Les insectes pollinisateurs indigènes et l`agriculture - Agri

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Les insectes pollinisateurs
indigènes et l’agriculture
au Canada
1
Les insectes pollinisateurs indigènes et l’agriculture au Canada
© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire
(2014)
Version électronique disponible à l’adresse www.agr.gc.ca
Catalogue no A59-12/2014E
ISBN 978-1-100-23302-4
No de publication d’AAC 12192F
Also available in English under the title “Native Pollinators and Agriculture in Canada”
Pour plus de détails, rendez-vous au www.agr.gc.ca ou composez sans frais le 1-­855-­773-­0241.
2
Table des matières
Introduction6
La vie des principaux pollinisateurs 10
Abeilles11
Types d’abeilles
11
Recherche de nourriture
12
Période de vol
12
Distance de vol
14
Aménagement du nid
14
Guêpes18
Mouches18
Papillons diurnes et nocturnes
18
Coléoptères 19
Comment protéger les pollinisateurs sauvages?
20
Conserver les habitats existants
21
Créer de nouveaux habitats
22
Choix du site
22
Élaboration du plan d’aménagement
23
Plantation et établissement 30
Adopter des pratiques favorisant les pollinisateurs
33
Utilisation de pesticides
33
Pâturage du bétail
33
Fin de l’histoire
35
Annexe A. Sommaire des mesures pour protéger, créer et entretenir les habitats des pollinisateurs
dans votre exploitation agricole ou votre ranch
36
Annexe B. Ressources et organisations pertinentes
41
Références43
3
Liste des figures
Figure 1. Abeille du genre Lasioglossum sur une vergette glabre (Erigeron glabelus) – M. Wonneck
Figure 2. Rôle des animaux pollinisateurs pour la reproduction végétale.
Figure 3. Photo produite par A. Lee
Figure 4. Bourdon de l’espèce Bombus ternarius sur un groseillier (Ribes oxyacanthoides) – M. Wonneck
Figure 5. Abeille de la famille des Halictidés (Halictus spp.) – M. Wonneck
Figure 6. Verge d’or du Canada (Solidago canadensis) – M. Wonneck
Figure 7. Aster lisse (Symphyotrichum laeve) – M. Wonneck
Figure 8. Campanule à feuilles rondes (Campanula rotundifolia) – M. Wonneck
Figure 9. Penstémon luisant (Penstemon nitidus) – M. Wonneck
Figure 10. Mégachile (Megachile inermis) sur une fleur de chardon – S. Javorek
Figure 11. Nid typique aménagé dans le sol.
Figure 12. Abeille du genre Anthophora qui creuse un tunnel – M. Wonneck
Figure 13. Bourdon (Bombus ternarius) – M. Evans
Figure 14. Colonie de bourdons – L. Zink
Figure 15. Petit « village » de nids d’halictidés, abeilles solitaires – M. Wonneck
Figure 16. Halictidé sortant de son nid, aménagé dans le sol – M. Wonneck
Figure 17. Bleu verdâtre (Plebejus saepiolus) sur une fleur de fraisier – J. Hannes
Figure 18. Coléoptère sur une fleur de rosier de Woods (Rosa woodsii) – J. Hannes
Figure 19. Zone d’habitat pouvant convenir aux pollinisateurs : fossé, clôture, milieu humide ceinturé
de saules dans le champ et zone boisée – M. Wonneck
Figure 20.Haie brise-vent qui borde un champ de canola et constitue un habitat potentiel
des pollinisateurs – M. Wonneck Figure 21. Les zones choisies pour l’aménagement d’un habitat pour les pollinisateurs devraient
être situées le plus près possible des cultures qui profitent de l’activité des pollinisateurs
et, si possible, être reliées aux habitats existants.
Figure 22.Exemple d’îlot de végétation tampon d’environ 5 ans, qui inclut le cerisier de Pennsylvanie
(Prunus pensylvanica), le cerisier de Virginie (Prunus virginiana) et l’amélanchier
à feuilles d’aulne (Amelanchier alnifolia) – L. Poppy
Figure 23.Canola (Brassica napus) en fleurs – M. Wonneck
Figure 24.Périodes de floraison de certains arbustes et arbres décidus présents dans le centre de l’Alberta.
Figure 25.Chevauchement entre la période de floraison du canola (bande jaune) et les périodes
de vol des abeilles sauvages (par genre) dans le centre de l’Alberta, au Canada.
Figure 26.Zone de végétation tampon bordant un champ, aménagée en bandes sinueuses – M. Wonneck
Figure 27. Nid artificiel pour bourdons : boîte cubique de 18 cm de côté munie d’un tub
de plastique de 15 cm de longueur servant d’entrée. Ce nid est destiné à être enfoui dans
la pente d’un talus orienté vers le sud – M. Wonneck
Figure 28.Nichoir à abeilles nouvellement installé dans une plantation brise-vent de peuplier
(Populus spp.) ­– G. Bank
Figure 29.Paillis plastique installé sur un terrain nouvellement préparé pour l’aménagement
d’une zone de végétation tampon – M. Wonneck
Figure 30.Plantation d’un semis à racines nues dans un trou pratiqué dans le paillis plastique – G. Bank
Figure 31. Motte d’aster en faux (Aster ericoides) prêt à être planté – G. Bank
Figure 32.Graminées formant un tapis entre les rangs de semis, pour lutter contre les
mauvaises herbes – G. Bank
4
6
6
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32
Liste des tableaux
Tableau 1.Principales plantes cultivées au Canada qui dépendent ou bénéficient de la pollinisation
par les insectes.
7
Tableau 2.Ressources relatives en pollen et en nectar de certains arbres et arbustes et de
certaines plantes non graminoïdes.27
Les illustrations de la couverture et des figures 2, 11 et 21 ont été créées par
Metographics Design & Advertising, Calgary, Alberta.
5
Introduction
expériences. Le présent livret porte sur une de ces
relations, qui est d’une importance étonnante :
celle qui unit les pollinisateurs et l’agriculture.
Notre monde est constitué de réseaux
d’interrelations et d’interdépendances – enfants,
parents, grands-parents, tantes, oncles, cousins,
cousins au deuxième degré et ainsi de suite. La
boîte de conserve que vous achetez à l’épicerie
a été placée par un commis qui achète un
chandail fabriqué quelque part dans le monde
par une personne qui s’est servi de tissu fait du
coton produit dans un champ situé ailleurs dans
le monde. Une graine qui a été plantée dans le
sol, a reçu l’eau des précipitations et de la fonte
des neiges et a été réchauffée par le soleil donne
naissance à une plante qui produit de nombreuses
autres graines. Ces graines sont transformées en
spaghetti ou en pain que nous consommons et
qui nous fournissent l’énergie pour travailler, faire
La pollinisation est généralement assurée par les
insectes, plus particulièrement les abeilles, mais
aussi par certaines espèces d’oiseaux et des
chauves-souris et quelques autres animaux qui
aident ainsi les plantes à produire des fruits et des
graines. Les pollinisateurs transfèrent le pollen des
organes mâles aux organes femelles des fleurs de
façon plus ou moins accidentelle pendant qu’ils
récoltent leur nourriture, le pollen et le nectar.
Nous qualifions ce phénomène de « plus ou moins
accidentel » parce que, à la longue, il s’avère
bénéfique pour les pollinisateurs et les végétaux.
Grains de pollen
Le pollen transporté
par une abeille
tombe sur le
stigmate d’une fleur
Étamine
Anthère
Filet
Pistil
Stigmate
Style
Ovaire
Pétale
Ovule (l’ovaire renferme un ou
plusieurs ovules. Chaque ovule
contient un gamète et devient
une graine après fécondation.)
Figure 1. Abeille du genre Lasioglossum sur une vergette
glabre (Erigeron glabelus) – M. Wonneck
Sépale
Réceptacle
Figure 2. Rôle des animaux pollinisateurs pour la
reproduction végétale.
du bénévolat ou jouer. Ces relations sont quasi
infinies et, que nous en soyons conscients ou
non, elles tissent le canevas de nos vies et de nos
6
Près des trois quarts des plantes à fleurs
dépendent, au moins dans une certaine mesure,
des pollinisateurs pour leur reproduction (CSPNA,
2007). En fait, de notre perspective et de celle des
végétaux, nous pouvons dire que les pollinisateurs
offrent un « service ». De ce fait, des écosystèmes
terrestres entiers, dans lesquels les plantes à
fleurs poussent et interagissent, dépendent de ce
service – des forêts amazoniennes (la plupart des
arbres tropicaux sont pollinisés par les insectes
[Michener, 2007]) aux prairies indigènes des
grandes plaines d’Amérique du Nord, en passant
par les zones « vertes » qui bordent les cours d’eau
des Prairies dans l’Ouest canadien. En outre,
les pollinisateurs sont essentiels à l’agriculture
(tableau 1). En effet, environ 70 % des plantes
cultivées pour la production de fruits, de légumes
ou de graines sont pollinisées par des animaux
(Klein et al., 2007), tout comme certaines plantes
textiles (lin, coton, etc.) et les principales plantes
Tableau 1. Principales plantes cultivées au Canada qui
dépendent ou bénéficient de la pollinisation par les
insectes.
Légumineuses
Haricot, haricot de Lima,
soja
Légumes
Concombre, poivron,
citrouille, courge, tomate
Légumes
Asperge, betterave,
(semences)
brocoli, chou de
Bruxelles, carotte,
chou-fleur, céleri, laitue,
oignon, panais, radis,
rutabaga, navet
Fruits et noix
Pomme, abricot, bleuet,
cerise, canneberge,
melon, pêche, poire,
prune, pruneau,
framboise, fraise, melon
d’eau
Les pollinisateurs sont essentiels
aux cultures importantes
Le Canada est le premier producteur
de canola et le deuxième producteur
de bleuet dans le monde. Nous
dépendons des insectes pour la
pollinisation de ces deux cultures,
particulièrement pour la production
de semences de canola hybride.
Céréales,
Luzerne, sarrasin, canola,
oléagineux et
lin, moutarde, tournesol
autres graines
Trèfle et
Trèfle alsike, trèfle rouge,
espèces
trèfle blanc, mélilot jaune,
apparentées
mélilot blanc
(semences)
Tableau fondé sur les données de Statistique Canada (2011a)
et adapté de NRCS (2006).
Il y a environ 706 000 colonies
d’abeilles domestiques au Canada.
