Les Experts répondent aux Mamans ! 40 Les questions les plus fréquentes 1. Vaccination 2. N utrition/digestion/ croissance 3. Dermatologie 4. D éveloppement/ Sommeil/Croissance 5. Autres questions fréquentes éditorial Les Experts répondent aux Mamans ! P arce que l’univers de la pédiatrie nous passionne, en 2007, nous avons créé la première revue de pédiatrie générale destinée aux médecins généralistes « Pédiatrie MG ». Très vite nous avons pu constater que son succès allait au-delà des médecins généralistes et que tous les acteurs de la pédiatrie pouvaient apprécier ses articles courts, pratiques et actuels. Aussi, grâce à vous et à vos remarques, nous avons décidé de créer une nouvelle collection d’ouvrages en pédiatrie. Toujours plus pratiques, ces ouvrages auront pour objectif de traiter des sujets que vous rencontrez au quotidien. Ce premier livre s’intéresse aux quarante questions les plus fréquentes posées par les parents dans vos cabinets. Ces questions, vous en connaissez évidemment les réponses, ce que nous voulons vous apporter, ce sont des informations pratiques et récentes afin de vous aider à compléter, préciser, simplifier vos réponses auprès des mamans. Notre comité de rédaction fidèle et impliqué a uni ses forces et ses connaissances pour vous accompagner au quotidien. Ce premier tome traite de questions générales et variées. Le prochain sera plus axé sur la nutrition, parce que vous le savez, Nutribén est © mangostock - Fotolia un spécialiste de l’alimentation infantile depuis plus de cinquante ans, et cela aussi nous avons envie de le partager avec vous. Bonne lecture à tous, Corinne Sandret Directrice Nutribén France © mangostock - Fotolia SOMMAIRE Les Experts répondent aux Mamans ! 40 Les questions les plus fréquentes 1. Vaccination 1.1. Docteur, tous ces vaccins sont-ils obligatoires ? 1.2.Mon enfant est malade, peut-on le vacciner ? 1.3.Docteur, est-il vrai que les vaccins 1.4. Docteur, les enfants ne sont-ils pas affaiblissent le système immunitaire ? vaccinés trop tôt ? 3. Dermatologie 3.1. Mon bébé a des boutons sur les joues, 3.2.A partir de quand puis-je utiliser un savon ? 3.3.Est-ce bien d’utiliser des lingettes pour les fesses ? 3.4.Mon bébé a les fesses rouges, que dois-je faire ? 3.5.Mon bébé a de l’eczéma, est-il allergique ? que dois-je faire ? 4. Développement/sommeil/croissance 4.1.Mon bébé ne veut pas dormir, 4.2.À partir de quel âge dois-je diriger que dois-je faire ? mon enfant vers le pot ? 1.5. L’aluminium contenu dans les vaccins est-il dangereux ? 4.3.Mon enfant n’est pas propre la nuit à 3 ans, 4.4.Comment préparer mon bébé faut-il s’en inquiéter ? 1.6. Quels sont les risques liés à la vaccination ? à aller en crèche ou chez une nounou ? 2. Nutrition/digestion/croissance 2.1. Pourquoi ne pas diversifier avant 5 mois ? 4.5.Dois-je laisser pleurer mon bébé ? 2.2.Comment fait-on pour diversifier ? 4.6.Comment savoir si mon bébé 2.3.Faut-il choisir les petits pots voit bien et entend bien ? ou les purées maison ? 2.4.Quand et comment sevrer mon bébé ? 2.5.Mon bébé doit-il boire de l’eau ? 5.1. A partir de quel âge faut-il emmener 2.6.Comment puis-je savoir si mon lait 5.2.Les premières dents rendent-elles 5.3.Mon bébé tousse, comment le soulager ? 5.4.Dois-je décalotter le pénis de mon bébé pour est assez riche ? mon enfant chez le dentiste ? malades ? 2.7.Faut-il avoir peur de l’huile de palme et de la taurine ? 2.8.Le bio, est-ce que c’est forcément mieux une meilleure hygiène ? pour mon bébé ? 2.9.Les laits de croissance sont-ils utiles ? 5.5.Comment favoriser le développement 5.6.Mon bébé a une bronchiolite, est-ce grave ? 5.7.Mon bébé est tout petit, comment 5.8.Quelle est la meilleure méthode pour prendre la 5.9.Jusqu’à quel âge donner de la vitamine D ? du langage ? 2.10.Quelles sont les différences entre les laits HA et les autres laits 1er âge ? 2.11.Il ne mange rien ! lui éviter « d’attraper » la bronchiolite ? 2.12.Mon enfant est constipé ! 2.13.Mon bébé vomit son lait, que dois-je faire ? 5. Autres questions fréquentes température de mon enfant ? 2.14.Mon bébé a la diarrhée, comment l’arrêter ? © Dmitry Naumov - iStockphoto 1 Les Experts répondent aux Mamans ! Vaccination 7 1.1. Docteur, tous ces vaccins sont-ils obligatoires ? 1.2. Mon enfant est malade, peut-on le vacciner ? 1.3. octeur, est-il vrai que les vaccins D affaiblissent le système immunitaire ? 1.4. Docteur, les enfants ne sont-ils pas vaccinés trop tôt ? 1.5. L’aluminium contenu dans les vaccins est-il dangereux ? 1.6. Quels sont les risques liés à la vaccination ? 1.1. Docteur, tous ces vaccins sont-ils obligatoires ? avis d’exper t Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris. La notion d’obligation vaccinale est pour certains pays, tels que la France, historique. Elle est née de situations sanitaires parfois dramatiques, provoquées par certaines maladies jusqu’au milieu du 20e siècle. Celles-ci, ont, grâce à la vaccination, disparu de notre territoire, à de rares exceptions près (tétanos). Cependant elles sont encore présentes dans bon nombre de régions de la planète. La diphtérie a ressurgi notamment dans les ex-pays de l’Union soviétique. La polio persiste encore dans certains pays en voie de développement malgré le programme élargi de vaccinations, mis en place par l’OMS. Ces maladies sont donc potentiellement importables en France, à la faveur des voyages, si la population française n’était pas ou plus suffisamment protégée. Sont ainsi obligatoires en France et prévues par le Code de Santé (articles L. 3111-2 à L. 3111-4 et L. 3112-1) les vaccinations contre la diphtérie (depuis 1938), le tétanos (depuis 1940), la poliomyélite (depuis 1964). Elles doivent être pratiquées simultanément. Les personnes titulaires de l’autorité parentale ou qui ont la charge de la tutelle des mineurs sont tenues personnellement responsables de l’exécution de cette mesure, dont la justification doit être fournie lors de l’admission dans toute école, garderie, colonie de vacances ou autre collectivité d’enfants. L’obligation porte notamment sur la primovaccination à 2, 3 et 4 mois et le rappel à 18 mois pour la diphtérie. Elle porte sur la primovaccination à 2, 3 et 4 mois et les rappels jusqu’à 13 ans pour la polio. L’amende pour absence de vaccination est de 3 750 € et 6 mois de prison, en cas de récidive elle passe à 7 500 € et 1 an de prison. La prescription mettant un terme à toute poursuite pénale intervient à l’âge de 10 ans sauf pour la polio à 15 ans. Les rappels contenant les composantes tétanique et diphtérique à concentration normale sont « recommandés » 8 à 6 ans, 11-13 ans avec un vaccin combiné (DTP à 6 ans puis DTPCoq à 11-13 ans). Les rappels à partir de 16-18 ans et ceux de l’adulte (tous les 10 ans) sont recommandés en utilisant soit un vaccin combiné tétanique, poliomyélitique et diphtérique (à concentration réduite au sein de Revaxis®) voire un vaccin tétravalent (Boostix® ou Repevax® combinés à une valence coqueluche). La ministre de la Santé a annoncé, le 27 9 Quelques chiffres : 83 5 4 Polio : dernier cas autochtone de polio en France en 1989 ! Diphtérie : • 10 derniers cas autochtones de diphtérie en France en 1976. • 5 cas à Mayotte depuis 2008. • Arrêt de la vaccination en 1990 en URSS : 50 000 cas de diphtérie en 1993 et en 1994, létalité de 2% ! des cas sporadiques en Ukraine et dans les républiques asiatiques. Les Experts répondent aux Mamans ! © Dmitry Naumov - Fotolia la vaccination doit être réalisée à partir de l’âge de 3 mois pour éviter de vacciner un enfant qui aurait été contaminé. La forme multipuncture du BCG (Monovax®) a été retirée du marché par le laboratoire qui la produisait le 1er janvier 2006 ; seule la forme intradermique reste disponible en flacon multidoses (BCG SSI®). Les enfants porteurs de déficits immunitaires congénitaux ou acquis, notamment dus au VIH, ont une contre-indication définitive au BCG (vaccin vivant atténué). • Pour en savoir plus : 11 juillet 2007, la levée de l’obligation vaccinale par le BCG des enfants et adolescents, à laquelle se substitue désormais une recommandation forte de vaccination pour les enfants à risque élevé de tuberculose, dès le premier mois de vie. Les nourrissons de moins de 3 mois sont vaccinés par le BCG sans test tuberculinique préalable. Chez les enfants à risque non vaccinés, la vaccination peut être réalisée jusqu’à l’âge de 15 ans. L’intradermoréaction (IDR) à la tuberculine préalable à Les Experts répondent aux Mamans ! Le guide des vaccinations. INPES. 2012. Disponible sous : http://www.inpes.sante. fr/10000/themes/vaccination/guidevaccination-2012/index.asp Rappel Les titulaires de l’autorité parentale doivent faire réaliser les vaccinations obligatoires, sinon ils risquent : • 3 750 e d’amende + 6 mois de prison • 7 500 e d’amende + 1 an de prison 9 A retenir Obligations vaccinales diphtérie et tétanos : primo­ vaccination et premier rappel avant 18 mois. Poliomyélite : primovaccination et rappels sont obligatoires jusqu’à l’âge de 13 ans. Sont considérés à risque de contracter la tuberculose les enfants nés dans un pays de forte endémie ou dont l’un des parents est originaire d’un pays de forte endémie, ou devant séjourner au moins un mois dans un pays de forte endémie. Egalement les enfants résidant en Ilede-France ou en Guyane. Les enfants vivant dans des conditions socioéconomiques précaires. Cas particuliers des professionnels de santé Hépatite B : obligation vaccinale aux étudiants et élèves des différentes filières des professions de santé qui sont âgés de moins de 25 ans. Tuberculose : pour les personnels des établissements de santé, une IDR à la tuberculine (Tubertest 5 U®) est obligatoire à l’embauche ainsi qu’une vaccination même ancienne par le BCG (preuve écrite ou cicatrice). 1.2. Mon enfant est malade, peut-on le vacciner ? avis Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris. d’exper t La vaccination pendant une maladie peut-elle augmenter le risque d’effet indésirable lié au vaccin ou aggraver la maladie aiguë en cours ? Il n’y a aucune preuve pouvant attester, à ce jour, de ce type d’inconvénient. Cependant il paraît de bon sens de ne pas procéder à la vaccination en période aiguë d’une affection grave ou même modérée. En effet, l’évolution de l’affection aiguë serait plus délicate à interpréter dans le contexte d’une superposition éventuelle des effets secondaires du vaccin (notamment la fièvre). Pour autant les infections mineures ne sont pas des contre-indications. La convalescence de ce type d’affection ne constitue, pas plus, une contre-indication. Certains traitements de maladie chronique (rarement utilisés chez le nourrisson), corticothérapie forte ou immunosuppresseurs contre-indiquent la vaccination par les vaccins à virus vivant (rubéole, rougeole, varicelle) mais pas les traitements antibiotiques. Les contacts avec une personne atteinte d’une maladie contagieuse, un terrain allergique, l’eczéma, l’asthme, le diabète, la prématurité ne sont pas des contre-indications à la vaccination. De même les réactions locales à un vaccin. Il n’en va pas de même, bien entendu, en cas de réaction allergique grave (anaphylaxie) lors d’une vaccination antérieure. • 10 A retenir Reporter la vaccination à cause de rhinopharyngites, de bronchites, ou d’autres pathologies bénignes de l’enfant fait prendre le risque d’un retard dans son calendrier et donc dans la protection de l’enfant contre des infections potentiellement graves. Références : General Recommendations on Immunization. Recommendations of the American Academy of Family Physicians (AAFP). Guide to contraindications and precautions for commonly used vaccines. 2002 Pour en savoir plus : - Le guide des vaccinations. INPES. 2012. Disponible sous : http:// www.inpes.sante.fr/10000/ themes/vaccination/ guide-vaccination-2012/ index.asp Les Experts répondent aux Mamans ! 1.3. Docteur, est-il vrai que les vaccins affaiblissent le système immunitaire ? avis d’exper t Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris. Les enfants sont quotidiennement exposés à de nombreux antigènes, bien plus que le petit nombre de ceux contenus dans les vaccins… Cette « charge » antigénique vaccinale n’a rien de comparable aux flores intestinales ou au portage régulier rhinopharyngé de virus et bactéries de tout type ! Les études sur la diversité des récepteurs antigéniques suggèrent que le système immunitaire a la capacité de répondre simultanément à 1 million d’antigènes (1) soit environ 10 000 vaccins différents. Qui plus est, le nombre d’antigènes contenus dans les vaccins a largement diminué depuis 1960 grâce aux méthodes de purification. Chaque stimulation est un moteur du développement immunitaire et ce d’autant que les capacités du système immunitaire existent déjà avant la naissance. Seule la réponse thymo-indépendante (stimulation des lymphocytes B par des déterminants osidiques sans concours des lymphocytes T) n’est pas de bonne qualité durant les premiers mois de la vie, ce qui rend nécessaire de protéger le nourrisson contre les germes encapsulés (capsule osidique). Enfin, les données disponibles ne révèlent pas d’effet négatif de l’injection simultanée de plusieurs vaccins sur le système immunitaire normal de l’enfant ou de l’adulte. L’immunogénicité conférée par chacune des valences vaccinales contenues reste très bonne. Enfin, les enfants vaccinés n’ont pas plus de risque de faire des infections (banales ou sévères) que les enfants non vaccinés (2). • A retenir Les vaccins n’affaiblissent pas plus le système immunitaire qu’il ne le surcharge. Au contraire, les stimulations antigéniques sont les moteurs du développement immunitaire et les vaccins permettent au système de défense de prendre de l’avance sur les microbes. Tout ce qui circule sur Internet n’est pas forcément vrai ! Référons nos réflexions à des sources fiables. Recherchons des sites faisant mention de la charte HON (Heath On the Net) par exemple ; leurs promoteurs se sont engagés sur la qualité des contenus diffusés. Références : 1- Offit et al. Addressing Parents’ Concerns: Do Multiple Vaccines Overwhelm or Weaken the Infant’s Immune System? Pediatrics 2002 ; 109: 124 2- Black SB, Cherry JD, Shinefield HR et al. Apparent decreased risk of invasive bacterial disease after heterologous childhood immunization. Am J Dis Child 1991;145:746-9. Pour en savoir plus : Les Experts répondent aux Mamans ! 11 Questions de vaccination, 2011. Brochure grand public éditée par l’INPES. Disponible en téléchargement sur le site : http://www. semaine-vaccination.fr 1.4. Docteur, les enfants ne sont-ils pas vaccinés trop tôt ? avis Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris. d’exper t Cette question est récurrente. Pourquoi tant de vaccins la première année ? Pour quatre vaccins, il est fondamental que l’enfant soit vacciné très tôt, car le risque des maladies prévenues (en fréquence et/ou en gravité) est maximal dès les premiers mois de vie. Il s’agit de la coqueluche, des infections systémiques à Hæmophilus influenzæ b, à pneumocoque et, à un degré moindre, à méningocoque. En effet, du fait de : - l’innocence (absence d’immunité préalable) ; - l’immaturité (mauvaise réponse contre les antigènes polysaccharidiques de capsules de certains germes) ; - la diminution des anticorps maternels ; - l’augmentation de l’exposition sociale, le pic de fréquence de ces maladies survient dès les premiers mois de vie. Ainsi près de la moitié des bactériémies et les trois-quarts des méningites survenant avant l’âge de 5 ans affectent les enfants au cours de leur première année de vie (1). Les bactériémies à pneumocoques peuvent le plus souvent être guéries par antibiotiques. Par contre, les méningites à pneumocoques peuvent provoquer de graves séquelles, voire le décès de l’enfant atteint. Grâce à la vaccination contre l’Hæmophilus b, l’incidence des méningites due à ce germe a été divisée par 10 entre 1991 et 2000 en France. Enfin, les nourrissons non immuns restent 12 A retenir L’immunité naturelle n’est pas suffisante contre des germes agressifs, invasifs, alors, protégeons au plus tôt les nourrissons ! Il semble utile que les parents qui hésiteraient à faire vacciner leur enfant soient informés des risques que cela peut représenter ! particulièrement à risque de formes graves de la coqueluche (2). • Références : 1- Fréquence relative des différentes bactéries à l’origine des méningites selon le groupe d’âge, 2001-2002, EPIBAC, France métropolitaine. BEH N 34/2004. 2- Renacoq. Pertussis surveillance in French hospitals: results from a 10 year period. Euro Surveill 2007;12(1) http:// www.eurosurveillance.org/ViewArticle. aspx?ArticleId=678 Les Experts répondent aux Mamans ! 