Comment poser des choix véritablement libres ? La liberté avec le

Poser des choix libres (2) - Père F. Boëdec – Carême 2011 Page 1/9
Comment poser des choix véritablement libres ?
La liberté avec le Christ (2)
Par le R.P. François Boëdec, s.j.
Conférence de Carême pour les jeunes
à Saint Joseph des Carmes – mars 2011 (le style oral a été conservé)
Quels moyens se donner en vue de prendre et de faire des choix avec le Christ ?
Nous avions essadans une première partie de regarder la figure de Jésus-Christ, Homme
libre, et j’avais terminé mon propos en vous invitant à vous plonger dans l’Evangile en regardant un
certain nombre de textes évangéliques dans lesquels le Christ présentait une attitude de liberté. Je
vous invitais aussi à regarder le Christ en croix, le visage de cet Homme libre qui a préféré mourir
plutôt que de renier sa raison de vivre : « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne. » Enfin,
j’avais essayé de repérer un certain nombre d’attitudes, de postures qui, à la suite du Christ qui
s’est donné pour nous, pouvaient être des attitudes et des postures importantes dans notre société
aujourd’hui. C’est ici que prend tout son sens le témoignage.
Donner sa vie ?
Il ne s’agit pas, et nous le savons bien, de parler de Dieu à tout bout-de-champ dans notre
monde, dans notre société, et de n’importe quelle manière. Il faut d’abord en vivre. Je ne dis que
des choses évidentes mais nous savons bien que, parfois, il peut être important de les réentendre.
Etre prêt à pondre de l’espérance qui est en nous, cela peut nous conduire à donner notre vie
dans le martyre. Ce n’est peut-être pas ce qui arrivera au plus grand nombre d’entre nous, même
s’il faut que nous y soyons prêts. Mais donner sa vie se fait d’abord jour après jour, de manière
souvent moins terrible, moins spectaculaire, mais pas forcément plus facile. Tout chrétien n’est pas
appelé au martyre mais tout chrétien est appelé à donner sa vie par amour. Or aimer, se donner,
cela a un coût, cela a du prix, de la valeur. Heureusement, d’ailleurs, sinon le mot serait vide. Ceux
qui veulent nous faire croire qu’on peut finalement aimer sans se donner nous trompent ; ils veulent
s’illusionner, nous illusionner ou bien se rassurer à bon compte.
On peut dire que l’Evangile est la révélation de « la liberté libérante » de Dieu. Aimer les
hommes, c’est vouloir qu’ils « soient », au sens premier du terme. Mais l’autre n’existe que s’il est
libre, car c’est par la liberté que l’homme est homme. En dehors de la liberté, il n’y a pas
d’humanité véritable. Finalement, on n’est libre que d’aimer car partout ailleurs que dans l’amour,
il y a puissance de domination qui opprime l’homme, qui l’empêche d’être pleinement homme.
Quand on a compris l’identité ou la liaison intime, étroite de l’amour et de la liberté, on a
vraiment compris l’essentiel de la foi.
A l’image et à la ressemblance de Dieu
Vous me direz : « Pourquoi Dieu veut-il tellement que nous soyons libres ? Cela peut être
fatiguant certains jours ! » Dieu veut que nous soyons libres pour que nous lui ressemblions. Dès les
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origines, il nous veut à sa ressemblance. C’est qu’intervient notre liberté : l’homme peut choisir
d’essayer de ressembler à Dieu et non pas de vouloir être comme Dieu, à la place de Dieu. En fait,
Dieu prend un risque considérable en espérant que nous choisirons de lui ressembler dans ce qui est
son essence même, c’est-à-dire l’amour. L’aventure humaine est cette découverte progressive que
nous sommes précisément à l’image de Dieu. Cela suppose, - et c’est cela qu’on appelle la vie
spirituelle - que nous prenions le temps de découvrir ce Dieu qui nous invite à être libres comme lui.