La valeur de la pollinisation par les
abeilles domestiques a été évaluée
à environ 2 milliards de dollars au
pays. En outre, environ 41 millions
de kilogrammes de miel sont
produits chaque année au Canada,
dont environ 44 % sont exportés.
fourragères, notamment la luzerne et le trèfle
(Michener, 2007). Certaines espèces cultivées
dépendent entièrement de la pollinisation par
les insectes pour produire des graines et des
fruits, alors que chez certaines autres espèces
ce type de pollinisation améliore le rendement, la
qualité du produit ou l’uniformité de la maturation
(Corbet, 1991; Delaplane et Mayer, 2000). En
fait, environ 35 % de la production agricole
mondiale dépend des pollinisateurs (Klein et al.,
2007). De plus, les cultures qui nécessitent des
pollinisateurs ont généralement une très grande
(Agriculture et Agroalimentaire
Canada, 2013)
7
importance nutritionnelle dans notre alimentation et
représentent environ 90 % de la vitamine C, 100 %
du lycopène, près de 100 % de la β-­cryptoxanthine
et du β-­tocophérol (antioxydants), la majeure
partie des lipides, la vitamine A et les caroténoïdes
connexes, le calcium et le fluorure ainsi qu’une
grande proportion de l’acide folique entrant dans
l’alimentation humaine. (Eilers, 2011). En outre,
les abeilles domestiques, qui sont les principales
abeilles pollinisatrices dans le secteur agricole,
produisent deux matières utiles d’importance
économique : la cire et le miel.
L’abeille domestique, bien que
formidable, n’est pas représentative de
la plupart des autres abeilles.
Pour la plupart d’entre nous, une abeille
est un insecte qui produit du miel, vit
dans une ruche constituée d’alvéoles
hexagonales recouvertes de cire et fait
partie d’une colonie stable constituée
d’une reine et de ses nombreuses
ouvrières (Michener, 2007; O’Toole,
1991). En effet, cette description
correspond à l’abeille domestique. La
reine et les ouvrières qui forment une
colonie d’abeilles domestiques sont
très différentes; la reine dépend des
ouvrières pour sa subsistance, et les
ouvrières ne peuvent pas former une
colonie viable sans reine pour produire
la descendance femelle (Michener,
2007). L’abeille domestique n’est pas
indigène d’Amérique du Nord, mais
elle est domestiquée depuis longtemps
et a été introduite sur le continent par
les premiers colons européens, pour
la production de miel et de cire. Plus
récemment, elle est devenue une partie
intégrante de notre système agricole.
Selon les estimations, leurs services de
pollinisation génèrent des rendements
additionnels équivalant à plus de 17
milliards de dollars en Amérique du Nord
seulement. Même si l’abeille domestique
n’est pas nécessairement aussi efficace
que certaines abeilles sauvages à l’échelle
individuelle, elle est facile à élever en
grands nombres et à transporter et offre
un double revenu à l’apiculteur, qui peut
louer les ruches pour leurs services de
pollinisation et en récolter le miel.
Le nombre de colonies d’abeilles au Canada s’est
accru ces 5 dernières années, passant de quelque
570 000 en 2008 à plus de 706 000 en 2012
(Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2013), les
apiculteurs important de plus en plus d’abeilles
pour répondre aux demandes croissantes en
services de pollinisation des agriculteurs. On
observe toutefois une baisse de l’abondance
et de la diversité des abeilles sauvages, et
certaines espèces sont déjà en péril (COSEPAC,
2010; CSPNA, 2007). Dans le cas de l’abeille
européenne, espèce domestiquée importante
pour l’agriculture, des pertes annuelles de colonies
de l’ordre de 15 à 30 %, principalement dues
à la mortalité en hiver, semblent être courantes
en Amérique du Nord (van der Zee, 2012;
vanEngelsdorp, 2012). De plus, depuis 2006, un
phénomène nommé « syndrome d’effondrement
des colonies » a été signalé aux États-Unis : des
colonies d’abeilles entières sont perdues en raison
de ce qui semble être une combinaison de facteurs
difficiles à cerner. Ce phénomène accentue ainsi la
vulnérabilité des services de pollinisation essentiels
à l’agriculture (Dainat et al., 2012). Il est difficile de
déterminer toutes les causes des déclins (chez
les abeilles sauvages et les abeilles domestiques),
mais les facteurs suivants sont généralement
pointés du doigt :
• déclin de la diversité des plantes à fleurs (Di
Pasquale et al., 2013);
• destruction, fragmentation et dégradation
8
•
•
•
•
•
de l’habitat, en grande partie à cause du
développement agricole et du développement
urbain (Grixtia, 2009; Kremen, 2002; Larsen,
2005; Richards, 2001);
introduction d’espèces végétales exotiques
envahissantes (Potts et al., 2010);
toxicité et utilisation à grande échelle des
pesticides (Desneux, 2007; Kevan, 1975;
Pettis, 2013);
pollution atmosphérique (Girling et al., 2013);
changement climatique (Potts et al., 2010);
maladies et parasites (Potts et al., 2010).
passant d’environ 29 500 000 kilogrammes à
plus de 41 000 000 kilogrammes de 2008 à 2012
(Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2013).
Il faut toutefois mentionner que nous connaissons
mal les habitats dont dépendent la majorité
des espèces, leurs interdépendances avec
d’autres espèces, leurs tendances en matière
de populations et l’effet qu’ont sur elles les
changements environnementaux.
Le présent livret fait état des connaissances
actuelles sur les pollinisateurs et leur importance
pour l’agriculture au Canada, en plus de renfermer
quelques idées sur la façon dont elles peuvent être
protégées.
Heureusement, les apiculteurs ont été en mesure
d’accroître le nombre d’abeilles qu’ils importent
d’autres pays non seulement pour compenser
les pertes dues à la mortalité hivernale et au
syndrome d’effondrement des colonies, mais
aussi pour répondre à la hausse de la demande
en miel ainsi que de la demande en pollinisateurs
venant des agriculteurs, qui les recherchent pour
leurs cultures. La production de miel a augmenté,
9
La vie des principaux
pollinisateurs
Assurez-vous de déguster chaque
cuillerée de miel jusqu’à la
dernière goutte!
Parmi les quelque 300 000 espèces qui visitent des
fleurs, ce sont les insectes et plus particulièrement
les abeilles qui sont les plus importants animaux
pollinisateurs au monde et les plus utiles pour la
pollinisation des cultures au Canada (Nabhan et
Buchmann, 1997 cité dans Kearns et al., 1998;
Klein et al., 2007; Richards et Kevan, 2002). En
plus des abeilles, les guêpes et les mouches
s’occupent d’une grande partie de la pollinisation
réalisée au Canada; les papillons, les coléoptères,
les fourmis et les oiseaux (notamment les colibris)
y participent aussi. À l’exception de quelques
espèces de guêpe, les abeilles sont les seuls
animaux qui récoltent délibérément le pollen,
dont elles se servent pour nourrir leur progéniture
(Mader, 2011). Par contre, les papillons diurnes
et nocturnes, la plupart des guêpes, les mouches
et les coléoptères visitent les fleurs pour se
nourrir de leur nectar ou (dans le cas de certains
coléoptères) de leurs pétales (Mader, 2011). En
outre, les abeilles présentent un comportement
nommé « constance florale », qui correspond
à leur tendance à butiner seulement une espèce
de fleur au cours d’un même voyage de quête de
nourriture. Nous allons débuter par les abeilles,
étant donné l’importance de ces « impératrices »
des pollinisateurs.
Qu’est-ce que représente une cuillerée
de miel? On a évalué (O’Toole, 1991)
que les abeilles domestiques doivent
faire 20 millions de voyages pour
récolter suffisamment de nectar pour
produire 1 kg de miel. Donc, lorsque
vous mettez une cuillérée de miel de
5 mg dans votre thé ou sur vos rôties,
vous y mettez le fruit d’environ 100 000
voyages. Une ouvrière travaille environ
10 heures (ou 36 000 secondes) par
jour, et chaque voyage dure environ 185
secondes (Collins, 1997); supposons
que, comme l’ont observé certains
chercheurs (Collins, 1997), l’ouvrière
visite en moyenne 22 fleurs par voyage et
passe environ 4,4 secondes sur chacune
d’elles, alors elle fera au plus environ 195
voyages par jour.
Cela signifie que chaque cuillerée de miel
représente 512 jours de travail! Toutefois,
au plus fort de la période de récolte du
nectar, une ouvrière vit en moyenne à
peine 42 jours (O’Toole, 1991). Ainsi,
environ 12 ouvrières ont consacré leur vie
entière pour vous fournir cette cuillérée
de miel!
Figure 3. Photo produite par A. Lee
10
Abeilles
Dans le cadre du présent livret, nous traiterons
uniquement des abeilles sauvages indigènes, car
les abeilles domestiques, introduites en Amérique
du Nord, et les autres abeilles d’élevage font déjà
l’objet des bons soins des apiculteurs.
Nous connaissons tous les abeilles. Ce n’est
pas surprenant, car nous entretenons avec elles
une longue et étroite relation, en raison du miel
et de la cire qu’elles produisent et des services
de pollinisation qu’elles fournissent dans nos
cultures. Cette relation dépasse toutefois ces biens
Types d’abeilles
Il existe plus de 970 espèces d’abeilles indigènes
du Canada (pour vous en souvenir, dites-vous
que c’est l’espérance de vie moyenne au Canada,
en mois, ce qui constitue un sujet de réflexion
en soi). La plupart (environ 90 %) de ces abeilles
sont solitaires, c’est-à-dire qu’elles ne vivent pas
en colonies. Les abeilles solitaires ont une durée
de vie de seulement un an et ne sont actives que
durant une courte période, en été. Les femelles
fécondées passent cette période à aménager un
nid, à récolter de la nourriture et à pondre. Les
œufs se transforment en larves puis en nymphes
dans le nid et en émergent sous forme adulte
l’année suivante. Les abeilles solitaires, plus
particulièrement les halictidés et les andrènes, sont
le type d’abeilles le plus abondant au Canada.
Figure 4. Bourdon de l’espèce Bombus ternarius sur un
groseillier (Ribes oxyacanthoides) – M. Wonneck
et services. En effet, l’abeille est ancrée dans la
mythologie et la médecine folklorique. Le portrait
d’un parfait après-midi d’été ne serait pas complet
sans le murmure de leur bourdonnement. Leur
ardeur au travail légendaire nous inspire le respect.
Les sacrifices que font les abeilles domestiques
pour leur colonie sont inspirants. Des chansons,
des poèmes et même des films leur ont été
consacrés. Malgré tout, la plupart d’entre nous
connaissent très peu de choses sur les abeilles,
et notre conception de ces animaux est faussée
par ce que nous savons des abeilles européennes,
insecte sans doute le plus étudié au monde, mais
aussi très différent des abeilles non domestiques.
Figure 5. Abeille de la famille des Halictidés (Halictus spp.)