1.5. L’aluminium contenu dans les vaccins est-il dangereux ? avis Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris. d’exper t Depuis 1926, les sels d’aluminium (hydroxyde et phosphate d’aluminium) ont été et sont encore utilisés comme adjuvants dans de très nombreux produits, en raison de leur efficacité associée à une très bonne tolérance. Présents dans certains vaccins (inactivés), ils provoquent une réaction inflammatoire sur le site d’injection et favorisent ainsi une meilleure présentation des antigènes vaccinaux aux cellules immunitaires. Ils augmentent l’efficacité des vaccins en termes de fabrication d’anticorps protecteurs (immunogénicité). Cela permet également de réduire les doses d’antigènes injectées. Une polémique est née chez des patients se plaignant de fatigue et de douleurs musculaires chez lesquels des biopsies musculaires ont retrouvé des lésions avec présence d’aluminium au sein des macrophages (myofasciites à macrophages). Le lien avec la vaccination a été évoqué du fait que 80 % des patients présentant Les Experts répondent aux Mamans ! ces lésions avaient reçu des vaccins contenant cet adjuvant. Les études pratiquées depuis montrent qu’il s’agit en fait de lésions de nature cicatricielles (1), d’autant que les biopsies musculaires étaient réalisées au niveau du deltoïde (lieu habituel de l’injection vaccinale !). Par ailleurs, une étude conduite avec l’AFFSAPS n’avait pas pu conclure à la relation entre les signes systémiques et la lésion histologique et ne remettait pas en cause la balance bénéfice-risque des vaccins contenant un adjuvant aluminique (2). Cependant, rougeur, gonflement, induration, sensibilité, chaleur, douleur au site d’injection sont parfois en relation avec une intolérance à l’aluminium contenu dans les vaccins inactivés comme les pentavalents, tétravalents, hépatite B, vaccins conjugués. Apparaissant dans les heures qui suivent l’administration, ces réactions sont très souvent limitées. Elles guérissent spontanément et ne justifient pas l’arrêt de la vaccination. Enfin, chez des adultes, quelques rares cas d’eczéma induits par des sels d’aluminium ont été rapportés. 13 A retenir Le recul sur l’utilisation des adjuvants contenant de l’aluminium (plusieurs dizaines d’années) de même que l’absence de preuve de toxicité permet d’être rassurant, ce qui n’empêche pas de rester vigilant ! Les risques liés à la toxicité de l’aluminium pour la population paraissent à ce jour très faibles (pas de rôle cancérigène de l’aluminium selon l’OMS) sauf pour ceux qui consomment au long cours et à dose thérapeutique des antiacides contenant de l’aluminium (ostéomalacie par carence en phosphates). • Références : 1- Myofasciite à macrophages et vaccinations : une lésion focale sans traduction clinique. Rev Prescrire 2005 ; 25(259) :198-200. 2- AFSSAPS. Rapport d’étude , octobre 2003 http://www.afssaps.fr/var/ 3- Ponvert C. Allergie aux vaccins : mythes ou réalité ? Abst Ped. 2004 ; 177 : 19-21. Pour en savoir plus : A propos des dangers des vaccins comportant un sel d’aluminium Bull. Acad. Natle Méd. 2010 ; 194, 7: 1383-4 1.6. Quels sont les risques liés à la vaccination ? avis Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris. d’exper t Pour les effets indésirables, le résumé des caractéristiques du produit mentionne l’ensemble des manifestations cliniques recensées, survenant après vaccination sans préjuger d’une relation de cause à effet entre les deux. Compte tenu du nombre de vaccinations pratiquées chaque année sur notre territoire, il est logique de constater un certain nombre de symptômes ou de syndromes, à l’occasion d’une vaccination ; cependant le seul lien de temporalité entre deux événements ne peut suffire à établir une relation d’imputabilité. Sur un plan purement factuel, une étude en double aveugle contre placebo chez 686 paires de jumeaux a été réalisée afin de d’évaluer les effets secondaires attribuables à la vaccination ROR (1), leur fréquence réelle est comprise entre 0,5 et 4 %. En ce qui concerne les réactions indésirables, elles correspondent à des manifestations pour lesquelles un lien de cause à effet a été établi avec un vaccin. Quelles sont les plus connues ? Les réactions locales. Elles sont très fréquentes : rougeur, gonflement, induration, sensibilité, chaleur. Leur délais de survenue après l’injection est rapide (quelques heures). Elles sont limitées et guérissent spontanément. Elles s’observent volontiers avec des vaccins contenant de l’hydroxyde d’aluminium. La réaction locale est le témoin de la réaction inflammatoire provoquée par l’adjuvant afin d’attirer sur place les cellules du système immunitaire hôte. Plus rarement ces réactions inflammatoires peuvent être étendues et être en lien avec soit un phénomène d’Arthus, soit une intolérance à l’aluminium. En cas d’œdème isolé indolore non inflammatoire, l’étiologie reste inconnue. Elles sont réduites si on prend garde à ne pas injecter le vaccin encore froid. Les réactions générales. Il s’agit le plus souvent de fièvre, de malaise, de myalgies ou de maux de tête. 14 Elles sont parfois la conséquence du vaccin ou bien dues à une infection concomitante. Un malaise vagal peut également survenir dans les suites immédiates d’une vaccination. Il faut maintenir l’enfant vacciné en position assise ou allongée pour les prévenir ou les traiter. Des réactions allergiques sévères peuvent survenir dans les minutes ou heures qui suivent le geste vaccinal. Œdème de quincke, urticaire généralisée, crise d’asthme sont possibles. Elles nécessitent un traitement par adrénaline et une surveillance hospitalière. Afin de les anticiper, il faut toujours demander au patient si une telle réaction s’est déjà produite à l’occasion d’une vaccination similaire antérieure, ce qui constitue une contre-indication. Ces réactions allergiques peuvent être provoquées par les antigènes vaccinaux, mais aussi d’autres composants du vaccin (conservateurs, antibiotiques). Leur fréquence est de l’ordre de 1/500 000 doses. Enfin le déclenchement de maladies auto-immunes (MAI) a été imputé Les Experts répondent aux Mamans ! © Dmitry Naumov - Fotolia A retenir aux vaccins. A ce jour les études épidémiologiques n’ont pas confirmé l’association entre vaccins et MAI (Guillain-Barré/ vaccin grippe et SEP/Vaccin Hep. B). Dans le même sens, d’autres études n’ont pas mis en évidence de risque de poussée de MAI liée à la vaccination. Dans un autre registre, il est admis de ne pas vacciner avec un vaccin vivant atténué (ROR, varicelle, Les Experts répondent aux Mamans ! fièvre jaune) les patients recevant un traitement immunosuppresseur (chimiothérapie, corticothérapie au long cours, anti-TNF) et ce jusqu’à 6 mois après l’arrêt de ce traitement compte tenu du risque d’infection par la souche vaccinale. • Références : 1- H. Peltola et al. Frequence of true adverse reactions to measles mumps rubella vaccine. Lancet 1986 ; 8487: 939-42. 2- Ponvert C. Vaccinations et allergie. Rev Fr Allergol Immunol Clin 2007; 47 : 9-15. 15 Avant toute vaccination il est nécessaire : • D’effectuer un examen clinique et un interrogatoire pour rechercher une contre-indication transitoire (infection concomitante, immunodépression), des antécédents d’allergie connue à l’un des composants du vaccin ou une éventuelle réaction indésirable après une précédente vaccination. • De surveiller le patient en salle d’attente pendant 30 minutes après l’injection vaccinale. • Par précaution, un patient allergique asthmatique ayant présenté une réaction générale à un vaccin sera vacciné en milieu hospitalier2. L’enfant allergique (asthmatique compris) bien contrôlé et n’ayant pas d’antécédent de réaction vaccinale peut être vacciné dans les conditions habituelles. La circulaire ministérielle du 27/12/1985 recommande de tester les « grands allergiques » préalablement à la vaccination. 2 Nutrition/digestion/croissance 2.1. Pourquoi ne pas diversifier avant 5 mois ? 2.2. Comment fait-on pour diversifier ? 2.3. F aut-il choisir les petits pots ou les purées maison ? 2.4.Quand et comment sevrer mon bébé ? 2.5. 2.6.Comment puis-je savoir si mon lait est assez riche ? 2.7.Faut-il avoir peur de l’huile de palme et de la taurine ? 2.8.Le bio, est-ce que c’est forcément mieux pour mon bébé ? 2.9.Est-ce que les laits de croissance sont utiles ? Les Experts répondent aux Mamans ! 17 Mon bébé doit-il boire de l’eau ? 2.10.Quelles sont les différences entre les laits HA et les autres laits 1er âge ? 2.11. 2.12.Mon enfant est constipé ! 2.13.Mon bébé vomit son lait, que dois-je faire ? 2.14.Mon bébé a la diarrhée, comment l’arrêter ? Il ne mange rien ! 2.1. Pourquoi ne pas diversifier avant 5 mois ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours Le lait maternel ou, en son absence, le lait pour nourrisson (ex. : lait 1er âge, préparation pour nourrisson (PPN)), est un aliment complet et suffisant pour couvrir les besoins de l’enfant de 0 à 6 mois. Les PPN répondent à une réglementation fixée par les comités d’experts en nutrition qui permet d’adapter les apports aux besoins et d’éviter les effets délétères de certains nutriments (par leur quantité ou leur qualité). Apporter des aliments en diversifiant revient à anéantir le bénéfice de ces laits en donnant des protéines alors que leur apport est volontairement limité, des acides gras saturés (d’origine animale) alors que l’on cherche à apporter des acides gras essentiels (origine marine ou végétale), un sucrage à base de saccharose alors que le sucrage aux dextrines évite de favoriser ce goût, un apport de sodium alors qu’on sait que le sodium dans le lait est limité pour prévenir l’hypertension artérielle et des sources de calcium et phosphore moins biodisponibles. Ainsi pour ne pas « gâcher » les qualités d’une PPN, seules les fibres ou céréales peuvent avoir de l’intérêt (outre celui d’un apport vitaminique et de minéraux) en permettant de réguler l’appétit (sans calories pour les fibres, ou avec sous forme de sucres lents pour les céréales) et sans l’inconvénient de fermenter si elles sont hydrolysées par les amylases. Ces fibres supposent une certaine maturation physiologique. Ce n’est que vers 4-6 mois que le nourrisson entraîne les aliments vers l’arrière de la cavité buccale pour les avaler, et vers 7-9 mois qu’il parvient à mastiquer. La maturation immunologique et digestive, le développement de la fonction colique et de la flore microbiologique permettent après les premiers mois de s’adapter aux autres aliments, c’est-àdire vers le deuxième semestre. La diversification est un apport de protéines étrangères donc potentiellement allergisantes (gluten, fruits exotiques, agrumes ou protéines animales). L’introduction de ces antigènes doit donc être évitée précocement. La gliadine, antigène du gluten, a un mode d’action cytotoxique particulier pour 18 A retenir • Le lait de mère est l’aliment idéal et suffisant pour les 5 premiers mois. • Le lait des PPN est un excellent substitut complet et techniquement élaboré avec soin, ce qui rend illogique d’ajouter des nutriments qui en réduiraient l’intérêt. lequel on parle d’intolérance, peut l’être entre 4 et 7 mois (on recommande de l’introduire un peu plus tôt chez l’enfant au sein car il bénéficierait d’une protection immunitaire). Après 6 mois le lait devient insuffisant pour couvrir les besoins en énergie, acides gras essentiels, acides aminés essentiels, fer, zinc et vitamines. • Pour en savoir plus : • Comité de nutrition de la société française de pédiatrie : alimentation des premiers mois et prévention de l’allergie. Arch Pediatr 2008 ;15 :431-2. • www.afssa.fr Avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments relatifs à l’actualisation des apports nutritionnels conseillés pour les acides gras ; mars 2010. • ESPGHAN COMMITTEE ON NUTRITION : complementary feeding : a commentary by the ESPGHAN Committee on Nutrition, J.Pediart.Gastroenterol Nutr 2008 ; 46 : 99-110 Les Experts répondent aux Mamans ! 2.2 Comment fait-on pour diversifier ? t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. La diversification est guidée par l’objectif de substitution au lait d’aliments « équivalents » en termes de nutriments pour atteindre à 2 ou 3 ans une alimentation variée de type « adulte », en découvrant des textures et des goûts nouveaux et ce afin de couvrir les besoins nutritionnels de l’enfant mais en gardant des objectifs de bonne santé (enfant puis à l’âge adulte). Attention à ne pas supprimer trop vite le biberon, ce qui reviendrait à supprimer le lait (surtout la collation du matin) mais attendre que l’enfant le délaisse. Par contre pour éviter le risque cariogène, il convient de ne pas laisser l’enfant s’endormir avec ! Le lait est donc progressivement remplacé pour ses composantes : • Protidiques, par de la viande, du poisson ou des œufs (source animale intéressante pour la valeur nutritionnelle en acides aminés). Cela doit être réduit à de petites portions © Natalia Chircova - Fotolia avi d’expes r Les Experts répondent aux Mamans ! (une demi-cuiller à soupe vers 1 an). On mange tous trop de protéines ! • Glucidiques, par du saccharose et surtout de l’amidon issus des céréales et des féculents en évitant l’excès de sucres rapides (sirop et desserts sucrés). • Lipidiques, par des acides gras (malheureusement trop souvent saturés) en relais des acides gras polyinsaturés à longue chaîne du lait, en gardant une large place aux produits marins et en variant les huiles. 19 Jusqu’à l’âge d’un an, le lait doit couvrir encore 60 à 70 % des apports nutritionnels, et il doit être complété par les « à-cotés » du lait : petits pots, céréales, etc. Ces derniers ne doivent pas encore représenter l’essentiel du repas. Attention à l’apport de sel, aux rations excessives, ainsi qu’aux rythmes ! Pour éviter le grignotage, il importe de garder 4 repas structurés, c’est-à-dire contenant un laitage, un aliment nourrissant type A retenir A faire/A ne pas faire : • Il importe surtout de laisser à la maman la « liberté » de faire selon ses traditions, sans imposer de dogme. En revanche le devoir du médecin est d’en parler pour corriger les erreurs qui en découleraient ! • Il ne faut pas s’inquiéter des refus alimentaires. Un nouvel aliment refusé devra être reproposé 7 à 8 fois à des temps et sous des aspects variés et serait mieux accepté s’il est introduit tôt (avant un an). • Il ne faut pas forcer un enfant à finir absolument son assiette, l’appétit est variable d’un moment à l’autre. Par contre, il convient de ne pas céder au grignotage. • Il est important de ne pas prendre l’habitude de calmer ou de récompenser l’enfant par un aliment (très souvent sucré). •N ’oubliez pas que la diversification entraîne une réduction de l’apport d’eau, qui n’est plus fourni par le lait mais par les fruits légumes, les soupes et les laitages frais. Il faut donc proposer régulièrement de l’eau à l’enfant. féculents, céréales (sucre lent) et un fruit et/ou un légume et éventuellement, pour un seul des repas, une part protéique animale. La texture pourra progressivement être plus ferme et les morceaux possibles après l’acquisition de la mastication. Mais cela reste très variable d’un enfant à l’autre. On revient aujourd’hui sur l’idée de n’introduire qu’après un an les aliments ayant le plus fort risque allergique : blanc d’œuf, arachide, fruits exotiques et à coque, y compris dans les familles atopiques. Le schéma de diversification est bien résumé dans le nouveau carnet de santé. On peut en citer quelques étapes : • 5-6 mois : les purées, les légumes, les farines y compris avec gluten. • 7-8 mois : la viande, le poisson puis l’œuf. • 20 • De 6 à 12 mois il faut garder un apport de 500 ml de lait. • Un enfant doit recevoir 4 repas équilibrés par jour. • Supprimer le biberon revient à supprimer le lait ! • Attention aux rations et penser à proposer de l’eau régulièrement. • Ne pas s’inquiéter du refus alimentaires vis-à-vis des goûts nouveaux. • Les aliments sont introduits un par un, après 5 mois, pour respecter les qualités du lait premier âge (PPN). Le gluten est introduit entre 5 et 7 mois. • Le médecin doit demander à la maman ce qu’elle donne (en qualité et en quantité) et doit corriger les erreurs plutôt qu’imposer une règle dogmatique et rigide qui serait contournée. Pour en savoir plus : • A.Bocquet & al. (Comité de nutrition). Alimentation du nourrisson et de l’enfant en bas âge. Réalisation pratique ; Arch Pediatr 2003 ; 10 : 76-81. • www.inpes.sante.fr. La santé vient en mangeant de la naissance à 3 ans. Les Experts répondent aux Mamans ! 