A noter que, pour les associations reconnues d'utilisé publique, la définition est plus large, et notamment le terme
"strictement" disparaît. Le patrimoine est affecté à la réalisation de l'objet social, mais pas "strictement" affecté.
Le monde associatif est plastique, mobile, donc il est possible de modifier les statuts, et notamment d'élargir l'objet
social. Ce point est essentiel, toute la capacité juridique de l'association étant limitée par son objet social. Le pré-
ambule de l'association, qui définit ses buts notamment, doit aussi faire l'objet d'une attention particulière, de même
que la clause concernant les moyens de mise en œuvre de l'objet social, qui doit prévoir la faculté d'acquérir des
immeubles.
Les associations et fondations reconnues d'utilité publique, de même que les congrégations, peuvent accepter les
libéralités, sauf si elles ne sont pas affectées à leur objet. Si l'immeuble n'est pas affecté à l'objet de la structure, il
doit être cédé dans les trois ans. Deux atténuations à ce principe : l'immeuble peut être utilisé comme une "annexe",
servant à loger le personnel de l'association, ou pour loger une décentralisation de l'association.
L'article 17 de la loi 1901 prévoit que, si ces règles ne sont pas respectées, les actes touchant aux immeubles
(vente, échange, apport) sont nuls. Toutefois, dans la pratique, il y a très peu d'annulations. Une évolution sensible
doit être soulignée : dans le projet de loi "Economie sociale et solidaire" (ESS), un article prévoit que les associations
peuvent gérer et administrer des immeubles reçus par dons et legs. Les acquisitions sont donc exclues.
Préconisations
Il existe une réelle ambiguïté sur ce sujet, car d'un côté l'augmentation des fonds propres des associations est
encouragée, mais d'un autre côté on ne permet pas le placement de ces fonds pour les faire fructifier.
Un OSBL peut détenir des biens immobiliers mais, pour éviter que leur acquisition ne soit remise en cause, il ne
faut pas que la surface détenue soit surdimensionnée par rapport aux besoins de la structure. L'excédent provisoire
de superficie doit, soit être vendu, soit être mis à disposition d'un autre OSBL (attention, les statuts doivent prévoir
cette possibilité). Dans ce dernier cas, l'OSBL qui met son bien à disposition d'un autre OSBL doit vérifier que son
objet est compatible avec son propre objet, et que son but soit bien non lucratif.
L'opération peut être risquée, car elle permet en quelque sorte de contourner la loi, ce qui la rend fragile. Il sera
essentiel, en cas de litige, de pouvoir démontrer qu'il existe un véritable partenariat entre les deux OSBL.
Conséquences fiscales
L'imposition des revenus du patrimoine immobilier dans un OSBL est régie par l'article 206, 5˚ du CGI (N° Lexbase :
L0111IKC), qui prévoit que les revenus fonciers perçus sont soumis au taux réduit de l'impôt sur les sociétés, de
24 %. L'administration fiscale adopte une vision très pragmatique et ne s'embarrasse pas de l'examen de la légalité
de l'opération ; elle taxe, c'est tout.
En principe, les personnes physiques et les associations n'amortissent pas les immeubles. Or, les associations
soumises à l'IS y sont autorisées. Leur revenu foncier est donc déterminé après amortissement, et déclaré sur la
déclaration 2070. Dans ce cas, il est nécessaire de mettre en place un vrai plan d'amortissement, comptabilisé et
accepté par l'assemblée générale de l'association.
Il peut être intéressant de noter que, dans le département d'Alsace-Moselle, le droit local a survécu. Il est inspiré du
droit allemand, et permet aux associations de détenir des immeubles, puisque leur capacité juridique est beaucoup
plus étendue.
Dès lors, à l'occasion de l'immatriculation d'une association, il est possible, si la structure souhaite pouvoir louer
des immeubles à des tiers, d'immatriculer son siège dans ces départements, si l'association y a des racines. Dans
cette hypothèse, l'assemblée générale et le conseil d'administration se tiendront dans ces lieux, car le siège d'une
association est réputé se trouver là où elle est administrée.
Les intervenants mettent en garde leur auditoire sur les pressions que peuvent subir les associations de la part
de leurs autorités de tutelle (en cas de subvention publique) et de leurs banquiers. Il ne s'agit pas de foncer tête
baissée pour satisfaire les desideratas des investisseurs et des financiers, les conséquences peuvent être graves
en cas de non-respect de la loi !
De plus, la qualité de la personne à laquelle le bien immobilier est loué, le cas échéant, est aussi d'importance,
car si son statut fiscal n'est pas non lucratif, il peut y avoir "contamination" et la bailleresse peut se retrouver taxée
comme une entreprise commerciale... si des précautions ne sont pas prises.
p. 2Lexbook généré le 25 octobre 2013. Lexbook - Revues