– M. Wonneck
11
Parmi les espèces indigènes d’abeilles sociales
(bourdons et certains halictidés), aucune ne
s’approche du degré de socialité de l’abeille
domestique. Par exemple, une colonie de
bourdons se compose généralement de 100 à
400 individus (O’Toole, 1991), selon l’espèce, alors
que les ruches d’abeilles domestiques comptent
habituellement 40 000 à 80 000 ouvrières
(Michener, 2007). Chez les bourdons comme
chez l’abeille domestique, les ouvrières récoltent
la nourriture, alors que la reine demeure dans
le nid, où elle pond. Vers la fin de l’été, la reine
bourdon produit des mâles et de nouvelles reines
qui quittent le nid et s’accouplent. Au Canada,
les reines nouvellement fécondées s’enfouissent
dans le sol pour hiberner, alors que tous les autres
bourdons meurent. Par contre, en Amérique du
Nord, les ruches d’abeilles domestiques subsistent
à l’hiver, mais elles doivent faire l’objet de soins
particuliers pour y parvenir (tout comme nous!).
penstémons (Penstemon spp.), les lobélies et les
lupins (Lupinus spp.; Mader, 2011).
Recherche de nourriture
Les abeilles solitaires vivent généralement un
an, mais leur période de vol (période où elles
sont actives et visibles) dure seulement trois à
six semaines. Chez quelques abeilles solitaires,
notamment certains halictidés des genres Halictus
et Lasioglossum, deux ou trois générations se
succèdent chaque année, de sorte que ces
espèces sont présentes durant une plus longue
période de l’année que les autres (Mader, 2011).
Les abeilles sociales sont polylectiques, mot
savant qui signifie qu’elles récoltent le pollen d’une
grande diversité d’espèces de plantes à fleurs. Ce
comportement réduit le risque de famine dans les
cas où certaines espèces fleuriraient moins une
année donnée, en plus de permettre aux abeilles
de rester actives durant une plus longue période de
l’année, car elles peuvent changer d’espèce au fil
des périodes floraisons de chacune. En revanche,
les abeilles solitaires ont une stratégie de survie
différente; elles ont tendance à se spécialiser à
l’égard d’une ou de seulement quelques espèces
de plantes, qui fleurissent durant la période
relativement courte où elles sont en quête de
nourriture durant l’été.
Période de vol
Les abeilles sont des pollinisateurs très efficaces
pour diverses raisons : leur corps est couvert
de poils qui permettent le transport de grandes
quantités de pollen; leur quête de nourriture est
axée sur les plantes à fleurs (presque toutes les
espèces sont strictement végétariennes [Michener,
2007]); leur comportement à proximité des fleurs
favorise la dispersion du pollen, par exemple, le
battement des ailes des bourdons est très efficace
pour libérer et répandre le pollen (Osborne et Free,
2003).
La plupart des abeilles cherchent deux choses
durant leur quête de nourriture : du nectar, qui leur
procure de l’énergie, et du pollen, qui sert à nourrir
le couvain ou à faire des réserves pour les œufs.
La longueur de la langue des abeilles détermine le
type de fleurs dont elles peuvent récolter le nectar
: les abeilles à langue courte peuvent seulement
boire le nectar des fleurs à corolle courte, comme
les asters, alors que les abeilles à langue longue
peuvent atteindre le nectar de fleurs à corolle
profonde ou de forme complexe, comme les
Dans le cas des abeilles sociales, comme les
bourdons, la période de vol est beaucoup plus
longue. Elles sont souvent les premières abeilles
actives au printemps et les dernières actives en
automne. De ce fait, les plantes à floraison hâtive,
comme le saule, et à floraison tardive, comme la
verge d’or, sont particulièrement importantes pour
la survie de ces abeilles. Grâce à leur capacité de
réguler leur température corporelle en frissonnant
ou en s’exposant au soleil, les bourdons sont
capables de continuer de chercher de la nourriture
par temps plus humide et plus frais que les abeilles
domestiques et de nombreuses autres abeilles
indigènes.
12
Fleurs à corolle profonde et fleurs à corolle peu profonde
Figure 6.
Verge d’or du
Canada (Solidago
canadensis)
– M. Wonneck
Les fleurs à corolle peu profonde
et à pollen facilement accessible,
comme la verge d’or et l’aster,
sont généralement visitées par
les abeilles à langue courte
Figure 7. Aster lisse
(Symphyotrichum
laeve) – M.
Wonneck
Figure 8.
Campanule à
feuilles rondes
(Campanula
rotundifolia)
– M. Wonneck
Les abeilles à langue longue
sont capables d’atteindre le
nectar offert par les fleurs à
corolle profonde et complexe,
comme la campanule et le
penstémon
Figure 9.
Penstémon luisant
(Penstemon
nitidus)
– M. Wonneck
13
Distance de vol
elle est en mesure de nourrir un grand nombre de
descendants (Mader, 2011). En d’autres mots, peu
importe la grosseur des individus, les populations
d’abeilles se portent mieux lorsque les ressources
alimentaires sont abondantes à proximité de leur
nid.
Pour qu’une abeille soit en mesure de construire
son nid et de l’approvisionner, elle doit trouver les
ressources alimentaires dont elle a besoin dans
son rayon de vol. Il semble que la grosseur des
individus a une incidence sur la distance qu’ils
peuvent parcourir à partir du nid pour récolter le
nectar et le pollen. Les grosses abeilles, comme
les bourdons, peuvent parcourir 1,5 km ou plus
à partir du nid pour chercher de la nourriture.
Les abeilles de grosseur moyenne, comme
les andrènes (Andrena spp.) et les mégachiles
(Megachile spp.), peuvent parcourir 350 à 450 m
Aménagement du nid
L’emplacement et la construction du nid varient
grandement d’une espèce d’abeille à l’autre.
Environ 70 % des abeilles solitaires aménagent
leur nid dans le sol. Ce type de nid consiste
en un étroit tunnel qui se termine par de
petites chambres et mesure 15 cm à 1 m de
profondeur. Malheureusement, on connaît mal
les caractéristiques du sol (type, texture, degré
de compaction et capacité de rétention de l’eau)
nécessaires à la plupart des abeilles terricoles. Les
30 % restants aménagent leur nid en dehors du
sol, dans le centre creux des tiges et des rameaux
de certaines plantes, comme l’érable à Giguère
(Acer negundo), le sureau à grappes (Sambucus
racemosa), le framboisier rouge (Rubus idaeus),
dans des tunnels de coléoptères xylophages
abandonnés ou, dans le cas de certaines espèces,
dans des tunnels qu’elles creusent directement
dans le bois, plus particulièrement dans les
souches pourries et les chicots morts.
Figure 10. Mégachile (Megachile inermis) sur une fleur
de chardon – S. Javorek
à partir du nid. Les petites abeilles, comme les
halictidés (Halictus spp.) et les cératines (Ceratina
spp.), restent généralement dans un rayon de 200
m de leur nid. Les abeilles du genre Perdita, qui
sont les plus petites de toutes, sont probablement
limitées à un rayon d’environ 75 m. Toutefois, il
est important de souligner que moins l’abeille a
à parcourir de distance pour trouver des fleurs,
plus sa quête de nourriture est efficace et plus
14
1 cm
Figure 11. Nid typique aménagé dans le sol.
15
Les abeilles solitaires déposent un œuf dans
chaque alvéole de leur nid, dont la composition
varie selon l’espèce. Voici une description, pour
certains genres d’abeilles, des sites ou matériaux
choisis pour la construction du nid :
• les mégachiles (Megachile spp.) fabriquent les
alvéoles de leur nid avec des feuilles;
• les osmies (Osmia spp.) utilisent de la boue
pour la fabrication de leur nid;
• les andrènes (Andrena spp.) creusent dans le
sol;
• les collètes (Colletes spp.) sécrètent une
substance imperméabilisante dont ils enduisent
l’intérieur des alvéoles;
Figure 12. Abeille du genre Anthophora qui creuse un tunnel
– M. Wonneck
Les bourdons, dont on compte environ 20 à
30 espèces dans tous les paysages agricoles
au Canada, sont parmi les plus importants
pollinisateurs indigènes des plantes cultivées. Ils
aménagent leur nid dans le sol, dans des cavités
comme les terriers de rongeur, ou dans des cavités
naturelles présentes sous les roches, les racines
des arbres ou les buttes d’herbe. Parfois, certaines
espèces aménagent leur nid au-dessus du sol,
dans des nids d’oiseaux ou des cavités présentes
dans les arbres.
Figure 14. Colonie de bourdons – L. Zink
• les xylocopes (Xylocopa spp.) aménagent leur
nid dans le bois et sont capables de creuser
des tunnels (Roulston, 2011).
Les abeilles qui aménagent leur nid dans le sol et
dans des cavités doivent récolter de l’eau pour la
construction de leur nid (Kearns, 1997).
Figure 13. Bourdon (Bombus ternarius) – M. Evans
16
Dans le cas de toutes les espèces, l’entrée du
nid semble être préférablement exposée au soleil
du matin, de sorte que les sites choisis sont
généralement orientés vers l’est ou le sud. Les
sites en pente ou bien drainés sont privilégiés pour
l’entrée du nid. Les abeilles solitaires aménagent
de préférence leur nid sur le sol nu, qui est
facilement accessible pour le creusage. Par contre,
les bourdons préfèrent les sols présentant une
dense couverture végétale, qui cache l’entrée du
nid. Toutes les espèces évitent les sols qui ont été
travaillés. Il est à signaler que les individus passent
jusqu’à onze mois de l’année sous terre chez
certaines espèces.
Figure 16. Halictidé sortant de son nid, aménagé dans le sol
– M. Wonneck
Chez les abeilles solitaires, les œufs se
transforment en larves puis en nymphes durant
l’hiver, dans les alvéoles construites par leur mère
l’été précédent. Cependant, dans le cas des
bourdons, les femelles fécondées à la fin de l’été
ou au début de l’automne s’enfouissent dans le sol
ou la litière de feuille pour hiberner, de préférence à
un endroit ombragé, sur des talus orientés vers le
nord ou à la lisière des forêts.
Figure 15. Petit « village » de nids d’halictidés, abeilles solitaires – M. Wonneck
17
Guêpes
(Osmia rufa) pour obtenir le même degré de
pollinisation dans les cultures de canola (Jauker et
al., 2012). Néanmoins, les mouches peuvent être
les principaux pollinisateurs de certaines espèces
végétales et contribueraient de façon considérable
à la pollinisation de nombreuses plantes à fleurs en
Amérique du Nord (Kearns, 2001). Elles sont donc
dignes d’intérêt.