2.3. Faut-il choisir les petits pots ou les purées maison ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. La législation des petits pots et aliments pour enfants est bien définie et vise à assurer des apports adaptés aux besoins nutritionnels, mais aussi à prévenir les pathologies de l’adulte. Elle régit, entre autres, la teneur minimale en vitamine (ex. : vitamine C), maximale en minéraux (ex. : sodium (Na)), maximale en conservateur, additif (arômes artificiels et édulcorant), engrais (ex. : nitrate < 20 mg/100 g) et pesticide (1µg/100 g par pesticide). Elle garantit également l’absence de certains nutriments : arachide, gluten, œuf… Le produit comporte de surcroît une date de péremption. Ouvert, il se conserve 24 h maximum au réfrigérateur. Enfin, retenez que les rations sont adaptées à un besoin moyen. A l’opposé, la confection des purées ou préparations familiales ne garantit que la composition de celle-ci. Toutefois, on ne connaît pas nécessairement la composition Les Experts répondent aux Mamans ! des ingrédients utilisés comme la margarine (lait), le jambon, l’huile (arachide), etc. On ignore également ce que contiennent les légumes ou fruits achetés (engrais, pesticides), ou ce qu’ils ne contiennent plus (par ex. : destruction de la vitamine C par la lumière). De plus, en règle générale, on ne sait pas en quoi la méthode de cuisson ou de conservation altère les nutriments, comme la disparition des minéraux dans l’eau de cuisson ou l’altération des acides gras lors de la préparation… Un plat « maison » est souvent au goût de celui qui le confectionne donc en règle générale trop salé pour l’enfant, parfois trop sucré et généralement enrichi en lipides (beurre ou crème). En ce qui concerne la texture, le plat maison, contrairement au petit pot, est souvent inégalement mixé, ce qui peut faciliter un vomissement sur un grumeau. Bien sûr l’amour de la maman confectionnant son plat n’est pas mesurable. Sans rien imposer, il convient surtout de déculpabiliser les parents et les institutions qui font le choix logique des petits pots par ailleurs peu coûteux. • 21 A retenir Contrairement aux impressions, un petit pot donne plus de garanties qu’une préparation maison. Les rations moyennes permettent d’éviter un apport excessif mais les besoins sont variables selon les individus, il ne faut pas obliger chaque enfant à finir son petit pot. Pour en savoir plus : www.pediatre-online.fr. Petits pots. www.inpes.sante.fr. La santé vient en mangeant de la naissance à 3 ans. 2.4. Quand et comment sevrer mon bébé ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours Le sevrage est un moment important qui doit être réfléchi. Sauf circonstances exceptionnelles obligeant à le « précipiter » (hospitalisation ou absence imprévue), il doit être envisagé sur un minimum de 15 jours. Il ne s’agit pas seulement du passage du lait maternel au biberon, mais c’est une étape de la vie où le bébé et la maman changent leurs rapports et leur mode de vie au quotidien. Il contient une grande part d’émotivité. Idéalement, pour donner un maximum de chance de protection contre l’allergie et de bénéfices nutritionnels pour l’avenir, on recommande un allaitement exclusif de 6 mois. Il faut essayer de ne pas sevrer avant la fin des 3 premiers mois afin de faire bénéficier au bébé d’une protection maximale. Enfin, au-delà du 5e mois, la diversification doit être débutée même si l’allaitement est poursuivi. La décision est donc avant tout prise par la maman et non par l’entourage, proche ou médical, même si cette décision peut être discutée en particulier avec le papa. Il n’y a pas de moment idéal pour le sevrage. On peut sevrer un bébé à 3 semaines, 3, 6 ou 9 mois. Souvent, les mamans envisagent le sevrage au moment de la reprise du travail. Mieux vaut dissocier les deux, sinon ce sera plus difficile à supporter pour la mère et son bébé. La reprise de travail n’oblige pas systématiquement au sevrage ! Il faut savoir utiliser les possibilités de certaines situations et conventions de travail et surtout valoriser l’allaitement mixte. Conseillez à la maman de garder une tétée le matin et deux le soir lui permettra de se sentir mieux en laissant son enfant à une tierce personne et de gagner en sérénité. En revanche, si la maman ne souhaite pas cette formule, il est bon d’anticiper pour préparer ce sevrage complet et y parvenir calmement au bon moment ni trop tôt ni trop tard. Durant la 22 période de sevrage, le bébé est sensible aux contacts comme marques d’amour, car il vit une certaine forme de détachement. Le sevrage dure en moyenne une quinzaine de jours et le lait se tarit très rapidement. En cas d’allaitement au sein exclusif, les médecins peuvent prescrire un repos supplémentaire de deux à quatre semaines. On peut aussi, avec un allaitement exclusif ou mixte, continuer à allaiter aussi longtemps qu’on le désire en plus des aliments solides. Il existe plusieurs méthodes de sevrage La méthode graduelle Cette méthode peut très bien convenir à une maman ayant une montée de lait considérée comme moyenne et qui a du temps (4 à 6 semaines). Pour cela, il faut : - Remplacer une tétée par un biberon de préparation lactée (pour nourrisson ou lait de suite selon l’âge) ou de lait maternel tiré préalablement ou conservé congelé. - Lentement, après 5 à 7 jours, substituer un nouveau biberon de lait maternel ou de préparation lactée Les Experts répondent aux Mamans ! © vishnena - Fotolia A retenir adaptée à une autre tétée. - Pour éviter la congestion des seins, conseillez à la maman d’alterner toujours une tétée au sein et une autre au biberon. - Cette méthode doit être continuée jusqu’à la substitution complète de l’allaitement par le biberon. Cela pourrait prendre environ 5 à 6 semaines. - Indiquez à la maman de proposer si possible son propre lait dans les premiers biberons. De cette manière, le bébé reconnaîtra rapidement le goût du lait qu’il a bu et aura tendance à accepter plus rapidement le biberon. - Entre les tétées, la maman pourra soulager ses seins en exprimant un peu de lait ou en le laissant tout simplement couler sous une douche chaude. Le sevrage plus rapide La même méthode que celle précédemment décrite doit être Les Experts répondent aux Mamans ! appliquée, mais en attendant moins de jours avant le biberon supplémentaire. Par exemple, tous les trois jours, ajouter un biberon de substitution. Il peut arriver que le bébé refuse de prendre le biberon. C’est une situation non exceptionnelle où se mélangent le refus du bébé et le désir inconscient de la maman de poursuivre l’allaitement. Il y a toujours une issue heureuse mais aussi quelques astuces comme celle de commencer par lui donner son premier biberon le matin. Normalement, il a plus faim. Si le bébé cherche le sein lorsque la maman lui présente le biberon, dites à la maman de demander au papa ou à une tierce personne de lui donner le biberon et de se tenir dans un autre lieu… « Loin des yeux, loin des seins ! » Si l’enfant a plus de 7 ou 8 mois et qu’il n’aime pas ou ne veut pas le biberon, un verre ou un gobelet peut être essayé. 23 • Le sevrage peut se faire à tout moment, mais est mieux vécu par le bébé et la maman s’il est prévu et anticipé. • Il faut essayer de dissocier reprise de travail et sevrage. • Sensibiliser les mamans aux vertus réelles d’un allaitement mixte. • Le sevrage est un moment chargé d’émotion qui justifie d’être préparé et où chacun doit être ménagé. La maman peut aussi changer ses habitudes et donner le biberon à des endroits différents, autres que ceux où elle allaite habituellement, et même changer l’ambiance qui régnait durant les tétées, sa position et ménager des temps de contact entre elle et le bébé après ses repas, ainsi il cherchera moins le sein. • Pour en savoir plus : - Comité de nutrition. Alimentation des premiers mois de vie. Arch Pediatr 2008 ; 15 : 431-42. - www.santeallaitementmaternel.com. - www.has-sante.fr. Allaitement maternel : mise en œuvre et poursuite dans les 6 premiers mois de vie. 2002. 2.5. Mon bébé doit-il boire de l’eau ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. Un bébé peut boire de l’eau s’il a soif. Il en boit dans le lait qu’il reçoit, ce qui assure la compensation de ses pertes hydriques (urines, sueurs, respiration, selles). Il est bon de lui proposer de l’eau entre les tétées ou en fin de tétées, mais aussi en particulier l’été, lors des voyages en voiture ou au cours de l’hiver du fait de l’atmosphère desséchante des chauffages, ou bien sûr s’il est malade (fièvre, diarrhée, polypnée…). Cette eau ne doit être ni sucrée ni obligatoirement minérale. Deux options : • L’eau de ville (du robinet), qui est contrôlée tant dans sa composition chimique que sa pureté microbiologique. Le site de la mairie permet de disposer des informations sur sa composition. Seules les eaux stagnantes ou provenant de sources non contrôlées doivent être interdites. • Les eaux embouteillées sont des eaux de source ou des eaux minéralisées. Les eaux de source sont toutes faiblement minéralisées (résidu sec < 500 mg/l). Les eaux minéralisées peuvent quant à elles être faiblement minéralisées (résidu sec < 500 mg/l), moyennement minéralisées (résidu sec de 500 mg à 1500 mg/l) ou fortement minéralisées (résidu sec > 1 500 mg/l). Les eaux minérales très riches en minéraux doivent être évitées ou réservées à des usages bien précis. Il faut choisir des eaux peu minéralisées et donc lire les étiquettes. Il existe une réglementation concernant les eaux destinées à la préparation des aliments pour nourrissons. La teneur en nitrate doit être < 10 mg/l, et la teneur en fluor comprise entre 0,5 et 1,5 mg/l (en dessous de 0,3 mg/l on recommande d’ajouter du fluor, et au-dessus de 1,5 mg/l l’eau ne convient pas). Penser aussi, lors de la diversification, que la substitution des fromages au lait conduit à une franche diminution des apports hydriques qui n’est souvent que très partiellement compensée par l’eau contenue dans les fruits, les légumes, les soupes et les laitages. Un bon reflet de la juste compensation 24 A retenir • Un enfant boit s’il a soif et si on lui propose de l’eau, mais s’il n’a pas soif il ne boit pas ! • Plus il est jeune, moins il peut exprimer sa soif, sinon en pleurant, comme il le fait lorsqu’il a faim. Il faut donc anticiper et lui en proposer. • Plus l’enfant est jeune plus sa composition corporelle le rend sensible aux variations de chaleur et aux pertes en eau. des besoins en eau du bébé est la diurèse. Si un bébé mouille régulièrement sa couche (sauf maladie rare, en particulier rénale), c’est qu’il consomme suffisamment d’eau ! • Pour en savoir plus : - Cloarec S et Mérieau E. Besoins hydroélectrolytiques de l’enfant. Pédiatrie en poche, Edition Doin 2011 ; p 31-34. - Afssa : www.weka.fr/glossaire/eauminerale/ - www.circulaires.gouv.fr/pdf/2010/08/cir 31595.pdf - JO du 5 avril 2007. Arrété du 14 mars 2007 relatif aux critères des eaux conditionnées, aux traitements et mentions d’étiquetage particuliers des eaux minérales naturelles et de source conditionnées. Les Experts répondent aux Mamans ! 2.6. Comment puis-je savoir si mon lait est assez riche ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. Il n’y a pas de lait de mauvaise qualité, tout au plus une quantité insuffisante et ce généralement de façon transitoire. Il faut d’abord interroger la maman sur les raisons qu’elle a d’en douter : « Est-ce que l’enfant pleure souvent ? », « Présente-t-il un sommeil difficile ? », « Ses selles sont-elles rares ? », « A-t-il un poids insuffisant, en comparaison de l’enfant d’une amie, nourri au biberon par exemple ? » ou « Avezvous l’impression de ne pas sentir de tension dans vos seins avant les tétées ? » Situation 1 L’enfant grossit mal, se tortille, pleure, se réveille, et rien ne semble le calmer. Il a des selles assez explosives et aqueuses et ne semble pas rassasié. Il réclame souvent et sa maman ayant peur qu’il ne boive pas assez le met aux deux seins en le laissant à peine assez au premier. Il s’agit de sous-nutrition par tétées Les Experts répondent aux Mamans ! trop courtes. Un seul sein suffit à couvrir les besoins d’un enfant ! Le début de la tétée est aqueux (eau et lactose) d’où les coliques et urines abondantes. En prolongeant la tétée, le lait devient plus riche en lipides, ce qui va rassasier le bébé et lui permettre de grossir. A retenir • Le lait d’une mère est toujours nourrissant. • La réponse est dans la croissance en taille et poids sur plusieurs jours plus que dans le comportement du nourrisson ou la sensation de sein tendu. Situation 2 L’enfant a très peu de selles, pleure ou dort trop. Les tétées sont espacées. On peut penser à un déficit de lait qui justifie, durant 36 à 72 h maximum, de rapprocher les tétées pour relancer la sécrétion de prolactine. Situation 3 La prise de poids est régulière et l’enfant grandit bien. Tout va bien. Il faut savoir qu’un enfant au sein perd plus de poids après la naissance et grossit moins vite qu’un bébé au lait artificiel (qui en réalité grossit trop vite). Expliquer à la maman que parfois les selles sont plus rares à partir de la troisième semaine (ce qui traduit une parfaite assimilation du lait), et que le volume d’urine témoigne des quantités de lait reçues. Expliquez aux mamans inquiètes que tirer le lait pour 25 l’analyser n’est pas utile car on risque de n’avoir que la superficie de la tétée donc manquer la partie crémeuse de la tétée. Par ailleurs, le tire-lait ne stimule jamais aussi bien la production de prolactine que le contact de la bouche du bébé et du sein. Enfin, peser le bébé avant et après est contraignant et pas très fiable. • Pour en savoir plus : www.allaitement-maternel.eu www.inpes.sante.fr/30000/pdf/0910_ allaitement/Guide_allaitement_web.pdf · www.has-sante.fr/portail/upload/docs/ application/pdf/Allaitement_recos.pdf 2.7. Faut-il avoir peur de l’huile de palme et de la taurine ? avis d’exper t Dr Stéphane Romano, Pédiatre, Boulognebillancourt L’huile de palme est l’huile végétale la plus consommée au monde. Elle fait l’objet d’une peur alimentaire, au même titre qu’un acide aminé présent et synthétisé dans le corps humain, la taurine. Ces peurs reposent sur certains courants de consommateurs et finissent par nuire à la santé des nourrissons puisque l’industrie alimentaire doit maintenant s’adapter et proposer des laits « bio » sans huile de palme, bientôt sans certaines protéines pourtant indispensables. Le rôle du médecin est de rassurer les mamans sur le caractère injustifié de ces peurs et sur l’obligation de résultats concernant l’alimentation infantile : en matière alimentaire, il n’y a pas plus contrôlée et surveillée que l’alimentation des nourrissons. Elle répond à des décrets où sont définies les recommandations sur la composition des aliments avec des teneurs minimum et maximum dans les nutriments et éléments nécessaires à la bonne santé de l’enfant en tant que nourrisson et futur adulte. Ces recommandations émanent d’experts pédiatres nutritionnistes. Si l’huile de palme fait peur aujourd’hui c’est parce qu’elle fait partie des sources d’acides gras en position trans. Les termes cis et trans sont dus au fait que la double liaison carbone-carbone de la structure des acides gras peut adopter deux organisations différentes dans l’espace (lorsque les hydrogènes H sont du même côté, la liaison est dite cis, mais lorsqu’ils sont de part et d’autre de la double liaison, la liaison est dite trans). Le pourcentage élevé d’acide gras saturé trans est associé à une augmentation du risque cardiovasculaire (consommée avec excès) chez l’adulte ; par dérive elle serait donc forcément mauvaise pour les nourrissons. Les acides gras des viandes ou du lait de vache sont en position trans, ceux des graisses végétales le deviennent facilement avec la transformation industrielle mais dans le lait humain ceux-ci sont en position cis. On peut rappeler aux mamans que l’acide gras majoritaire contenu dans l’huile de palme est l’acide palmitique ; cet acide gras 26 représente plus de 23 % des acides gras du lait maternel. Finalement le véritable problème de l’huile de palme est qu’étant la plus consommée au monde, il faut donc en produire beaucoup et pour cela on détruit les forêts d’Asie du Sud-Est pour y planter des palmiers à huile et mobiliser toute une population sur le thème écologie biologie. L’agence sanitaire recommande pour l’adulte de considérer la valeur de 2 % de l’apport énergétique total comme un niveau de consommation à ne pas dépasser et de réduire de 30 % au moins la consommation de certains aliments contributeurs d’acides gras trans (viennoiseries, pâtisseries, produits de panification industriels, barres chocolatées, biscuits). L’Agence recommande de ne pas diminuer la consommation de lait et de produits laitiers, bien qu’ils soient des aliments fortement contributeurs des AG trans totaux, et de consommer de préférence les produits demi-écrémés ou écrémés. On pourrait ajouter que la meilleure façon d’éviter les acides gras trans est d’allaiter son bébé ! Les Experts répondent aux Mamans ! © Picture Partners - Fotolia A retenir La taurine fait elle aussi, à moindre échelle, l’objet d’une peur alimentaire : on en parle maintenant car on l’utilise comme additif pour certaines boissons énergisantes interdites en France au début des années 2000 et aujourd’hui autorisées. La taurine est un acide aminé semi-essentiel (essentiel veut dire non synthétisable mais indispensable donc devant être fourni) car il n’est pas d’emblée produit par l’organisme encore immature alors qu’il dérive ensuite de la méthionine. Sa carence peut faciliter les lithiases (ou l’ictère) des voies biliaires, c’est un acide aminé très utile Les Experts répondent aux Mamans ! dans la voie énergétique des neurotransmetteurs (GABA). On peut encore rappeler aux mamans que si le lait maternel contient 4,2 mg de taurine pour 100 ml, les laits infantiles en contiennent également. En ajouter présente l’intérêt pour le bébé d’éviter une carence dans les premières semaines de vie ; là encore essayer d’approcher la composition du lait maternel est un défi et l’industrie essaie de le relever pour le bien du bébé et non pour son profit comme on se plaît à le faire croire, ce lait restant l’élément de référence ! • 27 • Les acides trans sont associés à une augmentation du risque cardiovasculaire chez l’adulte. • L’acide palmitique contenu dans l’huile de palme représente 23 % des acides gras du lait maternel. • La carence en taurine favorise les lithiases des voies biliaires. • La taurine est très utile dans la voie énergétique des neurotransmetteurs • il n’y a pas plus contrôlée et surveillée que l’alimentation infantile. Pour en savoir plus : Peurs alimentaires : quelles conséquences sur la santé de nos enfants. Communiqué de presse 20 avril 2011 de la Société française de pédiatrie. 