2010 : 50 aNs d`iNdépeNdaNce, uN soMMet pour uN Nouveau

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N°7
La référence afro-caribéenne
Mai 2010
2010 : 50 ans d'indépendance, un
Sommet pour un nouveau départ?
maroc :
UNE vie politique
mal en point
Politique
Invité du Mois :
le congolais
Maurice Nguesso
4
Ne pas jeter sur la voie publique
Invité du mois
Djibouti : la plus
grande base aéronavale multinationale du monde
14
Société
Côte d'ivoire :
La paix ou la guerre
à tout prix
20
dossier
22
Sénégal :
Le sopi fête ses dix
Bougies !
culture
24
Le cinquantenaire ou le début d’une seconde indépendance des ex-colonies françaises
O
n est subjugué par les discours discordants des dirigeants des pays
africains qui commémorent au cours
de l’année 2010, le 50ème anniversaire de leur indépendance et aussi l’attitude
jugée paternaliste voire néocolonialiste de la
France vis-à-vis de ses ex-colonies. On voit se reproduire devant nous, dans un contexte évidemment anachronique, les deux dernières années qui
ont précédé la décolonisation des pays africains.
On se souvient qu’en 1958, face à la pression des
élites africaines, le général de Gaulle, ragaillardi
par la libération de la France et la victoire des alliés sur les Nazi, avait jeté comme un pavé dans la
mare, deux alternatives. L’une à laquelle il s’était
résolument engagé, défendant l’idée d’une Communauté d’ailleurs inscrite dans la Constitution de
la Ve République. Celle-ci était synonyme d’une inféodation des colonies à la France, portée par le
député Félix Houphouët Boigny de Côte d’Ivoire
et ses amis de la RDA (Rassemblement démocratique africain), et à l’opposé, l’alternative d’une indépendance immédiate ayant pour conséquence
la rupture de tout accord de coopération avec la
Métropole que seule la Guinée de Sékou Touré
avait courageusement choisie.
50 ans après ces événements, l’histoire semble
se répéter à quelques degrés près. La France de
Nicolas Sarkozy a décidé, depuis le début de
l’année 2010, de commémorer dans une certaine
mesure ce cinquantenaire sur son territoire en invitant ses ex-colonies à sa fête nationale du 14
juillet prochain. Et pour la première fois, des troupes militaires africaines sont conviées à défiler sur
les Champ Élysées.
L’idée est certes séduisante mais elle n’est pas
approuvée par la quasi-totalité des ex-colonies.
Ceux qui ont accepté l’invitation de Sarkozy en
profitent pour revendiquer des actifs. C’est le cas
du Sénégal et du Burkina Faso. Le premier pays
cité a, à l’occasion de la commémoration de ses
50 ans d’indépendance, décidé de s’approprier
la base militaire française basée à Dakar. Quant
au second, il réclame la quasi-totalité des archives
détenues par la France sur son histoire coloniale.
Situation comparable aux revendications des élites
africaines qui, tout en étant favorables au projet
de la Communauté de Gaule, avaient demandé
plus d’autonomie face à une Métropole voulant
conserver l'essentiel de ses prérogatives dans les
domaines de la défense, de la diplomatie, de la
monnaie, du commerce extérieur (…)
Seule la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo a décliné l’invitation de Nicolas Sarkozy comme Sékou
Touré l’avait fait, 52 ans avant, au Général de
Gaule. Ironie du sort d’une Côte d’Ivoire présentée jadis comme le pays le plus réceptif aux
propositions françaises en matière de coopération
avec ses ex-colonies. La question est de savoir si
ce pays va subir les mêmes conséquences que la
Guinée en son temps ? Loin s’en faut du fait que
le contexte n’est plus le même. Cependant, la nature des rapports entre les dirigeants français et
ivoiriens ne sera plus jamais pareille comme par
le passé.
Au demeurant, la commémoration du cinquantenaire des pays africains concernés, sonne en quelque
sorte le glas aux prérogatives de la France dans
son ancien pré carré. La seconde indépendance
revendiquée par les ex-colonies n’est plus politique même si elles restent toujours sous influence
des réseaux françafrique, mais plutôt économique,
diplomatique, culturelle (…)
Pour ces pays, à court terme, il n’est plus question que leurs monnaies continuent d’être arrimées
sur l’ancien franc français et insatiablement gérées par la Banque de France. Pas plus que la
présence des bases militaires françaises sur leur
territoire, perçue comme une occupation. D’où leur
souhait de voir expressément la promesse de révision des accords de défense de Nicolas Sarkozy
se traduire en acte concret avant la fin de son
quinquennat.
Au plan de la coopération, les ex-colonies ne veulent plus être redevables à vie à la France qui voit
d’un mauvais œil la présence de nouvelles puissances économiques s’implanter sur leur territoire.
Surtout dans le contexte de mondialisation où la
diversification des partenaires et le libre échange
doivent guider toute politique de développement
de tout pays souverain.
Au plan diplomatique, ces pays ne veulent plus
que l’on continue de les infantiliser en décidant à
leur place aux Nations Unies. Ils veulent avoir droit
au chapitre au Conseil de sécurité et un pouvoir
de décision, ne serait-ce qu’à travers des représentants issus du continent.
Les défis à relever sont si nombreux que tous ont
parié sur les cinquante années à venir pour s’affranchir définitivement de la France, rattraper
leur grand retard de développement sur les pays
émergeants et principalement d’Asie.
Rendez-vous est donc pris dans 50 ans. L’on verra
bien le visage que présenteront ces ex-colonies
françaises. Qui vivra verra !
Clément Yao
Edito
Diasporas
News
Numéro 7 de mai 2010
Diasporas-News
édité par DCS Group
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Ont collaboré à ce numéro :
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Alex ZAKA
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Vianney
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Impression : En France
ISSN : 2105-3928
Politique
Françafrique
Les commémorations d’un demi- siècle d’Indépendance se
succèdent sur le continent noir. La France, ancienne puissance
coloniale, donne rendez-vous à l’Afrique : Sommet des chefs
d’Etat à Nice en juin et défilé d’unités militaires de chaque
pays sur les Champs-Elysées le 14 juillet. Diaspora News
aura l’occasion de vous en informer.
Le sort du continent africain
s’est-il joué à la fin du 19ème
siècle ?
Titre prémonitoire de René Dumont : « l’Afrique noire est mal partie » ; dès 1962 c’està-dire quelques années seulement après l’Indépendance, ce livre dénonçait la persistance
des structures héritées de la colonisation. La
Françafrique, néologisme datant de 1955
dont la paternité revient à Félix HouphouëtBoigny, caractérise les bonnes relations avec
la puissance colonisatrice. Aujourd’hui, cette
expression a une connotation péjorative ; elle
définit l’ensemble des réseaux d’influence politique, économique mais aussi de groupes de
lobbies en Afrique et en France, avec pour
objectif : la perpétuation du système d’exploitation économique du continent.
Acte I : la Conférence de Berlin en
novembre 1884
Jusqu’au milieu du 19ème siècle, les européens se contentaient d’établir des comptoirs
commerciaux pour exporter les ressources naturelles de l’Afrique. Mais à partir de 1875,
leurs explorations s’enfoncent de plus en plus
à l’intérieur du continent où ils découvriront
le potentiel que regorgent le sous-sol et les
vastes superficies de terres arables. Et les
désaccords pour cause d’empiètement sur les
territoires des uns et des autres commencent
alors à poindre et créent des tensions entre
les différentes puissances. La conférence de
Berlin n’a d’autre motif que d’édicter de nouvelles règles d’occupations des côtes de l’Afrique même si l’Allemagne de Bismarck, puissance invitante, affiche d’entrée des objectifs
plus larges : le désenclavement du continent
africain ou l'éradication de l'esclavage et de
la traite musulmane. Tandis que la France et
le Portugal sont sur une autre perspective : ils
conçoivent les territoires acquis comme un monopole commercial.
La Conférence de Berlin, du 15 novembre
1884 au 23 février 1885 a été déterminante
mais pas décisive sur le destin de l’Afrique. Au
bout de trois mois de conclave, les représentants des 14 pays participants signent l’Acte
général de cette Conférence. Il proclame la
liberté de navigation sur les grands fleuves
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commises au lendemain de la Grande Guerre. Le Traité de Versailles de 1918 stipule le «
Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…
dernier imprimeur
» Mais la France l’a superbement ignoré. Ce
africains, le Niger et le Congo. Il arrête aussi
qui, à l’époque, engendrera un fort relent de
quelques principes humanitaires contre la
nationalisme et de mouvements d’émancipatraite des esclaves ainsi que le commerce de
tion dans les colonies. En effet, les leaders
l'alcool et des armes à feu
de mouvements insurrectionnels sont pour la
plupart des anciens combattants démobilisés,
Acte II : les traités bilatéraux et les
plus au fait des réalités métropolitaines. Cette
protectorats
fameuse Conférence de Brazzaville a accouLa Conférence de Berlin n’a fait qu’entériché de quelques recommandations qui étaient
ner les règles de partage entre puissances
coloniales mais la délimitation définitive des
territoires se sont fait au gré d’accords bilatéraux et de tensions extrêmes qui faillirent
provoquer une guerre entre l’Angleterre et la
France au Soudan en 1898 (la crise de Fachoda).
La France entamera sa conquête coloniale
d’abord sous forme de protectorat pour basculer ensuite vers une annexion totale de leurs
possessions. La politique expansionniste française est mue par deux moteurs : d’une part,
l’armée française, humiliée par la perte de
l’Alsace-Lorraine en 1870, veut redorer son
blason ; d’autre part, l’Europe toute entière
est en crise ; ceci impose la recherche de nouveaux débouchés économiques ou de ressources naturelles.
Acte III : L’impact des deux Guerres
Mondiales
L’Afrique a été pillée de ses ressources mais
a également payé un lourd tribut au cours
des deux Guerres Mondiales. Dès l’entrée
en guerre de la France en 1914, le Général
Charles Mangin décida d’engager des soldats issus des colonies. Ainsi environ 200.000
contingents africains ont été envoyés au front
pour défendre la « mère-patrie » ; 70.000
d’entre eux ont péri au combat. En 1940, au
début de la seconde Guerre Mondiale, plus
de 180.000 « tirailleurs » ont été enrôlés.
Quelques mois avant le débarquement des
forces alliées en Normandie, le Général De
Gaulle organisa la Conférence de Brazzaville
le 30 janvier 1944. C’est une reconnaissance
de l’effort consenti par l’Empire colonial et la
nécessité de poursuivre ce sacrifice. Mais c’est
surtout pour la France, que la Seconde Guerre
Mondiale induira une profonde mutation des
structures coloniales. En d’autres termes, c’est
une forme d’anticipation pour éviter les erreurs
censées améliorer la situation des colonies et
des colonisés mais « toute idée d’autonomie,
toute possibilité d’évolution hors du bloc français de l’Empire » étaient écartées.
La 4ème République et les guerres de décolonisation
Le 8 mai 1945, jour de l’armistice, une manifestation de partis nationalistes algériens est
violemment réprimée à Sétif faisant 45.000
victimes. En 1947, le Général Leclerc, Commandant en chef de la Deuxième Division
Blindée, partie de Koufra (Lybie) pour libérer la France, demande à cette dernière de
s’acquitter de sa dette d’honneur auprès des
colonies. Cette année-là, un corps expéditionnaire de 30.000 hommes arriva à bout
du soulèvement malgache en 21 mois. Cette
insurrection noyée dans un bain de sang se
soldera par au moins 45.000 morts et autant
de victimes collatérales dues à la famine et à
la maladie.
En 1954, deux évènements majeurs ont radicalement changé la position des autorités
françaises pour accélérer le processus de décolonisation : la Guerre d’Algérie déclenchée
par le FNL et la défaite française en Indochine. Le Général Giap et ses Viêt Minh infligèrent une humiliation aux troupes coloniales
dans la cuvette de Diên Biên Phu. Vaincue,
la France est obligée de s’asseoir à la table
des négociations. Les accords de Genève reconnaîtront le partage du Viêt-Nam en deux
partenariat ? Seule la Guinée exigea une
Indépendance totale et immédiate. Lors de
sa tournée d’explication dans les colonies,
l’étape de Conakry fut très mouvementée. Le
Général avait été hué par la foule que Sékou
Touré avait manipulée à telle enseigne qu’il
en oublia son képi. Avant d’embarquer dans
l’avion du retour, De Gaulle s’est fendu d’un
« Au revoir la Guinée !» et lui fera payer cet
affront.
Conformément à la Loi Cadre, plusieurs réformes sont engagées. Des élections au suffrage
universel, pour la mise en place de Conseil du
gouvernement, ont eu lieu dans les colonies en
1957. C’est un pouvoir exécutif local présidé
par un français qui a assuré progressivement
le transfert des compétences et les passations de pouvoir. Les premiers Présidents de
la République sont pour la plupart des Viceprésidents de ce Conseil. Leur profil : repérés
parmi les intellectuels ou encartés au sein de
la SFIO (l’ancêtre du parti Socialiste) voire
ayant déjà siégé comme Députés lors de l’Assemblée Constituante de 1946, ce sont des
hommes dignes de confiance pour la France.
Plusieurs signes indiquent que la France ne
voulait pas se séparer de son empire colonial
alors qu’aux Nations-Unies, cette situation paraît pour le moins intenable face aux injonctions américaines et soviétiques. Qui plus est,
la Grande Bretagne a entamé son processus
de décolonisation depuis 1948.
La vague d’Indépendance
Etats. Pierre Mendès France, éphémère Président du Conseil de la 4ème République engagera dans la foulée des pourparlers avec
la Tunisie qui obtiendra son Indépendance en
1956 ; de même que le Maroc. Pour l’Afrique
noire francophone, une certaine autonomie se
dessine sous le gouvernement de Guy Mollet
impulsée par la Loi Cadre de Gaston Deferre, Ministre de l’Outre-mer.