Les guêpes sont les plus proches parents des
abeilles. Les larves de guêpe sont généralement
carnivores et se nourrissent de petits morceaux
d’insectes que leur apporte leur mère. Au stade
adulte, les guêpes deviennent végétariennes
et s’alimentent de nectar et d’autres sources
de sucre, comme les fruits pourris. Les guêpes
adultes ont de courtes langues et ont donc
tendance à être attirées par les fleurs à corolle
courte, comme la verge d’or et l’aster. Leur corps
n’est pas aussi poilu que celui des abeilles, et
leurs poils ne sont pas ramifiés comme ceux des
abeilles; les guêpes n’ont donc pas tendance à
transporter beaucoup de pollen. Néanmoins, elles
offrent d’importants services de pollinisation dans
les localités où elles sont abondantes.
Les mouches peuvent être d’importants
pollinisateurs de certaines plantes cultivées, dont
les fraisiers, les oignons et particulièrement les
carottes. En fait, les abeilles domestiques ne sont
pas très attirées par les fleurs de carotte, de sorte
que certains producteurs de semence de carotte
utilisent pour la pollinisation des mouches élevées
de façon commerciale dans des cages.
Papillons diurnes et nocturnes
Mouches
Les papillons diurnes, insectes bien connus et
d’une grande beauté, sont étroitement associés
aux fleurs. Tout comme les guêpes et les mouches,
ils se nourrissent de nectar seulement lorsqu’ils
sont au stade adulte. Contrairement aux abeilles,
ils n’alimentent pas leur progéniture dans un nid et
Bien que les mouches n’aient qu’une paire d’ailes,
certaines espèces sont parfois prises pour des
abeilles ou des guêpes (qui ont deux paires
d’ailes). Deux groupes de mouches, les syrphes et
les bombyles, sont des exemples particulièrement
frappants de mimétisme; ils ont probablement
adopté l’apparence des abeilles pour décourager
les oiseaux et les autres prédateurs de les attaquer.
Cependant, ces deux groupes présentent les
grands yeux caractéristiques des mouches, et les
syrphes peuvent voler de façon saccadée, ce qui
les rend faciles à distinguer des abeilles.
Les mouches sont parmi les animaux qui
visitent le plus souvent les fleurs. Cependant,
elles ne récoltent pas de pollen pour nourrir leur
descendance (elles ne construisent pas de nid)
et n’ont pas besoin de grandes quantités de
nectar. En outre, leurs poils sont relativement
clairsemés, de sorte qu’elles ne transportent
pas beaucoup de pollen. Selon les évaluations, il
faudrait cinq fois plus de syrphes que d’osmies
Figure 17. Bleu verdâtre (Plebejus saepiolus) sur une fleur de
fraisier – J. Hannes
18
Coléoptères
ne possèdent pas de poils ramifiés qui retiennent
le pollen, même s’ils sont quelques fois duveteux
et retiennent accidentellement de petites quantités
de pollen. Ainsi, on ne considère généralement pas
que les papillons contribuent de façon considérable
à la pollinisation.
Les coléoptères sont le groupe de pollinisateurs
présentant la plus grande diversité, avec plus de
30 000 espèces en Amérique du Nord. En raison
de la forme de leur corps et de leur comportement,
les coléoptères contribuent généralement à la
pollinisation d’un groupe limité de plantes qui ont
des fleurs en forme de cuvette et possèdent de
nombreuses étamines et de nombreux pistils.
Toutefois, les coléoptères sont présents en
grands nombres, et l’apparition des adultes de
nombreuses espèces coïncide avec la floraison de
certaines plantes, de sorte qu’ils peuvent jouer un
rôle important pour la pollinisation de ces espèces
végétales. En outre, de nombreuses espèces de
coléoptère déposent leurs œufs sur ou à l’intérieur
d’arbres affaiblis ou mourants. Leurs larves
vermiformes creusent des galeries sous l’écorce
ou même dans le bois; ces galeries, une fois
abandonnées, peuvent être utilisées par les abeilles
qui aménagent leur nid dans le bois, comme les
mégachiles et les osmies. Ainsi, ces espèces de
coléoptère sont indirectement essentielles aux
services de pollinisation fournis par certaines
abeilles.
À l’opposé, les papillons nocturnes passent
souvent inaperçus et sont parfois même mal
aimés, ce qui s’explique sans doute par leur
apparence morne par rapport à celle de leurs
cousins vedettes, les papillons diurnes. Ce
phénomène s’explique aussi par le fait qu’ils
sont principalement nocturnes ou que quelques
espèces sont reconnues pour être nuisibles. C’est
toutefois déplorable, car il existe plus de 10 000
espèces de papillons nocturnes en Amérique
du Nord, dont plusieurs sont d’importants
pollinisateurs pour certaines plantes indigènes.
Figure 18. Coléoptère sur une fleur de rosier de Woods
(Rosa woodsii) – J. Hannes
Par exemple, le yucca (Yucca spp.), dont l’aire de
répartition atteint maintenant le sud du Canada,
dépend entièrement de la teigne du yucca (famille
des Prodoxidés) pour la pollinisation de ses fleurs.
En outre, les papillons nocturnes sont le plus
important groupe de pollinisateurs pour les plantes
à floraison nocturne, comme l’onagre bisannuelle
(Oenothera biennis).
19
Comment protéger
les pollinisateurs
sauvages?
on compte le sol, les conditions climatiques, la
topographie (plus particulièrement l’orientation
des pentes), le drainage, les pratiques culturales
appliquées dans le passé ainsi que la répartition
et la « connectivité » des zones non cultivées. Il
existe tout de même certaines lignes directrices qui
peuvent être adaptées par chacun.
La section précédente offre un portrait intéressant
de la vie des pollinisateurs, mais elle ne vise qu’à
introduire le but principal du présent livret, qui
est de fournir des conseils sur les mesures à
prendre pour la conservation et la protection des
pollinisateurs sauvages. La présente section est
donc axée sur ces mesures.
Conserver les éléments existants. Dans
la plupart des cas, la meilleure chose à faire pour
la conservation des pollinisateurs et des services
de pollinisation qu’ils offrent est celle qui a le plus
faible coût et nécessite le moins de changements.
Il faut seulement parvenir à cibler les habitats
existants des pollinisateurs.
Il y a de nombreuses choses que vous pouvez
faire pour protéger les populations de pollinisateurs
sauvages vivant dans votre exploitation agricole
ou votre ranch ou pour y créer les conditions
dont ils ont besoin. En général, il faut fournir aux
pollinisateurs :
• une source de nourriture (une abondance de
plantes à fleurs diversifiées, riches en nectar et
en pollen, idéalement indigènes, à périodes de
floraison variées et chevauchantes);
• des sites et matériaux pour l’aménagement du
nid (notamment des zones où le sol n’a pas
été travaillé, n’a reçu aucun pesticide et est
partiellement nu, des arbres, des arbustes, des
plantes à tige creuse, des feuilles convenant à
la construction, de la boue et de l’eau);
• des sites d’hibernation ou d’hivernage (zones
où le sol n’a pas été travaillé et où il y a un
couvert de végétation pérenne);
• un paysage exempt de substances telles que
les pesticides et insecticides, de maladies
introduites, de virus et de bactéries; Gathmann
et Tscharntke, 2002; Kearns, 1998).
1. Conserver les habitats existants. Dans
la plupart des cas, la meilleure chose à faire
pour la conservation des pollinisateurs et des
services de pollinisation qu’ils offrent est celle
qui a le plus faible coût et nécessite le moins
de changements. Il faut seulement parvenir à
cibler les habitats existants des pollinisateurs.
2. Créer de nouveaux habitats. Il est fort
probable que vous pouvez créer de nouveaux
habitats pour accroître les populations de
pollinisateurs. L’aménagement de ces habitats
nécessite une certaine dose de planification
Évidemment, comme chaque exploitation agricole
et chaque ranch sont différents, les mesures à
mettre en œuvre pour protéger les pollinisateurs
dépendent des conditions locales. Parmi les
facteurs importants à prendre en considération,
Figure 19. Zone d’habitat pouvant convenir aux pollinisateurs :
fossé, clôture, milieu humide ceinturé de saules dans le champ et
zone boisée – M. Wonneck
20
et d’efforts, mais il est possible de faire en
sorte que cet aménagement ait d’autres
avantages pour vous, comme l’alimentation de
la nappe souterraine, la rétention de la neige,
la suppression des ravageurs et la protection
contre l’érosion par le vent.
3. Adopter des pratiques favorisant les
pollinisateurs. De nombreux pesticides sont
toxiques pour les insectes. Ainsi, leur utilisation
et la façon dont ils sont utilisés peuvent faire
une grande différence pour les pollinisateurs.
En outre, d’autres activités peuvent perturber
les pollinisateurs selon la période de l’année
où elles sont réalisées; il est donc possible
d’ajuster le moment où ces activités sont
réalisées pour en réduire le plus possible les
répercussions.
et observez des photos des insectes que vous
connaissez moins bien, comme les espèces
méconnues d’abeilles, les guêpes, les syrphes et
les coléoptères, pour apprendre à les reconnaître.
Portez une attention particulière à la période de
floraison des différentes plantes. Si vous êtes
chanceux, votre terrain présente déjà divers types
Les sections qui suivent décrivent de façon assez
détaillée comment faire pour conserver et gérer
les habitats des pollinisateurs, et en créer des
nouveaux. Un résumé pratique point par point de
ces sections est fourni en annexe du présent livret.
Figure 20. Haie brise-vent qui borde un champ de canola et
constitue un habitat potentiel des pollinisateurs – M. Wonneck
Conserver les habitats existants
Pour conserver les habitats existants des
pollinisateurs, il faut d’abord les reconnaître.
Pour commencer, vous pouvez observer la partie
non cultivée de votre exploitation et déterminer
quelles fleurs sont visitées par les pollinisateurs.
Il est possible que certaines parties inutilisées
de vos terres soient déjà d’importantes zones
d’habitat pour les pollinisateurs : les bordures
de champs (haies brise-vent, zones où il reste
des arbres et fossés herbeux), les bords de
chemins, les zones autour des bâtiments et des
enclos, les terres à foin, les pâturages, les zones
boisées, les milieux bordant les cours d’eau, les
abords des milieux humides, les zones inutilisées
inaccessibles et même les jardins de fleurs. Vous
connaissez probablement déjà les bourdons, les
abeilles domestiques et les papillons; commencez
donc par tenter de repérer ces insectes. Ensuite,
consultez le présent livret ou un guide de terrain
de plantes à fleurs dont la floraison se succède
durant le printemps et l’été; vous pouvez alors
concentrer vos efforts à l’établissement d’espèces
à floraison tardive dans les zones d’habitat
propices aux pollinisateurs. Soyez attentifs à la
présence de la verge d’or (Solidago spp.) et de
certains asters, qui sont d’importantes plantes
à floraison tardive dans de nombreuses régions
agricoles du Canada.