2.8. Le bio, est-ce que c’est forcément mieux pour mon bébé ? t Dr Stéphane Romano, Pédiatre, BoulogneBillancourt La consommation de produits « bio », que ce soit les préparations pour nourrisson ou les petits pots, devient de plus en plus fréquente chez les nourrissons. En effet les mamans deviennent méfiantes en ce qui concerne la sécurité des aliments et restent persuadées que les produits « bio » sont meilleurs que les fabrications industrielles des grandes marques. La production « bio » est définie comme « un système global de gestion agricole et de production alimentaire qui allie les meilleures pratiques environnementales, un haut degré de biodiversité, la préservation des ressources naturelles, l’application de normes élevées en matière de bien-être animal et une méthode de production respectant la préférence de certains consommateurs à l’égard de produits obtenus grâce à des substances et à des procédés naturels ». Il y a donc avant tout une exigence de moyens ou de production qui doit s’appuyer sur © Bogdan Wankowicz - Fotolia avi d’expes r des ressources renouvelables. Au contraire la réglementation des aliments pour l’enfance impose une obligation de résultats, par exemple une matière première utilisée dans une purée de fruits pour bébés peut subir 250 à 300 contrôles et le produit fini peut subir 40 à 50 contrôles avant d’être commercialisé. Autre niveau d’exigence, la teneur en pesticides ne doit jamais dépasser le seuil de détectabilité (c’est-à-dire la concentration minimale détectable par les méthodes d’analyse). Afin de respecter le niveau de sécurité élevé, les industriels mettent en œuvre une chaîne de qualité qui englobe la production agricole, la fabrication et le produit fini. 28 En d’autres termes plus simples, les produits alimentaires destinés à l’enfance doivent respecter un cahier des charges strict, contrôlé et réglementé avec une obligation de résultats. Les produits « bio » destinés à l’enfance doivent subir les mêmes contrôles et fournir les mêmes exigences que la concurrence, la seule différence est qu’ils proviennent de l’agriculture biologique. • Pour en savoir plus : Davin L, Van egroo LD, Galesne N. Aliments industriels de diversification : une exigence de sécurité. Archives de pédiatrie 2010 ;17 : S220. Les Experts répondent aux Mamans ! 2.9 Les laits de croissance sont-ils utiles ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. Oui ! Les laits de croissance, parfois appelés « laits 3e âge » sont utiles, car ils relaient les laits de suite dont ils « font partie » pour ce qui est de la réglementation. En amont, une réflexion a été menée sur l’intérêt de ces laits pour nourrisson (lait de suite et croissance) afin de couvrir les besoins de l’enfant au cours de la diversification. Rappelons que les formules végétales ne répondant pas à cette législation ne conviennent pas ! La composition des laits de croissance est assez différente d’une marque à l’autre et certains ne proviennent pas des fabricants d’aliments infantiles mais de marque de la grande distribution. Toutefois tous se distinguent clairement d’un lait UHT du commerce par une teneur réduite en protéine (2 à 2,5 g versus 3 à 3,5 g/100 ml), un apport ajusté en acides gras essentiels (AGE) avec une réduction bénéfique des acides Les Experts répondent aux Mamans ! gras saturés et un apport de fer et de vitamine D. Selon les marques on observe de grosses différences concernant la réduction de l’apport protéique et la biodisponibilité du fer, en faveur des laits de « gamme infantile ». L’objectif de ces modifications reste de prévenir les maladies à l’âge adulte et en ce qui concerne le fer, d’éviter l’anémie si fréquente chez l’enfant en bas âge. C’est en effet encore la période de pleine croissance (0-36 mois) et la couverture des besoins (fer et acide linoléique) entre 1 et 3 ans resterait insuffisante, comme le montrent par exemple les études réalisées en Bourgogne dans une population de 660 enfants en bas âge et dont plus de 40 % ne consomment pas de quoi couvrir les besoins en fer (1 mg/kg/j) et dont l’alimentation apporte parfois à peine 50 % des acides gras essentiels. Ce lait ne doit pas être un palliatif à une diversification incomplète ou déséquilibrée mais un véritable complément alimentaire. Ainsi leur composition, proche de la composition des laits de suite, assure la transition avec l’alimentation de type adulte en 29 A retenir Le lait de croissance répond à la nécessité d’ajuster jusqu’à 3ans les apports de l’enfant dont la croissance est encore très rapide. introduisant aussi la notion de laitages de croissance. Ce doit être l’occasion d’insister sur le fait que tout lait ou jus, abusivement présenté comme lait végétal, n’est pas substituable au lait élaboré selon les règles des comités de nutrition. Leur inconvénient principal est le coût par comparaison au lait UHT mais leur prix se situe souvent de façon équivalente à un lait de suite, ce qu’il est bon de rappeler. • Pour en savoir plus : - A. Elbez. Des « laits » qui n’en sont pas. Médecine et enfance, février 2006. - P. Tounian, F. Sarrio. Alimentation de l’enfant de 0 à 3 ans. Masson, 2005. - V. Boggio. Consommation alimentaire des nourrissons et enfants en bas âge en France. Arch Peditr 1999 ; 6 : 740-7. 2.10. Quelles sont les différences entre les laits HA et les autres laits 1er âge ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. Le lait HA est dit hypoallergénique. Rappelons qu’il n’a rien à voir avec l’enrichissement en DHA (acide docosahexanoïque, acide gras polyinsaturé à longue chaîne), ce qui a déjà prêté à confusion ! Le lait HA n’est pas un hydrolysat poussé, lequel est défini par des peptides de très petite taille, produit d’une grande technologie d’où son coût et sa sécurité. Ce qui fait l’allergénicité d’une protéine étrangère (donc de lait animal ou végétal), c’est l’épitope, c’est-à-dire une suite combinée d’acides aminés, combinaison dans l’espace qui peut être fragilisée par une technique de chauffe mais aussi reconstituée par des agrégats post-fabrication. Dans les laits HA (hypoallergéniques), que ce soit la caséine, les protéines solubles ou les deux, les protéines sont modifiées par un procédé thermique et/ou enzymatique. L’objectif est de réduire leur reconnaissance au niveau digestif. Dans ces formules, les peptides sont de taille supérieure à 3 000 daltons, donc bien supérieure à celle des « hydrolysats poussés ». Le reste de la formule est identique à celle des laits (préparation pour nourrisson (PPN) ou lait de suite) y compris en ce qui concerne le sucrage et les lipides. Il en est tout à fait différemment pour les formules d’hydrolysats poussés qui eux sont sans lactose et pour nombre d’entre eux, enrichis en triglycérides à chaînes moyennes (TCM). La source protéique des laits HA n’est pas précisée mais leur qualité nutritionnelle est au moins égale à celle de la caséine et pour chacun des acides aminés essentiels et semi-essentiels, l’apport est au moins égal à celui du lait de femme. Les préparations à base d’hydrolysats partiels (HA) sont indiquées pour la prévention des manifestations atopiques chez les nourrissons nés dans une famille ayant des antécédents allergiques connus, au 1er degré (allergie chez l’un des 2 parents et/ ou fratrie). Pour avoir cet effet, le lait HA doit être utilisé dès l’introduction d’un lait artificiel, comme lait dans 30 A retenir • Le lait HA est destiné à réduire le risque allergique dans les familles à risque. • Il n’y a pas de justification à l’introduire en seconde intention. • Ce n’est pas un lait thérapeutique des enfants allergiques. l’attente d’un allaitement ou en relais. L’effet préventif quand il est utilisé en complément n’est pas démontré et l’efficacité est surtout montrée vis-à-vis de la dermatite atopique. Les laits HA ne sont pas des laits thérapeutiques et ne doivent pas être utilisés pour un enfant ayant une allergie prouvée. • Pour en savoir plus : - Comité de nutrition de la société française de pédiatrie. Diététique basée sur les preuves : que retenir pour la prescription d’une préparation pour nourrisson et de suite en 2007 ? Med & Enf 2007 ; 27 : 242-6. - Comité de nutrition de la société française de pédiatrie. Alimentation des premiers mois et prévention de l’allergie. Arch Pediatr 2008 ; 15 : 431-42. Les Experts répondent aux Mamans ! 2.11. Il ne mange rien ! avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. Quand une maman est soucieuse parce que son enfant ne mange rien, il est indispensable de recueillir quelques informations sur ce qu’elle appelle « ne pas manger ». Souvent il mange mieux en dehors du domicile ou bien il ne mange que ce qu’il aime, par exemple des pommes de terre ou des pâtes et refuse les fruits et les légumes. Mais surtout il faut savoir comment il se comporte dans la journée, c’est-à-dire quelles sont ses activités, est-ce qu’il grignote… Un enfant peut très bien, surtout pendant la période de découverte entre 12 mois et 4 ans, ne manger que certains aliments de façon monotone puis en changer. Les réserves de l’organisme assurent la couverture des autres nutriments et ce d’autant plus qu’en général, si un enfant refuse 7 ou 8 repas, on oublie les 2 ou 3 autres fois où il a mangé des aliments variés ! La certitude qu’il va bien est apportée par son examen complet mais surtout par la lecture de la courbe Les Experts répondent aux Mamans ! de croissance en taille. Rappelons qu’un enfant est en général dodu la première année mais doit être mince entre 4 et 7 ans. Ne pas être mince à cet âge signifie un rebond précoce et donc risque d’obésité ultérieure. Cela convient d’être rappelé dans une époque où le surpoids devient une « norme » et concerne 20 à 25 % des enfants. Enfin, jusqu’à 2 ans à peine, les enfants aiment goûter ce que leurs parents leur présentent, mais rentrent ensuite dans une période d’opposition à laquelle s’ajoute la néophobie alimentaire. Celle-ci est normale jusqu’à 7 ou 8 ans, mais peut conduire à un blocage si l’on insiste trop. La relation autour du repas doit rester détendue et « indifférente » au refus pour ne pas tomber dans la valse des aliments et/ou le choix direct dans le réfrigérateur de l’enfant capricieux. Il est aussi nécessaire d’expliquer aux parents la nécessité d’éviter le grignotage, vécu comme « ce sera toujours ça de mangé… ! », alors que cela pérennise le cercle vicieux coupe-faim/repas refusé … Ainsi, revenir à des repas structurés, équilibrés, à des horaires réguliers, sans insister, donc sans forcer à finir, et proposer de faire un point 31 A retenir • L’enfant qui va bien couvre ses besoins nutritionnels et ne se laisse pas dépérir, même si c’est de façon désordonnée. • On a beaucoup plus tendance à s’inquiéter pour un enfant mince ou ayant été malade qui refuse de manger, que pour un enfant rondouillard. Ce qui explique le nombre important d’enfants proches de moins 2DS en poids/ taille vus en consultation. • Un enfant qui « ne mange rien » doit être mesuré. Une courbe de croissance en taille régulière permet de rassurer son entourage pour éviter de créer une situation de blocage autour du repas. tous les 3 mois, aidera la famille à passer ces moments angoissants et tendus. • Pour en savoir plus : - http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/ nutrition/rapport_pnns2. - Synthèse de l’étude Individuelle nationale des consommations alimentaires 2 Afssa 2007. - Maurage C, Mouterde O. L’enfant qui ne grossit pas. Arch Pediatr 2008 ; 15 (HS3) 28. 2.12. Mon enfant est constipé ! avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. Qu’appelle-t-on constipation, sachant que le nombre des selles est variable avec l’âge de l’enfant ? Il est plus facile de définir celleci comme l’émission difficile de selles grosses et dures que de se limiter à la stricte définition de selles rares (moins de 3 selles par semaine chez le nourrisson ou moins de 2 par semaine après l’âge de 4 ans). On peut même élargir cette définition en pratique, à l’émission de petites billes dures ou d’une selle dont le début est difficilement émis car dur et suivi de selles molles parfois abondantes. Rappelons qu’un bébé peut, lorsqu’il est nourri au sein, n’avoir qu’une selle durant 10 ou même 20 jours ! Cela n’est pas une constipation car cette selle est normale et l’enfant va bien ! Quoi qu’il en soit et surtout s’il y a une demande formulée, il faut aider à ne pas entrer dans la peur prolongée de la défécation qui deviendrait un véritable problème. Il faut toutefois insister sur le fait qu’une constipation ne donne jamais d’occlusion (arrêt des matières et des gaz) pourtant tellement crainte par l’entourage sur l’absence de matière ! Elle n’est pas la conséquence d’un gros colon comme on l’entend trop souvent sur la base d’une radio, qui d’ailleurs est rarement utile ! A l’inverse, l’accumulation des matières est responsable de ce gros colon. On ne va pas pour autant la négliger mais au contraire la prendre en compte pour en éviter les complications, y compris les douleurs per- et postprandiales, les fuites de selles et les infections urinaires … La constipation est, sauf exception, fonctionnelle et souvent terminale, c’est-à-dire liée à une rétention, plutôt qu’à un transit lent. L’enfant qui était habitué à des selles faciles et émises sans y penser se retient car il a mal ou peur d’avoir mal. Plus âgé, il ne prend pas le temps de se « pauser » aux toilettes et les selles retenues dans le rectum vont durcir. Plusieurs situations ont pu aboutir à cette phase - Une selle dure ou grosse qui a pu créer une fissure, avec un 32 saignement bref plus ou moins intense. C’est une situation non rare et difficile, qui justifie un lubrifiant et un traitement qui ramollit les selles pour sortir de la peur désormais associée au caca. - Une mise au pot insistante ou précoce alors que l’enfant ne comprend pas ce qu’on attend de lui, ni comment faire (pousser avec l’abdomen en relâchant le périnée), alors que son entourage se réjouit ou se désole de ce qu’il « produit » ou pas. - Une installation sur le pot à un âge trop avancé rend impossible le relâchement du périnée. Celle-ci ne sera possible qu’installée sur des WC mais pieds en appui. - Des selles durcies par une consommation très faible de résidu ou très abondante de lait après l’âge de deux ans. Les savons formés à partir du calcium et des graisses du lait durcissent les selles. Il ne s’agit pas de supprimer le lait mais d’en limiter la quantité, ou de diluer les rations de lait prises en plus du lait matinal. Un déficit d’apport hydrique, par exemple en passant du lait maternel à certains laits artificiels, peut également conduire à des selles durcies. Mais si un déficit d’hydratation Les Experts répondent aux Mamans ! conduit à ce que le colon retienne le maximum d’eau, un apport d’eau sans déficit n’a aucun effet sinon de faire uriner ! Même certaines eaux très utilisées n’ont pas fait leurs preuves, l’une d’entre elles notamment apporte du magnésium qui accélère le transit, mais présente beaucoup trop de calcium. - Le riz complet, le cacao et le lait entier peuvent constiper. En dehors de ces aliments, aucun aliment ne constipe l’enfant, et très certainement pas les bonbons, les pâtes ou les bananes ! C’est donc bien le plus souvent, même chez le plus grand, une constipation terminale. Elle peut être aggravée par un manque d’activité (par défaut de stimulation du transit par les contractions des muscles de la paroi abdominale), et par un déséquilibre de l’alimentation. Les selles seront d’autant moins dures qu’elles comprendront des résidus, donc des fibres qu’il faut placer dans les repas avec ce que l’enfant aime, et non pas à leur place. Quel est le traitement ? Il est basé sur la physiologie. Il faut faire comprendre comment se Les Experts répondent aux Mamans ! passe la défécation, en expliquant qu’elle est réflexe et fait suite au repas (réflexe gastro-colique) et qu’elle doit donc être facilitée en encourageant l’enfant à trouver un rythme et le temps de faire ses besoins en fin de repas. Selon l’âge, ce sera en enlevant la couche après le biberon pour laisser l’enfant déféquer sans peur d’être grondé, puis en lui apprenant le pot à ce même horaire et sans le contraindre. On ne le fera surtout pas en même temps qu’un autre événement venant changer sa vie, comme le début de la collectivité, la naissance d’un deuxième, le déplacement hors de la maison en vacances, la reprise du travail de la maman, etc. Plus grand c’est vers les WC qu’on le guidera en veillant à lui mettre plus qu’un réducteur, un tabouret pour reposer ses pieds et ce dans un lieu agréable sans bousculade après ou en fin de repas, en évitant le repas de midi qui plus tard sera souvent un repas scolaire. Une bonne activité physique facilitera son transit par une bonne musculature abdominale. Enfin, un traitement anodin bien accepté par un sucre fermentescible ou un mucilage 33 A retenir • Pas de régime ni de panique, la défécation c’est automatique ! • Expliquer ce qui est naturel et le remettre en place. • La constipation de l’enfant est fonctionnelle et terminale, non liée à l’alimentation mais à la peur de la défécation de selles trop grosses ou trop dures. • Il faut traiter l’enfant pour lever les préoccupations et éviter les complications. aidera à ce que les selles soient molles. Aucun régime n’est nécessaire. • Pour en savoir plus : - Maurage C. L’ordonnance type pédiatrie. MG 2009 numéro 5 ; www.nutriben.fr - Maurage C. Diarrhées, constipation et douleurs abdominales de l’enfant. Doin Ed, Paris : Masson, 1999. 