C’est ainsi que les pays africains francophones accéderont à leur indépendance en 1960.
L’Algérie, colonisée depuis 1834, n’obtiendra
la sienne que deux ans plus tard. Les anciennes colonies sont arrimées à la mère patrie
par plusieurs engagements : les accords de
coopération se devaient de préserver, autant
que faire se peut, les intérêts économiques de
la France comme l’exclusivité de l’exploitation
des ressources naturelles. Ensuite, la présence de ses comptoirs commerciaux lui permet
d’avoir des débouchés pour ses produits finis.
Et la création de la Zone Franc garantie une
convertibilité sur le marché des devises du
Franc CFA. En contrepartie, elle occulte toute
souveraineté monétaire des pays membres.
Les accords de défense, signés au lendemain
de l’indépendance,
ont été les plus
néfastes pour les
africains. Non seulement, ils contenaient une composante commerciale
: des minerais stratégiques
sont
classifiés lorsqu’il
s’agit de matières
premières profitables à la France et
donc vendus exclusivement à celle-ci.
Outre l’installation
de bases militaires
françaises, il existe
une clause secrète
qui permettait à la France de défendre les
régimes africains « amis ».
De citoyen de seconde ordre, le peuple du
continent a vite compris qu’il n’a pas son destin
en main ; l’ex-colonisateur exerce un contrôle
politique, économique et militaire avec parfois
la complicité et la turpitude de ses propres
dirigeants. Au lendemain de la proclamation
de l’indépendance, toute velléité d’émancipation était perçue comme une sorte de trahison
par les colonisateurs. Patrice Lumumba qui a
dénoncé les abus de la Belgique fut mis hors
d’état de nuire. Le ghanéen Kwame Nkrumah,
chantre du panafricanisme et ayant choisi la
voie socialiste, a été débarqué par les anglais
avant la fin de son mandat en 1966. La France veille sur son pré-carré ; les Chefs d’Etats
qui voulaient dénoncer cette forme de néocolonialisme ne sont pas restés très longtemps
au pouvoir et furent remplacés.
Le Général de Gaulle, père de l’Indépendance des pays africains, est un totem que
nul n’ose remettre en cause, même encore
aujourd’hui, la responsabilité dans la perpétuation de cet empire colonial et ses effets
pervers. Jacques Foccart, Monsieur « Afrique
» à l’Elysée, instigateur de nombreuses conspirations, faiseur de rois, voyait à chaque fin de
journée le Général de Gaulle pour rendre
des comptes. Comment pourrait-il ne pas être
au courant ?
Alex ZAKA
Le retour du Général De
Gaulle
Le Général De Gaulle revient au pouvoir en
1958. Le conflit algérien a eu raison de la
4ème République. Il proposera une nouvelle
Constitution par voie référendaire ; étant entendu que le sort des colonies faisait également partie du choix. C’est ainsi qu’il formula
la proposition suivante : l’Indépendance intégrale ou une Indépendance en restant dans
la Communauté française, une sorte d’union-
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Diasporas News
Politique
Djibouti :
Djibouti, la plus grande base aéronavale multinationale du monde.
Jamais État africain n’a fait l’objet de tant de prévenances par la planète entière. Question de survie : car c’est 25% du flux de marchandises du village planétaire et 30% du pétrole mondial qui transitent au large de Djibouti. Guerre
contre le terrorisme, lutte contre les pirates somaliens ne font que renchérir les
prix du m² au port comme sur les terrains militaires. Les retombées de cette
manne financière profiteront-elles au moins à la population !
Genèse d’une République de
23.000 km²
Pendant des millénaires les côtes d’Afrique
australe servaient de comptoirs commerciaux
aux marchands de la péninsule arabique.
Elles étaient relativement épargnées par les
conquêtes maritimes que se livraient les européens jusqu’au 15ème siècle ; les portugais
ont installé leurs escales tout au long du canal
de Mozambique mais se sont limités au port
de Mombasa avant de mettre le cap vers
l’Inde. Au 19 ème siècle, les anglais étaient les
seuls européens à occuper les deux rives du
Golfe d’Aden plus précisément dans le port
de Zeila, géographiquement situé en Somalie aujourd’hui. C’est une zone de transit de
marchandises que transportaient des caravaniers en provenance d’Abyssinie. C’est à cette
époque que la France cherchait à établir une
base commerciale dans cette région. En 1862,
elle signa un traité de cession du mouillage
d’Obock avec les sultans Afars de Raheita.
L’ouverture en 1869 du canal de Suez changea à jamais le destin de la corne d’Afrique.
La mer Rouge et la Méditerranée sont désormais reliées , ce qui signifie un gain de temps
substantiel pour les échanges commerciaux
entre l’Europe et l’Asie.
La recherche de débouchés et un lieu d’escale
de ravitaillement pour les navires français pour
le Tonkin et l’Océan Indien incitèrent la France
à s’installer durablement dans cette région.
Elle s’effectua en plusieurs phases : d’abord
la signature d’un protectorat en 1885 avec les
sultans Afars et Issas ; ensuite l’ouverture cinq
ans plus tard d’un port plus au sud, au Cap
Djibouti dans le golfe de Tadjourah et enfin
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l’installation du siège du gouverneur en 1892
dans la ville de Djibouti peuplée à peine de
1.200 âmes. Ce territoire sera baptisé Côte
française de Somalie (CFS). Son histoire coloniale ressemble aux autres colonies françaises
du continent noir : membre de l’Assemblée
constituante en 1946, promulgation de la Loicadre en 1956, référendum constitutionnel en
1958. En 1960, tous les pays ont obtenu leur
« bon de sortie » sauf l’Algérie et Djibouti. En
1966, la foule scande « Indépendance, indépendance !!! » face à un Général de Gaulle
médusé et fâché. L’organisation d’un référendum l’année suivante ne changea pas grandchose à part le nom de CFS transformé en
Territoire Français des Afars et des Issas (TFAI).
Ce n’est qu’en 1977 que Djibouti obtint enfin
son indépendance et Hassan Gouled Aptidon
devint Président de la République.
Les premières années d’indépendance
Ce pays de 850.000 habitants pour une superficie de 23.000 km² est gouverné comme
un sultanat. Le pouvoir est concentré entre les
mains des Issas au détriment des Afars. La délimitation des frontières, tracées au moment du
protectorat, ne coïncidait nullement avec les
régions. Les Afars sont à cheval sur trois pays
différents ; l’Ethiopie et l’Erythrée et Djibouti.
Une guerre civile finit par éclater en 1991 menée par des rebelles Afars qui occupèrent la
moitié du territoire, obligeant ainsi le pouvoir
en place à s’engager vers une ouverture politique que l’ancienne puissance coloniale appela
de ses vœux. Après trois années de conflit, un
fragile cessez-le-feu clôt cet épisode tragique
et qui a valu l’expulsion hors des frontières de
18.000 Afars. Le Président Hassan Gouled
Aptidon n’ira pas au bout de son quatrième
mandat ; il transmet par décret son pouvoir à
son neveu : l’actuel Président en exercice, Ismaël Omar Guelleh.
Malgré l’instauration du multipartisme, l’opposition est complètement atomisée par un mode
de scrutin proportionnel uninominal à un tour.
Ce sont des députés godillots qui siègent au
parlement. L’opposition a carrément boycotté
les élections législatives de 2008 pour dénoncer cet oukase. Aujourd’hui, Ismaël Omar
Guelleh « s’en remet à la volonté du Tout Puissant, à la volonté du Peuple djiboutien » pour
briguer un troisième mandat en vue des élections présidentielles de l’année prochaine. Qui
pourrait l’en empêcher ? Les 59 députés de la
majorité présidentielle pour une assemblée de
63 élus, viennent de ratifier à l’unanimité les
dizaines d’amendements susceptibles de faire obstacle à cette candidature. Son dernier
discours sur le sujet est sans équivoque : « Ce
serait, pour moi, une source de fierté et un immense honneur de continuer à servir cette belle
Nation Djiboutienne sous quelle que forme que
ce soit ».
Les relations avec l’ancienne
puissance coloniale
Pour octroyer l’indépendance en 1977, la
France a exigé et obtenu avec la République
de Djibouti des accords économiques et surtout
militaires, conformément à la tradition gaulliste
de la continuité. Dans le cadre d’un redéploiement de ses forces, la France a fermé plusieurs
de ses bases militaires sur le continent. Pour
des raisons de géostratégie et les actualités
en témoignent, elle n’est pas prête à concéder
sa plus grande base à l’étranger qui compte
3.000 hommes. C’est un micro État cerné de
voisins (éthiopiens et somaliens) qui sont prêts
à tout moment à fondre sur cette proie tant
convoitée et qu’ils considèrent d’ailleurs comme une partie de leur terre. Chacun s’y retrouve car la France dispose non seulement d’un
poste de contrôle stratégique sur une voie maritime importante où transite plus de 25% du
pétrole mondial mais également d’un centre
d’entraînement de ses troupes et aujourd’hui
un centre opérationnel pour lutter contre la piraterie maritime.
Ces dix dernières années, les relations diplomatiques entre Djibouti et Paris se sont crispées
par l’affaire Bernard Borrel. Le magistrat
français, coopérant et rattaché au ministère
de la Justice Djiboutienne a été retrouvé sans
vie à 80 km de la Capitale, en octobre 1995.
Longtemps la thèse officielle a été celle du
suicide ; en tout cas c’est la version des deux
premiers juges français chargés de l’enquête.
Mais en 2000, le rapport de la brigade criminelle de Paris, sous commission rogatoire du
juge remplaçant Jean-Baptiste Parlos conclut
à un assassinat. Un ancien officier de la garde
présidentielle, témoin-clé de l’affaire, met directement en cause le Président Ismaël Omar Guelleh.
Il serait le commanditaire
du meurtre car ledit témoin
aurait vu cinq hommes venir
lui rendre compte de l’élimination du magistrat français. La mise en cause de
personnalités Djiboutiennes a irrité le pouvoir de
Djibouti qui a expulsé des
coopérants français et
fermé l’émetteur de Radio France Internationale en 2005. Aujourd’hui, la situation semble
se normaliser malgré la promesse de Nicolas
Sarkozy, fraîchement élu en 2007, de faire la
lumière sur cette affaire.
Et si c’était enfin le décollage
économique…
Djibouti a été longtemps victime d’un stéréotype : un désert en friche où des tribus nomades Afar et Issa élèvent des chèvres. Outre les
caravanes de sel et d’épices, de tout temps,
Djibouti fut le port de désenclavement des
produits d’exportation éthiopiens. Avec un sol
quasi minéral, la république djiboutienne ne
pouvait se prévaloir que d’une seule ressource. Elle vivait de la rente versée par l’ex-métropole. Les effets induits par la présence militaire française représentaient la moitié du PIB
et au moins 30% des recettes budgétaires.
Surfant sur la mondialisation et la proximité
des pays du golfe arabo-persique, le TFAI
affiche aujourd’hui une croissance économique moyenne de 5% annuel, depuis 2003,
mais qu’il faut tout de même relativiser en
tenant compte d’une croissance démographique galopante. De nouveaux acteurs économiques n’hésitent plus à investir dans ce pays
où rien ne pousse mais qui possède plus de
350 km de côtes. Le gouvernement djiboutien
est plus que jamais décidé à faire de son port
une plaque tournante régionale d’échanges
de marchandises. Pour cela il en a confié la
gestion à l’Autorité des Ports de Dubaï (DPA).
Il a également lancé la construction d’un nouveau port en eau profonde avec un terminal à
containers de 400 ha à Doraleh.
La République de Djibouti est située géographiquement à un carrefour maritime. Son
principal atout est qu’il est le seul pays où la
présence occidentale, du fait de sa relation
séculaire avec la France, est tolérée dans une
région musulmane. Depuis les attentats des
ambassades américaines
de Nairobi et de Dar-ElSalam en 1998 et 11 septembre 2001, les USA ont
décidé de reprendre pied
sur la corne de l’Afrique.
Echaudés par le cuisant
échec de l’opération Restore Hope de 1993 en Somalie où les cadavres de
GI’s ont été traînés dans
les rues de Mogadiscio, les
américains ont adopté une nouvelle stratégie
d’implantation. Dès 2002, George W Bush
décide de créer à Djibouti le Combined Joint
Task Force-Horn of Africa. Ils ont ainsi loué à
la France le camp Lemonier pour 30 millions
d’€uros annuels. Il servira de tête de pont pour
leur lutte contre le terrorisme en Somalie, au
Yémen en poussant jusqu’au Kenya.
Aujourd’hui la France semble devoir partager et cohabiter avec d’autres pays dans
ce qui était considéré autrefois comme son «
bac à sable ». Elle ne bénéficie plus, de la
part des autorités Djiboutiennes, de relations
privilégiées. Devant tant de sollicitations, les
djiboutiens renchérissent. Officiellement, lors
d'une visite à Djibouti le 20 janvier, le Président Nicolas Sarkozy avait discuté avec son
homologue djiboutien d'un projet de nouvel
accord de partenariat de défense. Tout un
symbole : il y a deux semaines, dans le cadre d’une manœuvre « Amitié Djibouti 2010
», le Chef d’Etat djiboutien a atterri d’un
hélicoptère sur le Tonnerre, un bâtiment de
guerre français croisant au large de Djibouti.
Malgré cette offensive de charme, l’ancienne
puissance coloniale sera quand même obligée
de renégocier ses redevances annuelles de 30
millions d’€uros pour la location de sa base
militaire.
