5
Introduction
Maintenir la productivité des cultures par une agriculture qui substitue l’utilisation d’intrants
chimiques par la mobilisation de processus biologiques est au cœur des enjeux de la recherche
agronomique actuelle. En effet, l’agriculture intensive qui se caractérise par un apport important
d’intrants a montré ses limites : pollution des sols et de l’eau, apparition de pathogènes résistants
aux pesticides, coût élevé des pesticides, risques pour la santé des agriculteurs ou encore fragilisation
des écosystèmes. Des règlementations sont aujourd’hui mises en place pour limiter l’utilisation de
ces intrants. L’agriculture se tourne de plus en plus vers une intensification écologique (Griffon,
2010) qui s’appuie sur la favorisation des mécanismes écologiques par des pratiques telles que la
rotation culturale, l’association culturale ou encore la lutte biologique.
En particulier, la lutte biologique par l’utilisation de microorganismes bénéfiques est de plus
en plus considérée dans les programmes de contrôle des pathogènes telluriques et aériens. Les
champignons mycorhiziens à arbuscules (CMA) font partie de cette stratégie. Ces champignons du sol
forment une association symbiotique avec près de 80 % des espèces végétales. Cette association se
traduit par une amélioration de la croissance des plantes et une résistance accrue vis-à-vis de
nombreux stress abiotiques et biotiques. Parmi les stress biotiques, une résistance accrue des
plantes a été constatée vis-à-vis des champignons, des nématodes et des bactéries phytopathogènes.
Ralstonia solanacearum, une bactérie phytopathogène Gram négative responsable du
flétrissement bactérien, est l’une des phytobactérioses les plus dévastatrices au monde, en
particulier dans les zones de production tropicales et subtropicales. En Martinique, en raison de la
présence d’une souche émergente particulièrement agressive (Wicker et al., 2007), les pertes de
production en culture de tomate peuvent atteindre les 100 % au sein d’une parcelle. La production
de tomate est donc particulièrement menacée et l’approvisionnement de l’île se fait essentiellement
par des importations. Il est donc indispensable de trouver une solution aux dégâts engendrés par
cette bactérie en privilégiant une approche intégrée.
L’objectif de notre mémoire est d’étudier la relation CMA – R. solanacearum chez la tomate
en conditions strictement in vitro. L’expérience principale visant à évaluer le potentiel bioprotecteur
des CMA associés aux plants de tomates contre R. solanacearum a été réalisée en Martinique. Pour
la mettre en place, deux expériences préliminaires ont été réalisées. La première visant à évaluer la
dynamique de colonisation des plants de tomates par les CMA (UCL) et la seconde visant à évaluer la
quantité d’inoculum de R. solanacearum à inoculer sur un plant de tomate in vitro pour induire le
flétrissement (Martinique). Toutes les expériences avec R. solanacearum ont été réalisées au PRAM
(Pôle de recherche agronomique et environnementale de la Martinique) en Martinique, car la souche
étudiée est un organisme de quarantaine et ne peut donc être exportée.