2.13. Mon bébé vomit son lait, que dois-je faire ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. Les rejets de petites quantités répétées de lait sans efforts après la tétée sont passifs et définissent le reflux gastro-œsophagien. Ils sont à distinguer du renvoi actif du contenu gastrique, propulsé avec effort à distance de l’enfant et qui constitue un vomissement. Le reflux gastro-œsophagien est banal, fréquent et la limite entre physiologique et pathologique n’est pas clairement définie en l’absence d’un reflux compliqué. Les rejets en fin de tétée sentent peu le vomi et sont le plus souvent une évacuation du « trop-plein » en particulier au sein. Le lait de mère est en effet évacué plus rapidement de l’estomac du fait de sa composition et de son pH acide. Une maman dont le bébé boit très vite peut ne pas se rendre compte qu’elle a beaucoup de lait, surtout passés les premiers jours. La distension des seins et la courbe de poids en seront le meilleur témoin, on pourra même alors proposer à la maman de recueillir le surplus dans des « coquilles » mises sur les seins et de le garder pour le bébé ou pour un don. Au biberon, un enfant glouton ou confortablement tenu dans les bras peut téter en excès et il faudra savoir le limiter ; la vidange gastrique est variable selon le type de lait surtout selon le rapport « caséine/ protéines solubles ». En effet la caséine ralentit l’évacuation gastrique, mais facilite aussi de ce fait la satiété… L’estomac est très extensible mais assez peu tonique chez le nourrisson. Quand un bébé de 2 mois boit 150 ou 180 ml, c’est comme si un adulte buvait 5 litres de liquide et personne ne vient lui comprimer l’abdomen ! La constipation est également un facteur facilitant les rejets par une distension colique qui gêne l’expansion gastrique et des pressions abdominales lors des efforts de poussée qui favorisent les reflux. On doit en tenir compte en particulier dans les choix du lait en cherchant à faciliter le transit, par exemple en optant pour un lait épaississant. Le maïs ou le riz ralentissent le transit, la caroube quant 34 à elle l’accélère. La distension aérique du colon transverse est également une cause de rejets et même de vomissement par plicature gastrique. L’estomac gêné dans son expansion se met alors en 2 poches à cheval sur le colon transverse, ce qui entraîne des vomissements en milieu ou fin de tétée et ceux-ci disparaissent si on met le bébé sur le ventre quelques instants sur la cuisse du parent nourricier. On peut aussi masser doucement l’abdomen du bébé avant sa prise alimentaire pour le soulager. Le lait riche en lactose, dont le lait maternel, favorise cette production de gaz coliques. Attention : savoir reconnaître l’association constipation, vomissements en jet et sténose du pylore. Celle-ci est caractéristique car elle survient entre 2 semaines et 3 mois et elle est marquée par des vomissements en jet d’un enfant affamé qui se jette sur les biberons en même temps que ses selles se raréfient et qu’il maigrit ! Rien à voir avec le bébé floride qui renvoie du lait dans son cou et celui de son parent ! Ces renvois ou rejets n’ont aucune Les Experts répondent aux Mamans ! A retenir © vishnena - Fotolia • On confond en général rejet (passif sans effort) et vomissement (actif, avec projection). • Les rejets ne sont pathologiques que s’ils retentissent sur le poids ou le comportement. • Les rejets s’espacent avec le temps quand la capacité gastrique et le tonus abdominal s’améliorent. • On ne peut améliorer des rejets abondants chez un enfant constipé sans régler la constipation. gravité et leur plus grand inconvénient est de déranger surtout l’entourage qu’il salit, comme la tenue du bébé qu’on rêve impeccable. C’est seulement s’ils s’accentuent et surtout durent à distance de la prise alimentaire qu’ils peuvent se compliquer en irritant la muqueuse des organes de proximité (œsophage, larynx, cavum…). Pour éviter ces renvois ou en réduire l’intensité, il faut éviter de trop bouger le bébé en fin de tétée, ne pas comprimer son Les Experts répondent aux Mamans ! ventre distendu par l’estomac replet et ne pas remonter ses jambes sur son abdomen mais faciliter l’extension du bébé. Les rejets vont s’estomper spontanément avec le temps du fait de la diminution relative des ingesta par rapport au volume gastrique et de l’acquisition du tonus abdominal. L’utilisation d’un lait épaissi et bien digéré mais ne constipant pas viendra en aide pour limiter ces désagréments et éviter la surmédicalisation d’un 35 phénomène banal. La prescription d’un protecteur muqueux ou d’un anti-acide reste du domaine de la thérapeutique des complications ou de leur prévention si le reflux devient symptomatique ou invalidant. • Pour en savoir plus : - Mouterde O. Reflux gastro-œsophagien : nouvelles recommandations. Med Enf 2009 ; 29 : 371-5. - www.afssaps.fr : Antisécrétoires gastriques chez l’enfant. Recommandations de bonne pratique ; Afssaps, juin 2008. 2.14. Mon bébé a la diarrhée, comment l’arrêter ? avis d’exper t Dr Stéphane Romano, Pédiatre, BoulogneBillancourt Chez le nourrisson, les selles deviennent très liquides, fréquentes et abondantes, elles peuvent s’accompagner de vomissements et de fièvre. Le principal traitement de la gastroentérite aiguë est la prévention de la déshydratation par l’utilisation d’un soluté de réhydratation par voie orale (SRO). La prescription doit être claire et expliquée aux parents : - Le sachet est dilué dans 200 ml d’eau faiblement minéralisée, sans adjonction de sucre ni de sel. - La solution peut être conservée au réfrigérateur pour une durée maximale de 24 h, et est administrée par voie orale à température ambiante. La quantité à administrer est fonction des besoins hydriques de l’enfant. Elle sera proposée à volonté pendant les premières heures, toutes les 5 à 10 minutes au début, puis toutes les 15-30 minutes. Les sodas ne sont pas recommandés (trop hyperosmolaires et pauvres en sodium). En cas de diarrhées intenses ou de signes de déshydratation, l’alimentation doit être transitoirement arrêtée et seul le SRO sera proposé pendant 4 à 6 heures, puis l’alimentation lactée peut être reprise en proposant du SRO entre les repas. Les autres précautions : - L’alimentation au sein peut être poursuivie, - Chez le nourrisson de moins de 2 mois : la prescription d’un hydrolysat de protéines peut être discutée. - Chez le nourrisson de plus de 2 mois : l’alimentation lactée peut être normalement poursuivie, avec un lait sans lactose pendant une à deux semaines si la diarrhée se prolonge. - Chez le nourrisson en pleine diversification alimentaire, conseillez un régime pauvre en fibres pendant 3 à 4 jours (carottes, pâtes, riz, un peu de yaourt, en plus du lait infantile), de petites quantités de viande, de jambon ou de poisson, et des compotes de pomme. Eviter momentanément les fruits crus et les crudités, même mixés. - Les médicaments pouvant être utilisés en association au SRO : le racécadotril, les antidiarrhéiques moteurs après 2 ans, les salicilates et les probiotiques. 36 A retenir - Devant toute diarrhée du nourrisson un SRO à boire doit être prescrit à l’enfant en prévention de la déshydratation. - L’alimentation peut être normalement poursuivie sans changer de lait à la phase aiguë. - La vaccination contre le rotavirus constitue un moyen de prévention efficace et doit être systématiquement proposée dès les premières visites postnatales. - Un traitement antibiotique peut être indiqué en cas de suspicion de diarrhée bactérienne. - Rappelez les moyens de prévention comme le lavage des mains lors des soins du nourrisson, mais surtout par la vaccination contre le rotavirus à partir de 6 semaines et avant 6 mois. • Pour en savoir plus : - http://www.vidalrecos.fr/pages/reco.php ?idfiche=1662&titre=Gastroenterite_aigue_ de_l_enfant. - www.has-sante.fr. Saisine du 16 octobre 2002 relative à l’usage des SRO dans le traitement de la diarrhée aiguë du nourrisson et du jeune enfant. Les Experts répondent aux Mamans ! 3 Les Experts répondent aux Mamans ! Dermatologie 37 3.1. on bébé a des boutons sur les joues, M que dois-je faire ? 3.2. A partir de quand puis-je utiliser un savon ? 3.3. st-ce bien d’utiliser des lingettes E pour les fesses ? 3.4. on bébé a les fesses rouges, M que dois-je faire ? 3.5. on bébé a de l’eczéma, M est-il allergique ? avi d’expes r t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours Chez les nourrissons la folliculite est fréquente, mais celle-ci n’a rien à voir avec « l’érythème toxique » néonatal, survenant dès les premiers jours de vie et pouvant persister durant un mois. Ce dernier est constitué de macules rouges centrées par une élévation jaunâtre, caractérisées par leur taille, forme et localisation variables d’un moment à l’autre. La folliculite débute dès la 2e ou 3e semaine de vie. Elle est caractérisée par des maculo-papules érythémateuses souvent associées à de petites pustules. La cause est l’augmentation de testostérone à la naissance. Le traitement repose sur un antiseptique à base de chlorhexidine® 2 à 3 fois/jour. Mais on se doit surtout de la prévenir par une toilette au savon doux contrairement aux habitudes (à proscrire) de ne pas utiliser de savon sur le visage les premiers jours. La toilette à l’eau ou au lait non rincé, sans savon, ne dégraisse pas la peau. Parfois on note une vraie dermite © Sport Moments - Fotolia 3.1. Mon bébé a des boutons sur les joues, que dois-je faire ? séborrhéique sur le bord du front et les sourcils ; elle répond bien aux soins avec une crème kératolytique entre les toilettes. Ces dermites sont banales et passagères et on parle trop vite d’acné (maculo-papules inflammatoires avec comédons) pour de simples follicules ou des grains de milium (grains blancs sans inflammation sur la région nasale disparaissant seuls entre 1 et 3 mois) ou de dermatite atopique qui débute en règle générale plus tard (après 3 mois). On peut cependant voir des éléments atopiques dès 1 mois sur les joues ou derrière l’oreille ; ils sont faits de petites nappes érythro-squameuses avec parfois de microvésicules ; elles répondent bien au traitement par dermocorticoïde de classe faible. • 38 A retenir • Tous les boutons ne sont pas de l’acné ou de l’eczéma. • L’érythème toxique n’est ni un érythème, ni toxique, mais banal et passe seul. • L’éruption la plus observée est la folliculite par mauvais conseil de toilette. • Le savon même doux dégraisse et la peau en a besoin sous peine de folliculite. Pour en savoir plus : - Lorette G, Lacour JP. Hygiène cutanée In Dermatologie pédiatrique. Ed Doin, collection progrès – pédiatrie 22 ; p.163-7. - Lorette G. Acné In Dermatologie pédiatrique. Ed Doin, collection progrès – pédiatrie 22 ; p.157. - Puériculture des premiers mois in Pediatrie en poche. Ed Doin p. 428-9. Les Experts répondent aux Mamans ! 3.2 A partir de quand puis-je utiliser un savon ? Les produits pouvant être utilisés pour la toilette du nourrisson sont de plusieurs types : - les produits détergents (savons, shampooings, ou laits de toilette). Ils nettoient la peau en retirant les impuretés. Ils peuvent être irritants à des degrés divers pour la peau du nouveauné. Certains détergents peuvent éliminer des lipides normalement présents sur la couche cornée de la peau. Ils nécessitent un contact court avec la peau et un rinçage rapide. - Les émollients. Ils rendent la peau plus douce et luttent contre la sécheresse cutanée. Par exemple certaines huiles végétales peuvent être utilisées par les mamans, agréables au toucher, elles améliorent le lien mère-enfant et sont à encourager. Le bain du nouveau-né et du nourrisson est à recommander à l’eau chaude (37° C), trois fois par semaine en réservant le savon pour le siège. La toilette à l’eau peut être suffisante Références : Skin Care Practices for Newborns and Infants Pediatric Dermatology Vol 29 No 1 2012, 1-14. Stalder JF. Les soins de la peau du nouveauné. Arch de Pédiatrie 2006 ; 13 : 2-5. © Andrey Bandurenko - Fotolia avis d’exper t un jour sur deux et le savon un jour sur trois en insistant sur un rinçage rapide. Il faut recommander un savon à pH neutre, sans parfum. Le visage peut être nettoyé à l’eau de source ou minérale ou au savon. • Dr Stéphane Romano, Pédiatre, BoulogneBillancourt Les Experts répondent aux Mamans ! 39 A retenir • Le bain du nourrisson est un moment de plaisir partagé avec les parents et l’enfant. • Il faut déconseiller les savons parfumés irritants pour la peau de l’enfant. • Les savons neutres peuvent être utilisés dès la naissance y compris sur le visage. avi d’expes r t © Malgorzata Biernikiewicz - 123rf.com 3.3. Est-ce bien d’utiliser des lingettes pour les fesses ? Dr Stéphane Romano, Pédiatre, BoulogneBillancourt Peu d’études permettent de répondre à cette question fréquente lors des premières visites après la sortie de la maternité. Régulièrement les mamans sont amenées à changer leur nouveau-né pendant la consultation et on peut alors les voir déployer toute la panoplie cosmétique postnatale : compresses et eau minérale, compresses et liniment, compresses et eau thermale, voire parfois eau minérale et liniment, et de temps en temps une maman sort son paquet de lingettes, généralement elles le font discrètement de peur d’être prises en flagrant délit d’utilisation de lingettes. La bonne nouvelle c’est que l’on peut rassurer la maman sur le fait que ce qu’elle fait est bien ! En effet les lingettes sont régulièrement utilisées dans certains services hospitaliers : car bien tolérées et efficaces pour la prévention de l’érythème fessier et surtout très simples d’utilisation. Les lingettes ont un pouvoir tampon supérieur à l’eau ou au savon, ce qui permet d’abaisser plus rapidement le pH cutané après l’émission des selles et des urines. Enfin les lingettes peuvent être utilisées chez les bébés à peau atopique sans aggraver la sécheresse cutanée. Les lingettes à effet tampon peuvent donc être utilisées pour les soins du siège du nourrisson, attention cependant à certaines lingettes banales, parfumées, qui peuvent favoriser l’érythème fessier. • Pour en savoir plus : - Roux R. Utilisation des lingettes pour les soins du siège en néonatologie, expérience bordelaise. Archives de Pédiatrie, Volume 13, Supplément 3, november 2006 ; p.14-5. - Pericoi M. Études cliniques et tolérance des lingettes chez les bébés atopiques. Archives de Pédiatrie, Volume 13, Supplément 3, november 2006, p.10-3. 40 A retenir • Les lingettes sont bien tolérées et efficaces pour la prévention de l’érythème fessier. • Les lingettes ont un pouvoir tampon supérieur à l’eau ou au savon, leur permettant d’abaisser rapidement le pH cutané. • Elles n’aggravent pas la sécheresse cutanée chez un bébé à peau atopique. • Attention à certaines lingettes banales, parfumées, qui augmentent le risque d’érythème. Les Experts répondent aux Mamans ! 3.4. Mon bébé a les fesses rouges, que dois-je faire ? avis d’exper t Dr Stéphane Romano, Pédiatre, BoulogneBillancourt Avant tout, faisons un petit rappel clinique. L’érythème fessier du nourrisson est un motif fréquent de consultation. S’il résulte de l’interaction de plusieurs facteurs, son origine est avant tout liée au contact prolongé de la peau avec les urines et les selles, favorisé par le port des couches. Cliniquement il respecte les plis, et se manifeste par un érythème déterminant, un V qui peut s’étendre par le frottement des couches. Les lésions peuvent évoluer vers des pustules ou des érosions susceptibles de confluer. Enfin il peut se compliquer de surinfections mycosiques ou bactériennes. Le traitement est avant tout préventif et repose sur les soins du siège en éliminant les agents irritants, pour cela il faut : - laver le siège du bébé à l’eau et au savon ; - nettoyer le bébé le plus vite possible Les Experts répondent aux Mamans ! et changer la couche après défécation, utiliser des changes jetables ; - utiliser un savon doux et éviter les lingettes contenant de l’alcool, du propylène glycol ou des parfums ; - bien sécher la peau après nettoyage ; - utiliser une crème barrière à chaque change en prévention. A retenir • L’érythème fessier est une pathologie moins fréquente depuis l’apparition des changes jetables, la commercialisation de produits adaptés et les soins d’hygiène. • Le traitement doit avant tout être préventif : 1. Eliminer les substances en contact avec la peau 2. Faire cesser l’humidité et la macération (changes fréquents) 3. Utiliser une crème barrière en l’absence de dermite 4. Réduire l’usage des agents irritants 5. Changes jetables plutôt que lavables Les crèmes protectrices sont de différents types : Crèmes qui créent une barrière occlusive : ces produits très gras, forment une barrière occlusive lipidique qui protège la peau. Elles doivent être renouvelées à chaque changement de couches. Crèmes protectrices à base minérale : ces produits sont issus du mélange de substances occlusives avec des minéraux (oxyde de zinc ou de titane). En plus de protéger la peau, ils l’assèchent la peau par l’action des minéraux. Crèmes protectrices cutanées semi-perméables : il s’agit de crèmes à base de substances émollientes et hydratantes. Les dermocorticoïdes sont habituellement contre-indiqués en utilisation sur le siège mais peuvent être utilisés exceptionnellement si l’érythème est marqué et si les fesses sont laissées à l’air quelques minutes avant l’occlusion par la couche. • Lorsque nécessaire, un traitement curatif peut s’envisager avec un traitement antifongique topique en cas de surinfection candidosique. - Erythème fessier du nourrisson. Journal de pédiatrie et de puériculture 2007 ; 20 : 179-82. 