Cela peut apparaître paradoxal : plus nous devenons libres, plus nous sommes proches de Dieu et
plus nous nous approchons de Dieu, plus nous devenons libres. L’Evangile nous propose ce chemin de
liberté. Pour être libre, il n’y a pas d’autre manière que d’aimer. Or, pour aimer, le Christ est celui
qui peut le mieux nous dire comment faire dans ce qui fait la trame concrète de nos existences,
parce que lui a été au bout de cet amour et qu’il connaît le cœur du Père qui est le ur de
l’amour.
Les tentations de Jésus au désert (Mt 4, 1-11)
Nous avons déjà essayé de repérer des textes de l’Evangile où Jésus manifeste sa liberté, je
voudrais m’arrêter sur la scène de la tentation au désert (Mt 4, 1-11). Comment nous apparaît le
Christ face à ces tentations ? Qu’est-ce que cela peut nous dire pour aujourd’hui ? Je ne rentrerai
pas dans toute la richesse de ce texte car il y aurait bien d’autres choses à souligner.
« Jésus fut conduit au sert par l’esprit pour être tenté par le démon. (...) Alors, le
démon le quitte. Et voici que les anges s’approchèrent de lui et ils le servaient. »
1/ La tentation de l’avoir
Jésus est libre face à « l’avoir ». La première tentation est sûrement celle de posséder.
C’est une tentation banale. L’homme est un être de besoins, nous avons des besoins. Il serait
intéressant de nous poser la question : finalement de quoi avons-nous vraiment besoin pour vivre ?
Et de repérer ce qui est nécessaire et ce qui est superflu. L’homme ne peut pas vivre sans
nourriture, sans abri, sans vêtement, sans loisir, sans culture… La liste va aller toujours en
s’allongeant : je ne peux pas vivre sans téléphone portable, sans corn flakes le matin, sans ma
semaine de ski en février ou ma marche dans le Hoggar, sans mon ordinateur bien sûr etc. etc. La
liste va si bien croissante que nous n’en aurons jamais assez et que, pour satisfaire ces très
élastiques besoins, des besoins nouveaux apparaissent sans cesse. Nous ne pourrons que souhaiter
toujours plus de richesses. Il ne s’agit évidemment pas de revenir à l’âge de pierre et d’aller vivre
dans une caverne. Dieu ne nous le demande pas, ni non plus de vivre de mendicité, au crochet des
autres. Cependant, nous avons tous à nous interroger sur notre rapport à l’argent, aux biens
matériels, à notre style de vie. Peut-être trouverons-nous que sur telle ou telle chose notre liberté
n’est pas totale et que nous pourrions trouver beaucoup de fruits à une vie plus sobre. Jésus a été
libre face à la tentation de « l’avoir ». Il a fait un autre choix. Il a vaincu en lui tout souci de
posséder. Il n’a pas même où reposer sa tête.
2/ La tentation du valoir
Jésus est libre face au « valoir », à l’apparence. Cette seconde tentation est, en fait, assez
classique, presque banale. Ce n’est pas tous les jours qu’on est invité à plonger sans parachute du
haut du temple ! On voit bien un peu ce qu’il y a derrière : cette tentation a comme un défi, celui
de poser un acte miraculeux. Jésus est poussé à se servir de ses pouvoirs divins pour lui, pour son
usage à lui, pour sa gloire à lui. Si Jésus était entré dans le jeu du diable, ce geste aurait eu pour
effet d’attirer sur lui le regard, l’admiration de tous et dans cette affaire, Jésus y aurait gagné
prestige et renommée faciles. Cette quête de l’admiration, de la considération, cette volonté de se
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faire valoir, est bien une des pulsions fondamentales qui rendent compte de la conduite de
beaucoup de nos contemporains et de nous-mêmes, parce que nous savons bien que, d’une manière
ou d’une autre, nous n’échappons pas à cela. Jésus ne cède pas à cette fascination : il est libre vis-
à-vis du désir qui nous porte souvent à nous faire valoir, à séduire, à susciter le désir de l’autre, à
finalement vouloir mettre la main sur Dieu et le posséder.
