J’APPELLE MES FRÈRES – Dossier pédagogique
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se convaincre que ce qui s’est passé n’a rien à voir avec lui, ni avec ses frères. Son apparence
physique, ses origines, gênent sa quête d’un anonymat devenu impossible, Amor est hanté par
ce qu’il ressent, comme une méfiance accrue à l’égard des « gens comme lui ».
Il appelle ses frères pour les mettre en garde : planquez-vous, fondez-vous dans la masse, ne
vous faites pas remarquer, ça va commencer. Le sentiment d’insécurité qui s’insinue peu à peu
en lui et le prend en otage finit par devenir tellement oppressant qu’il va jusqu’à douter de sa
propre innocence.
Entre les souvenirs et les hallucinations évoqués par cet état d’alerte, J’appelle mes frères
raconte le combat intime d’un jeune homme à la recherche de son identité. Riche de moments
amusants et d’épisodes drôles, la pièce aborde un sujet profond d’une façon originale, avec un
rythme entraînant et une ambiance captivante.
LES THÉMATIQUES
« Rien n’était différent, rien n’était nouveau,
personne ne me suivait, personne ne me jetait de regards bizarres,
personne ne pensait : il est un des leurs.
J’étais une partie de cette ville, exactement comme les autres. »
La pièce traite de la culpabilité, de l'angoisse et de la paranoïa qui montent chez un jeune
homme issu de l’immigration, Amor, en réaction à un attentat terroriste commis dans sa ville par
un arabe. En nous plaçant dans la tête et au plus proche des sentiments d'Amor, l’auteur nous
fait réfléchir par ricochet à la façon dont sont traités les étrangers, à la stigmatisation qu'ils
subissent, à la remise en question de leur statut, à leur appartenance au tissu social mais
également à la position de victime qu’ils peuvent entretenir.
Amor ne comprend plus le monde dans lequel il vit, il ne comprend pas les gens qui l’entourent. Il
n’est pas en prise directe. Il fantasme. Il fantasme sa relation avec Valéria, une amie d’enfance
dont il est amoureux malgré qu’elle soit en couple et mère de famille. Il fantasme une fraternité
avec le vendeur d’un magasin de bricolage. Il fantasme l’identité de Karolina, une femme qui
travaille pour une association de lutte pour les droits des animaux. Il fantasme une agression des
forces de l’ordre sur une famille immigrée. Il fantasme un dialogue avec sa grand-mère morte. En