41 Pour en savoir plus : 3.5. Mon bébé a de l’eczéma, est-il allergique ? avis d’exper t Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris. Réponse : Le diagnostic de la dermatite atopique (DA) est clinique. Il n’est pas nécessaire de faire des examens complémentaires pour prendre en charge un patient porteur d’une DA (1). En revanche, le rôle possible d’allergènes comme facteurs pérennisants de certaines DA de l’enfant peut conduire dans certains cas à des explorations allergologiques (1). Actuellement, l’exploration allergologique n’est que rarement pratiquée dans ce cadre (7,6 % des enfants ayant souffert de DA dans une enquête menée en Midi-Pyrénées) et l’eczéma associé à une sensibilisation à IgE représente 47 à 75 % selon les études. Les enfants porteurs d’une DA ne sont donc pas tous « allergiques ». Quand réaliser des tests allergologiques en cas de DA ? Pour les enfants souffrant de manifestations associées évocatrices d’un mécanisme allergique : urticaire, syndrome oral, asthme, rhinite, conjonctivite, troubles digestifs. Pour évaluer le potentiel évolutif de l’allergie : la DA représente la première manifestation du phénotype atopique et les formes non allergiques de la dermatite développent rarement un asthme. Ainsi les facteurs associés à la DA justifiant une enquête allergologique : 1. Antécédents familiaux d’allergie, en particulier maternels. 2. L’allergie alimentaire associée : le facteur pronostic de la DA semble lié à la présence d’une allergie alimentaire associée. 3. La sévérité de la DA : cassure de la courbe de poids ou résistante au traitement. Plusieurs études retrouvent que la sévérité de la DA est significativement associée à un phénotype allergique. 4. La précocité d’apparition de la DA : des enquêtes montrent que le début de la DA est significativement plus précoce chez les enfants qui souffriront d’hyperréactivité bronchique. 5. Certains travaux montrent que l’association des facteurs précédents ainsi que la persistance de la DA multiplient le risque de développer un asthme à l’âge de 7 ans. • 42 A retenir La dermatite atopique (DA) ou eczéma atopique est une maladie cutanée inflammatoire, qui touche préférentiellement le nourrisson. C’est une dermatose prurigineuse, récidivante, touchant avec prédilection les plis de flexion. Ses aspects cliniques varient avec l’âge. Elle guérit 1 fois sur 2 à l’âge de 2 ans. Les tests allergologiques sont justifiés par la possibilité d’obtenir à court terme un impact bénéfique direct sur la dermatose : mesures d’éviction alimentaires ou d’allergènes respiratoires. Les tests allergologiques identifient les enfants qui développeront d’autres manifestations allergiques, par contre ils ne sont pas pertinents pour établir le pronostic individuel de la DA. Les objectifs du traitement visent à diminuer l’inflammation (dermocorticoïdes), calmer le prurit (antihistaminiques), diminuer la xérose (émollients), éviter la surinfection. Références : 1- Conférence de consensus sur la prise en charge de la dermatite atopique de l’enfant. Société française de dermatologie. 2005 Les Experts répondent aux Mamans ! 4 Développement/sommeil/croissance Les Experts répondent aux Mamans ! 43 4.1. on bébé ne veut pas dormir, M que dois-je faire ? 4.2. partir de quel âge, dois-je diriger mon À enfant vers le pot ? 4.3. Dois-je lui retirer la couche la nuit à 3 ans ? 4.4. omment préparer mon bébé C à aller en crèche ou chez une nounou ? 4.5. Dois-je laisser pleurer mon bébé ? 4.6. omment savoir si mon bébé C voit bien et entend bien ? 4.1 M on bébé ne veut pas dormir, que dois-je faire ? avis d’exper t Dr Stéphane Romano, Pédiatre, BoulogneBillancourt Le médecin a un rôle essentiel sur les conseils et les informations à donner aux parents, sur la mise en place des rythmes de vie et du sommeil de l’enfant. Les rythmes veille-sommeil de l’enfant se mettent en place très progressivement les premiers mois de vie et deviennent nets vers 3 mois. Ces premiers mois sont marqués par des rythmes alimentationveille-sommeil. Le bébé alterne : - la veille calme où le bébé est actif ; - la veille agitée, marquée par des pleurs ; - le sommeil calme ; - le sommeil agité où l’enfant bouge beaucoup, fait des grimaces. Les phases agitées sont généralement marquées par des pleurs ; il faut donc rappeler aux mamans qu’avec un peu de patience, le bébé se calme seul ou dans les bras. Les troubles du sommeil peuvent correspondre soit à un trouble de l’endormissement, soit à des réveils nocturnes, soit aux deux associés. Il convient par de bonnes questions et un examen clinique complet d’éliminer une cause organique, qu’elle soit digestive (reflux gastroœsophagien, œsophagite), ORL (hypertrophie amygdalienne) ou respiratoire (toux nocturne). Les troubles de l’endormissement peuvent être bénins et sont fréquents lors des étapes normales du développement (acquisition de la marche, phase d’opposition, acquisition de la propreté), ou après des changements de mode de garde, ou voyages par exemple. Ces troubles sont le plus souvent réglés en discutant avec les parents et en réfléchissant à l’organisation de la chambre, aux règles familiales. Les troubles de l’endormissement peuvent être plus sévères et correspondre à une angoisse de séparation provenant de l’enfant ou des parents. L’interrogatoire doit rechercher une histoire familiale de séparation ou les signes d’une dépression maternelle. Les réveils nocturnes nécessitent des consultations longues afin de poser l’histoire familiale, détailler l’histoire de la 44 A retenir • Devant un trouble du sommeil du nourrisson, il convient d’éliminer une cause organique digestive, ORL, ou pulmonaire sans accentuer l’angoisse donc en donnant beaucoup de temps d’observation et d’écoute. • Si les troubles du sommeil des premiers mois de vie peuvent être résolus par des conseils simples de guidance parentale, les troubles du sommeil de l’enfant nécessitent des consultations plus longues à la recherche d’une histoire familiale ou d’une dépression le plus souvent maternelle. grossesse, raconter le vécu de l’accouchement, et rechercher une dépression maternelle pour enfin pouvoir proposer une aide psychothérapique. • Pour en savoir plus : L’enfant et son sommeil. Médecine et enfance février 2004 ; p. 55-80. Les Experts répondent aux Mamans ! 4.2. À partir de quel âge, dois-je diriger mon enfant vers le pot ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. La mise au pot entre dans l’éducation de la propreté. De façon générale, on propose le pot à la petite fille dans la journée quand elle n’a plus de couche pour qu’elle urine. Cela se fait de préférence en saison estivale car l’enfant est moins vêtu, et… les lessives sèchent plus vite ! Dans le même temps, le garçon apprend à faire pipi debout dans les WC ou dehors plus souvent que sur le pot. Pour ce qui est de la propreté des selles, elle se fait à des moments variables, bien que trop souvent guidée par la perspective d’une rentrée scolaire. Rappelons à ce sujet qu’aucun texte ne permet d’exiger qu’un enfant soit propre pour entrer à la maternelle. Cependant, les directeurs peuvent le souhaiter d’autant plus qu’il n’y a pas non plus de texte qui oblige à la scolarisation avant le primaire ! Précisons qu’il est plus facile pour un enfant ayant des selles molles (colite bénigne) d’être propre, que pour un enfant ayant des selles dures Les Experts répondent aux Mamans ! volumineuses ou même de petites billes dures qui restent dans le rectum et favorisent la sensation de distension rectale. C‘est cette dernière qui est à la base du réflexe gastrocolique d’où la logique de proposer le pot en fin de repas. Un enfant qui ne sait ni désigner le pot ni aller le chercher n’aura aucun bénéfice à cette éducation s’il n’acquiert pas cette autonomie. Une mise au pot insistante ou précoce est inefficace si l’enfant ne comprend pas ce qu’on attend de lui ni comment faire, c’est-à-dire pousser avec l’abdomen en relâchant le périnée, alors que son entourage se réjouit ou se désole de ce qu’il « produit » ou pas. A contrario une installation sur le pot à un âge trop avancé rend impossible le relâchement du périnée. Dans ce cas, il faudra installer l’enfant sur les WC avec un tabouret pour qu’il ait les pieds en appui. Chez le nourrisson, on débutera cet apprentissage en enlevant la couche après le biberon pour laisser l’enfant déféquer sans peur d’être grondé, puis en lui apprenant le pot à ce même horaire et sans le contraindre. On ne 45 A retenir • Ne pas vouloir à tout prix qu’un enfant soit propre à la date qui nous arrange. • La propreté pour l’enfant c’est quand il est prêt. • Proposer le pot au bon moment donc en fin de prise alimentaire. • La constipation de l’enfant peut venir compliquer cette éducation entraînant la peur de la défécation et doit faire différer celle-ci. le fera surtout pas si en même temps un autre événement vient changer sa vie, comme le début de la collectivité, la naissance d’un deuxième enfant, un départ en vacances, la reprise du travail de la maman, etc. Et il faudra y renoncer si l’enfant s’oppose ou se constipe. Après avoir réglé ces troubles, on pourra reprendre l’apprentissage du pot ou des WC. • Pour en savoir plus : - Maurage C. L’ordonnance type : traitement symptomatique de la constipation après 1 an. Pédiatrie MG, mai 2009 ; n° 5, p.22. Disponible sous ; www. nutriben.fr. 4.3.Mon enfant n’est pas propre la nuit à 3 ans, faut-il s’en inquiéter ? avis d’exper t Dr Christophe Philippe, Pédiatre, Colombes. En règle générale, l’enfant est propre la nuit entre 2 et 4 ans. Cependant, la majorité des enfants, surtout les garçons, ne le sont toujours pas à 3 ans. Patience ! Il n’est cependant pas rare que les mères de ces presque « grands enfants » interrogent le médecin sur le fait que leur enfant n’est toujours pas propre la nuit, surtout si l’aîné l’a été dès l’âge de 2 ans. En principe, il n’y a pas lieu de s’inquiéter avant l’âge de 5 ans et n’exigeons pas de l’enfant qu’il soit propre la nuit s’il ne l’est pas la journée et en particulier à la sieste. Rappelons que le développement psychomoteur est propre à chaque enfant et qu’il n’est pas linéaire ; celui-ci impliquant souvent des phases de stagnation et de régression. Si la maturation physiologique est nécessaire à cette acquisition, les facteurs psychologiques et génétiques sont tout aussi déterminants. L’enfant doit non seulement pouvoir être propre la nuit mais également en retirer une tout autre satisfaction que celle procurée par les soins corporels prodigués par la maman. En clair, il doit en avoir envie, d’être grand et de faire plaisir à ses parents. Il n’y a aucun enjeu à ce qu’il soit propre la nuit avant l’heure et le temps est un facteur essentiel. Attendons alors, à cet âge, que le jeune enfant manifeste ce désir de grandir : il devient propre à la sieste, il commence à avoir des nuits sèches, il refuse de mettre une couche, le besoin d’uriner le réveille... Ce sont autant de signaux qui montrent à quel point il est prêt. Il est possible, même à cet âge, de le responsabiliser : - se rendre aux toilettes avant de dormir sans le lui rappellent systématiquement ; - ne pas trop boire en soirée sans l’empêcher de boire s’il a soif ; - lui laisser la gestion des « couches » qu’il doit pouvoir enfiler seul en lui laissant le choix de ne pas en porter ou lui proposer des « sous-vêtements de nuit » adaptés aux plus grands… Toutes ces mesures concourent à rendre l’enfant actif et autonome et l’aide à prendre des distances avec sa mère. 46 A retenir • L’âge de l’acquisition de la propreté nocturne est variable d’un enfant à l’autre et situe entre 2 et 5 ans. • Il n’y a pas lieu de s’inquiéter avant l’âge de 5 ans si l’enfant n’est pas propre la nuit, âge auquel on peut parler d’énurésie. • Il est illusoire d’exiger que l’enfant soit propre la nuit s’il ne l’est pas dans la journée. • Ne jamais réveiller un jeune enfant qui dort bien. Et s’il n’est pas prêt… patience ! Surtout rien ne sert de réveiller un enfant qui dort si bien, ni de transformer les parents en « machine à laver » parce qu’il mouille son lit toutes les nuits à 3 ans. Rappelonsnous le proverbe chinois : « Avec le temps et la patience, le mûrier devient satin. » • Pour en savoir plus : - C. Philippe et al. “Soigner l’enfant énurétique sans en faire une maladie”. Médecine et Enfance, mars 2009 ; p.139-46. - Schmit G. “Acquisition de la propreté”, Enurésie et troubles mictionnels de l’enfant, Elsevier, p.57-63. - http://videos.doctissimo.fr/sante/santeenfant/Pipi-au-lit-l-avis-du-pediatre.html Les Experts répondent aux Mamans ! 4.4. Comment préparer mon bébé à aller en crèche ou chez une nounou ? avis d’exper t Dr Christophe Philippe, Pédiatre, Colombes. Pour beaucoup de mères le travail reprend 8 à 14 semaines après l’accouchement, parfois plus tard, si les congés de maternité peuvent se cumuler aux congés annuels. Et si les deux parents travaillent, à qui confier bébé ? Les solutions ne manquent pas. Pour le faire sereinement , il faut cependant anticiper cette échéance car les modes d’accueil sont parfois vite saturés. Quel mode de garde choisir ? Les grands-parents ? Ce mode de garde est excellent à condition bien entendu que l’entente entre la mère et la grandmère soit bonne, sinon l’enfant pourrait souffrir d’un climat conflictuel, même larvé, dont il serait l’enjeu. Il assure au bébé un cadre familial, la chaleur de l’amour d’une « mamie » et d’un « papy ». Elle préserve le bébé des risques de contagion inhérents à la vie en collectivité. Elle permet aussi Les Experts répondent aux Mamans ! un plus grand respect du rythme de l’enfant. Pas de problèmes non plus en cas de maladie : il y a peu de chance qu’une mamie refuse son petit-enfant parce qu’il a de la fièvre. Certaines mères peuvent s’inquiéter, parfois à raison, de perdre le rôle principal dans l’éducation de l’enfant en le confiant à une grand-mère trop « présente » mais ses conseils, liés à l’expérience, peuvent être les bienvenus. Les assistantes maternelles ? Agréées par les services de PMI (protection maternelle et infantile) dont elles dépendent, ces « nounous » gardent un nombre d’enfants plus restreint que les crèches. L’atmosphère peut y être plus familiale et plus contenante que dans une crèche. L’enfant a plus de possibilité de nouer une « relation d’attachement intense » à une personne unique. Il peut exister malheureusement une instabilité pour ce mode de garde suite à des conflits entre les parents et l’assistante maternelle sur des questions matérielles, sur les soins apportés à l’enfant, ou tout simplement du fait d’un climat de rivalité. 