Les flibustiers somaliens sont entrain de détrôner leurs homologues du détroit de Malacca. En effet, la faillite de l’Etat de droit et
la guerre civile en Somalie ont développé un
phénomène de piraterie. Tous les navires marchands naviguant dans cette zone sont menacés d’être pris en otages et les pirates n’hésitent plus à aller de plus en plus loin ; jusqu’au
large des Seychelles. L’opération Atlante initiée par l’Union Européenne a pour objectif
de chasser les pirates de mer. Mais chaque
pays souhaite assurer la sécurité de ses propres bâtiments marchands. L’Espagne et l’Allemagne comptent respectivement actuellement
200 militaires sur zone. La lutte contre la piraterie prend une proportion internationale
dont Djibouti devient le centre opérationnel.
Une grande première, Guido Westerwelle,
ministre allemand des Affaires étrangères a
fait le déplacement pour rencontrer le Président Ismaël Omar Guelleh. Une dépêche de
l’AFP du 22 avril 2010 mentionne : « l'armée
japonaise a commencé à s'installer à Djibouti,
qui abrite déjà plusieurs bases étrangères, où
elle va construire un établissement permanent
pour participer à la lutte contre les pirates somaliens… » . Même la Chine et l’Inde sont en
pourparlers pour une implantation de part et
d’autre du Golfe d’Aden.
Alex ZAKA
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Diasporas News
Politique
La Cour Pénale Internationale
une alternative aux tribunaux
africains ou une justice à double
vitesse ?
La création de la cour pénale internationale à travers la
convention de Rome, constituait une étape importante au développement de la justice internationale, après plusieurs années d’horreurs et des crimes commis durant la seconde guerre mondiale. Mais à ce jour, qui connait son fonctionnement ?
C’est la grande question que se pose l’opinion publique.
E
n effet, la CPI est une organisation
internationale indépendante, dont le
siège se trouve à La Haye, aux Pays
Bas. A ce jour, tous ses détenus sont
des Africains et quatre pays Etats africains
ont déferé leur situation à la cour. Parmi eux,
la RDC fournit le gros de son bataillon expérimental.
Le 17 juillet 1998, la communauté internationale avait franchi un cap historique lorsque 120 États ont adopté le statut de Rome,
fondement juridique de la création de la
Cour pénale internationale. Sur le continent
africain, plusieurs pays reprochent au procureur Luis Moreno Ocampio, d’appliquer
deux poids, deux mesures dans le traitement
des différentes affaires. Aux dires de nombreuses personnes, cela se traduit par des
contradictions ou des méthodes sélectives
utilisées par la justice internationale. Le cas
du président soudanais Oumar El-Bachir, témoigne aux yeux des Africains, «le mépris»
qu’a le procureur vis-à-vis de leurs chefs
d’Etats. On se rappellera que la délivrance d’un mandat contre le président soudanais est contestée au sein même de la cour.
Dans sa décision rendue le 4 mars 2009,
la Chambre préliminaire I avait conclu que
les éléments présentés par l’accusation à
l’appui de sa requête aux fins de délivrance
d’un mandat d’arrêt contre Omar El Bashir,
ne fournissaient pas de motifs raisonnables
de croire qu’il avait une intention de détruire
les différents groupes ethniques. Pire encore,
le procès de Jean-Pierre Bemba a l’air empaillé. Toutes les personnes (Patassé, Meskine
etc..), citées par la cour au demeurant comme ses complices, tournent paisiblement sans
qu’elles ne soient inquiétées par le tribunal
de La Haye. Le procès Bemba aura lieu en
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Diasporas News
avril prochain. Tout se passerait comme si la
cour, surnommée «l’Enfer des Nègres»
par ses détracteurs, serait déterminée à ne
poursuivre que des faibles ou des récalcitrants à l’ordre établit.
Cette position est fermement soutenue par
le colonel Kaddafi et place en porte-à-faux
les 30 Etats africains ayant ratifié les statuts
de la cour pénale internationale. Adversaire
déterminé de cette institution, Mouammar
Kaddafi, président en exercice de l'Union
Africaine (UA), considère la CPI comme un
instrument conçu par les Occidentaux pour
établir un «nouveau terrorisme mondial».
Washington, Pékin et Moscou
au dessus de la CPI !
Bon nombre des grands pays ont refusé
de ratifier le traité de Rome. Les USA par
exemple, ont fait savoir depuis qu'ils n'ont
pas l'intention de le ratifier et qu'ils ne se
considèrent plus liés d'aucune manière, aux
buts et objectifs de ce texte. C’est aussi le cas
de la Russie, de l’Inde et de la Chine qui ne
l’ont toujours pas ratifié . Leur principal grief
porterait sur la compétence donnée à la
Cour de juger des ressortissants d'Etats non
parties, y compris des officiels. Ce principe,
qu'ils estiment contraire au droit des traités,
permettrait à la Cour de poursuivre des fonctionnaires ou des soldats américains, russe ou
autres. Du coup, plusieurs personnes fustigent
alors les méthodes de la CPI au rang desquels figurent des juristes renommés.
Cependant, au-delà de toutes les suspicions
et manoeuvres observées, la cour pénale internationale représente vraisemblablement
une alternative aux tribunaux nationaux,
dans des pays où la justice subie l’influence
du pouvoir. Il faut une dose de pédagogie
pour expliquer profondément le travail, la
méthodologie et l’importance de la cour.
Selon Mme Sylvana Arbia, greffière de cette
juridiction : « la CPI ne juge que les personnes accusées des crimes les plus graves. Elle
est une cour indépendante permanente devant laquelle sont jugées les personnes accusées des crimes les plus graves qui touchent
la communauté internationale». Revenant
sur le fonctionnement de cette cour et de
l’influence qu’elle subirait des grandes puissances, Sylvana Arbia, renchérit ; « bien que
ses dépenses soient principalement financées
par les contributions des États parties, la Cour
reçoit également des contributions volontaires
de gouvernements et d'autres entités. Elle n'appartient pas au système des Nations et son action est impartiale ». Ce même son de cloche
sonne du côté du bureau du procureur.
« Le procureur n’intervient pas lorsqu’une affaire fait l’objet d’une enquête ou de poursuites dans un système judiciaire national, sauf si
ces procédures ne sont pas menées de bonne
foi, par exemple si elles ont été engagées officiellement uniquement pour soustraire une
personne à sa responsabilité pénale », précise
Pascal Turlan, le conseiller du procureur.
La création de la CPI est un progrès et
une aubaine surtout pour l’Afrique, en terme
juridique.
Malheureusement, l'attitude de certaines
nations et la conduite des affaires instruites
à ce jour, ne peuvent que laisser pantois,
la communauté africaine. On a l’impression
d’être en face d’une justice qui apparaît démesurée aux yeux de l’opinion publique et
c’est difficile d’ôter cette impression surtout
aux Africains !
James Ngumbu
Politique
Pologne : Kaczynski pour
succéder à Kaczynski ?
Maroc
Jaroslaw Kaczynsky va-t-il succéder à Lech Kaczynsky son frère jumeau mort dans un terrible accident d’avion le 10 avril dernier ?
Une majorité qui s’entre-déchire. Des partis d’opposition en
mal de crédibilité. Le constat est patent : la vie politique au
Maroc est en panne sèche, malgré les apparences.
L
’hypothèse n’a rien de surréaliste. C’est
la date du 20 juin qui a été retenue
pour l’organisation de l’élection présidentielle en Pologne, en vue du remplacement du président tragiquement disparu. Dès l’annonce officielle de cette échéance
électorale, deux candidatures émergent
déjà au sein de l’opinion polonaise : celle
de Bronislaw Komorowski, 57ans, président
par intérim et Jaroslaw Kaczynski, 61ans. Ce
dernier qui n’est autre que l’actuel premier
ministre, et bien sûr le frère jumeau du défunt
président s’est déclaré candidat officiel pour
le compte du parti d’opposition Droit et justice (PIS), tandis que Komorowski représentera
le parti libéral Plateforme civique (PO), au
pouvoir. « La Pologne, c'est notre grand engagement commun. Il exige que la souffrance
personnelle soit surmontée, que le devoir soit
rempli malgré une tragédie personnelle. C'est
pour cette raison que j'ai pris la décision de
me porter candidat à la présidence de la République de Pologne », a annoncé Jaroslaw
Kaczynski dans une déclaration publiée sur
le site de son parti.
Le scrutin s’annonce d’ores et déjà très serré
10
Diasporas News
La vie politique mal en point
en raison de la stature des deux candidats
susnommés et de la présence de deux autres
postulants : Waldemar Pawlak, du Parti paysan, membre de la coalition gouvernementale, et à Grzegorz Napieralski, dirigeant du
parti d'opposition de gauche SLD.
A travers cette élection présidentielle qui
s’imposait, disposition constitutionnelle oblige, la Pologne tente de revivre. Le 10 avril
dernier, ce pays d’Europe de l’Est a vécu une
tragédie aussi bouleversante qu’inattendue.
Ce jour-là, l’avion dans lequel se trouvait son
président se crashait en Russie et tuait 96
personnes dont le président Lech Kaczynski.
Du coup, la Pologne perdait outre son président, mais aussi d’éminentes
personnalités de l’Etat, au
nombre desquelles le vice-ministre des Affaires étrangères
et le président de la banque
centrale polonaise. Ironie du
sort, la délégation conduite
par le président Kaczynski
se rendait en Russie pour
commémorer les événements
dramatiques de Katyn, d’il ya
70 ans. Evénements au cours
desquels furent exterminés
plusieurs milliers de Polonais,
essentiellement des personnalités, des officiers mais aussi
des étudiants (officiers de
réserve), des médecins et des
membres des élites polonaises
réputées hostiles à l’idéologie
communiste. Cette tuerie massive fut imputée
à la police politique de l’Union soviétique (le
NKVD) au printemps 1940 dans une forêt
russe près de Smolensk. Cette coïncidence
a fait dire à l’ancien président Lech Walesa
qu’ « Il y a 70 ans à Katyn, les Soviétiques
ont éliminé les élites polonaises. Aujourd'hui
l'élite polonaise y a péri, alors qu'elle se
rendait pour rendre hommage aux Polonais
tués ».
Passée la période des obsèques grandioses
et émouvantes de la mi-avril, la perspective
quier politique. Autre handicap : le fossé qui
sépare les discours des dirigeants des partis
politiques de la réalité de l’action politique
elle-même. « Aujourd’hui, l’opinion publique
demande que les partis politiques soient plus
proches des citoyens. Elle demande aussi des
élus intègres et voués à la réalisation de l’intérêt général, le renouvellement des élites et
l’intégration des jeunes », reconnaît Lahcen
Daoudi, secrétaire général-adjoint du Parti
de la justice et du développement (PJD), opposition.
Lors des scrutins locaux, les électeurs marocains ne se rendent pas massivement aux urnes. Le taux d’abstention est parfois élevé. «
Je pense que l’abstention des citoyens lors des
élections n’est nullement un indice négatif. Bien
au contraire, il s’agit d’un message fort à l’Etat
et aux partis politiques. Le contenu de ce mes© Le 1er Ministre et le Roi du Maroc
sage est clair. Il est urgent de sauver l’action
politique», a précisé Habib El Malki, membre
du bureau politique de l’Union socialiste des
représentants d’une dizaine de partis poliforces populaires (USFP), majorité gouvertiques ont longuement échangé sur les dysnementale. D’où l’urgence de sauver l’action
fonctionnements qui entravent le processus
politique et susciter l’intérêt des populations
démocratique dans le royaume chérifien. « La
marocaines. Un vaste chandynamique en cours, entre
© bilan du 1 er Ministre marocain
tier en perspective.
regroupements, fusions et
Dans le camp gouvernealliances, et cette rechermental, les scènes de diche manifeste d’une polavision affichées au grand
risation politique que les
jour et l’absence de résulformations doivent gérer et
tats tangibles suscitent des
intégrer, voire subir, sont-elinquiétudes. Sommé de
les à même d’engendrer le
pallier ces insuffisances, le
changement escompté ? »,
premier ministre Abbas El
s’est courageusement deFassi et patron de l’Istiqlal (parti conservamandé Mohamed Ouzine, le coordinateur de
teur) s’est résolu à convier les composantes de
la commission d’organisation de ladite conféla majorité à une sorte de « thérapie collecrence. De l’avis général, il y a certes eu des
tive ». Objectif visé : se départir de la langue
changements majeurs dans la vie politique au
de bois et des éloges flatteurs pour mettre le
Maroc, mais ce changement est à peine perçu
doigt sur les problèmes qui enraillent la mapar la population. En cause, le lourd héritage
chine gouvernementale.
du passé qui continue de peser sur l’échiLe 23 avril dernier, des acteurs de la vie politique marocaine se sont réunis à Casablanca,
précisément au Centre Lahcen Lyoussi pour les
études et recherches politiques pour évoquer
ce constat.
A travers une conférence portant sur le thème « Le Maroc politique en question », ces
de l’élection présidentielle sonne comme un
retour à la vie normale, pour les Polonais
meurtris. La multiplicité des candidatures peut
laisser craindre quelques débordements. En
effet, outre les quatre sérieux prétendants,
une vingtaine d’autres personnes frappent
aux portes de la présidence. Les récents sondages eux ne laissent place à aucun doute :
au premier tour du scrutin, Komorowski, pré-
sident de la chambre basse du Parlement et
chef de l'Etat par intérim, obtiendrait 47%
des suffrages contre 27% pour Jaroslaw
Kaczynski, frère jumeau du président défunt
et chef du parti Droit et Justice (PIS, opposition), selon un sondage de l'institut SMG/KRC
publié la dernière semaine d’avril.
Hermann Laurent
Dans les premières semaines du mois de mai,
Abbas El Fassi, doit présenter le bilan de
l’action gouvernementale, comme l’ont fait
auparavant ses prédécesseurs. Le programme
gouvernemental tel qu’approuvé par le parlement en octobre 2007 a-t-il été exécuté ?
Telle est la question essentielle à laquelle celui-ci doit répondre.
