Grégory Fléchet, coordinateur
Délégation à l’information et à la communication
Pour en savoir plus
Fiche n°290 - Mars 2008
RELATIONS AVEC LES
MÉDIAS :
GAËLLE COURCOUX
+33 (0)1 48 03 75 19
INDIGO,
PHOTOTHÈQUE DE
L’IRD :
DAINA RECHNER
+33 (0)1 48 03 78 99
www.ird.fr/indigo
Ces régions sont caractérisées par des
bassins hydrographiques où les espè-
ces non-natives représentent plus du
quart des espèces de poissons d’eau
douce recensées. Par ailleurs, elles
se superposent avec certains « points
chauds de biodiversité » qui correspon-
dent à des zones géographiques combi-
nant à la fois un fort taux d’endémisme
et un nombre total d’espèces très élevé.
Les scientifi ques ont aussi voulu sa-
voir quelle était l’infl uence relative des
caractéristiques propres à chaque éco-
système et des activités humaines sur
la diversité des espèces de poissons
exotiques. Pour cela, ils ont testé trois
hypothèses. La première dite de « ré-
sistance biotique » suggère qu’une forte
diversité de poissons d’eau douce dans
l’écosystème d’accueil constitue une
barrière à l’établissement des espè-
ces exotiques. La deuxième hypothèse
dite d’« acceptance biotique » suppose
au contraire que pour un écosystème
donné, la diversité des poissons exoti-
ques suit celle des poissons natifs car
les conditions écologiques favorables à
ces derniers le sont également pour les
nouvelles espèces. Quant à la troisième
hypothèse, elle prend en compte diffé-
rents indicateurs à l’échelle du bassin
hydrographique (produit intérieur brut,
pourcentage de zones urbanisées, den-
sité de population), permettant de me-
surer la relation entre pression anthropi-
que et diversité des espèces exotiques.
Le poids relatif de chacune des trois
hypothèses a été mesuré grâce à l’ap-
plication de méthodes statistiques. Pour
l’ensemble des cours d’eau étudiés, ces
analyses montrent que les conditions
environnementales des écosystèmes
fl uviaux n’infl uencent pratiquement pas
la diversité des espèces exotiques. Ce
sont au contraire les facteurs hu-
mains, et en particulier l’intensité
des activités économiques mesurée
par le produit intérieur brut, qui dé-
terminent le nombre d’espèces exo-
tiques d’un bassin hydrographique.
Ces résultats suggèrent ainsi que le dé-
veloppement économique prévu dans
les pays en voie de développement de-
vrait s’accompagner d’une augmenta-
tion du nombre d’espèces exotiques de
poissons d’eau douce. Sachant que les
invasions biologiques sont considérées
comme l’une des principales causes de
l’érosion de la biodiversité, un tel scé-
nario serait probablement préjudiciable
au maintien de la biodiversité aquatique
de ces régions. Or, d’après cette même
étude, des écosystèmes fl uviaux excep-
tionnels comme le bassin de l’Amazone
en Amérique du Sud ou celui du Congo
en Afrique centrale, sont encore très peu
affectés par le phénomène d’introduc-
tion d’espèces piscicoles. Sur les 3000
espèces de poissons répertoriées dans
le fl euve Amazone, on ne dénombre par
exemple pas plus de 1% d’espèces exo-
tiques. Alors que bon nombre de pays
du Sud voient leur croissance économi-
que décoller, ce genre d’étude devrait,
à l’avenir, contribuer à la mise en place
d’une veille effi cace dans la surveillance
des espèces exotiques s’installant dans
les milieux naturels les plus riches en
biodiversité et permettre ainsi l’appli-
cation du principe de précaution avant
qu’elles ne deviennent envahissantes.
Rédaction DIC – Grégory Fléchet
1. Ces recherches ont été menées
en collaboration avec des scientifi -
ques du Groupe de recherche sur
la gestion les écosystèmes de l’uni-
versité d’Anvers (Belgique) et du
Centre interuniversitaire de recher-
che sur le saumon atlantique (Cir-
ca) de l’université Laval (Canada).
CONTACTS :
FABIEN LEPRIEUR
Laboratoire Evolution et
diversité biologique
Adresse : Université Paul
Sabatier, bâtiment 4R3
115 route de Narbonne
331062 Toulouse cedex 4
France
Tél : +33 (05) 61 55 67 47
THIERRY OBERDORFF
Directeur de recherche
IRD
Unité de recherche
Approche macro-écolo-
gique de la biodiversité
aquatique en zone conti-
nentale
(AMAZONE)
Adresse : MNHN
43 rue cuvier
75005 PARIS
Tél : +33 (0)1 40 79 37 67
RÉFÉRENCES :
FABIEN LEPRIEUR, OLIVIER
BEAUCHARD, SIMON BLAN-
CHET, THIERRY OBERDORFF,
SÉBASTIEN BROSSE, Fish
Invasions in the World’s
River Systems : When
Natural Processes Are
Blurred by Human Activi-
ties, PloS Biology, 2008,
Vol. 6, No. 2, e28
doi :10.1371/journal.
pbio.0060028
MOTS CLÉS :
Espèce exotique, bassin
fl uvial, poisson d’eau
douce, invasion
Pourcentage d’espèces non-natives de poissons d’eau douce dans 1055 bassins
hydrographiques couvrant plus de 80% des terres émergées.
© Leprieur Fabien