En plus d’observer les plantes, tentez de repérer
des sites de nidification. Cherchez des zones
où le sol n’a pas été travaillé et est partiellement
nu. Les arbres morts encore debout ou en
décomposition, le bois mort et les tiges creuses
des plantes (comme les rameaux des framboisiers,
des sureaux, des sumacs [Rhus spp.]) et des
21
érables à Giguère) sont de bons éléments pour
les pollinisateurs qui aménagent un nid en tunnel,
comme les mégachiles et les osmies (Vaughan et
al. 2004). Les sites propices peuvent se trouver
dans les pâturages, en bordure des champs,
des haies et des chemins, mais rarement dans
les zones cultivées. Ces sites sont encore plus
précieux pour les pollinisateurs s’ils sont bien
drainés, exposés au soleil, en pente et orientés
vers le sud, associés à une abondance de plantes
à fleurs diversifiées et situés près d’une source
d’eau. De nombreux bourdons aménagent leur nid
dans des terriers de rongeur abandonnés, sous
des buttes d’herbe, dans de vieux tas de compost
et même dans des cabanes à oiseaux; il est donc
important de repérer ces éléments.
• choix du site;
• élaboration du plan d’aménagement;
• plantation et établissement.
Choix du site
Les meilleurs sites en vue de la création d’un
habitat pour les pollinisateurs sont ceux à proximité
des champs où des espèces dépendantes
des pollinisateurs sont cultivées. Ensuite, il faut
repérer les zones qui sont déjà utilisées par les
pollinisateurs ou renferment des ressources dont
dépendent les pollinisateurs, comme des plantes
à fleurs diversifiées, des sites (sol nu bien drainé,
pentes orientées vers le sud, souches et chicots
en décomposition, plantes à tige creuse) et des
ressources (diversité de plantes dont les feuilles
et la résine sont utilisées pour la construction
du nid) convenant à la construction du nid et
des sites d’hivernage (zone ombragée à sol nu
ou présentant une épaisse couche de litière de
feuilles). Chez certaines espèces, les individus
ont tendance à construire leur nid à proximité de
l’endroit où ils sont nés; ainsi, il est probable que
les zones d’habitat aménagées à proximité de
nids existants seront particulièrement propices à
l’établissement de nouveaux pollinisateurs.
Une fois que vous avez repéré dans votre
exploitation les zones d’habitat propices aux
pollinisateurs, vous devez les protéger. Cette
mesure est la moins coûteuse et la moins
perturbatrice que vous pouvez prendre pour
favoriser la présence des pollinisateurs. La
« négligence intentionnelle » peut être une
façon très efficace de protéger les habitats des
pollinisateurs! Dans certains cas, il peut être
nécessaire de faire un certain entretien pour
maintenir les conditions dans un état optimal
(par exemple, lorsque des plantes herbacées
indésirables envahissent une zone d’habitat).
Cependant, il faut faire attention de ne pas
introduire de substances toxiques et d’agents
pathogènes.
Adoptez comme règle de base que les abeilles ne
devraient pas parcourir plus d’environ 150 m pour
atteindre les fleurs les plus éloignées de la culture.
En d’autres termes, les champs où sont cultivées
des plantes dépendantes des pollinisateurs ne
devraient pas mesurer plus de 300 m de largeur, et
des zones d’habitat devraient être aménagées en
bordure de ces champs. En outre, pour accroître
la superficie pouvant effectivement servir d’habitat
aux pollinisateurs et pour donner aux pollinisateurs
accès à une grande diversité d’espèces, les sites
choisis devraient, si possible, relier les habitats
existants.
Créer de nouveaux habitats
Si vous pensez que les habitats existants des
pollinisateurs sont insuffisants ou si vous voulez
simplement en faire plus, alors la prochaine
étape consiste à créer des milieux propices aux
pollinisateurs dans votre exploitation agricole ou
sur votre ranch. La création d’un habitat pour les
pollinisateurs comporte trois étapes :
Vous devez faire preuve de vigilance lorsque vous
22
Figure 21. Les zones choisies pour l’aménagement d’un habitat pour les pollinisateurs devraient être situées le plus
près possible des cultures qui profitent de l’activité des pollinisateurs et, si possible, être reliées aux habitats existants.
aménagez des zones de végétation convenant aux
pollinisateurs à proximité de champs contenant des
plantes fourragères vivaces, comme le brome et la
luzerne. Vous pouvez utiliser ces sites, mais soyez
conscients qu’ils devront faire l’objet d’un entretien
supplémentaire pour empêcher l’empiètement de
ces plantes fourragères, du moins jusqu’à ce que
les plantes à fleurs soient bien implantées.
l’échelle locale est de mettre plus de fleurs à leur
disponibilité. Pour ce faire, vous pourriez éliminer
les graminées et les végétaux envahissants dans
les zones non cultivées et les remplacer par des
plantes à fleurs indigènes (arbres, arbustes et
plantes non graminoïdes) ou par un mélange de
légumineuses agricoles riches en pollen et en
nectar (Goulson et al., 2008). Cette approche
s’appuie sur la forte relation mise en évidence entre
l’abondance et la diversité des fleurs et celles des
pollinisateurs (Potts, 2003). En effet, des études
ont montré que l’implantation de plantes à fleurs
indigènes appartenant à divers groupes a un effet
Élaboration du plan d’aménagement
Une des façons les plus efficaces de faire
augmenter le nombre de pollinisateurs à
23
positif sur les populations de pollinisateurs (Carvell,
2004; Goulson et al., 2008; Hopwood, 2008).
Pour attirer diverses espèces d’abeilles indigènes,
vous devez planter des plantes à fleurs diverses qui :
• présentent des corolles de profondeurs et de
formes diversifiées;
• présentent des couleurs, des hauteurs et des
ports différents;
• constituent de bonnes sources de pollen ou de
nectar ou sont fréquemment utilisées par les
abeilles;
• ont des périodes de floraison qui se succèdent,
d’avril à octobre.
Figure 22. Exemple d’îlot de végétation tampon d’environ 5 ans,
qui inclut le cerisier de Pennsylvanie (Prunus pensylvanica),
le cerisier de Virginie (Prunus virginiana) et l’amélanchier à
feuilles d’aulne (Amelanchier alnifolia) – L. Poppy
à proximité des champs renferment une diversité
d’espèces dont la floraison se succède tout au
long du printemps, de l’été et de l’automne pour
que les populations d’abeilles indigènes (et les
services de pollinisation qu’elles fournissent) soient
disponibles au moment opportun. Ainsi, les plantes
doivent être choisies de façon à ce que certaines
fleurissent au début du printemps (avril et début
mai), certaines fleurissent du printemps au début
de l’été (mai à mi-juin), d’autres fleurissent durant
l’été (fin juin à août) et d’autres fleurissent durant
l’automne (fin août à octobre).
Quel degré de diversité est nécessaire? Selon
certaines études, 10 espèces de plantes bien
choisies fournissent d’excellentes conditions.
Toutefois, on peut encore accroître la diversité
des pollinisateurs en augmentant la diversité
des végétaux. En effet, une augmentation de
la diversité des pollinisateurs en fonction de
l’augmentation de la diversité des végétaux a été
notée jusqu’à 20 espèces ou plus de végétaux
(Mader, 2011). Dans la mesure du possible, utilisez
des espèces endémiques de votre région, car les
abeilles présentes sont adaptées pour visiter ces
espèces. En outre, pour accélérer « l’appropriation »
du site par les espèces plantées et réduire la
lutte contre les mauvaises herbes, il peut être
intéressant d’utiliser des espèces qui produisent
des drageons et se propagent rapidement.
Les plantes cultivées peuvent constituer de bonnes
sources de pollen ou de nectar pour les abeilles,
mais leur floraison dure généralement tout au plus
quelques semaines. Les périodes de floraison
des espèces plantées ou semées devraient être
différentes de celles des plantes cultivées. Dans le
cas des systèmes de rotation qui combinent des
plantes profitant des services des pollinisateurs
(canola, tournesol, etc.) et des plantes n’ayant
pas besoin des pollinisateurs (blé, orge, etc.), il
est important que les zones non cultivées situées
Figure 23. Canola (Brassica napus) en fleurs – M. Wonneck
24
Périodes de floraison de certains arbustes et arbres décidus présents
dans le centre de l’Alberta
Symphorine commune
Symphorine de l’Ouest
Spirée blanche
Framboisier rouge
Viorne trilobée
Aubépine
Chalef argenté
Rosier aciculaire
Cerisier de Virginie
Saule de l’intérieur
Saule de Bebb
Amélanchier à feuilles d’aulne
Frêne rouge
Noisetier à long bec
Groseiller
Cerisier de Pennsylvanie
Sureau à grappes
Gadellier doré
Érable à Giguère
Shépherdie argentée
Shépherdie du Canada
Peuplier baumier
Peuplier faux-tremble
Bouleau à papier
Aulne de Sitka
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Figure 24. Périodes de floraison de certains arbustes et arbres décidus présents dans le centre de l’Alberta.
De façon générale, les parcelles d’habitat devraient
préférablement être grandes et situées à proximité
d’autres parcelles d’habitat plutôt qu’être petites
et isolées. Toutefois, même les petites parcelles
de fleurs indigènes situées dans de grands
champs peuvent être profitables aux pollinisateurs
(Carvalheiro, 2012). Les parcelles de forme arrondie
ont un rapport périmètre/aire moins élevé que
celui des parcelles carrées, de sorte qu’elles sont
généralement moins sujettes à l’empiètement des
mauvaises herbes, tout en offrant à leur bordure
une plus grande diversité de microhabitats. Les
nouveaux habitats aménagés le long de champs
linéaires devraient être aussi larges que possible
pour que les végétaux peuplant ce microhabitat
soient aussi diversifiés que possible. Le long de
l’axe principal du champ, les végétaux peuvent être
plantés en rangs formant de larges courbes pour
accroître la diversité des microhabitats.
25
Generes d’abeilles
Andrena
Anthidium
Anthrophora
Apis
Bombus
Ceratina
Coelioxy
Colletus
Epeolus
Halictus
Heriades
Heterosaurus
Hylaeus
Lasioglossum
Lasioglossum (Dialictus)
Lasioglossum (Evylaeus)
Lasioglossum (Lasioglossum)
Megachile
Melissodes
Nomad
Osmia
Pseudopanurgus
Avril
Mai
Juin
July
Août
Septembre
Ligne pleine = présence observée. Ligne pointillée = présence estimée
Figure 25. Chevauchement entre la période de floraison du canola (bande jaune) et les périodes de vol des abeilles
sauvages (par genre) dans le centre de l’Alberta, au Canada.