A deux ans et demi des prochaines législati-
© Mohamed Abbas Fassi et le roi du Maroc
ves, le gouvernement a intérêt à agir pour une
meilleure prise en compte des désidératas de
la population. Au risque de se voir sanctionner
dans les urnes. Déjà, quelques personnalités,
à l’instar du premier secrétaire de l’USFP Abdelouahad Radi, se montrent très critiques :
« Il y a une crise des mœurs politiques. Nous
avons un problème de moralisation de la vie
politique », lance t-il, comme pour ouvrir les
débats qui promettent d’être houleux.
Hermann Laurent
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Diasporas News
Politique
Sénégal :
65% à l’Etat » déclarait Maître Aboulaye
Wade même si l’ouvrage a été financé intégralement par des fonds publics…
le Sopi fête ses dix bougies !
L’âge du Capitaine et la question de sa succession
Après une vie politique bien remplie : d’abord 26 ans
passés dans l’opposition ensuite dix années de pouvoir,
Me Abdoulaye Wade à bientôt 84 ans, toujours alerte,
joue les prolongations. Que laissera-t-il pour la postérité
? Qui aura la lourde charge de lui succéder ? Il y pense
sans doute et pas qu’en se rasant le matin !
Arrivée au pouvoir de Me
Abdoulaye Wade
Le Sopi (le changement) tel est le slogan qui
a porté Me Abdoulaye Wade au pouvoir. En
l’an 2000, après 40 années de « Parti-Etat »
socialiste dirigé successivement par Léopold
Sédar Senghor et d’Abdou Diouf, l’homme
qui était un opposant acharné qui lui a valu
quelques séjours en prison, va enfin présider
aux destinées du Sénégal.
La victoire Me Abdoulaye Wade est considérée aujourd’hui comme un référendum
contre Abdou Diouf. Il a gagné certes avec
55% mais ce n’était pas un plébiscite. Arrivé au premier tour juste derrière le Président sortant Abdou Diouf, tous les partis de
l’opposition se sont coalisés derrière son nom
pour faire barrage au pouvoir en place, au
second tour.
Car le peuple sénégalais a été échaudé par
le tripatouillage électoral de la dernière
élection présidentielle
de 1993. Abdou Diouf
l’a emporté contre Me
Abdoulaye
Wade
avec plus de 58% de
voix en février 1993.
Dans la foulée, les résultats des élections législatives étaient sujets
également à controverse. Une crise postélectorale s’en suivit
et provoqua la démission du Président du
Conseil Constitutionnel,
le juge Kéba Mbaye.
Il refusa de proclamer
les nouveaux résultats, fruits d’un dépouillement de la Commission nationale de recense-
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Diasporas News
ment des voix. Remplacé par son Vice-président, Me Babacar Sèye, celui-ci fut assassiné
le 15 mai 1993 soit quelques heures avant
la proclamation des-dits résultats provisoires.
En 2000, outre l’amélioration apportée en
matière de contrôle des votes, les médias ont
joué un rôle primordial. Grâce aux stations
de radio libre, les procès-verbaux des bureaux de vote ont été directement diffusés
à l’antenne au cas où les autorités seraient
tentées d’en falsifier frauduleusement les
contenus. Malgré le soutien indéfectible de
la dynastie de marabouts, Abdou Diouf a
été obligé de reconnaître sa défaite et a
adressé ses félicitations par téléphone à son
adversaire.
Le Président Abdoulaye Wade nomme un
Premier ministre, Moustapha Niasse qui dirigea un gouvernement d’« alternance ». Mais
un an seulement après sa prise de pouvoir, il
commença à écarter un à un ses alliés de circonstance dont le Premier-ministre. Il voulait
surtout se « tailler » une nouvelle Constitution
à sa mesure, par voie référendaire. Du passé
faisons table rase ; telle était l’incarnation
de la renaissance sénégalaise. Le sopi allait
se traduire par plusieurs amendements : mettre au rencart l’hymne national et le remplacer, modifier le nom des régions. Seule une
levée de bouclier des intellectuels l’empêcha
d’effacer de la Constitution la mention « le
Sénégal est un Etat laïc ».
C’était il y a 10 ans. Cet espoir qu’a suscité
son arrivée au pouvoir est à la mesure sinon
de la déception au moins de la résignation
actuelle de la population sénégalaise. Le bilan semble plus mitigé car le temps fait son
œuvre et les dérives sont légion : la régression démocratique, la corruption et l'absence
totale de l'Etat de droit à savoir la culture de
l'impunité sont souvent évoqués.Ce n’est pas
tant une instabilité politique mais plutôt institutionnelle, c’est-à-dire les modifications des
©Abdoulaye et Karim_ Wade
textes de lois, les amendements de la Constitution, qui résume le mieux ces dix années de
pouvoir.
Le paradoxe du Président Abdoulaye Wade
c’est qu’il jouit toujours d’une aura internationale malgré une impopularité grandissante
en son pays. Lui et le burkinabé Blaise Campoaré se disputent le rôle de conciliateur ou
médiateur des conflits des pays africains. En
2004, lorsque la journaliste française Florence Aubenas a été prise en otage en Irak, il a
proposé ses services en se prévalant de bons
contacts au Moyen-Orient. Pour autant, cela
ne l’empêche pas d’avoir moins d’égards
vis-à-vis de la liberté de la presse nationale et d’emprisonner quelques journalistes.
Défenseur des causes des pays en développement, Me Wade est souvent invité, avec
quelques chefs d’Etats, à venir discuter avec
les Grands de ce monde, lors des différents
Sommets du G8.
Chantre du panafricanisme, il a fait son cheval de bataille la création du NEPAD (New
Partnership for African Development - Nouveau Partenariat pour le Développement de
l’Afrique). Au cours d’une des réunions préparatoires à Lagos, il a eu un vif échange
avec son homologue nigérian Olusegun Obasanjo. Le Président Abdoulaye Wade reprochait à ses pairs de s’être débarrassés de
leurs oripeaux de militaires putschistes, à la
faveur d’une régularisation électorale, pour
se draper dans un boubou civil. Mais il s’est
surtout heurté au Président sud-africain Tahbo Mbéki dans la mesure où ce dernier a
également revendiqué la paternité de la fameuse marotte : la Renaissance africaine ! Le
président sénégalais Abdoulaye Wade a fini
par déclarer en 2007 que « le NEPAD, qui
est censé amener les dirigeants africains à
renforcer la démocratie et la bonne gouvernance en échange d'investissements, d'échanges accrus et d'allègements de dettes, ne
répondait pas à sa mission et se limitait à
un cadre de conversation… des centaines de
millions de dollars qu'on dépense dans des
voyages et des hôtels alors qu'il n'y a pas
une seule classe d'école réalisée ; pas un seul
dispensaire réalisé.»
Mais la dernière polémique en date tourne
autour de la
statue de
la « renaissance
africaine »
Au début
du
mois
d’avril
dernier, à
l’occasion
de la célébration du
cinquante©Abdoulaye Wad et Idrissa Seck
naire de
l’indépendance du
Sénégal, les
regards du monde entier se sont tournés vers
Dakar. Devant un parterre de chefs d’Etats
africains, le président Wade inaugure Sa
statue ! Plus haute que la statue de la liberté
de New-York, ce nouvel édifice est censé
symboliser la grandeur retrouvée de l’Afrique. Ce projet pharaonique aura coûté la
bagatelle de 15 milliards de francs CFA (23
millions €uros). Jamais monument n’a suscité
autant de polémiques depuis la construction
de la basilique de Yamoussoukro érigée par
le Président ivoirien Félix Houphouët Boigny.
« Je suis l’auteur du monument, 35% des
retombées financières m’appartiendront, et
Comme il est de coutume de dire en Afrique,
où l’espérance de vie moyenne reste faible
: « à partir de 70 ans, un patriarche accapare la part de Dieu ». En d’autres termes, les années de vie au-delà de cet âge
canonique n’est que du bonus. Abdoulaye
Wade, à presque de 84 ans maintenant, a
largement entamé la part de Dieu. L’âge du
Capitaine peut être aussi considéré comme
un indicateur d’une maturité démocratique.
Les Présidents américains et d’autres chefs
d’Etats sont encore actifs et embrassent de
nouvelles carrières après leur mandat respectif alors que la tendance en Afrique
est de s’éterniser au pouvoir. Cette longévité n’est rendue possible qu’en bafouant
la Constitution par la modification de quelques amendements voire l’organisation de
mascarades électorales que la communauté
internationale cautionne par l’envoi d’observateurs lors des scrutins.
Nos Chefs d’Etat se considèrent comme des
monarques et imposent un héritier pour
leur succéder. Joseph Kabila en RDC, Faure
Gnassingbé au Togo, Ali Bongo au Gabon
sont les exemples les plus récents. Le Président nigérien Mamadou Tandja, déchu en
février, voulait briguer un autre mandat pour
permettre à son fils d’atteindre l’âge requis
de 40 ans afin de se présenter aux élections
présidentielles. Les colonels en ont décidé
autrement !
Idrissa Seck, le fils spirituel et
Karim Wade, le dauphin
S’il est élu en 2012, Me Abdoulaye Wade
serait, à la fin de son quinquennat, le doyen
absolu des chefs d’Etat à 93 ans. Sauf si…
il passe le flambeau à un de ses héritiers :
Idrissa Seck, le fils spirituel ou Karim Wade,
le dauphin.
Le premier, tombé en disgrâce en 2004, vient
d’être récemment nommé Conseiller spécial à
la Présidence de la République avec rang de
Ministre d’Etat. Une réhabilitation ! Et pourtant
quelle traversée du désert : débarqué de son
poste de Premier Ministre, il a été embastillé
pendant sept mois en 2005 pour une sombre
affaire de malversation financière dans la
municipalité de Thiès dont il est maire. Ce qui
lui a valu l’exclusion du parti Démocratique
Sénégalais (PDS). Il a, dans la foulée, créé
un parti (le Rewni ou pays en wolof) dans
la perspective de l’élection présidentielle de
2007. Dès 2009, il a bénéficié d’un non-lieu
et a ensuite entamé un rapprochement avec
le Chef d’Etat et le
PDS. Idrissa Seck,
diplômé de grandes écoles françaises, un temps n°2
du PDS, ancien Dircab’ du Président
Wade bénéficie
toujours de préjugés favorables mais dont la cote s’effrite
au fil du temps. Aurait-il une reconnaissance
éternelle envers son mentor ? En tout cas, il ne
s’est jamais opposé fondamentalement à lui
ni quitté définitivement sa famille politique.
Tandis que son fils biologique, lui, a sacrifié
sa carrière de banquier à la City de Londres pour se rapprocher de son père comme conseiller de l’ombre, dès son élection.
Aujourd’hui âgé seulement de 41 ans, il n’est
pas faux de croire qu’il sera, le moment venu,
l’héritier légitime.
Même si les caciques du PDS et les compagnons de lutte, qui se sont historiquement battus, ne seront pas faciles à écarter, le Président Wade imposera la succession de son
fils Karim. La mise en orbite avait commencé
lorsqu’il lui a confié les rênes de l’Agence Nationale de l’Organisation de la Conférence
Islamique (ANOCI) dont le 11ème Sommet
s’est tenu à Dakar en 2008. La deuxième
rampe de lancement fut la prise de la Mairie
de Dakar lors des élections municipales d’avril
2009. Malheureusement, le PDS s’est pris une
veste électorale mémorable, reléguant ainsi
Karim Wade au rang de conseiller municipal
de l’opposition. Qu’à cela ne tienne, Karim
obtint un lot de consolation : il fait son entrée
au gouvernement, à la faveur d’un remaniement en mai 2009. Il est aujourd’hui Ministre
d’Etat en cumulant plusieurs portefeuilles : la
Coopération internationale, l'Aménagement
du territoire, les Transports aériens et les Infrastructures.
Il est aujourd’hui à peu près acquis que le
Président Abdoulaye Wade se présentera
aux prochaines présidentielles de 2012
pour un mandat de cinq ans. Ira-t-il au bout
de son mandat ? A moins qu’il nous réécrive
un remake de la « démission » de Léopold
Sédar Senghor. Le peuple sénégalais a été
traumatisé par le Coup d’Etat constitutionnel
de 1981 du premier et seul Président que le
Sénégal n'ait jamais connu depuis son indépendance. Un coup de canif dans la Constitution pour amender l’article 35 qui stipule
qu’en cas de vacance du pouvoir ou d’incapacité du Président de la République, le pouvoir reviendra de facto au Premier ministre.
Sans élection anticipée, Abdou Diouf arriva
à la tête de l’Etat. Et ce scénario reste envisageable !
Alex ZAKA
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Diasporas News
Politique
Côte d’Ivoire :
ridors de sécurité qui filtrent les entrées et sorties d’Abidjan. Une façon de se
prémunir de toute attaque surprise comme cela a été le cas dans la nuit du 18
au 19 Septembre 2002, date du début de la guerre civile ivoirienne.
Comme on peut le constater, dans les deux camps, l’heure n’est plus à la
modération. On assiste à une escalade de déclarations toutes belliqueuses.
Notamment entre le N°1 du Fpi, Pascal Affi Nguessan et le N°1 des FN, le
Premier ministre Guillaume Soro. S’accusant mutuellement d’être à la base du
sabotage de l’APO. Du coup, les deux protagonistes ont changé comme bon
leur semble les règles du jeu. Pour le camp présidentiel, tant que le dernier
rebelle ne sera pas désarmé, il n’y aura pas d’élection et Laurent Gbagbo
demeurera président de la République conformément à la constitution ivoirienne. A l’opposé, les FN font une toute autre lecture et interprétation de ce
chapitre important de l’APO. Le Secrétaire général des FN, Guillaume Soro,
a d’ailleurs laissé entendre que le DDR n’avait jamais été une priorité conditionnant l’organisation de la présidentielle. Un dialogue de sourd qui ne fait
que retarder le processus de paix en cours dans ce pays qui attend depuis
maintenant cinq ans des élections générales.
