurs contemporains français et leur langue
Nous avions pensé, en juin 2008, travailler différents textes de Jean Genet dans le cadre de
l’atelier. En septembre, nous avons décidé de changer de projet. Il nous a paru moins difficile
d’aborder plusieurs auteurs contemporains pour des élèves débutants. De plus nous avions envie
d’approfondir le travail fait (notamment) sur la langue de Novarina l’année précédente. Sophie
Lagier m’a proposé une sélection de pièces d’auteurs contemporains français. Il s’agissait de les
aborder en se posant la question de la langue de ces auteurs : comment la travailler sur le
plateau ? J’ai été séduite par le choix des textes et j’ai approuvé la proposition de Sophie.
Nous avons décidé de procéder différemment de l’année précédente afin d’éviter certains écueils
rencontrés. Dès le début de l’année nous avons présenté le projet aux élèves et nous leur avons
demandé de lire les pièces retenues : Le repas de Novarina, Music-Hall de Lagarce, Suite 1 de
Minyana, Roberto Zucco de Koltès, Croisements, Divagations de Durif et Courtes pièces de Noëlle
Renaude. Un peu plus tard, nous avons également proposé aux élèves quelques extraits des
Litaniques de Rebotier. Les élèves devaient choisir eux-mêmes une ou plusieurs scènes qu’ils
souhaitaient travailler. Nous avons voulu les inciter à avoir plus d’autonomie que l’année
précédente car nous avions constaté qu’en commençant le projet de manière plus tardive, les
élèves avaient tendance à attendre qu’on les guide et qu’on choisisse leurs scènes à leur place.
Parallèlement, nous avons proposé une série d’exposés à présenter par groupe sur ces différents
auteurs (sans notes en mains).
Sophie Lagier était présente environ un cours sur deux. Lors des séances où j’intervenais sans
elle, j’ai mis en place des échauffements et des exercices d’initiation au travail sur le corps dans
l’espace, au placement de la voix, au travail de l’imaginaire. J’ai profité également de ces séances
pour parler de l’organisation des sorties, du déroulement de l’épreuve facultative du Baccalauréat,
de la constitution d’un journal de bord afin de préparer le dossier à rédiger pour le Bac. J’ai initié
les élèves à l’écriture d’un commentaire de spectacle et me suis appuyée sur leurs propres travaux
pour les aider à construire leur réflexion. Certains textes théoriques ont également été abordés
avec Sophie pour réfléchir à la langue des auteurs contemporains français (textes et entretiens de
Minyana, Koltès, Artaud).
Très vite les élèves ont procédé à des lectures et expliqué pourquoi ils avaient choisi une scène
plutôt qu’une autre. Il était frappant de voir qu’une majorité était tentée par Roberto Zucco, non
pour la langue de l’auteur mais parce que c’était la pièce la plus proche des écritures que les élèves
connaissaient : la seule où il y avait une histoire clairement identifiable. Les élèves ont d’abord été
déconcerté par Music-Hall (« on ne comprend rien à ce que ça raconte, on l’a lu plusieurs fois,
mais on ne comprend toujours rien ), et par Le repas. Ce n’est que progressivement que ces
écritures et cette langue ont fait sens pour eux, et ce grâce au travail de plateau. Les élèves ont
appris à aborder le texte comme une partition musicale (notamment en travaillant des scènes
collectives à partir des textes de Rebotier er Renaude) à interpréter et à travailler la langue comme
une matière (notion de langue organique). Ils se sont intéressés à la forme du langage, aux
caractéristiques du théâtre contemporain : distinction entre figure et personnage, entre partie,
séquence et acte. Ils ont pu voir que la forme donne le sens, que le rythme est à interpréter
(spécificité de la ponctuation, tirets, absence de ponctuation…), particularité de la typographie
(retours à la ligne…). Nous avons procédé à des exercices de profération et à un va-et-vient entre
le texte et la scène sans négliger l’enjeu de chaque scène.
Les spectacles et les actions culturelles : six spectacles vus dans le cadre de
l’enseignement
Dans le cadre du partenariat avec la MC93, Adeline Préaud, chargée des relations avec le public à
la MC93 a présenté la saison aux élèves. Tous ont vu au moins trois spectacles à la MC93 dont :
- Mesure pour mesure de Shakespeare, mis en scène par Jean-Yves Ruf,
- Le corps furieux, mis en scène par Jean-Michel Rabeux. Les élèves ont pu rencontrer le metteur en
scène au lycée après avoir vu le spectacle. Ce dernier a suscité un enthousiasme très fort de la part
des élèves. Il a bouleversé leur conception du théâtre. Huit élèves du groupe ont pris l’initiative
d’aller revoir le spectacle. Jean-Michel est venu pour la troisième année consécutive au lycée. Il
éveille à chaque fois l’intérêt des élèves qui sont toujours captivés par son discours sur le théâtre
(notamment sur la question du corps) et par les échanges qu’ils peuvent avoir avec lui.
- La nuit de l’iguane de Tennessee Williams, mis en scène par Georges Lavaudant.