26
Tableau 2. Ressources relatives en pollen et en nectar de certains arbres et arbustes et de certaines plantes non graminoïdes.
Espèces
Nom commun
Nectar
Pollen
Alnus spp.
Aulnes
0,125
0,500
Amelanchier spp.
Amélanchiers
0,500
0,400
Aster puniceus
Aster ponceau
0,625
0,500
Betula papyrifera
Bouleau à papier
0,000
0,500
Epilobium angustifolium
Épilobe à feuilles étroites
0,625
0,500
Fragaria virginiana
Fraisier glauque
0,500
0,500
Melilotus alba
Mélilot blanc
0,700
0,700
Mentha arvensis
Menthe des champs
0,835
0,500
Pinus spp.
Pins
0,000
0,500
Populus spp.
Peupliers
0,000
0,625
Prunus pensylvanica
Cerisier de Pennsylvanie
0,750
0,750
Quercus macrocarpa
Chêne à gros fruits
0,000
0,700
Rubus spp.
Ronces
0,700
0,600
Salix spp.
Saules
0,800
0,900
Sambucus pubens
Sureau rouge
0,335
0,665
Solidago spp.
Verges d’or
0,750
0,750
Spiraea latifolia
Spirée à larges feuilles
0,500
0,500
Taraxacum spp.
Pissenlits
0,900
0,800
Trifolium repens
Trèfle blanc
0,900
0,800
Vaccinium spp.
Airelles
0,500
0,500
Viburnum spp.
Viornes
0,500
0,500
Vicia spp.
Vesces
0,625
0,500
(0 = aucun pollen/nectar, 1 = source importante de pollen/nectar)
(D’après Loose et al., 2005)
27
Figure 26. Zone de végétation tampon bordant un champ, aménagée en bandes sinueuses – M. Wonneck
Les sites qui conviennent le mieux aux
pollinisateurs possèdent des zones exposées au
soleil durant la saison de croissance ainsi que
des zones ombragées et protégées propices à
l’hivernation des insectes. Dans le cas des zones
linéaires, une orientation est-ouest fournit une
bonne exposition au sud, ce qui est favorable aux
sites de nidification et aux végétaux, en plus d’une
protection et de l’ombre du côté exposé au nord.
Toutefois, les sites très ensoleillés peuvent être
particulièrement secs, et on doit donc y utiliser
des végétaux tolérants à la sécheresse. Dans le
cas d’une orientation nord-sud, le côté exposé à
l’est devrait avoir une bonne exposition au soleil;
les abeilles pourraient ainsi y aménager leur nid
et se réchauffer le matin avant de s’envoler. Pour
améliorer et prolonger l’ensoleillement, il pourrait
être préférable de planter un peu moins d’arbres
dans le cas d’une orientation nord-sud que dans
celui d’une orientation est-ouest.
Selon certaines recherches, les pollinisateurs tirent
davantage profit des ressources offertes par les
fleurs lorsque les plantes poussent en groupes
d’au moins 1 m de diamètre (Mader, 2011).
Toutefois, lorsque la zone à aménager est très
grande ou lorsqu’il est trop demandant de créer
des groupes de plantes, on peut augmenter la
densité de plantes à fleurs plutôt que de créer des
groupes de plantes.
Pour fournir à une communauté diverse
d’abeilles indigènes les ressources nécessaires à
l’aménagement de leur nid, vous pouvez inclure les
éléments suivants dans les habitats créés :
• des bûches et des souches qu’on laisse se
décomposer dans une zone ensoleillée pour
créer un habitat de nidification pour les abeilles
qui nichent dans des tunnels;
• au moins une espèce de graminée cespiteuse
28
•
•
•
•
indigène de saison chaude;
des zones où le sol est nu et bien drainé pour
les abeilles qui aménagent leur nid dans le sol
et pour l’hivernation des bourdons;
des roches et des tas de branches pour fournir
des sites d’hivernation aux bourdons;
diverses espèces de végétaux pour fournir de
la résine et d’autres matériaux nécessaires à la
construction du nid;
des zones mal drainées ou humides, où les
pollinisateurs pourront trouver de l’argile et de
l’eau pour la construction de leur nid.
Une fois que vous avez déterminé quelles plantes
vous voulez intégrer dans le nouvel habitat que
vous aménagez, vous devez faire un plan en
vous fondant sur les facteurs décrits ci-dessus
(ou consultez le tableau sommaire de l’annexe
A). Vous devez déterminer la taille à maturité de
chaque espèce dans votre région (estimation
Pour améliorer les éléments naturels nécessaires
à la nidification des pollinisateurs, vous pouvez
utiliser des structures construites à cette intention.
Pour les abeilles qui nichent dans le bois ou
des tunnels, vous pouvez installer des nichoirs
à abeilles ou des faisceaux de rameaux ou de
tiges creuses, et pour les abeilles qui nichent
dans le sol, vous pouvez mettre le sol à nu dans
Figure 28. Nichoir à abeilles nouvellement installé dans une
plantation brise-vent de peuplier (Populus spp.) ­– G. Bank
de la hauteur et du diamètre maximaux à pleine
maturité). En général, vous pouvez utiliser ce
renseignement pour déterminer l’espace à laisser
entre les plantes au moment de la plantation.
Toutefois, vous devez aussi tenir compte de la
tendance de l’espèce à produire des drageons
et de sa tolérance à l’ombre. Les plantes qui
drageonnent peuvent s’implanter relativement
rapidement dans l’ensemble d’un site, mais
peuvent aussi entrer en concurrence avec les
espèces moins agressives; vous devriez donc
planter seulement un petit nombre de ces plantes
et bien les espacer. En outre, vous pouvez associer
les espèces à croissance lente, comme le chêne
(Quercus spp.) à des « plantes abris », par exemple
le peuplier (Populus spp.), qui les protègent durant
les premiers stades de croissance. De plus, il
est important de tenir compte de la succession
Figure 27. Nid artificiel pour bourdons : boîte cubique de 18
cm de côté munie d’un tube de plastique de 15 cm de longueur
servant d’entrée. Ce nid est destiné à être enfoui dans la pente
d’un talus orienté vers le sud – M. Wonneck
certaines zones ou faire des tas de sable ou de
loam sableux (Vaughan et al., 2004). Vous pouvez
trouver sur Internet des modèles de nichoirs et une
foule d’informations sur la façon de construire des
structures pour la nidification des abeilles (voir la
liste des ressources utiles, à l’annexe B).
29
Préparation du site
végétale lors de la préparation de votre plan
d’aménagement. Les logiciels d’aménagement
paysager peuvent grandement vous aider à
réaliser le plan de la zone de végétation tampon
et à visualiser la zone une fois que les plantes
auront atteint la pleine maturité. L’organisme de
vulgarisation agricole de votre région peut sans
doute aussi vous fournir de l’aide.
La préparation du site constitue une étape
essentielle pour l’établissement des nouvelles
plantes. Vous devez préparer un lit de plantation
exempt de mauvaises herbes, qui favorisera ainsi
l’établissement rapide des végétaux plantés. En
occupant rapidement le site, les végétaux réduiront
les problèmes subséquents d’envahissement par
les mauvaises herbes. La façon de préparer le
site dépend des conditions observées dans votre
localité. Dans certaines régions, il est recommandé
de commencer par réaliser un travail du sol en
profondeur. Dans d’autres régions, un hersage
superficiel est suffisant. Consultez votre organisme
agricole local pour obtenir des conseils à ce
sujet. Si vous prévoyez utiliser des herbicides, par
exemple le glyphosate, pour détruire les racines et
faciliter le labour et le travail du sol, vérifiez d’abord
Plantation et établissement
Une fois que vous avez choisi l’emplacement et
fait le plan du site que vous voulez aménager
pour les pollinisateurs, vous devez vous procurer
les végétaux nécessaires et déterminer comment
vous procéderez pour la plantation et favoriserez
l’établissement des plantes. Vous pouvez vous
procurer des végétaux indigènes dans les
pépinières spécialisées de votre région. Il est
préférable que la source des végétaux se trouve
à moins de 100 km de votre exploitation. Pour
trouver ce type de pépinière, vous pouvez faire une
recherche sur Internet ou consulter l’organisme de
vulgarisation agricole, les groupes d’intendance
des bassins versants et d’autres organismes
environnementaux de votre région, ou encore
votre pépinière locale. Les pépinières de plantes
indigènes fournissent souvent les végétaux
nécessaires aux projets de remise en état des
bordures des routes; le ministère des Transports
de votre province ou l’organisme responsable des
transports de votre région pourraient donc aussi
vous informer. En général, il est préférable d’utiliser
des semis (à racines nues ou en mottes), car ceuxci s’établissent rapidement et sont relativement peu
coûteux. Vous pouvez aussi semer des graines
de plantes indigènes, mais cette technique est
moins fiable, car la germination peut être variable.
Une fois que vous avez trouvé votre fournisseur
de végétaux, vous devez prévoir une ou plusieurs
journées pour faire la plantation, en fonction des
dates de disponibilité et des recommandations de
la pépinière.
Figure 29. Paillis plastique installé sur un terrain nouvellement
préparé pour l’aménagement d’une zone de végétation tampon
– M. Wonneck
quels sont les règlements locaux en la matière
afin de déterminer s’il existe des interdictions
d’utilisation de ces produits à proximité des zones
sensibles comme les rivières, les ruisseaux, les
milieux humides, les puits d’eau potable et les
secteurs résidentiels. Après l’application des
herbicides, vous devez réaliser un travail du sol
ou un hersage pour préparer le site. Pour réduire
30
les problèmes de mauvaises herbes dans le futur,
il est préférable de réaliser un hersage l’automne
précédant la plantation, puis un autre au printemps
suivant, juste avant la plantation des végétaux.
En général, il faut travailler le sol à au moins 15 à
20 cm de profondeur, jusqu’à ce qu’il devienne
meuble et noir. Une fois que vous avez terminé,
le sol devrait être exempt de résidus, de gazon,
de mottes de terre, de mauvaises herbes et de
grosses roches.
être installées au moment de la préparation du site,
et ce, pour qu’elles éliminent les mauvaises herbes
durant l’établissement des végétaux plantés (Miles,
2003). Encore une fois, vous pouvez consulter
le conseiller de votre région pour obtenir des
recommandations adaptées à votre localité.