La paix ou la guerre à tout prix
La crise ivoirienne ressemble bien à une triste danse des
sorciers tellement les intentions inavouées des uns et des
autres viennent saper les années d’efforts et de sacrifices
consentis pour stabiliser le pays. Tous sont d’accord pour
aller à la paix et tous se préparent paradoxalement à la
guerre.
Le 4 Mars 2010, l’Accord politique de Ouagadougou (APO) signé entre le camp Laurent Gbagbo et les Forces nouvelles (ex-rébellion) en était à sa troisième année de sa
mise en exécution. Le bilan, lui, est en deçà
des espérances.
L’essentiel des points d’achoppement n’a
toujours pas été réglé. L’opération du DDR –
désarmement, démobilisation et réinsertion
,qui concerne les ex-rebelles et les milices
pro Gbagbo, n’est toujours pas effective, la
réunification du pays demeure incertaine, les
caisses de l’Etat non encore unifiées, le redéploiement de l’administration tarde à se
faire et même l’opération d’identification des
populations devant servir à l’établissement
d’une liste électorale fiable pour les élections
générales s’enlise dans la polémique et des
contentieux problématiques. Son coût s’élève
à ce jour à plus de 300 millions d’euros.
L’on se rend à l’évidence que la suspicion générale a fini par avoir raison du calendrier
électoral. Autant dire que tout le processus
de normalisation de la Côte d’Ivoire a été
remis en cause. Le nouveau président de la
CEI – Commission électorale indépendante
– M. Youssouf Bakayoko essaie bon an mal
an de colmater les brèches. Le contentieux
électoral suspendu le 10 Février 2010 et qui
a failli embraser le pays, a repris ses droits
au mois de Mai.
Il s’agit de « dégriser » une liste de plus d’un
million de réclamations retrouvées nulle part
sur aucune liste provisoire. Les pétitionnaires
doivent montrer patte blanche en apportant
la preuve de leur « ivoirité » avant d’espérer être électeurs. Comme si cela ne suffisait
pas, même la liste provisoire des quelques 5
millions enregistrés devra être « auditée » à
la demande du camp présidentiel qui doute
de sa fiabilité de cette liste du fait des nombreux cas frauduleux découverts.
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Diasporas News
Pendant que la CEI et l’ensemble des structures qui ont en charge l’organisation des élections générales poursuivent inlassablement
leurs tâches, le politique et les protagonistes
de la crise rament à contre-courant. Dans
cette affaire, il y a deux fronts. Le camp présidentiel semble être pris dans l’étau d’une
opposition dite Houphouëtiste déterminée
à en découdre définitivement et des Forces
nouvelles qui depuis quelques temps affûtent
leurs armes.
Après avoir paralysé le pays au mois de février dernier par des manifestations éclatées
sur toute l’étendue du territoire, soldées par
des morts d’hommes tombés sous les balles
des forces de l’ordre, le RHDP – Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie
et la paix – remet sa jeunesse dans les rues
d’Abidjan ce 15 Mai 2010.
Cette fois, opposition et forces de défense et
de sécurité (FDS) semblent accorder leur violon pour prévenir tout débordement et vandalisme. A quelques jours de cet événement,
la tension est montée d’un cran et les rumeurs
fusent de partout. Les « visionnaires » préviennent le pouvoir de rester vigilant pour ne
pas tomber dans un coup à la malgache ou
encore une espèce de « Révolution orange
» à l’ivoirienne. C’est ce qui est du premier
front.
Sur le second front, le pouvoir de Laurent
Gbagbo est soumis à l’épreuve de la force.
D'ores et déjà, le camp présidentiel et les exrebelles semblent engagés dans une guerre
psychologique. La presse locale est d’ailleurs
mise à contribution pour entretenir la psychose de la reprise du conflit armé. Chacun y va
de sa litote pour faire peur dans un équilibre
de la terreur. Dans le sud, les rumeurs les plus
folles font état de la remise en état de fonctionnement des aéronefs de l’aviation militaire ivoirienne détruite lors des événements
Clément Yao
©Gbagbo et Soro
de Janvier 2004 par l’armée française sur
ordre de Jacques Chirac.
Ces mêmes rumeurs font également état de
la présence de forces militaires angolaises
dans la zone d’Abidjan venues à la rescousse
de Laurent Gbagbo et de leur infiltration
en zones rebelles, dans la moitié nord du
pays occupées par les FN. Le camp adverse
n’est pas également à l’abri de ces mêmes
rumeurs. Selon des sources concordantes, la
rébellion se serait réarmée via un pays limitrophe malgré l’embargo onusien.
D’ailleurs la dernière enquête conduite par
le Groupe d’experts de l’ONU sur la Côte
d’Ivoire au mois de Mars dernier fait cas de
préparatifs pour la reprise des hostilités.
Autres informations qui pourraient attester
de l’attitude belliqueuse des va-t-en-guerre,
c’est le rapprochement effréné de chaque
camp à de Guinée Conakry.
Selon des informations dignes de foi, du vivant du général Lansana Conté, le camp présidentiel ivoirien aurait réussi à planquer des
avions de combat et des armements lourds
chez son voisin pour empêcher leur destruction par l’armée française. Sous le capitaine Moussa Dadis Camara, cet outillage de
guerre n’avait pas été rapatrié à cause de
l’embargo. Selon ces mêmes indiscrétions, la
rébellion ivoirienne aurait tenté, sans succès,
de récupérer ce matériel militaire pour son
compte. Le ministre ivoirien du Tourisme, M.
Sikidi Konaté, porte-parole des FN qui partage des affinités ethniques avec l’ancien
homme fort de Conakry, aurait été chargé
de mener des missions de bon office chez ses
frères Guerzo. Plusieurs témoins l’auraient aperçu dans
l’entourage immédiat du président du CNDD – Conseil
national pour le développement et la démocratie – au
point qu’au camp Alpha Yaya Diallo, les va-et-vient incessants de ce proche collaborateur de Guillaume Soro
avaient commencé à éveiller de lourds soupçons. Heureusement pour le camp présidentiel, ce matériel n’est
pas tombé aux mains de l’ennemi.
La même source rapporte également que l’avènement
du général Sékouba Konaté a été plus que salutaire
pour le palais présidentiel d’Abidjan. La visite du président intérimaire guinéen les 13 et 14 Avril derniers dans
la capitale économique ivoirienne a permis de célébrer
l’amitié retrouvée et de sceller par la même occasion
de nouvelles stratégies de sécurisation des deux pays et
de leurs frontières communes. Une façon pour Conakry
de rassurer les autorités ivoiriennes que la Guinée ne
servirait pas de base arrière à une quelconque attaque.
Et vice-versa.
Pour les observateurs, ce repositionnement et réarmement des belligérants ivoiriens sont le signe que l’APO
est en train de voler en éclat sous les yeux du médiateur
burkinabé Blaise Compaoré au grand dam de tous. La
récente visite de 48heures du président sénégalais Abdoulaye Wade les 22 et 23 Avril derniers à Abidjan
est interprétée comme l’acte de décès de l’APO mais
aussi le début d’une nouvelle médiation en direction de
Dakar.
Pour l’heure, la tension est très palpable au sud comme
au nord. Les zones dites CNO – Centre, Nord et Ouest
– sous contrôle des ex-rebelles, avaient été le théâtre
d’une véritable battue il y a quelques jours. Les FN
avaient ratissé toute la ville de Bouaké à la recherche
de probables mercenaires angolais infiltrés. Dans le sud,
le général Mangou, chef d’Etat major des FDS, a procédé le lundi 3 Mai dernier à la réorganisation des cor15
Diasporas News
Invité du mois
Maurice Nguesso :
DIASPORAS-NEWS : Qu’estce-qui vous différencie de
la Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones (CPCCAF)*?
Curieux de tout, féru d’histoire et de culture mais avant tout homme d’affaires, tout ce qui touche
l’Afrique l’intéresse. Monsieur Maurice Nguesso, senior toujours actif, le Patriarche des Nguesso
creuse son sillon. Entretien à bâtons rompus !
DIASPORAS-NEWS : Comment réagissez-vous aux différentes calomnies (arrestation, décès) qu’on
colporte sur votre compte ?
Maurice Nguesso : Pour un homme innocent de toutes ces accusations, ma réaction est simple : ceux qui m’accusent, à mon
humble avis, ont raté leur cible. Je suis un
simple citoyen dans mon pays et néanmoins
résident en France. Subjectivement, je suis le
frère aîné d’un Président de la République,
Denis Sassou Nguesso en l’occurrence. Ceux
qui me tirent dessus font allusion aux responsabilités d’un homme. Alors que personne n’est en mesure d'en donner les preuves
: je vis paisiblement dans mon appartement
à Paris contrairement aux rumeurs de mon
hospitalisation pour cause de paralysie.
Je suis en procès avec un certain JeanPierre Ibanga, qui aurait violé un système
informatique pour diffuser de fausses informations sur moi. Il se croyait être à l’abri
mais je suis également passé par les voies
juridiques en m’adressant à un cabinet
d’avocats en France, lequel a fait un excellent travail…
C’est l’occasion d’en parler : monsieur JeanPierre Ibanga vit à Lyon où les forces de
l’ordre sont arrivées un beau matin, à la
porte de son domicile, il a alors été surpris
de se retrouver nez-à-nez avec les gendarmes. L’enquête suit son cours. De ma part,
ce n’est pas une façon d’intimider, mais c’est
pour prouver à mes détracteurs qu’ils ne
sont pas à l’abri de poursuites juridiques
lorsqu’ils accusent un innocent.
Faudrait-il, au niveau mondial ou continental, adopter une loi qui stipule que «
lorsqu’un individu est issu de la famille d’un
président de la République, il lui est interdit
d’avoir des activités économiques ?
DIASPORAS-NEWS : Donc à travers
vous, on cherche à atteindre le
Chef de l’Etat ?
Maurice Nguesso : Évidemment, car je
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Diasporas News
ne suis même pas ministre ou encore directeur d’une société d'État. J’ai travaillé dans
une entreprise publique, je suis formé et fait
ma carrière dans le secteur pétrolier avant
de prendre ma retraite. Comme l’âge légal
de départ était de 55 ans alors que j’étais
encore « jeune », j’ai alors entamé une nouvelle carrière en créant des associations,
une fondation et quelques affaires.
Alors pourquoi devrais-je être victime de
choses dont je ne suis pas responsable ?
Depuis l’accession au pouvoir de mon frère
en 1979, malheureusement, il ne m’a jamais
nommé à un poste de responsabilités.
DIASPORAS-NEWS : Pourquoi n’avezvous jamais pris un mandat électif ?
Maurice Nguesso : Parce que cela ne
me sert pas ! Je me suis présenté une fois
à la députation sans avoir été élu. On ne
peut pas trouver plusieurs présidents dans
une famille. S’il y en a un, c’est mon frère
cadet mais je suis un homme public et populaire au Congo Brazzaville. Et même ici
en France !
Je préfère me consacrer à mes multiples
activités: mes différentes œuvres caritatives, diverses associations et ma fondation.
Je suis également un homme de média, propriétaire respectivement de deux stations
de radio et de télévision sans oublier le Fanion, un hebdomadaire. Sur le plan sportif ;
je dirige une association que j’ai créée : le
Patronage Sainte Anne, un club omnisports
réunissant une douzaine de disciplines.
J’adore tout autant la culture : j’ai acheté
des instruments de musique pour former
un groupe avec des jeunes désœuvrés qui
n’avaient pas le même niveau musical à la
base. Aujourd’hui, ils sont devenus de bons
musiciens qui sont sortis de leur village pour
triompher à Brazzaville. Quant au Festival de Musiques Originaires du Continent
Africain (FEMOCA), je vais donner un coup
de pouce à cette association qui, comme
vous, valorise la diaspora. Et enfin, je suis
Maurice Nguesso : C’est indéniable, la Chambre de Commerce Franco-congolaise leur fait
de l’ombre mais c’est de bonne
guerre. Je crois davantage à une
complémentarité qu’à une concurrence et nous devons travailler de
concert et avec intelligence. Mais
les gens m’attendent au tournant.
En cas d’échec, je serai « la
grenouille qui veut se faire aussi
grosse que le bœuf » ! Je ne toucherai pas à leurs institutions mais
chacun est autorisé, en vertu des
lois de notre République, à créer
des organismes qui concourent au
développement du pays.
en contact avec la diaspora du Bassin du
Congo. Dans tout cela j’ai un seul objectif
: lancer la musique africaine et caribéenne
au niveau de l’Europe à partir de la France,
notre « base ». Qu’on le veuille ou non les
relations entre la France et les pays francophones sont séculaires, parfois houleuses
mais indéfectibles et indélébiles.
DIASPORAS-NEWS : Que doit-on retenir de la dernière visite du Président
Denis Sassou Nguesso à Paris ?
Maurice Nguesso : Je suis très mal
placé pour répondre à cette question. Le
Président avait un voyage d’Etat en Chine
et comme je l’ai dit plus haut la France et
les pays africains ont un lien étroit, il a fait
l’escale à Paris pour rencontrer son homologue. Je suis nullement au courant de la teneur
ni de la conclusion de leur entretien. Quant
aux audiences, je ne suis pas au courant. Par
contre, je l’ai vu et j’étais à ses côtés jusqu’à
l’accompagner au moment de son départ de
l’aéroport d’Orly. Sur le plan affectif, c’est
mon frère, et c’est toujours une joie que de
se revoir.
DIASPORAS-NEWS : Rien sur le problème des flux de réfugiés fuyant
les violences dans la province de
l’Equateur ?