47 La crèche ? Rigoureusement contrôlée par les services de PMI, elle accueille un plus grand nombre d’enfants mais jouit aussi d’un personnel qualifié et compétent plus nombreux (puéricultrice, auxiliaires de puériculture, éducatrices de jeunes enfants, psychologue et pédiatre). L’accent est mis sur une socialisation plus rapide de l’enfant afin qu’il soit bien armé pour son entrée à l’école maternelle. Cette structure d’accueil offre un milieu stimulant sur le plan psychomoteur et cognitif grâce aux activités d’éveil proposées et à l’étayage du groupe d’enfants. Il est cependant plus difficile à l’enfant de nouer une relation d’attachement élective pour une personne du fait de la multiplicité des intervenants, bien qu’il différenciera très vite son auxiliaire référente. Comment préparer l’enfant et sa mère à cette séparation? Quel que soit le mode d’accueil choisi, il doit offrir à l’enfant une « continuité suffisante » : les professionnels devant s’occuper de lui ainsi que l’environnement physique devront être stables. La première séparation de la mère avec son bébé est très souvent une épreuve difficile pour tous les deux. Il est essentiel qu’elle soit progressive d’où l’intérêt d’une période d’adaptation dont la durée est variable d’un lieu à l’autre (7 à 15 jours). Elle permet à l’enfant, mais également à sa mère, de se familiariser en douceur à ce nouvel environnement. Ces journées où elle est présente à la crèche sur des temps de plus en plus longs permettent à l’enfant de créer de nouveaux liens tout en étant sécurisé. Sa mère en sera d’autant plus rassurée. Progressivement, le temps de présence de la mère se raccourcit, ce qui rend moins difficile la séparation. Il est essentiel que la mère parle à son enfant et lui dise quand elle va partir puis revenir et qui va s’occuper de lui quand elle ne sera pas présente. Elle peut lui laisser un foulard ou un autre vêtement imprégné de son odeur, ce pourra être plus tard le « doudou » de l’enfant. Cet « objet transitionnel » apporte à l’enfant un sentiment de sécurité par le lien qui l’unit à sa mère lorsque tout deux sont « physiquement » séparés. Cet objet a d’autant plus d’importance à un âge où la séparation peut s’avérer plus difficile, à savoir vers 6 - 8 mois. Il s’agit de « l’angoisse du huitième mois » où la mère est clairement identifiée parmi toutes les autres personnes et où son absence est redoutée. Elle ne fait plus partie de lui et peut disparaître. Les visages inconnus sont alors une menace de séparation et source d’angoisse. Cette phase, plus ou moins marquée selon les enfants, est essentielle à son développement en lui permettant de se différencier de sa mère et de se construire en tant qu’individu propre. Il est préférable de ne pas attendre cet âge pour confier son enfant à une structure d’accueil ou changer de mode d’accueil mais les parents n’ont cependant pas toujours le choix. Enfin, la reprise du travail n’impose pas toujours le sevrage. La poursuite de l’allaitement maternel exclusif doit être privilégiée et facilitée par les structures d’accueil de l’enfant et les conventions collectives du travail de la mère. Dans le cas contraire, il est toujours préférable de programmer un sevrage 48 A retenir • Il n’existe pas de mode de garde idéal. • La première séparation de la mère et de l’enfant est toujours difficile et nécessite une période d’adaptation. • L’objet transitionnel sécurise l’enfant par le lien qui l’unit à sa mère. • La phase dite « angoisse du huitième mois » rend la séparation encore plus sensible. • Le sevrage de l’allaitement maternel doit être progressif. progressif en conservant si possible une tétée matin et soir remplacée dans la journée par un biberon d’une préparation lactée ou de lait maternel tiré et conservé selon des règles strictes. Les différentes méthodes de sevrage sont développées dans un autre chapitre. • Pour en savoir plus : - Mazet P, Stoléru S. Développement affectif et relationnel in Psychopathologie du nourrisson et du jeune enfant, Editions Masson, 2e édition, 1993, p. 48-73 Les Experts répondent aux Mamans ! 4.5 Dois-je laisser pleurer mon bébé ? avis d’exper t Dr Christophe Philippe, Pédiatre, Colombes. Les pleurs du bébé sont une source d’inquiétudes pour les parents et l’objet de consultations fréquentes chez le médecin. Les cris et les pleurs du nourrisson ne sont pas toujours synonymes de maladie. Ils sont avant tout un véritable langage où l’enfant stimule les interactions avec sa mère pour attirer son attention et favoriser les soins maternels. Bien qu’ils soient difficilement supportés par l’entourage, ils sont utiles à l’adulte pour le mettre à l’écoute des besoins de l’enfant. Les pleurs peuvent exprimer bien des « plaintes » : douleurs, faim, inconfort, détresse liée à la séparation… mais pas toujours ! En effet, il a été décrit que les pleurs « ne donnent pas toujours des informations fiables sur ce qui les a déclenchés » car ils sont une constante du développement de l’enfant durant ses premiers mois de vie. On les retrouve dans la plupart des cultures, avec les mêmes caractéristiques, leur conférant un Les Experts répondent aux Mamans ! caractère universel. Seules les réponses apportées au bébé diffèrent d’une culture à l’autre. Est-il possible pour les parents, en particulier la mère, d’identifier selon l’intensité et l’intonation, la cause des cris et des pleurs ? Cette capacité existe bien mais pas toujours d’emblée et les parents vont apprendre à connaître le « langage de leur bébé ». Il semblerait que les mères reconnaissent environ deux fois sur trois les cris de douleurs et de faim et dans 85 % des cas les cris de plaisir. C’est uniquement dans les cas où les cris et les pleurs se prolongent, se répètent et que rien ne soulage le bébé que les parents sont dépassés. Il existe pourtant bien une « courbe normale des pleurs » : la fréquence augmente dès la deuxième semaine de vie, culmine au cours du deuxième mois puis diminue pour se stabiliser au cinquième mois. On constate également un pic de fréquence circadien : les pleurs prédominent en fin d’aprèsmidi et dans la soirée où « les crises » semblent survenir de manière imprévisible sans raison apparente. Le bébé peut être inconsolable 49 et manifester des expressions de douleur au niveau du visage. Rien ne l’apaise, pas plus les bras que le sein. Il semble souffrir. La difficulté de soulager son bébé et le caractère souvent insoutenable des cris et pleurs sont parfois à l’origine de doutes des jeunes parents quant à leurs capacités parentales. Entre désespoir et agressivité, les parents agissent souvent dans l’urgence en faisant appel au médecin de garde. Ces crises de pleurs sont le plus souvent attribuées à des « coliques du nourrisson ». Elles ont été décrites par la « règle des trois » : le bébé pleure et s’agite plus de trois heures par jour, pendant plus de trois jours par semaine et pendant plus de trois semaines. Elles semblent exprimer essentiellement des états de tension du bébé plus qu’être la manifestation d’une réelle affection digestive (reflux gastro-œsophagien pathologique, constipation, flatulences, intolérance au lactose…). Beaucoup trop de médications (pansements gastriques, antiacides, modificateur du transit…) sont prescrites aux enfants. Aucun traitement n’a fait la preuve de son efficacité pour soulager l’enfant. Le simple fait que les pleurs cessent sans raison apparente voire à l’arrivée du médecin appelé en urgence est bien entendu rassurant… et c’est bien les parents qu’il faut rassurer sur leur compétence de « bons parents » face à ce bébé qui les plonge dans le désarroi, ce que le bébé ressent. Alors que proposer aux parents face à leur bébé en proie à des crises de pleurs ? Le laisser pleurer ? Bien sûr que non ! Quelques conseils (d’après G. Gremmo-Feger) - Encourager les parents à avoir plus de contact « peau à peau » avec leur bébé, en le berçant, le massant, ou en le promenant… et les rassurer que lui répondre sans délai ne donnera pas à leur bébé de « mauvaises habitudes » comme « si tu le prends trop dans les bras, il va s’habituer… ». - Faire savoir que ces stratégies peuvent contribuer à diminuer les pleurs mais qu’elles ne permettront pas toujours de les arrêter complètement. - Les inciter à demander de l’aide auprès de leur famille ou leurs amis avant d’être complètement débordés et épuisés. - Expliquer que le caractère le plus souvent passager et de bon pronostic de ces pleurs peut être source de soulagement au beau milieu de la détresse. Une étude a montré que le fait de porter le bébé deux heures supplémentaires par jour ou dans une « poche-kangourou » entre trois et douze semaines diminuerait de moitié les pleurs avec une nette atténuation de la courbe des pleurs. Si l’enfant va mieux c’est « qu’il se porte bien ». • A retenir • Les pleurs du nourrisson ne sont que rarement synonymes de maladie. • Il existe une « courbe normale des pleurs » entre le deuxième et le cinquième mois. • Il existe un pic de fréquence des pleurs en fin d’après-midi et en soirée qui surviennent brutalement sans raison « apparente ». • Les causes médicales sont rares et les pleurs différents, ce qui alertera les parents. • Aucun traitement n’a fait la preuve de son efficacité sur les crises de pleurs. • Le portage de l’enfant et la réassurance des parents sont efficaces sur les pleurs. Pour en savoir plus : - Mazet P, Stoléru S. Interractions parentsnourrissons in Psychopathologie du nourrisson et du jeune enfant, Editions Masson, 2e édition, 1993, p. 75-89 - Gremmo-Feger G. (Pédiatre - Brest) : « Un autre regard sur les pleurs du nourrisson », 15e Congrès de pédiatrie ambulatoire, conférence du 24 juin 2007, Saint-Malo 50 Les Experts répondent aux Mamans ! 4.6. Comment savoir si mon bébé voit bien et entend bien ? avis d’exper t Dr Stéphane Romano, Pédiatre, BoulogneBillancourt La vision Le nouveau-né fixe les visages, réagit à la lumière. Vers un mois, il fixe un objet à 30 cm, puis la poursuite oculaire se met en place vers 3 mois. A cet âge les strabismes intermittents disparaissent. Autour de 6 mois, l‘enfant cherche à « attraper » des objets dans son champ visuel, la fixation est stable et harmonieuse à partir de 12 mois. La vision des couleurs commence vers 3 ans et l’acuité visuelle va en s’améliorant avec l’âge. Les consultations des premiers mois doivent être l’occasion de rechercher des signes d’alertes traduisant une pathologie oculaire et un examen ophtalmologique : - La leucocorie se manifeste par une pupille blanche soit visible directement, soit indirectement par l’utilisation d’un ophtalmoscope. L’examen ophtalmologique doit être urgent à la recherche d’une cataracte ou d’un rétinoblastome. - Un strabisme est physiologique Les Experts répondent aux Mamans ! jusqu’à 3 mois, s’il est intermittent. Et, il nécessite un examen spécialisé s’il est constant ou persistant après 3 mois. - Une buphtalmie, se manifeste par une augmentation de la taille des yeux. - Un nystagmus. L’audition Du fait de la fréquence des surdités congénitales (3 pour 1 000) pouvant être détectées dès la naissance, il est indispensable durant la toute première visite, de vérifier si le dépistage néonatal a bien eu lieu à la maternité. Si ce n’est pas le cas, il faut proposer et orienter la famille vers un centre compétent, ou vers un ORL capable de réaliser des Otto émissions acoustiques ou des potentiels évoqués auditifs. Une prise en charge précoce, grâce aux prothèses numériques ou aux implants cochléaires, permet d’améliorer considérablement le pronostic. Sachant qu’une surdité congénitale peut se déclarer plus tardivement, les visites mensuelles et notamment celle du 9e mois doivent l’occasion de tester l’audition par des jouets sonores ou avec le test de Moatti. Chez l’enfant plus grand, un avis spécialisé doit être demandé 51 A retenir • Toute inquiétude maternelle sur la vision ou l’audition de son enfant doit nécessiter un examen attentionné et un avis spécialisé demandé au moindre de doute. • Le dépistage visuel est simple et peut être orienté par un interrogatoire des parents (strabisme, amblyopie familiale) et un examen bien conduit avec un minimum de matériel. • Les nouveaux-nés n’ayant pu bénéficier d’un dépistage auditif à la naissance doivent être orientés les premiers mois de vie vers un médecin ou centre spécialisés. devant un retard de langage à partir de deux ans. L’otite seromuqueuse peut également se manifester par une perte auditive. Le diagnostic est otoscopique et nécessite un suivi ORL afin d’évaluer et suivre la perte auditive. http://www.afpssu.com/ ressources/audition_depistage.pdf • Pour en savoir plus : - http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/ Depistage_des_troubles_visuels_chez_l_ enfant.pdf - http://www.afpssu.com/ressources/ audition_depistage.pdf © wildworx - Fotolia 5 Les Experts répondent aux Mamans ! Autres questions fréquentes 53 5.1. partir de quel âge faut-il emmener A mon enfant chez le dentiste ? 5.2. L es premières dents rendent-elles malades ? 5.3. Mon bébé tousse, comment le soulager ? 5.4. ois-je décalotter le pénis de mon bébé D pour une meilleure hygiène ? 5.5. omment favoriser le développement C du langage ? 5.6. on bébé a une bronchiolite, M est-ce grave ? 5.7. on bébé est tout petit, comment M lui éviter « d’attraper » la bronchiolite ? 5.8. uelle est la meilleure méthode pour Q prendre la température de mon enfant ? 5.9. J usqu’à quel âge donner de la vitamine D ? 5.1. A partir de quel âge faut-il emmener mon enfant chez le dentiste ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. Les soins dentaires doivent faire l’objet de la même vigilance que les soins médicaux de puériculture en général. Le dentiste peut détecter et surtout prévenir des anomalies très précocement. En pratique dès que les dents apparaissent, il faut prévoir un examen annuel chez le dentiste ! Certains le recommandent même dès l’âge de 6 mois. On peut considérer, selon le schéma de l’éruption dentaire du nourrisson, qu’il est bon de consulter annuellement dès la deuxième année. Cela présente l’avantage d’habituer l’enfant à ce praticien. Une consultation de dépistage à 6 ans et à 12 ans est prise en charge et des informations sont réalisées dans les écoles mettant l’accent sur l’éducation. La plupart des enfants ont leurs premières dents avant 1 an (4 incisives à 9 mois) et on peut observer des caries dès 10 mois car le lait est très cariogène. Il est bon de rappeler aux parents que les enfants doivent avoir un brossage dentaire avant le coucher et qu’ils ne doivent surtout pas s’endormir en buvant un biberon (risque de caries multiples des dents supérieures, les inférieures étant protégées par la langue). Les enfants ont en moyenne 16 des 20 dents de lait à 24 mois. • Pour en savoir plus : - Recommandations sur « l’utilisation du fluor dans la prévention de la carie dentaire avant l’âge de 18 ans », 2008. www. afssaps.fr. - www.dentiva.com. - Les pédiatres du GSPR. Clinique SainteAnne. www.pediatr-online.fr. A retenir • Les dents justifient un examen annuel par un dentiste qui dépiste les anomalies et éduque le binôme parents-enfant sur les bonnes habitudes d’hygiène. • Un enfant ne doit pas s’endormir en tétant son biberon. • L’apport régulier de fluor par le dentifrice en plus des eaux et apports alimentaires suffit après 18 mois et permet d’insister sur le brossage. Fluor ou pas fluor ? Des atermoiements sur les risques éventuels de la prise de fluor ont récemment conduit à une modification des recommandations. • Ne pas dépasser 0,05 mg/kg/j, tous apports confondus et < 1 mg/j. Cet apport est assuré à travers les sels et poissons de mer, les eaux de distribution, et à travers le fluor topique du dentifrice utilisé dès la première dent. Cela aboutit à des recommandations un peu compliquées car variables selon la notion de risque carieux 54 Les Experts répondent aux Mamans ! 5.2. Les premières dents rendent-elles malades ? avis d’exper t Pr Chantal Maurage, Pédiatre, Tours. Ce sujet est très controversé, et oppose les grands-mères, les infirmières, les pharmaciens et les médecins. La symptomatologie rapportée à la percée des dents est vaste, elle peut comprendre des décalages thermiques ou des pics fébriles inexpliqués, des phases d’encombrements bronchiques, des poussées d’érythèmes fessiers, un sommeil agité, une joue rouge, une poussée d’eczéma, ou encore un transit modifié. Que sait-on ? La coïncidence de survenue au cours de la même période, s’étalant entre l’âge de 6 mois et 2 ans, des poussées dentaires et des infections virales saisonnières ou des infections bactériennes oblige à beaucoup de modestie sur la relation possible entre les signes décrits et la percée dentaire. Celle-ci comporte deux temps : la poussée, qui correspond au Les Experts répondent aux Mamans ! gonflement douloureux de la gencive, et l’éruption, c’est-à-dire la sortie de la dent qu’on perçoit au toucher. La poussée est souvent inflammatoire alors que la percée, souvent concomitante avec la fin des pleurs, peut être accompagnée d’un très bref saignement ou d’aucun symptôme ! Chez les enfants en stomie pour malformation digestive ou postentérocolite, on note clairement une accélération du débit des selles dans la poche de stomie avant l’éruption dentaire qui incite à penser que la « diarrhée dentaire » des grandsmères correspond à une réalité… Par ailleurs une étude australienne auprès de différents acteurs de santé (pharmaciens, pédiatres, auxiliaires de santé) affirme que les dents sont bien responsables de problèmes de santé divers et mineurs, comme de la fièvre, un encombrement rhino-bronchique, une irritation du siège ou des selles molles cédant dès la fin de la congestion gingivale. Par contre, rien ne permet d’affirmer que des poussées d’eczéma soient en rapport avec la sortie d’une dent. D’autant plus que les récurrences 55 A retenir • Avant d’attribuer un symptôme à une poussée ou à une éruption dentaire, il faut s’assurer qu’il n’y a pas de pathologie plus sérieuse. • Un simple antalgique type paracétamol aide à passer ces réactions bénignes. de cette affection sont habituelles à cet âge. Pour affirmer un lien de cause à effet avec un décalage thermique, il faut exclure une autre cause microbienne, en particulier ORL ou urinaire, laquelle ne doit pas être négligée. Une bandelette urinaire est justifiée même si on note que la gencive est tuméfiée. • Pour en savoir plus : - www.dentiva.com, voir « L’éruption dentaire ». 