3/ La tentation du pouvoir
Jésus est libre face au pouvoir. Nous avons à redécouvrir que l’on peut vivre le pouvoir,
l’autorité c’est-à-dire ce qui autorise et permet à l’autre de croître et de grandir comme un
service. L’exemple du Christ est pour nous important. Je suis sûr que nous pouvons repérer dans nos
vies les lieux très concrets cette tentation peut exister et où, en même temps, il nous est
possible de vivre ce pouvoir comme un service : au travail, en famille, dans la vie associative,
communautaire, ecclésiale. Finalement, tous, me si nous ne sommes pas PDG d’une grande
boîte, nous avons, si modestes soient-ils, des responsabilités, des lieux nous pouvons exercer un
pouvoir. Comment exerçons-nous le pouvoir que nous avons, si petit soit-il ? Peut-être pouvons-nous
regarder comment nous nous y prenons et à quoi le Christ nous invite.
Le secret de la liberté du Christ : se recevoir de son Père
Avoir, valoir, pouvoir : ces trois pulsions menacent toujours la liberté des hommes. Le
Christ, vrai Homme et vrai Dieu, les a mises à leur juste place, elles ne l’ont pas dominé. Il est resté
libre jusqu’au bout, alors même qu’il était confronté à des choses qui n’étaient pas du tout simples
à vivre. Comment s’y est-il pris ? Il est resté lié, tourné, en confiance avec Son Père. Il n’a pas cessé
de se recevoir de son Père. C’est vraiment le secret de la liberté du Christ : se recevoir d’un
Autre, se recevoir de Dieu, son Père. Au commencement de son Evangile, saint Jean écrit : « Au
commencement, le Verbe était tourné vers Dieu. » Jésus est l’Homme uniquement tourné vers
Dieu. Il communie, il coïncide avec le désir même de Dieu. « Ma nourriture est de faire la volonté
de Celui qui m’a envoyé. » Quelle est la volonté de Dieu ? Que nous vivions, que nous soyons
heureux, vivants, aimants de son amour, un amour qui est capable de tout balayer : nos refus, nos
résistances, nos trahisons, un amour plus fort que le péché.
L’expérience que vit le Christ, c’est l’expérience à laquelle nous sommes tous appelés.
L’homme libre est celui dont la parole est vraiment sa propre parole, celui qui parle en « je » et
non pas toujours en « nous » ou, pire encore, avec
un
« on » indéfini : « On pense que… » Oui, mais
toi, qu’est-ce que tu penses ? Peut-être ne penses-tu rien et ce n’est pas forcément un tort. Il est
parfois difficile de savoir ce qu’il faut penser, il n’y a pas de honte à cela, mais dis-le, engage-toi
dans ta parole. L’homme libre est celui qui est dans sa propre parole. Jésus n’a jamais parlé que de
sa propre parole. C’était bien lui qui était engagé dans ce qu’il disait. Il le revendique quand il dit :
« Ma vie, on ne la prend pas, c’est moi qui la donne. » Il s’agit bien d’une parole éminemment
personnelle. Jésus n’a jamais parlé que de sa propre parole et en même temps, sa parole se fondait
sur la relation intime à son Père. C’est parce qu’il était assuré, posé dans cette relation qu’il
pouvait aller vers les autres hommes.
La vie spirituelle est un peu comme un triangle de relations libres où chaque point du
triangle se renvoie l’un à l’autre : Dieu, moi, les autres. L’amour circule entre ces trois pôles. Si
l’une des relations ne fonctionne plus, l’ensemble ne fonctionne plus. On ne peut pas aimer Dieu si
on n’aime pas son frère. L’amour des autres conduit à Dieu. Dieu aime les autres comme il m’aime,
de manière unique, personnelle et privilégiée, et l’on ne peut aimer Dieu et les autres si l’on ne
s’aime pas soi-même. Il y a une invitation pour chacun et chacune d’entre nous à regarder
comment fonctionne notre triangle de liberté et plus particulièrement nous en sommes de notre
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relation au Père. C’est peut-être une grâce que nous pouvons demander au Christ, à son Fils : Jésus,
montre-nous le Père, toi qui le connais de l’intérieur. Qui est ce Dieu qui nous veut heureux ? Fais-
nous découvrir quel est son cœur.