Maurice Nguesso : C’est un sujet politique. D’abord la solution à ce problème
ne peut être apportée qu’au niveau continental. Ensuite, au niveau international car
c’est un drame humain terrible. Il relève
d’un homme d’envergure mondiale mais
modestement Maurice Nguesso n’a pas la
capacité de résoudre ce genre de fléau ; je
ne peux qu’encourager le Président Denis
Sassou Nguesso pour la recherche d’une solution car cet afflux de réfugiés déstabilise
toute une région et provoque la perturbation du développement économique voire
des intérêts d’investisseurs étrangers.
*CPCCAF : les chambres de commerce institutionnelles reconnues par les gouvernements
DIASPORAS-NEWS : Comment
attirer des capitaux étrangers en Afrique tant que
les coûts de facteurs sont
élevés (l’électricité, les télécommunications) ?
DIASPORAS-NEWS : Comment se porte
la nouvelle Chambre de Commerce
Franco-congolaise ?
Maurice Nguesso : Je suis effectivement
le Président de cette nouvelle Chambre.
Ma fierté c’est d’avoir été élu en mon absence car c’est une forme de reconnaissance
de mes actes. La permanence se trouve à
Lyon et au niveau de l’Europe, la Chambre
de Commerce Franco-congolaise se porte
bien. Elle travaille en symbiose avec les gens
qui travaillent à Brazzaville. En ce qui me
concerne, j’ai commencé à prendre contact
avec des investisseurs. Notre principale difficulté aujourd’hui c’est de trouver un siège
à Brazzaville. Après la guerre, il y a eu un
boum du développement économique qui a
fait flamber la spéculation foncière. J’espère
que dès mon retour prochainement, ce problème sera résolu.
Je m’aligne sur le point de vue du Président
Sarkozy qui disait que « la diplomatie est
nécessaire mais elle ne suffit pas ». Il faut
créer une Chambre de commerce avec des
pays africains. Mon objectif pour le Congo
c’est d’enrichir les français et les congolais.
Maurice Nguesso : C’est une très bonne
question ! Car elle met à nue l’histoire des
colonies dont on célèbre aujourd’hui les 50
ans d’indépendance. La France ne nous a
rien apporté dans ce domaine sans compter
les guerres civiles dès le lendemain de l’indépendance. Les installations électriques vétustes datent de la colonisation. La puissance
coloniale ne construisait les infrastructures
que dans des endroits où elle en avait besoin
: leur lieu d’habitation, leurs administrations
et leurs usines. Je me réjouis actuellement
que notre croissance économique soit largement supérieure à celle de l’Europe. Mais
elle est handicapée par un manque d’infrastructures. Mon pays est en train de rattraper
son retard avec la construction de la centrale
électrique d’Imboulou…
DIASPORAS-NEWS : Financement 100%
congolais ?
Maurice Nguesso : Non avec nos partenaires chinois ! Le Président Denis Sassou
Nguesso venait d’inaugurer la première turbine. J’ai appris récemment que des actes de
malveillance ont été perpétrés sur les lignes
d’acheminement de cette électricité jusqu’à
Brazzaville. Il faut un changement profond
des mentalités pour que nous puissions avancer !
Je crois que le problème de l’énergie est
le souci permanent de chaque Chef d’Etat.
Moi-même, j’ai été victime d’un délestage au
cours d’un dîner avec mon frère. Et les gens
se sont précipités pour mettre le générateur
de secours en marche. Mais je persiste à dire
que les premières installations héritées de la
colonisation sont caduques et handicapent
nos industries et notre urbanisme.
DIASPORAS-NEWS : 50 ans d’indépendance des pays d’Afrique francophone nous contemplent et le
continent n’arrive toujours pas à
nourrir sa population, pourquoi ?
Maurice Nguesso : N’accusons pas le colonisateur. C’est nous qui sommes responsables ! Nous n’avions pas changé nos mentalités. Nous avions été mal préparés pour être
indépendants. Lorsque les colons sont partis,
on pouvait compter le nombre de cadres par
pays. Un fois les premières vagues de techniciens formés, nos pays sont tombés dans les
travers de lutte de pouvoir, de guerres ethniques. Prenez le cas de la Casamance qui
revendique son indépendance vis-à-vis du
Sénégal. Nous avions un effort à faire par
un changement radical de mentalité. A commencer par vous, les jeunes confortablement
installés en Europe, qui ignoraient les réalités
de nos pays. Ensuite, il faut aborder le problème du développement culturel.
L’autosuffisance alimentaire relève de notre
responsabilité propre : lorsqu’un Etat africain lance un vaste de programme agricole,
il s’adresse avant tout aux médias. C’est de
la communication pure et simple sans mettre
les moyens financiers, humains dans le projet.
Un budget de 100 milliards FCFA est « affecté » à tel projet sans autant acheter une
seule machine agricole, ni former des techniciens. Quand bien même seraientt-ils formés,
ils sont pour la plupart affectés dans les bureaux administratifs en délaissant complètement le terrain.
DIASPORAS-NEWS : D’après vous,
l’Afrique serait-elle éternellement
un continent pourvoyeur de matières premières pour la planète sans
qu’elle ne puisse assurer en retour
son développement en retour ?
Maurice Nguesso : Je ne pense pas qu’on
se fasse exploiter. Il fut un temps où c’était
encore possible mais désormais plusieurs
Etats réagissent. Ils votent des lois. Les déci17
Diasporas News
Invité du mois
nom, une organisation mais
elle s’apparente à la tristement célèbre Air Afrique
c’est-à-dire un consortium
de plusieurs Etats. Deux
pays n’ont jamais libéré
leur capital, ne serait-ce
qu’un tiers, jusqu’à la faillite
de la compagnie. D’autres
comme le Cameroun et le
Gabon préféraient avoir
leur pavillon car ils avaient
également les moyens.
sions sur de gros contrats
qui engagent le pays
passent systématiquement par l’assemblée
nationale. Et même par
le passé, le parlement
a toujours fait preuve
de bon sens et prend de
bonnes initiatives mais
c’est au niveau des instances d’application et
de contrôle que naissent
les dérives. Et le petit «
malin » débarque avec
leur machine d’extraction. Je vais citer un cas
: avant que l’Angola
obtienne son indépendance, le Congo avait
négocié et obtenu une
licence de pêche pour
20.000 tonnes annuelles. Au moment où je
vous parle, aucun bateau congolais n’est allé
pêcher dans les eaux
territoriales angolaises.
Au risque de me répéter, le problème de fond
est le changement de
mentalité
DIASPORAS-NEWS :
Votre pays multiplie les contacts en vue de partenariats économiques (les plus récents l’île Maurice et l’Afrique du
Sud), l’ouverture de Chambres de
Commerces est-elle également envisageable ?
Maurice Nguesso : Tout ce qui touche la
France peut concerner la Chambre de Commerce Franco-congolaise. Pour le reste, cela
ne devrait pas vous surprendre car les documents établis par l’ACP (Afrique Caraïbes
Pacifique) prônent l’échange commercial
entre les pays membres. Si les Chefs d’Etat
prennent des décisions dans les instances
internationales, elles méritent d’être exploitées pour le développement économique du
pays. Et moi en tant qu’homme d’affaires, je
m’en suis toujours inspiré. Pourquoi d’autres
opérateurs n’entreprennent-ils pas de telles démarches plutôt que de me faire des
procès d’intention ? Pareil pour exploiter un
hectare de terrain.
DIASPORAS-NEWS : Mais il faut un
investissement financier minimum
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Diasporas News
DIASPORAS-NEWS : La
diaspora congolaise
investit-elle au pays ?
Maurice Nguesso : Oui,
pour exploiter 1 ha ?
Maurice Nguesso : Je m’inscris en faux.
Vous ne pouvez pas imaginer qu’un paysan
africain, sans instruction arrive à fonder une
famille, scolarise ses enfants à l’école et
puisse accéder aux soins à l’hôpital. Comment fait-il pour vivre ? Parce qu’il est intelligent.
DIASPORAS-NEWS : Quand la route
aérienne
Brazzaville-Johannesburg sera opérationnelle ?
Maurice Nguesso : La ligne est déjà
ouverte ! Mais il y a des difficultés car personne ne crée sa propre société d’aviation.
On vient de créer Air Congo qui louait des
avions en leasing en Afrique du Sud. Pour
des raisons inavouées mais qui touchent
sans doute aux retards de loyers, les appareils n’exploitent plus la ligne et ont été
rapatriés.
DIASPORAS-NEWS : Et la nouvelle
compagnie Air Cemac* ?
Maurice Nguesso : Air Cemac, c’est un
mais cela n’a pas un impact significatif. L’expatrié
qui a les moyens investit
d’abord dans la construction d’une maison, dans
l’ouverture d’un commerce
pour subvenir aux besoins
de la famille. Ce que je
regrette c’est qu’il n’existe
pas d’organisation pour se
mutualiser dans un objectif
commun comme le montage
d’un projet tel que l’aménagement de 10.000 ha.
Si j’ai un mot à faire passer,
c’est que je suis de tout cœur avec la diaspora du Bassin du Congo qui m’a accueilli
comme invité d’honneur. J’espère qu’ils
m’ont compris et je suis sûr qu’ils iront dans
le sens du changement de mentalité et de
l’organisation autour d’un projet.
DIASPORAS-NEWS : Un message pour
Diasporas-News ?
Maurice Nguesso : Surtout un message
d’encouragement. Que vous êtes sur la bonne voie mais ne faites pas un travail « sectoriel » c’est-à-dire cloisonné. Si vous diffusez à partir de l’Europe, il faut absolument
avoir une présence sur le terrain afin de
vous imprégner des réalités des pays auxquels vous vous faites l’écho. Votre modèle
de diffusion gratuite risque de vous exposer à des problèmes de droit de diffusion
ou de droit à l’image.
Alex ZAKA
Société
En bref
Le Bassin du Congo
L’engagement d’une Princesse au
nom de l’environnement
Le 29 Avril, L’Etoile d’Afrique, une Organisation Caritative & Culturelle
fondée par Son Altesse Impériale, Marilyn YAV, princesse de la dynastie des Mwant-a-YHW de l’Empire LUNDA, a présenté son plan pour la
sauvegarde du Bassin du Congo lors d’une conférence de presse.
L’objectif visé est : Naturel,
Culturel et Humanitaire.
En effet, la forêt du bassin du Congo est
la 2e sur le plan mondial après celle de
l’Amazonie.
Cette forêt équatoriale joue un rôle important pour le stockage de gaz à effet
de serre et aide ainsi à lutter contre le
réchauffement climatique d’où la nécessité
de la protéger contre une déforestation
abusive.
La princesse Marilyn YAV, à travers L’Etoile
d’Afrique, se donne pour mission de souligner et d’honorer l’Afrique par ses traditions et ses cultures mais aussi le rôle planétaire que joue cette forêt.
C’est ainsi que le concept de la campagne
de sensibilisation se décline en « UBUNTU
» qui veut dire les Hommes :
« Je suis ce que je suis par les humains, il
faudra donc respecter l’environnement qui
nous accueille car nous finirons sous cette
terre ».
Cette protection prônée par la princesse
passe par l’implication des populations
Pygmées qui , pense-t-elle subissent les
effets du déracinement. Il faudra donc les
associer à toutes les actions afin qu’elles se
réapproprient leur identité car ce peuple
connait les secrets séculaires des mystères
des « dites forêts sacrées » qui constituent
un grenier, une pharmacie et une source
d’eau potable.
Afin d’optimiser la campagne de sensibilisation, la princesse met le 7ème art à
contribution avec le réalisateur James Ca20
Diasporas News
meron comme parrain de l’opération.
Le comité de soutien est composé de nombreux de nombreuses personnalités comme : Jermaine Jackson, Dione Warwick,
les actrices Carla Ortiz, Nicole Hansen,
Cameron Diaz, Sheila Shah, les acteurs
Billy Zane, Leonardo Di Caprio, Donald
Trump Jr et Sting.
Ce choix est justifié dans la mesure où ces
personnalités sont engagées dans des causes écologiques et ont souvent un accès direct aux grands décideurs (Ministères, Politiques…) et le projet nécessite des fonds
afin d’engager des actions sur le terrain.
La mort d’un grand Griot : SOTIGUI KOUYATE Né le 19 juillet 1936 à Bamako (Mali) – il
est décédé le samedi 17 Avril 2010 à Paris
des suites d’une maladie pulmonaire dans sa
73 ème année. Ancien joueur de Football professionnel, acteur, chanteur, danseur, musicien et compositeur, père du réalisateur Dani
KOUYATE et du conteur Hassane Kassi KOUYATE. En 1986, il fut acteur dans « Black Mic
Mac » de Thomas Gilou, en 1985, « Kéita
l’héritage du griot » de son fils Dani KOUYATE et récemment dans «London River » du
cinéaste Rachid Bouchareb où il obtint l’Ours
du meilleur acteur à Berlin. Il se disait Guinéen
d’origine, Malien de naissance et Burkinabé
d’adoption. Toute l’équipe de DiasporasNews Magazine présente ses condoléances à
la famille éplorée…. R.I.P
C’est dans ce sens que se tient une série
de conférences et d’expositions et de ventes aux enchères à :
- Los Angeles, le 6 Mai, à l’hôtel Petit
Ermitage , manifestation organisée par les
actrices Carla Ortiz Nicole Hansen et The
Green Girls.
- A Cannes sur un Yacht, du 16 au 19
Mai durant le festival.
Les fonds récoltés serviront à renforcer les
campagnes de sensibilisation et mettre en
place des actions sur le terrain.