Plantation
Plantez les semis le plus rapidement possible après
leur réception. Si vous ne pouvez pas planter les
semis à racines nues immédiatement, vous devez
les laisser dans leur emballage et les entreposer
dans un endroit frais et sombre. Les semis d’arbres
bien entreposés peuvent être conservés jusqu’à
cinq jours sans effet important sur le taux de survie.
L’entreposage peut être un peu plus long lorsque
les températures sont sous le point de congélation
en soirée. Après quelques jours d’entreposage,
il peut être bon de pratiquer une légère incision
dans les emballages, de façon à ce que les semis
demeurent humides.
Au cours des dernières années, il a été montré que
l’utilisation de paillis plastique pour la plantation
de haies brise-vent linéaires était très efficace
pour lutter contre les mauvaises herbes et retenir
l’humidité du sol. Le paillis plastique peut aussi être
utilisé pour la plantation en longs rangs sinueux.
Il a été soulevé que le paillis plastique pourrait
Après cinq jours, si les semis emballés
commencent à présenter des signes de moisissure
ou de débourrement, vous devez les planter
à leur emplacement définitif ou les mettre en
jauge. La mise en jauge consiste à planter les
semis serrés les uns contre les autres dans des
Figure 30. Plantation d’un semis à racines nues dans un trou
pratiqué dans le paillis plastique – G. Bank
nuire au drageonnement mais, selon des essais
initiaux réalisés dans les Prairies, ce type de paillis
pourrait convenir à la plantation de haies brise-vent
complexes comportant plusieurs rangs et plusieurs
espèces. D’autres types de paillis peuvent aussi
être utilisés, notamment du paillis de bois. Dans
certaines régions, des cultures de couverture
peuvent être utilisées à la place du paillis ou en
combinaison avec le paillis; ces cultures doivent
Figure 31. Motte d’aster en faux (Aster ericoides) prêt à être
planté – G. Bank
31
tranchées creusées dans un champ ou dans un
jardin ombragé. Il faut s’assurer que les racines
ne sèchent pas et sont bien recouvertes de terre
humide. La mise en jauge entraîne une importante
charge de travail supplémentaire, car il faut plus
tard replanter les semis à leur emplacement
définitif. Les semis mis en jauge doivent être
déplacés seulement lorsqu’ils sont en dormance
(avant le débourrement le printemps même, à
l’automne ou au printemps suivant). Durant la
plantation des semis, protégez leurs racines
du vent et du soleil en les recouvrant de terre
ou de mousse de tourbe humides. Si possible,
effectuez la plantation durant une journée fraîche
et nuageuse ou tôt le matin ou en soirée, et évitez
la plantation durant les journées chaudes et
venteuses.
peine plus gros que la motte, sortir la motte de son
contenant, la placer dans le trou, puis légèrement
presser le sol autour de la motte.
Établissement
Par définition, les plantes indigènes de votre
région sont bien adaptées aux conditions qu’on
y trouve. L’essentiel est de faire en sorte qu’elles
s’établissent et, à cet effet, les premières années
suivant la plantation sont critiques. Les mauvaises
herbes exotiques sont répandues et persistantes
dans les paysages agricoles, et leur élimination
est cruciale durant ces premières années. En
plantant les végétaux dans un sol exempt de
mauvaises herbes et en utilisant un paillis, vous
leur assurez un bon départ. En outre, les plantes
indigènes ne nécessitent aucune fertilisation. En
fait, la fertilisation a tendance à être profitable
aux mauvaises herbes qui livrent concurrence
aux végétaux plantés. Dans certaines régions,
l’application de paillis de bois ou de paille après
la plantation constitue la méthode la plus efficace
pour éliminer les mauvaises herbes, mais elle
peut être peu pratique dans le cas des vastes
plantations. Sinon, le fauchage des mauvaises
herbes (au moment opportun, avant qu’elles
ne produisent des graines) toutes les 4 à 6
semaines durant la première ou les deux premières
années suivant la plantation permet d’accélérer
l’établissement des végétaux. La réalisation de
plusieurs hersages superficiels durant la saison
de croissance dans les zones envahies par les
mauvaises herbes s’est aussi avérée efficace. En
plus d’éliminer les mauvaises herbes, le hersage
stimule le développement de rhizomes chez les
végétaux plantés, ce qui favorise leur appropriation
du site.
Figure 32. Graminées formant un tapis entre les rangs de semis,
pour lutter contre les mauvaises herbes – G. Bank
Les plantes en mottes peuvent être entreposées
plus facilement et durant de plus longues périodes
que les semis à racines nues, car leurs racines sont
dans le sol. Elles peuvent être entreposées debout
dans leur contenant, dans un endroit partiellement
ensoleillé. Les mottes sèchent rapidement; vous
devez donc les arroser régulièrement pour les
maintenir humides. La plantation des mottes est
relativement simple : vous devez faire un trou à
En conditions normales, les précipitations devraient
être suffisantes au maintien de l’humidité du sol
et à l’établissement des semis. Cependant, il peut
être nécessaire d’apporter une irrigation si le sol
est très sec ou qu’une sécheresse se produit, plus
particulièrement immédiatement après la plantation
32
ou durant la première année. En temps normal,
aucune irrigation n’est nécessaire une fois les
plantes établies.
champs devraient être réalisées seulement tôt
le matin ou après le coucher du soleil et, dans
la mesure du possible, lorsque les plantes de
la culture ne sont pas en fleurs, pour éviter que
les abeilles entrent en contact direct avec les
pesticides durant leur période d’alimentation.
Adopter des pratiques favorisant les
pollinisateurs
Les herbicides peuvent être utiles pour éliminer
les mauvaises herbes envahissantes dans les
habitats nouveaux et existants des pollinisateurs.
Toutefois, vu leurs effets nocifs potentiels sur
les pollinisateurs, il est important de réduire au
minimum leur utilisation et la superficie traitée.
Si possible, utilisez un applicateur à mèche ou
un pulvérisateur à main et assurez-vous de ne
traiter que les plantes indésirables. En général,
il faut éviter d’utiliser des herbicides à proximité
des plantes à fleurs indigènes, particulièrement
lorsqu’elles sont en fleurs, et des plantes hôtes des
chenilles des papillons, particulièrement lorsque les
chenilles sont présentes.
Il est bien de conserver les habitats des
pollinisateurs et d’en créer des nouveaux, mais
sans l’adoption de pratiques respectueuses des
pollinisateurs, vos efforts pourraient avoir bien
peu de résultats. Vous voudrez certainement
vous assurer de maintenir les plantes à fleurs
et les ressources nécessaires à la nidification
des pollinisateurs dans les habitats existants
et nouvellement aménagés. En parallèle, vous
continuerez de vouloir lutter contre les ravageurs et
les espèces envahissantes dans votre exploitation.
Pour le faire sans causer de torts aux pollinisateurs,
voici quelques trucs.
Utilisation de pesticides
Pâturage du bétail
Dans la mesure du possible, limitez l’utilisation de
pesticides dans les champs cultivés et dans les
plantations destinées aux pollinisateurs. Ainsi, vous
lutterez naturellement contre les mauvaises herbes
envahissantes et nuisibles tout en protégeant les
pollinisateurs et les autres insectes bénéfiques.
De plus, le ruissellement d’herbicides utilisés
dans les champs situés à proximité peut tuer
les plantes bénéfiques qui poussent dans les
habitats des pollinisateurs. Les plantes à feuilles
caduques peuvent être particulièrement sensibles
au ruissellement d’herbicides à large spectre.
En outre, les herbicides, les insecticides et les
fongicides peuvent être toxiques pour les abeilles
que vous tentez d’attirer. Selon l’orientation de
la plantation, il peut être possible d’atténuer les
répercussions des ruissellements accidentels en
plantant des conifères en bordure du champ.
En effet, les conifères sont peu sensibles aux
dommages causés par les herbicides visant
spécifiquement les plantes à feuilles larges. De
plus, les applications de pesticides dans les
La section qui suit est principalement axée
sur le pâturage des animaux dans les prairies
naturelles et les pâturages modifiés qu’on trouve
généralement dans les Prairies, dans le centre-sud
de la Colombie-Britannique et en Ontario.
La relation entre les stratégies de gestion des
prairies et les populations de pollinisateurs est
complexe. Premièrement, le type de bétail présent
dans le pâturage semble être important : les
moutons et les chèvres consomment davantage
d’herbacées non graminoïdes que les bovins, de
sorte qu’ils ont une plus grande incidence sur les
ressources alimentaires des pollinisateurs et, par
conséquent, sur l’abondance et la diversité de ces
derniers (Carvell, 2002; Hatfield et LeBuhn, 2007;
Yoshihara et al., 2008). En général, on a constaté
que la diminution de l’intensité du pâturage était
associée à une hausse de la diversité des abeilles
et des papillons et de l’abondance des papillons,
des abeilles solitaires et des guêpes (Carvell, 2002;
33
Hatfield, et LeBuhn, 2007; Kruess et Tscharantke,
2002; Yoshihara et al., 2008). Cependant, chaque
groupe de pollinisateurs (abeilles, papillons,
syrphes, coléoptères, etc.) et chaque espèce
peuvent réagir de façon différente à l’intensité
du pâturage et aux caractéristiques de l’habitat
qui en découlent, ce qui donne à penser que la
stratégie la plus efficace pour la conservation des
pollinisateurs pourrait être de faire varier le degré
de pâturage à l’intérieur de chaque pâturage et
entre les pâturages (Carvell, 2002; Sjodin et al.,
2008). En outre, il est évident que les mesures de
gestion des pâturages devraient faire en sorte que
les plantes envahissantes soient réfrénées et que
les plantes à fleurs indigènes prospèrent.
34
Fin de l’histoire
Voilà, le livret est presque terminé. En annexes, vous trouverez un sommaire des conseils donnés dans
la présente publication pour protéger les habitats des pollinisateurs et en créer des nouveaux ainsi que
pour adopter des pratiques favorisant les pollinisateurs dans votre exploitation. En outre, vous trouverez
une liste de nombreuses ressources en ligne sur la conservation des pollinisateurs. De nombreuses
organisations œuvrent à la conservation des pollinisateurs et ont réuni une somme incroyable de
renseignements sur les pollinisateurs, les services qu’ils offrent, leur conservation et leur lien avec
l’agriculture. Nous espérons que cette liste vous fera percevoir à quel point le sujet des pollinisateurs est
important et vous montrera que vous n’êtes pas seul à vous y intéresser! Nous vous encourageons à
explorer et à visiter ces ressources ainsi qu’à tirer parti des groupes et organismes qui existent dans bon
nombre de régions agricoles du Canada et peuvent vous aider à réaliser vos projets de conservation des
pollinisateurs.