DEUXIEME PARTIE : LE CHRETIEN, HOMME LIBRE PARCE QUE LIBERE
Qu’est-ce que cela change pour nous que le Christ nous ait libérés ? Saint Paul, dans
l’Epître aux Galates nous dit : « C’est pour être vraiment libres que le Christ nous a libérés ».
Qu’est-ce que cela veut dire ? Quel est le principe de notre libération ? Par qui avons-nous été
libérés et pour quoi faire ? Avant d’essayer de répondre à ces questions, je voudrais dire brièvement
quelques petites choses sur le rôle de la loi, la relation à l’Esprit, la place de la conscience et de
l’autorité dans ce travail de libération.
1/ La loi
Sur le chemin de la vie, la loi vient d’abord et elle est nécessaire. Certes, nous savons que
cette loi peut être pervertie : pervertie par ceux qui ont mission de la dire, pervertie aussi par
l’oreille même de celui qui l’entend. On peut assister alors à ce phénomène étrange, qui n’est pas
si rare, d’un certain brouillage. La Parole qui devait donner la vie devient une parole qui
emprisonne ou qui donne la mort. Cette perversion de la loi, c’est l’oubli que la loi n’a de sens si
elle n’est accompagnée, précédée même, d’une promesse. Et c’est en raison même de la promesse,
au nom de la promesse, qu’elle trouve sa nécessité. Ce qui est premier, même dans la loi, c’est que
nous sommes appelés à la liberté : c’est cela, la promesse.
A quoi sert la loi ? D’abord, elle dénonce des impasses, elle montre des chemins qui ne
mènent nulle part. La loi ne dit pas tant ce qu’il faut faire, elle dit ce qu’il ne faut pas faire. Les
repères qu’elle pose désignent finalement des impasses qui nent l’homme à sa dégradation, à
son autodestruction. La promesse dit la vie, la loi dit où se trouve la mort, se trouve la
servitude, elle montre des impasses (tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne prendras à un homme
ni sa compagne, ni sa vérité, ni son honneur…). De ce fait, la loi ouvre, balise un espace pour la
liberté.
La loi est faite d’interdits. Ce mot ‘interdit’ est lourd de malentendus, au sens premier du
terme de « mal-entendu » et il faut toujours en revenir à sa construction. « Inter-dits » : derrière
les interdits, il y a des interdictions, c’est-à-dire des hommes qui ont parlé entre eux, des hommes
qui se sont mis d’accord pour reconnaître une convention, pour admettre un certain nombre de
conditions sans lesquelles on ne pourrait être ensemble et sans lesquelles nul ne pourrait devenir
lui-même. Si l’homme est jeté dans un désert de sens où rien ne lui indique les voies à suivre et les
impasses, il risque de tourner en rond : il ne marchera jamais, il n’avancera jamais.
En d’autres termes, la loi marque un seuil qui rend impossible le retour à la confusion, au
chaos, à l’anarchie du désir pris dans son propre vertige. La loi barre le chemin vers ce chaos
primitif tout est égal à tout. Elle empêche de retomber dans un univers d’indifférenciation qui
serait, par même, un univers de violence. Lorsqu’on lit les récits de la Genèse, les récits de
création, on voit Dieu qui ordonne. Le premier récit, en Genèse 1, a comme fil directeur l’action de
Dieu qui, du chaos, fait surgir, par sa Parole, un cosmos organien séparant les éléments confus,
en ordonnant les jours, en structurant le vivant chacun selon son espèce, nous dit le texte. Plus
loin, dans le livre d’Isaïe, Yahvé dira même : « Je ne me suis pas fait connaître dans le chaos ». La
loi est le contraire du chaos, elle est selon l’ordre de Dieu, ordre dans le sens d’une disposition que
l’on donne à une situation.