Olivier ZINSOU
SOUS LE HAUT PATRONAGE L’AMBASSADEUR DU BENIN EN FRANCE
SEM, ALBERT AGOSSOU ET LE PARRAINAGE DE LA VILLE DE ROSNY-SOUSBOIS ET SON MAIRE CLAUDE PERNES,
ROMAINDA COSTA, PRESIDENT DU HCBE
FRANCEETLESMEMBRESDUBUREAU
Vendredi
5 Juin 2010
de 9h à 19h
J o u r n é e
Béninoise
Salle des fêtes de la Mairie
de Rosny Sous-Bois
Construisons
ensemble
20, rue Rochebrune 93110
Rosny-Sous-Bois
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Diasporas News
Dossier
ré-hydratation de ma peau et m'apportent
donc un certain bien être... Mais cela n'a rien
changé dans mes rapports avec les autres,
tout simplement on n'en parle pas. Chez les
hommes, se mettre des produits de beauté est
considéré comme personnel, comme un geste
intime... Par contre, ma femme apprécie que
mes mains soient douces, évidemment... Si je
vois qu'un ami hésite à utiliser des produits
cosmétiques, je l'encouragerai vivement
à faire ce qu'il faut pour qu'il protège son
corps des affres du temps. Un conseil que je
n'aurais certainement pas donné il y a quelques années !"
LOOK
Les nouveaux mâles !
Depuis quelques années, les étagères des salles de bain
sont peuplées de crèmes cosmétiques... pour hommes ! Il
y a dix ans ces hommes restaient assez réticents à l’idée
de prendre soin de leur corps et de l’assumer en société.
Ceux-ci évoquaient principalement les raisons d’un manque à gagner, d’une vanité assortie d’une crainte farouche de se voir perdre une part de leur virilité. Aujourd'hui,
ils prennent soin de leur visage, se font masser et même
épiler le torse et le dos. Qui sont ces nouveaux mâles
qui se féminisent ? Pleins feux sur un phénomène qui ne
risque pas de s'arrêter.
S
i les besoins des hommes et des femmes sont souvent identiques, les goûts
diffèrent en matière de cosmétiques.
L'homme va privilégier les produits
inodores ou aux parfums très légers, les textures non grasses. C'est en ce sens que des
produits cosmétologiques masculins sont légitimes. Ce que le grand public ignore c'est
que les principes actifs sont globalement les
mêmes, qu'ils se trouvent dans une crème
pour femme ou une crème pour homme. Seuls
les packagings et les noms des produits changent. L'un des précurseurs en la matière est
le fondateur de la marque Nickel, Philippe
Dumont ancien de chez L'Oréal. En 1996, il
va anticiper la demande masculine en termes
de soins du visage et du corps. Les produits
cosmétiques étaient souvent associés aux
femmes, et pourtant nombreux étaient les
hommes qui s’y intéressaient, et en utilisaient
parfois en cachette. Parti de ce constat et afin
de décomplexer l'homme, Philippe Dumont a
imaginé une gamme de produits aux noms
évocateurs, décalés mais virils : Lendemain
de fête, Bonne gueule, Coup de gueule ou
encore Poignées d'amour... Depuis, de nombreuses marques comme Biotherm, Nivea ou
encore Men Corner se sont engouffrés dans
la brèche.
Karim, 27 ans, informaticien : « Je
préfère l'odeur des produits pour femmes... »
« ma mère m'a sensibilisé assez tôt à prendre soin de ma peau... Au début, j'utilisais
pas mal de produits pour femmes. Et puis, il y
a environ trois ans, je me suis dit qu'il fallait
peut-être que j'utilise des produits spécifiques
pour hommes. Actuellement, j'utilise des produits Biotherm : un gommage avant-rasage
et une crème hydratante pour le visage, ainsi
qu'un soin pour les mains ».
Sebastien, 23 ans, journaliste sportif :
« J'utilise ces produits d'abord parce qu'ils
me font une plus belle peau, et aussi à titre préventif : je pense que l'on a chacun un
capital qu'il faut protéger et entretenir en
vue de la cinquantaine ! Quand j'achète un
produit Nivea par exemple, c'est un bon produit, efficace et pas cher, et son odeur me
rappelle celle de n'importe quel produit... Et
puis, mon amie apprécie car nous pouvons
partager les mêmes produits féminins dans
la salle de bain...»
Ludovic, 46 ans commercial :
« Aujourd'hui, j'encouragerai un ami à utiliser
des produits...»
« Actuellement, j'utilise des crèmes hydratantes pour les mains, le corps et les pieds, des
huiles de massage et, de temps en temps,
je me fais un masque pour assainir la peau
de mon visage. Ces produits permettent la
BOUTIQUE COÛT D'OEIL
SITUÉ AU 11 BOULEVARD PASTEUR 93120 LA COURNEUVE.
VENTE DE PRODUITS COSMÉTIQUE ET ACCESSOIRES.
POSE D’ONGLES ET EXTENSION DE CILS.
VENTE DE MÈCHES BRÉSILIENNE.
Isidor , 22 ans Etudiant en Marketing « Je dirais tout simplement que c'est un
instant de bien-être »
« Etant étudiant en marketing, j'ai eu à réaliser une étude de marché sur les cosmétiques
pour hommes. Donc en travaillant sur le sujet
je me suis dit pourquoi ne pas essayer ? Et
me voilà maintenant à mettre des produits
pour femmes... En fait, j'ai découvert un moment intime, où l'on s'occupe de soi et de rien
d'autre : c'est vraiment appréciable... Il y a
beaucoup plus de plaisir que dans le rasage
par exemple : je me rase parce qu'il le faut,
je vais vite parce que je suis en retard, etc...
Lorsque je mets une crème ou quand je me
fais un masque, c'est un réel moment de plaisir, choisi... Si je devais convaincre un homme
de se mettre des produits, je dirais tout simplement que c'est un moment de bien-être :
c'est psychique ! Mais, franchement, entre
hommes on n'en parle pas, et avec les femmes pas tellement non plus d'ailleurs ! »
Des besoins cosmétiques différents, un marché un plein essor
Non pas des homosexuels efféminés façon
Vincent Mac Doom, mais des hommes qui
n’ont plus honte de s’acheter eux-mêmes
leurs produits, ils sont conscients de leur corps,
de l’impact de leur image et ils assument virilement, avec la pilosité qui leur convient. Le
secteur de la beauté au masculin est d’ailleurs
en plein boum. Bien sûr, ces mâles nouveaux,
transformés peu à peu par l’évolution d’une
société où la femme joue désormais tous les
rôles, continuent parfois à emprunter le gel
douche, la crème hydratante ou le sérum
anti-âge de leur femme, mais ils ont bien
compris que leur peau nécessitait des soins
spécialement adaptés. En effet, la peau d’un
homme est de 16 à 22 % plus épaisse que
celle d’une femme et contient plus de collagène. Par conséquent, l’épiderme masculin
est souvent plus résistant, marque moins, et
plus tardivement. Par contre, les agressions
quotidiennes dues au rasage nécessitent des
soins destinés à réparer des dégâts souvent
désastreux.
A leur décharge, les bienfaits n’étaient pas
encore prouvés et pouvaient rendre la gente
masculine quelque peu frileuse. Celle-ci se
considérant alors comme un nouvel échantillon
de cobayes dont les ambitions, en plus, se féminisaient. Rien de glorieux, à ses débuts, la
galénique spécialisée a pourtant convaincu
un homme sur trois. Celle-ci tendait, en 2005
à constituer 10 % du marché cosmétique.
Ce pourcentage marque un changement profond des modes de consommation masculine.
D'après une étude Ifop aujourd’hui, 3 milliards d’euros dont 700 millions d’euros sont
consacrés aux seuls produits de soins pour
hommes : de quoi rendre frénétiques les marques, toutes gammes confondues, désireuses
de promulguer des produits de plus en plus
sophistiqués. Ainsi en 1990, ils n’étaient que
4% à utiliser un soin du visage, en 2001 ils
étaient 21% et en 2015 ils devraient être
un homme sur deux selon une enquête de
L'Oréal. Les peaux et les besoins des hommes ont amené les marques de cosmétiques à
développer des produits spécialement conçus
pour eux.
Maud Oyabi
En bref
Société : Le 17 avril dernier, le Royaume de
Tooro (Ouganda) a fêté son Roi, qui est le plus jeune roi du monde à 18 ans, Sa Majesté Agutamba
Iguru Oyo Rukidi IV, en présence du président de la
république Ougandaise Mr Yoweri Museveni et de
sa Majesté Tchiffi Zié ( S.G du forum des Rois) qui
a conduit une délégation ( Sultans, Princes, Cheikhs
et leaders traditionnels d’Afrique) aux cérémonies
d`intronisation du plus jeune roi d`Afrique. Il a accédé au trône à 3 ans lors du décès de son père et
a été investi Roi à sa majorité.
Football
:
Troisième
finale
Européenne
de
Champion’s league
pour Eto’o Fils en
l’espace de cinq
ans, le 22 mai au
stade
Santiago
Bernabeu à Madrid
face aux Allemands
du Bayern de Munich. !!
Le capitaine des
Lions Indomptables
du Cameroun Mister
Samuel Eto’o Fils,
va participer à sa
3 ème finale de Champion’s league avec l’Inter de
Milan, après avoir été battu au Nou Camp (en Espagne) par le FC Barcelone 1-0.
Son impression après le match : « Nous savions que
nous allions souffrir dans ce merveilleux et mythique
stade Santiago Bernabeu, mais la finalité c’est notre
qualification : elle est là »
L’inter de Milan a obtenu son ticket pour la finale, et
cela grâce à sa victoire au match aller 3-1 à Milan.
Rendez vous le 22 Mai 2010 !
Bonne Chance à toi et à toute ton équipe
Mister Samuel Eto’o Fils.
RER B AUBERVILLIER LA COURNEUVE BUS: 250 / 249 / 150 ARRÊT: CRÈVE-COEUR TÉL: 01 41 61 93 35
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Diasporas News
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Culture
BEAUTé
MAGALI GNESSA MISS CôTE D'IVOIRE EUROPE 2010
(Elle représentera la France à l'élection Miss Côte D'Ivoire à Abidjan)
L'élection de Miss Côte d'Ivoire Europe s'est tenue
dans les prestigieux salons Vianney à Paris, en
présence de personnalités comme Salif des Magic
System, de Jean Doucet l'habilleur des Miss France,
d'Amobe Mevegue de RFI, de la mère et du frère
de Didier Drogba, de Nicole Saar et de plusieurs
sponsors.
Les bonnes choses se faisant souvent attendre, l'élection annoncée à 19h n'a pas commencé avant 22h.
Plus sérieux, les organisateurs n'ont visiblement pas
pensé aux photographes en mettant le jury au pied
du podium, ou en ne prévoyant pas que chaque fille
puisse se présenter pendant une minute au public.
Les sponsors eux ont pu s'exprimer alors que le public était venu voir... les miss.
Grioo Pour ELLE
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Diasporas News
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Diasporas News
Culture
Vient de paraître
Hervé Cohx,
Édition -Diffusion
directeur de la
Publication du
journal en ligne
Directabidjan.com
Tél. 01 40 46 79 20 (comptoir et renseignement libraires)
Tél. 01 40 46 79 14 (manuscrits et fabrication)
Tél. 01 40 46 79 22 (service de presse)
Fax 01 43 25 82 03 (commercial)
Fax 01 43 29 86 20 (manuscrits et fabrication
"Je veux faire de DirectAbidjan, une plateforme de média incontournable"
C
ment de la production audiovisuelle.
"J'ai toujours eu une admiration particulière pour le journalisme" peuton l'entendre dire souvent au detour d'une causerie banale. Et s'il
est aujourd'hui à la tête d'un média en France, c'est parce que cet
inlassable journaliste a bien appris la leçon auprès de certains de
ses devanciers avec qui il a longtemps collaboré en Côte d'Ivoire par
le passé.
Commencée sa carrière dans les années 90 en tant que pigiste dans
le journal "Notre chance" dirigé par NAHOUA Lepregnon Michel, il
a ensuite intégré en tant que titulaire le journal "le Progès" de Tanoh
Gervais décédé en 2OO5. Hervé Cohx a, à la faveur (ou à la défaveur) du coup d'Etat de Décembre 1999 en Côte d'Ivoire, attéri sur
les bords de la Seine où il s'est régulièrement inscrit au CAPE (Centre
d'Accueil de la Presse Etrangère) et a obtenu des modules de formation dans les métiers des sciences et techniques de la communication.
Il a parallèlement été en plus de sa formation, le correspondant en
France du journal "Le nouveau Réveil" dirigé par Denis Kah Zion et de
"Déclic Magazine" de Jules YAO.
Directeur de la Publication du journal "Directabidjan" depuis 2007,
Hervé Cohx a su, non sans succès, mettre en place une équipe de
journalistes, cameramen, monteurs qui jour après jour, relaient savamment évènements politiques, culturels ou sociaux des ivoiriens de
la Diaspora. Et comme pour montrer son continuel attachement à la
Chose culturelle, Hervé Cohx et son équipe préparent activement le
Festival ivoirien et panafricain de masques qui se tiendra le 29 mai
prochain à la salle SOPALIM de 20 heures à l'aube. Au 36, quai de
seine du côté de la mairie de saint-ouen où se trouve le bureau du
journal, COHX et son équipe attendent les ivoiriens et ivoiriennes qui
détiennent un projet. Un vrai cabinet de communication, le service
vous propose des plans médias selon vos besoins. Une certaine magie
d'une ampleur considérable qui pour lui, ne fait que commencer...
Zacharie A.
Diasporas News
Analyse mythiumétrique de la performance
Emmanuel Okamba
site internet : http://www.editions-harmattan.fr
email : [email protected]
e talent de forcément réussir dans le domaine des médias, et
de façon si éminente, est sûrement ce qui lui vaut le respect
et l'admiration de ses paires...Lui, c'est Hervé Cohx. Ce jeune
ivoirien aujourd'hui Directeur de la Publication de Directabidjan, journal tour à tour sur le web, en format papier et qui fait égale-
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La gouvernance,
une affaire de société
5-7, rue de l’École Polytechnique 75005 Paris
Ce livre étudie les conditions optimales d’organisation et
d’animation de la décision administrative dans le cadre de
la gouvernance d’une cité, en situation de diversité sociale
et culturelle. Il montre, à partir de l’étude statistique sur une
longue période, que la performance de la structure du gouvernement de la cité est fonction du degré de traçabilité du
mythe fondateur de la société dans laquelle elle se trouve,
dans l’organisation et l’animation de la décision administrative. Plus le degré de repérage est élevé, plus la performance est soutenable. Moins le degré de traçabilité est élevé,
plus la performance est faiblement soutenable. Pour toute
structure de gouvernement, il existe un niveau d’efficience
possible lié au mythe fondateur de la société que l’analyse
mythiumétrique de la performance de la gouvernance permet de trouver.