Les élèves ont également assisté à trois autres spectacles :
- La tragique histoire du nécromancien Hieronimo et de son miroir, création dirigée par Françoise
Rivalland. Théâtre Paris-Villette (dans le cadre d’un partenariat avec le lycée). Ce spectacle a été
préparé par une rencontre en amont avec Lila Destelle, chargée des relations avec le public au
Théâtre Paris-Villette,
- Fantasio de Musset, mis en scène par Denis Podalydès à la Comédie-Française (dans le cadre
d’un partenariat avec le lycée),
- Un si funeste désir, mis en scène par Cédric Orain au Théâtre de la Bastille (dans le cadre du
partenariat avec La Compagnie Jean-Michel Rabeux). Afin de préparer les élèves au spectacle de
Cédric Orain, une action culturelle Tick’art a eu lieu au sein du lycée : « Rêves et cauchemars sur
le plateau », animée par le metteur en scène d’Un si funeste désir. Les élèves ont eu l’occasion de
pratiquer de nouveaux exercices, de lire un conte sur le plateau, de réfléchir à la manière de le dire
pour en faire du théâtre, de participer à des improvisations en racontant ou en évoquant un
cauchemar.
Nombre d’élèves se sont inscrits pour voir d’autres spectacles présentés par Margot Quénéhervé,
chargée des relations avec le public à La Compagnie : il s’agit de spectacles qui se déroulent dans
le cadre du festival TRANS qui a lieu au Théâtre de la Bastille (juin 2009).
Bilan : points forts et points faibles
Les points faibles :
- Un souci en début d’année scolaire avec des élèves de ST2S qui s’étaient inscrits pour
suivre l’atelier. Ils ont appris un mois plus tard qu’ils n’avaient pas le droit de passer l’épreuve
facultative de Théâtre. Certains ont alors décidé d’arrêter de suivre l’atelier. Encore plus tard, il a
finalement été déclaré que les élèves de ST2S pourraient présenter l’épreuve mais les élèves qui
avaient abandonné ne sont pas revenus.
- Quelques problèmes d’absentéisme qui ont légèrement freiné le projet collectif. Cette année,
la plupart des élèves était vraiment soudée. Seuls deux élèves ont posé quelques problèmes à
cause de leur manque d’implication dans le travail collectif. L’un a abandonné en cours d’année,
l’autre, malgré son attitude un peu en retrait par rapport aux autres, a réussi à s’intégrer tout de
même.
- Les contrariétés occasionnées par une salle polyvalente pas toujours disponible : les
cours ont lieu dans la salle polyvalente du lycée. Celle-ci est réservée pour l’atelier tous les jeudis
de 16h à 19h. Cependant, nombre de réunions importantes ont dû se dérouler dans cette salle
pendant la plage horaire de l’atelier. Nous avons donc dû nous déplacer au moins six fois dans
l’année et travailler dans une salle de cours, sans matériel. Plus le projet avance et plus ces
changements de salle deviennent embarrassants.
Les points forts : ils sont particulièrement présents cette année.
- Les résultats : les élèves ont présenté leur projet collectif une première fois dans le cadre de
l’épreuve facultative du Baccalauréat. La moyenne obtenue par le groupe constitué de 14 élèves
est de 17,3 (contre 16,2 l’an dernier et 16,3 en 2007). Les notes du Bac se sont échelonnées de 15
à 19/20. L’excellente implication du groupe dans le projet collectif a permis d’obtenir de tels
résultats. Nous avons pu particulièrement mettre en avant des scènes collectives cette année (ce
qui n’avait pas été possible l’an dernier à cause des effectifs trop importants et de l’absentéisme
ponctuel).
- La présentation de travaux à la MC93. Pour la première fois depuis la création de l’atelier, les
élèves ont pu présenter leurs travaux à la MC93 et non dans la salle polyvalente du lycée. Cette
présentation intitulée Quelle est cette langue étrange dans ma bouche étrangère ? a eu lieu le 4 juin. Cela a
été une véritable chance pour les élèves de présenter leurs travaux dans un théâtre. Cette
dimension manquait aux présentations des années précédentes. L’espace scénique et le travail des
lumières étaient beaucoup plus riches cette année grâce à la MC93.
- La captation faite par un professionnel. C’est une nouveauté aussi cette année : les élèves ont
été filmés lors de la représentation par Grégory Métay. Nous pourrons ainsi bénéficier d’une
trace de notre travail.
- Les effectifs et la complicité du groupe. Cette année, le groupe était composé de 14 élèves,
ce qui a permis de présenter un projet plus abouti que celui de l’an dernier (pour lequel les
effectifs étaient tout de même un peu trop nombreux). Le groupe a été très soudé, curieux,
désireux de découvrir de nouvelles formes, enthousiaste, créatif, investi, reconnaissant.
- L’enrichissement culturel et la sensibilisation au théâtre contemporain. Les élèves ont
tous trouvé cette année très enrichissante. Ils disent s’être fait une autre idée du théâtre et ont
développé leur capacité à émettre un jugement approfondi sur les différents spectacles vus. Ils
ont appris à s’éloigner des conventions théâtrales et à être inventifs sur scène. Ils ont pour la
plupart découvert le théâtre contemporain.
- Des élèves en difficulté dans le cadre scolaire se sont montrés très engagés et
responsables. Nous le constatons tous les ans. C’est une réelle satisfaction de voir des élèves
développer leur créativité au sein de l’atelier. Ils peuvent mettre en avant des compétences qui ne
sont pas toujours reconnues dans le cadre scolaire : implication dans un projet collectif,
inventivité, créativité.
- Les interventions régulières de Sophie Lagier. Cette année, l’artiste intervenant dans l’atelier
a été plus présente, ce qui s’est ressenti dans la qualité du projet. L’entente dans le travail a été
très bonne et notre collaboration a été enrichissante pour les élèves. Ce fut une année
particulièrement stimulante.
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