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La loi est donc un moment essentiel de l’éducation à la liberté, à condition bien sûr de ne
pas retomber dans la morale du pur devoir, à condition également de ne pas subir l’inflation
réglementaire qui la rend insignifiante, qui casse tout appel à l’audace, qui ferme la voie à tout
risque, qui détourne de toute initiative personnelle. Ce moment de la loi est un moment important
qui n’est jamais dépassé ou périmé. Il faut passer par lui et parfois il sera nécessaire d’y revenir car
il peut arriver que nos énergies personnelles viennent à s’épuiser. Notre capacide discernement,
notre capacité d’exercer notre liberté sereinement et de manière claire peut perdre de sa vigueur.
Dans cette situation-là, la loi servira de protection nécessaire.
2/ La liberté de l’Esprit
A côté du passage par la loi, il y a un autre passage important sur le chemin de la libération,
c’est bien sûr celui où l’Esprit agit : la liberté de l’Esprit. Face à la loi, il y a la liberté de l’Esprit,
la liberté dans l’Esprit. Cette liberté est le signe fragile, dans une situation bien précise, que l’on a
pris le bon chemin. On n’a plus besoin de loi extérieure puisqu’on l’a complètement intériorisée. On
est, soit de façon stable, soit par la grâce d’un moment heureux, au-delà de la question du permis
et du défendu.
On est alors guidé comme par un instinct spirituel, cette « liberté libérée », pourrait-on
dire, cette liberté ritable. Saint Augustin en a donné une définition assez surprenante : « la
nécessité heureuse et spontanée de faire le bien et d’éviter le mal ». Quel paradoxe ! Saint
Augustin parle ici de la liberté qui devient nécessité. La liberté devient, en quelque sorte, comme
une seconde nature. Mais cette nécessité est une nécessité qui met dans la joie, c’est une nécessité
qui n’est pas imposée du dehors, même si elle est don de Dieu. Elle correspond à un surcroît de
dynamisme, un désir enfin réorienté, enfin libéré.
Durant ces jours de Carême, nous pouvons faire mémoire de ces jours, de ces situations,
nous avons senti dans notre vie que des décisions prises sonnaient justes, que nous étions libres
profondément et qu’il y avait de la joie en nous, quand bien même ce que nous avions à vivre, ce
que nous avions décidé était difficile.
Reste qu’on n’est pas toujours dans la véritable liberté spirituelle. Il ne suffit pas de
prétendre être au-delà de la loi, de vouloir échapper au permis et au défendu, pour pouvoir
affirmer que l’on est réellement libre. Cette question n’est pas nouvelle : aux origines de l’Eglise,
saint Paul l’a rencontrée, notamment dans deux communautés qu’il visitait, et cela nous donne des
textes qu’il est bon pour nous de relire ou de méditer.
Tout d’abord, aux habitants de Corinthe qui avaient un peu tendance à affirmer que tout
est permis, saint Paul reprend la formule et il écrit : Tout est permis mais tout n’édifie pas, tout ne
convient pas. En d’autres termes, il y a une cohérence à respecter, une unité à réaliser, une sorte
de concentration de l’être tout entier autour d’un seul désir, notre vrai désir qui doit devenir la
règle, le régulateur permettant d’apprécier la valeur de nos choix, de nos options, de nos décisions,
si petites et quotidiennes soient-elles. Saint Paul appelle donc les Corinthiens à la cohérence ; il les
appelle à tout ce qui construit, et non pas à tout ce qui détruit. Car édifier n’est pas donner de soi
une bonne opinion. Édifier, c’est construire un corps, construire une société, construire un homme.
L’enjeu dans notre vie spirituelle est donc à la fois d’essayer de nous approcher de plus en
plus de ce qui est véritablement notre désir profond et qui n’est rien d’autre que le désir de Dieu,
et en même temps de choisir ce qui nous permet d’aller dans le sens de ce désir.
Aux Galates, saint Paul va aussi dire des choses et il est obligé de rappeler les sévères mises
en garde qu’il leur a déjà prodiguées lors de son précédent passage, quant à la confusion toujours
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