Nous sommes très heureux que vous vous soyez rendu jusqu’à ce point dans la lecture du livret. Cela
signifie que vous êtes sur la bonne voie. Continuez sur cette lancée. Un principe en écologie veut que
chaque action a des conséquences indirectes. En entreprenant de conserver les pollinisateurs, vous ferez
donc bien plus que de conserver les pollinisateurs et les services qu’ils offrent. À vous de trouver ce qui
découle de vos actions.
35
Annexe A. Sommaire des mesures pour
protéger, créer et entretenir les habitats
des pollinisateurs dans votre exploitation
agricole ou votre ranch
Stratégie de
conservation
Composante
Élément
Description
Repérer les terrains
ayant un bon
potentiel pour
les pollinisateurs
(habitats
d’alimentation,
de nidification et
d’hivernation)
Tout type de terrain dont le sol n’a pas été travaillé;
bords des champs (haies brise-vent, zones où il
reste des arbres et fossés herbeux); bords des
chemins; zones ceinturant les bâtiments et les
enclos; terres à foin et pâturages; zones boisées
(arbres morts encore debout ou en décomposition,
bois mort et plantes à tiges creuses, comme le
framboisier, le sureau rouge, le sumac et l’érable
à Giguère); abords des cours d’eau et des milieux
humides; zones inutilisées inaccessibles (par
exemple, les zones rocheuses); jardins de fleurs;
terrains en pente bien drainés, exposés au soleil
et orientés vers le sud; zones où le sol est nu;
zones boueuses ou mal drainées; anciens terriers
de rongeurs; buttes de graminées; vieux tas de
compost; blocs rocheux; cabanes à oiseaux, zone
ombragée à sol nu ou épaisse couche de litière de
feuilles.
Pollinisateurs
Observer les
pollinisateurs
présents sur les
fleurs
Abeilles, guêpes, mouches, papillons diurnes et
nocturnes, coléoptères.
Fleurs
Trouver des espèces
dont les fleurs sont
riches en nectar et
en pollen
Arbres, arbustes et plantes non graminoïdes
indigènes à fleurs; plantes diverses qui fleurissent à
différentes périodes, sont de diverses hauteurs et
ont des corolles de couleurs, de profondeurs et de
formes variées.
Habitats
Conserver
les éléments
existants
36
Stratégie de
conservation
Composante
Élément
Description
Cultures profitant des
services offerts par
les pollinisateurs
Choisir un emplacement aussi près que possible
des cultures qui profitent des services des
pollinisateurs.
Présence d’abeilles
Choisir un emplacement où des abeilles indigènes
sont déjà présentes (voir la section
« Conserver l’habitat existant », ci dessus).
Présence d’habitats
des abeilles
Choisir un emplacement où les abeilles peuvent
trouver ce dont elles ont besoin (voir la section
« Conserver les éléments existants », ci-dessus).
Distance de
séparation maximale
avec la culture
Choisir l’emplacement de façon à ce que les
abeilles n’aient pas à parcourir plus de 150 m pour
atteindre les fleurs cultivées les plus éloignées.
Connectivité des
habitats dans le
paysage
Dans la mesure du possible, choisir un
emplacement qui puisse être relié aux zones non
cultivées peuplées de végétaux (bordures des
champs, zones riveraines, parcelles boisées).
Choix du site
Créer de
nouveaux
habitats
Les habitats aménagés devraient être aussi vastes
que possible.
Superficie et forme
Les zones de végétation tampons linéaires
peuvent être aménagées en larges courbes pour
créer plus de zones d’habitat de « bordure ».
Élaboration
du plan
d’aménagement
Choisir l’emplacement de façon à ce que
l’exposition au soleil soit maximale.
Dans le cas des zones linéaires aménagées en
bordure des champs, la plantation d’arbres devrait
être limitée au côté nord des zones orientées estouest pour que les plantes à fleurs et les sites de
nidification puissent être orientés vers le sud.
Orientation
Dans le cas des zones linéaires aménagées en
bordure des champs, la plantation de gros arbres
devrait être limitée dans les zones orientées nordsud pour accroître l’ensoleillement.
37
Regroupement des
plantes
Dans la mesure du possible, planter les végétaux à
fleurs de façon à former des groupes occupant au
moins 1 m2.
Lorsqu’il est impossible de créer des groupes de
plantes, augmenter le nombre de plantes à fleurs
dans la zone tampon.
Inclure, si possible, 20 espèces de plantes à fleurs
dont les périodes de floraison se succèdent d’avril
à octobre, de façon à ce qu’il y ait toujours des
fleurs disponibles durant cette période.
Choix des espèces
végétales
Créer de
nouveaux
habitats
Choisir des espèces de végétaux qui constituent
de bonnes sources de pollen ou de nectar (ou
sont fréquemment utilisées par les abeilles)
Choisir des espèces de végétaux à corolles de
profondeurs et de formes diversifiées.
Élaboration
du plan
d’aménagement
Choisir des espèces de végétaux qui présentent
des hauteurs et des ports différents et des fleurs
de couleurs variées.
Si possible, utiliser des espèces de végétaux
endémiques à la région.
Laisser des bûches et des souches se décomposer
dans une zone ensoleillée de l’habitat aménagé afin
de créer un site de nidification pour les abeilles qui
nichent dans des tunnels.
Inclure au moins une espèce de graminée
cespiteuse de saison chaude (C4).
Ressources
nécessaires à
l’aménagement du
nid
Utiliser les pentes orientées vers le sud et les
zones où le sol est nu et bien drainé pour l’habitat
de nidification.
Laisser ou apporter des roches et des tas de
branches pour fournir un habitat d'hivernation aux
bourdons.
Planter diverses espèces de végétaux pour fournir
de la résine et d'autres matériaux nécessaires à la
construction du nid.
Laisser des zones mal drainées ou humides, où
les pollinisateurs pourront trouver de l'argile et de
l'eau pour la construction de leur nid.
38
Créer de
nouveaux
habitats
Établissement et
entretien
Irrigation
Dans les régions sujettes à la sécheresse, prévoir
une irrigation pendant les deux premières années
suivant la plantation.
Élimination des
mauvaises herbes
Réaliser un travail du sol ou utiliser des herbicides
peu toxiques et peu persistants pour préparer le
site, idéalement un an avant la plantation.
Installer un paillis (de bois ou de plastique)
pour éliminer les mauvaises herbes et favoriser
l’établissement des végétaux plantés.
Utilisation de
pesticides
Réduire au minimum l’utilisation de pesticides à
proximité des habitats aménagés.
Lorsque le plan d’aménagement le permet, planter
des conifères du côté bordant le champ pour
réduire le ruissellement de pesticides.
Éviter d’utiliser des pesticides durant les périodes
où les abeilles sont le plus actives et lorsque les
plantes cultivées sont en fleurs.
39
Stratégie de
conservation
Composante
Élément
Description
Utilisation générale
Adopter des
pratiques
favorisant les
pollinisateurs
Utilisation de
pesticides
Dans la mesure du possible, limiter l'utilisation
de pesticides dans les plantations destinées
aux pollinisateurs. Cette technique permet de
lutter naturellement contre les mauvaises herbes
envahissantes et nuisibles tout en protégeant les
pollinisateurs et les autres insectes bénéfiques.
Appliquer les pesticides dans les champs
seulement tôt le matin ou après le coucher du soleil
et lorsque les plantes de la culture ne sont pas en
fleurs pour éviter que les abeilles entrent en contact
direct avec les pesticides durant leur période
d'alimentation.
Moment de
l’utilisation
Autant que possible, éviter d’utiliser des herbicides
à proximité des plantes à fleurs indigènes,
particulièrement lorsqu’elles sont en fleurs, et
des plantes hôtes des chenilles des papillons,
particulièrement lorsque les chenilles sont
présentes.
Habitat des
pollinisateurs
Si l'application de pesticides s'avère nécessaire
(pour éliminer les espèces exotiques envahissantes
ou les mauvaises herbes nuisibles), utiliser un
applicateur à mèche ou un pulvérisateur à main et
ne traiter que les plantes indésirables.
Pâturage du
bétail
Diversification
Faire varier le degré de pâturage à l’intérieur de
chaque pâturage et entre les pâturages.
Lutte contre les
mauvaises herbes
Dans la mesure du possible, mettre en œuvre des
stratégies de gestion du pâturage pour lutter contre
les plantes envahissantes.
40
Annexe B. Ressources et organisations
pertinentes
Biorationals : Ecological Pest Management Database (en anglais seulement)
www.attra.ncat.org
Cliquez sur « Databases », puis sur « Biorationals: Ecological Pest Management Database ».
Bumble Bee Pages (en anglais seulement)
www.bumblebee.org
Communicating Ecosystem Services (en anglais seulement)
Ecological Society of America
www.esa.org/ecoservices
Voir le “Pollination Tool Kit”
Discover Life (en anglais seulement)
www.discoverlife.org
Ressources sur la faune, notamment des clés d’identification des abeilles, des guêpes, des mouches, des
papillons diurnes et nocturnes et des coléoptères.
Great Pollinator Project (en anglais seulement)
http://greatpollinatorproject.org/
Bien que ce site Web soit axé sur les pollinisateurs présents dans la ville de New York, il renferme un lot de
renseignements diversifiés sur la vie des pollinisateurs et les façons de les attirer.
Native Plant Network (en anglais seulement)
www.nativeplantnetwork.org
Renseignements sur la production de plantes indigènes à partir de semences.
NatureServe (en anglais seulement)
www.natureserve.org
Encyclopédie en ligne renfermant des renseignements sur plus de 70 000 espèces animales et végétales
et écosystèmes des États-Unis et du Canada.
Pollinisation Canada
www.pollinationcanada.ca
41
Pollinator Partnership (en anglais seulement)
www.pollinator.org
Cet organisme a mis sur pied la Campagne pour la protection des pollinisateurs en Amérique du Nord
et regroupe un consortium de groupes de conservation, d’organismes gouvernementaux, d’université
et d’entreprises privées des États-Unis, du Mexique et du Canada qui partagent des renseignements et
collaborent à des projets en vue d’aider les pollinisateurs.
The Pollination Home Page (en anglais seulement
www.pollinator.com
Site Web renfermant des renseignements sur les abeilles, l’apiculture et la pollinisation des cultures.
The Xerces Society for Invertebrate Conservation (en anglais seulement)
http://www.xerces.org/
Biologie des abeilles, conseils pour la conservation, renseignements sur les papillons et le jardinage et liens
vers d’autres sites Web.
USDA, Natural Resources Conservation Service Documents for Pollinator
Conservation and Enhancement (en anglais seulement)
http://plants.usda.gov/pollinators/NRCSdocuments.html
42
Références
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2012, publication no 12161 d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.
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