Emmanuel Okamba est docteur habilité à diriger les recherches en sciences de gestion. Maître de conférence des universités, il est
spécialiste de la finance, du contrôle de gestion et de la gestion des ressources humaines, et auteur de plusieurs publications sur la
gestion et le pilotage de la performance dans les organisations en situation de management interculturel.
Collection Gouvernance et Société
24 euros
242 pages
ISBN : 978-2-296-11582-8
Visitez notre site internet et commandez en ligne : http://www.editions-harmattan.fr
Vous pouvez aussi commander cet ouvrage chez votre libraire habituel
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Diasporas News
Culture
Fatou Dial Ndiaye :
Gastronomie
Histoire d'une combattante
au cœur tendre
Poulet DG
Nerfs en feu est le premier roman de Fatou Dial Ndiaye qui
sonne comme une autobiographie. C'est à la suite d'une
terrible accident cardio-vasculaire cérébral qui aurait pu
lui coûter son destin, que Fatou s'est mise à écrire. Écrire
comme pour la maintenir en vie, lui faire oublier la maladie,
l'inactivité. Un roman poignant qui illustre avec précision
ses souvenirs d'enfance très lointains, dans sa ville natale
de Saint-Louis, autrefois capitale du Sénégal.
L
'auteur, dès les premières secondes,
nous plonge dans son univers. Un univers où la foi et la force morale peuvent vaincre tous types de maladies,
où les valeurs traditionnelles que sont la bravoure, la persévérance et l'intégrité règnent
en maîtres, et enfin où l'on se bat car la vie est
un perpétuel combat.
Issue d'une famille de neuf enfants, Fatou est
la seule à vraiment réussir ses études. Dans un
monde où les rêves des filles n'ont pas grand
intérêt, la petite fille en trouve finalement un
en se rendant à l'école jour après jour : Elle
adore apprendre: "A l'âge de 6 ou 7 ans,
je me levais à 6 heures du matin pour aller à
l'école coranique près de chez moi, ensuite je
revenais à la maison, me changeais pour ensuite
retourner à l'école primaire. Mais ce n'était
pas une contrainte pour moi ! J'aimais aller à
l'école, j'ai toujours eu cette envie de réussir, de
m'en sortir. On peut dire que j'avais du caractère...". Et du caractère, il lui en a fallu pour
faire face à ce qui sera pour elle une des plus
grandes humiliations de sa vie: être attaquée
en classe par son professeur qui, croyant bien
faire, l'abaisse totalement en lui ordonnant de
s'asseoir entre des garçons car elle ne savait
pas bien écrire la lettre "e". A l'époque, les
filles en nombre inférieur dans les classes, se
mettaient au premier rang tandis que les garçons eux, étaient placés derrière.
Ce moment de sa vie restera à jamais gravé
dans sa mémoire car elle était, malgré tout,
une brillante élève. "Même aujourd'hui je ne
comprends toujours pas ce qui s'est passé dans
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Diasporas News
la tête de ce professeur. Nous étions une dizaine
de filles pour cinquante garçons. Nous, les filles,
nous étions entre nous. Je ne connaissais pas les
garçons, et je ne leur parlais pas non plus. Ce
qui est sûr, c'est que malgré mon âge je n'ai pas
oublié cette épreuve terrible ; un enfant n'oublie
jamais ces choses-là...". Malgré cette parenthèse, Fatou passe quand même en classe supérieure et change ainsi de professeur. Celui-ci
est l'opposé total de l'autre. Il est plus pédagogue, plus à l'écoute de ses écoliers. Il donne
à l'auteur toutes les clefs pour la motiver à se
surpasser : "C'était un homme extraordinaire.
Il m'a vraiment poussée à être la meilleure, à
percer dans mes études. Il trouvait mon travail
très bien, et il a trouvé comment m'en rendre
fière. En effet, il me disait d'aller lire mes exercices dans les autres classes pour que les élèves prennent exemple sur moi. Lorsque j'avais
de bonnes notes, il me donnait des cahiers tout
neufs. C'était vraiment de bons souvenirs pour
moi. Cela m'a poussée à aller plus loin...". Ainsi,
Fatou continue une scolarité sans coupures.
Après son bac, elle passe le concours d'enseignement supérieur qu'elle obtient facilement,
mais il lui en faut plus. Elle s'inscrit donc en
physique et chimie à l'université de Dakar et
obtient sa maîtrise. Mais il lui en faut encore plus, alors c'est à Montpellier, en France,
qu'elle ira chercher son doctorat d'ingénieur
en agronomie et agro-alimentaire.
Super diplômée et de retour au pays, les
réalités du terrain sont dures à accepter. Le
poste qu'on lui donne et les projets sur lesquels
elle est censée travailler ne sont pas tout à
fait à la hauteur de ses attentes. En effet, les
budgets ne sont pas respectés, et travailler
dans ces conditions relève du parcours du
combattant. Trop honnête pour être dans ces
circuits ou la corruption est banalisée, et trop
désireuse d'être une femme libre, elle décide
de se retirer pendant un temps, elle qui avait
tout fait pour exercer ce métier. Elle demande
alors une audience au Ministère de la formation professionnelle, en vain. Et quelques mois
plus tard, bingo ! Sa persévérance paye. Elle
parvient à décrocher un poste de conseiller
technique à l'agriculture. Ceci devait être
pour elle "le crépuscule de sa vie" comme elle
le décrit avec tendresse et franchise.
Malheureusement, Dieu ne donne pas tout. Sa
santé s'aggrave, au point qu'il faut l'hospitaliser. Le verdict tombe un certain 4 décembre
1999 : "J'étais atteinte d'une paralysie partielle du côté droit due à mes antécédents. Hypertension, crises de diabète chronique, cholestérol
élevé... bref, j'avais accumulé ces maladies, sans
vraiment suivre de traitement régulier ou m'en
préoccuper...". Commence alors un long chemin vers la convalescence qui dure presque
dix ans, dont deux où elle ne sort quasiment
pas de chez elle. Ces deux longues années
sont les plus difficiles de toute sa vie. Elle ne
peut rien faire sans l'aide de quelqu'un, et
c'est à peine si elle peut parler: "J'ai vraiment
frôlé la mort. Mais à aucun moment, je ne me
suis dit que je n'allais pas m'en sortir. Ma foi en
Dieu m'a aidée...". Pendant ces deux années
où le moindre geste quotidien se transforme
en véritable épreuve, c'est dans la lecture et
l'écriture que la belle se relève : "Pour survivre, je lisais. C'est ma croyance qui m'a fait accepter la maladie et vivre avec. Il faut toujours
s'adapter à toutes les situations...".
Fatou Dial Ndiaye. "Nerfs en feu". Paris:
L'Harmattan, 2008. Témoignage. Préface
d'Aminata Maïga Ka
En bref
LE RENDEZ-VOUS NOMADE, L’AFRO ATTITUDE - 2ème édition
Les Samedi 5 et Dimanche 6 Mai, aura
lieu la 2ème édition de L’afro-attitude
aux Docks de Paris.
Cet événement, ayant pour parrain le
chanteur engagé Tiken Jah Fakoly (un
concert égal une école), sera placé sous
le signe de la célébration de l’Afrique
avec le cinquantenaire des indépendances des 17 ex-colonies et de la coupe du
monde en Afrique du Sud.
Ce festival, organisé par l’agence Marâ
Internationale, experte en organisation
d’événements afro-ethniques, a pour
mission de valoriser la culture Africaine
et des Caraïbes à travers la mode, la
musique et des conférences dans une
bonne ambiance.
Ce rendez-vous culturel est aussi économique car offre l’opportunité aux
créateurs, aux artistes, à de nombreuses
entreprises présentes de pouvoir communiquer sur leurs produits ou
services avec le public qui viendra assister non seulement aux différents concerts
mais échanger dans la bonne humeur.
Fatoumata KONTE
***INGREDIENTS***
Pour 4 à 6 personnes
1 poulet fermier
6 bananes plantains pas trop mûres
4 gousses d’ail
3 oignons
30 graines de djansan
6 graines de Pépé
2 cuillères à soupe de poudre de Curry
100g de Tomacouli (coulis de tomate en
petit berlingot)
1 morceau de Gingembre frais
4 carottes moyennes
200g de haricots verts surgelés
2 cubes bouillon (cube or magie)
2 poivrons (1 rouge et 1 vert)
Huile d’arachide. (25 à 30 cl)
1 piment vert pour parfumer
2 feuilles de laurier
Persillade pour la décoration
Sel
Poivre
***PREPARATION***
Epluchez et mixez 1 oignon, les 3 gousses d’ail, le gingembre, les graines de
djansan, les graines de pépé, les cubes
de bouillon jusqu’à obtention d’une pâte
homogène, puis réservez ce mélange
pour la sauce.
Découpez en morceaux, lavez, égouttez bien puis assaisonnez le poulet avec
le sel, 1 cube, le poivre puis faites-le
frire dans un bain d’huile préalablement chauffé et réservez-le dans un
saladier.
Epluchez, coupez en diagonales des
lamelles et faites frire les 6 bananes
plantains dans un bain d’huile de friture
bien chaude, puis réservez dans un plat
pas trop creux avec du papier absorbant dans le fond pour éponger le surplus d’huile.
Lavez et épluchez les carottes à l’aide
d’un économe, découpez-les en rondelles de 2 cm environ puis les blanchir
10 minutes à l’eau bouillante avec les
haricots verts, égouttez-les légumes et
réservez cette eau pour la sauce.
Dans une grande casserole, faites
chauffer l’huile y mettre les 2 oignons
et les poivrons préalablement coupés
en petits dés, le coulis de tomate, le
curry, le mélange de condiments mixés,
le poivre, le sel, les 2 feuilles de laurier,
le cube de bouillon émietté et couvrez
avec l’eau des légumes (1/2L).
Laissez prendre 5 minutes en remuant et
rajoutez-y les morceaux de poulet et le
piment vert, couvrez et portez à ébullition à couvert 20 minutes avant d’ajouter les carottes, les bananes plantains
en quantité suffisante pour la sauce et
les haricots verts, couvrez encore 10 minutes.
Sortez le piment vert, ajoutez la persillade.
Servez chaud
Recette Camerounaise, Le poulet DG
est un plat complet
Bon appétit
Astuce : Vous pouvez réserver une petite quantité de bananes frites à servir
dans une petite assiette en plus.
Par : Danielle Ebengou .
Maud Oyabi
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Diasporas News
Horoscope
Bélier
Cancer
Balance
Capricorne
ce mois-ci vous ressentez un besoin
d’affection, ce qui vous rend quelque
peu romantique. De façon générale le
mois se présente sous le signe de la légèreté, de plus vous vous sentez forte.
Attention à ne pas trop en faire quand
même !
Le mois est à la décontraction, vous savez prendre les choses avec distance.
Vous essayez de souffler, même si on
a besoin de vos compétences. Attention aux nerfs.
Tout est au beau fixe sur le plan sentimental, vous rayonnez. Célibataires :
soyez plus sérieuses ! Vous avez la «
pêche » et vous menez à bien de nombreuses activités. Une légère baisse du
moral quand même.
Votre vie affective est encore à l’honneur en ce mois de Mai, votre sensualité émerge. Célibataires : vous êtes sollicitées, mais soyez moins exigeantes.
Vous essayez de relativiser sur le plan
professionnel. Lâchez du lest même si
ce n’est pas dans vos habitudes !
Taureau
Tournez sept fois votre langue dans la
bouche avant de parler aussi bien au
travail que dans l’intimité, soyez plus
délicate. Réfléchissez avant d’agir.
Célibataires : vous en demandez un
peu trop.
Gémeau
La passion est au rendez-vous et vous
en profitez. Il en est de même pour les
célibataires. Vous avez envie de vous
poser un peu, de respirer. Le moral est
au plus haut.
Lion
C’est le printemps et vous vous sentez
revivre, personne ne peut vous arrêter.
Un vent de liberté souffle sur vous.
Attention néanmoins aux finances !
Manger léger !
Vierge
Vous privilégiez vos amis ce mois-ci
sans toutefois négliger votre partenaire. Célibataires : trop d’insouciance
nuit ! De la chance dans vos entreprises. Moins de fatigue, par contre surveillez votre alimentation.
Scorpion
Vous vous sentez plus euphorique ce
mois-ci, ce qui vous fait le plus grand
bien sur le plan sentimental. Célibataires : vous avez une décision à prendre.
Ne bousculez pas trop les habitudes,
allez « lentement mais sûrement ».
Maîtrisez votre gourmandise !
Sagittaire
vous vous montrez insouciante ce
qui désarme votre partenaire,
malgré tout la bonne humeur est
au rendez-vous. Célibataires :
vous êtes comblées sur le plan sentimental. Reposez- vous et soufflez
un peu !
Verseau
Sur le plan amoureux, complicité, tendresse et humour sont au rendez-vous.
Célibataires : ne vous laissez pas tenter
! Vous donnez la priorité à vos désirs
et vos envies. Vous êtes au mieux de
votre forme, si bien entendu vous avez
fait le maximum pour vous relaxer.
Poissons
L’amitié est prioritaire ce mois-ci et votre conjoint n’en prend pas ombrage.
Vous essayez de sortir un peu de la
routine. Au niveau des activités c’est le
calme plat. Mangez sain !
Jeux : SUDOKU
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