5.3. Mon bébé tousse, comment le soulager ? avis d’exper t Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris La toux de l’enfant questionne : « Pourquoi bébé tousse-t-il ? » Elle perturbe souvent le sommeil de l’enfant mais aussi celui de ses parents. Elle est probablement à l’origine de nombreux jours d’absentéisme et d’arrêts de travail. Comment, sans risque, aider les plus petits, tout en satisfaisant les parents ? La toux est particulièrement fréquente au cours des infections respiratoires du nourrisson (enfant de moins de 2 ans). C’est aussi un réflexe indispensable qui sert à drainer les voies respiratoires. Ce n’est donc pas une maladie, mais un symptôme dont il faut rechercher la cause avant de la traiter. En première intention il faut chercher à améliorer le confort de l’enfant sans bloquer le phénomène (ce qui pourrait empêcher l’évacuation des glaires et des sécrétions). Il peut s’agir de sécrétions des voies respiratoires hautes (nez et cavum en particulier) coulant dans la gorge. Quelques mesures simples peuvent aider bébé (1) : - Si la toux est associée à un encombrement nasal, procédez au lavage du nez au sérum physiologique (à l’aide d’un mouche-bébé si besoin), plusieurs fois par jour (notamment avant le repas et au coucher). Utilisez des mouchoirs jetables et lavez-vous toujours les mains avant et après, à l’eau et au savon (ou avec une solution hydro-alcoolique). - Donnez-lui régulièrement à boire. - Veillez à maintenir une température agréable (19-20° C) dans sa chambre et l’aérer régulièrement. - Ne fumez pas au domicile même en dehors de la pièce dans laquelle dort votre enfant. - Eviter de le faire dormir dans des endroits très humides, très poussiéreux, à proximité de plantes vertes. La toux est le plus souvent associée aux symptômes de la rhinopharyngite, notamment l’écoulement nasal. Mais la toux peut aussi être provoquée par d’autres causes : une inflammation des bronches (bronchiolite, bronchite, asthme, allergie), les régurgitations (reflux gastro-œsophagien) ou 56 certains facteurs environnementaux (poussières, tabac, pollens, solvants, etc.). Pour la majorité des enfants, la toux disparaîtra spontanément dans un délai de 10 jours. Elle peut parfois régresser plus lentement en 3 à 4 semaines chez certains d’entre eux sans être forcément liée à une complication (on parle de toux chronique au-delà de 1 mois). Sur un plan thérapeutique, les études sur les médications délivrées sans ordonnances ne retrouvent aucun effet significatif. L’Afssaps a, par ailleurs, proscrit antitussifs et mucolytiques chez les moins de 2 ans (2). Le miel pourrait être une alternative intéressante (1) aux traditionnelles médications contre la toux de l’enfant, il réduirait la fréquence de la toux et améliorerait la qualité du sommeil des enfants, sans que l’on sache exactement quels sont ses constituants à l’origine de l’effet constaté (sucre ?). L’Afssaps ne le conseille pas avant 1 an. Enfin, la kinésithérapie respiratoire peut être utile en cas de signes d’encombrement mais elle n’a pas d’indication dans la toux aiguë bénigne. Les Experts répondent aux Mamans ! © mbt_studio - Fotolia A retenir • La toux est un symptôme. Avant de traiter, il faut en connaître la cause. • Ne donnez jamais de médicament contre la toux à un enfant de moins de 2 ans sans l’avis de votre médecin et/ou pharmacien. Quand doit-on consulter un médecin ? Si d’autres symptômes apparaissent : - difficulté à respirer, à s’alimenter ; - diarrhée, vomissements, éruption. En cas de fièvre (température supérieure à 38° C) : - si l’enfant a moins de 3 mois ; - si le comportement de l’enfant est inhabituel (inconfort, douleur…) ; - ou si la fièvre persiste plus de 3 jours. Si la toux persiste plus d’une semaine sans amélioration. Dans tous les cas le nourrisson de moins de 3 mois nécessite une attention particulière. • Références : 1- Nouvelles modalités de prise en charge de la toux chez le nourrisson (enfant de moins de 2 ans). Afssaps, octobre 2010. 2- Réévaluation des médicaments contre la toux chez le nourrisson. Afssaps, avril 2010. 3- Paul IM, Beiler J et al. Effect of honey, dextromethorphan, and no treatment on nocturnal cough and sleep quality for coughing children and their parents. Arch Pediatr Adolesc Med 2007 ; 161(12) : 1140-6. 5.4. Dois-je décalotter le pénis de mon bébé pour une meilleure hygiène ? avis d’exper t Dr Christophe Philippe, Pédiatre, Colombes. « Dois-je décalotter mon enfant et à quel âge faut-il le faire? » C’est une question fréquemment posée au médecin ; il n’existe cependant pas de consensus pour y répondre. La question est aussi de savoir si le décalottage, le fait de tirer sur la peau du prépuce pour découvrir le gland, favorise sa bonne hygiène en libérant « les adhérences » et s’il prévient certaines maladies (phimosis, infections urinaires, infection locale…). Chez le jeune enfant sain, cette pratique est non seulement inutile mais peut également s’avérer nocive. Quelques explications s’imposent ! - La circoncision, qui consiste en l’ablation chirurgicale du prépuce, est une pratique très ancienne datant de plusieurs milliers d’années comme l’attestent certaines peintures murales de l’Egypte ancienne. On ne connaît toujours pas l’origine de cette coutume. Elle est pratiquée par conviction religieuse dans les populations juives et musulmanes. - Si l’hygiène du pénis nécessite le décalottage chez l’adolescent pubère et l’adulte, c’est pour bien nettoyer le « smegma », produit de sécrétion des glandes exocrines du prépuce, qui permet le coulissage parfait du prépuce sur le gland lors de l’érection. Or le smegma, peu abondant, est utile chez le jeune enfant pour désolidariser le prépuce adhérent au gland. Les « adhérences préputiales » sont physiologiques à cet âge. Il arrive que des mamans soient inquiètes en constatant un amas jaunâtre à travers la peau du prépuce. Il s’agit en fait d’amas de cellules mortes résultant du clivage du prépuce de la surface du gland qui s’élimineront spontanément. - Une toilette simple à l’eau savonneuse suivie d’un bon rinçage suffit à la bonne hygiène du pénis. L’émission des urines s’infiltrant en périphérie du gland aide également à l’élimination des autres impuretés (débris de cellules mortes). - Les infections préputiales existent mais ne sont pas plus 58 fréquentes chez les enfants au prépuce serré. Elles concernent le gland (balanites) et le gland et le prépuce (balano-posthites). - Il ne faut surtout pas tenter de décalotter l’enfant pour évaluer l’état du gland car ce geste, outre qu’il est extrêmement douloureux, risque de majorer les lésions. Elles ne justifient, en aucun cas, la pratique préventive du décalottage et encore moins la circoncision « thérapeutique » sauf en cas de phimosis. Le traitement repose essentiellement sur une bonne toilette à l’eau et au savon suivie d’un antiseptique local. - Il peut être, par contre, conseillé de pratiquer une circoncision « thérapeutique » chez les enfants à risque d’infections urinaires hautes (pyélonéphrites aiguës) et en particulier ceux présentant une malformation urogénitale ou un reflux vésico-urétéral. En effet, le prépuce peut être le lieu d’une colonisation bactérienne pouvant favoriser les infections urinaires du très jeune garçon. - Le vrai phimosis est rare et ne concernerait que 1 % des enfants. Il s’agit d’un prépuce si étroit qu’il ne Les Experts répondent aux Mamans ! © Tomasz Trojanowski - Fotolia A retenir permet plus sa rétraction sur le gland. Lors de la miction, on constate un ballonnement du sac préputial et un jet urinaire fin et puissant. En aucun cas, il n’empêche l’enfant d’uriner. S’il n’entraîne aucune gêne, il n’est pas nécessaire d’opérer le phimosis (circoncision médicale) avant l’âge de 11/12 ans, âge auquel l’enfant peut comprendre la signification du geste alors que plus jeune il peut être mal vécu. Il faut dire que le phimosis deviendrait particulièrement gênant durant la vie sexuelle, ce qui ne concerne pas le jeune enfant. Forcer le décalottage d’un prépuce serré risque de provoquer un « paraphimosis » : l’orifice préputial se coince dans le sillon balanique provoquant un œdème qui empêche le recalottage. Le paraphimosis est très douloureux. C’est une urgence chirurgicale qui consiste à réduire le prépuce sous anesthésie locale ou générale. En fait, la majorité des phimosis constatés chez l’enfant plus grand sont le fait de manœuvres forcées de décalottage ayant entraîné des micro-traumatismes dont la cicatrisation conduit à la formation d’un tissu fibreux, rigide et solide, enserrant l’anneau préputial. - Les parents peuvent ainsi être rassurés : mieux vaut s’abstenir de toute manipulation du pénis de leur enfant. Les mères, surtout, peuvent être soulagées d’apprendre qu’il ne sera pas nécessaire d’effectuer le moindre geste sur cette zone, ô combien sensible ! • • Les adhérences préputiales sont physiologiques chez le jeune enfant et ne justifient aucune manœuvre de décalottage. • Le vrai phimosis est rare chez l’enfant (1 %). • Le décalottage forcé du pénis est nocif. Il est responsable de la majorité des phimosis rencontrés chez l’enfant plus grand et des paraphimosis. • L’hygiène du gland repose essentiellement sur une toilette simple à l’eau savonneuse sans aucune manipulation du prépuce. Pour en savoir plus : - Naouri A. Décalotter ou ne pas décalotter le pénis des bébés et des petits enfants Extrait de « L’enfant bien portant », Seuil, dernière édition 2004 - Nathanson S. La circoncision : geste rituel et thérapeutique ? Medecine et Enfance, septembre 2004 ; p.415-7. 5.5 C omment favoriser le développement du langage ? avis d’exper t Dr Christophe Philippe, Pédiatre, Colombes. Le langage, au sens large, est un moyen de communication. Le langage du bébé et son développement doivent s’envisager dans le champ plus large de la communication et des interactions entre le bébé et ses parents au même titre que les contacts physiques et les échanges de regards. Ce sont toutes ces interactions, en particulier avec la mère, qui faciliteront le développement de la communication vocale puis verbale. Il est, bien entendu, conditionné par l’intégrité des organes sensoriels. Les différentes étapes de l’acquisition du langage - Les cris et les pleurs : ils représentent chez le nouveau-né le premier moyen de communication avec autrui. Ils peuvent exprimer la douleur, la faim ou tout simplement l’inconfort. Ils sont une signification et sont susceptibles de provoquer une réponse chez la mère. - Le babillage ou lallations : dès le 2e mois, le bébé émet des vocalisations qui semblent exprimer des sensations de plaisir ou d’inconfort. Elles s’enrichissent en quantité et qualité pour devenir ce que l’on nomme le babillage ou lallations voire gazouillis. C’est durant cette phase, entre 2 et 6 mois, que la mère et l’enfant entrent dans un jeu interactif en utilisant le « parler-bébé » et en répétant les phrases qu’elle lui adresse en modifiant l’intonation de la voix et le rythme de la parole. Le « parler-bébé » et toutes ces interactions vocales facilitent le développement linguistique. - La production de syllabes : vers 6-8 mois, les vocalisations du bébé sont plus faciles à identifier comme syllabes bien articulées telles que « ba », « da ». Autour de 8-9 mois, bébé double les syllabes : « ba-ba », « da-da » voire « pa-pa ». A cet âge, il imite les sons des paroles entendues et essaie parfois de reproduire l’intonation des conversations. Quant à la communication non verbale, elle se développe par le regard, le sourire et les mimiques puis par l’attention conjointe où l’enfant cherche à attirer l’attention d’autrui. 60 - Les mots : les premiers mots apparaissent entre 9 et 18 mois selon les enfants. Il est parfois difficile de les distinguer d’un doublement de syllabes tel « pa-pa » identifié comme le premier mot exprimé par l’enfant. Les mots désignent des objets, des personnes ou sont associés à certaines situations (demande, désignation). Il s’agit parfois d’un jargon difficilement compréhensible mais ayant une signification pour l’enfant : « ava » pour « au revoir » que seuls ses parents comprennent. L’enfant s’aide de la communication non verbale en pointant du doigt l’objet ou la personne désignée. L’accroissement du vocabulaire est variable d’un enfant à l’autre : en moyenne de 20 mots à 16 mois à 300 mots vers 2 ans. Rappelons que la compréhension précède toujours la production du langage. - Les phrases : il s’agit de l’association de deux mots signifiant une action. Elles apparaissent en moyenne entre 18 et 26 mois. La syntaxe au début utilise de « mots-phrases » exprimés dans un style télégraphique : des « apu-bonbon » pour « il n’y a plus de bonbon ». Ce n’est qu’ultérieurement, au cours de la troisième année, qu’on Les Experts répondent aux Mamans ! © Dmitry Ersler - Fotolia A retenir observe un enrichissement de la syntaxe par l’utilisation d’articles, de prépositions d’accords singulier/pluriel, masculin/féminin. Le vocabulaire ne cesse de s’accroître pour atteindre environ 1 000 à 2 000 mots à 3 ans. C’est à cet âge que l’enfant utilise le « je » marquant une étape importante de la reconnaissance de sa propre identité. Comment faciliter le développement du langage ? Il est clair que les facteurs mis en jeu dans le développement du langage sont innés et appartiennent en propre à l’individu. Ces prédispositions ne peuvent s’exprimer que par un jeu d’interactions de l’enfant avec son environnement et en particulier avec sa mère. L’action facilitatrice du « parler-bébé » sur le développement du langage en est un bon exemple. Puis, le langage des parents destiné à l’enfant évolue conjointement à ses progrès en l’adaptant à ses capacités de compréhension. Ainsi, le développement du langage implique les parents autant que l’enfant. Le vocabulaire mérite d’être constamment stimulé grâce aux livres d’images puis à la lecture d’histoires. • • Le développement du langage est génétiquement déterminé et propre à l’individu. • Il nécessite l’intégrité des organes phonatoires et de l’appareil auditif • Il est facilité par un jeu. d’interactions entre l’enfant et ses parents, en particulier sa mère et par la communication non verbale (regards, gestes, mimiques, pointage). Pour en savoir plus : - Mazet P, Stoléru S. Développement cognitif et du langage in Psychopathologie du nourrisson et du jeune enfant, Editions Masson, 2e édition, 1993 ; p. 31-47. - Bremond M. Dossier spécial : Les troubles du langage chez l’enfant. Pédiatrie MG fév 2009 ; N°7, p 10-15. 5.6. Mon bébé a une bronchiolite, est-ce grave ? avis d’exper t Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris des cas, l’avis du médecin traitant ou du pédiatre et la surveillance de l’évolution seront suffisants. Y a-t-il des bébés à risques ? En France, on estime que près d’un nourrisson sur trois est touché par la bronchiolite chaque année (460 000 cas/an). Heureusement, seulement 2 à 3 % d’entre eux sont hospitalisés en raison d’une bronchiolite sévère. Au début de son évolution, la bronchiolite se manifeste par les symptômes d’une rhinopharyngite. Cependant en 2 à 3 jours la toux va s’aggraver et les difficultés à respirer vont apparaître. La respiration s’accélère et le nourrisson peut faire du bruit en respirant. Tout cela peut gêner sa capacité à prendre ses biberons, donc à s’alimenter et à s’hydrater. Habituellement, le nourrisson guérit en 8 jours bien que la toux puisse persister plus longtemps (parfois 15 jours). La bronchiolite est-ce grave ? La plupart du temps non. Cependant face à une maladie qui touche les plus petits, il est normal de rester vigilant ! Dans la grande majorité Une attention particulière doit être portée aux bébés âgés de moins de 3 mois, aux anciens prématurés et à ceux déjà porteurs d’une anomalie cardiaque ou respiratoire. Que faire si bébé présente les symptômes d’une bronchiolite? Le médecin traitant ou le pédiatre habituel évalueront l’enfant et prescriront de la kinésithérapie respiratoire qui dégage les bronches de bébé et l’aide à mieux respirer. Le bébé ainsi soulagé peut mieux s’alimenter, boire et dormir. De plus, le kinésithérapeute sait également évaluer l’état respiratoire de bébé et renseigner le médecin sur l’évolution de la maladie. Il saura également aider la maman à prendre en charge l’hygiène du nez de l’enfant. A retenir La bronchiolite : ne vous précipitez pas aux urgences mais attention au tout petit ! Mucolytiques et antitussifs sont interdits chez le moins de 2 ans. Afssaps, avril 2010. sur 3 biberons consécutifs, cela signifie qu’il doit fournir des efforts importants sur le plan respiratoire. Pour le médecin, il faudra inciter la maman à consulter face à l’apparition de ces signes ou d’autres, tels que : • refus d’alimentation ; • troubles digestifs : régurgitations inhabituelles, vomissements (notamment lors des efforts de toux) ; • changement de comportement ; • détérioration de l’état respiratoire ; • fièvre élevée supérieure à 38,5° C, prolongée plus de 2 jours. • Références : ANAES. Prise en charge de la bronchiolite du nourrisson. Conférence de consensus. 2000. Que surveiller ? Si l’enfant prend moins de la moitié de la quantité de son biberon habituel 62 Pour en savoir plus : www.reseau-bronchio.org Les Experts répondent aux Mamans ! 5.7. Mon bébé est tout petit, comment lui éviter « d’attraper » la bronchiolite ? avis d’exper t Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris Il n’y a pas aujourd’hui de vaccin disponible contre le principal virus responsable de la bronchiolite (virus respiratoire syncytial), ni de traitement antiviral efficace. Pourtant, la survenue de cette infection devrait pouvoir être prévenue par de simples mesures d’hygiène. Comment faire ? Laver : - les mains des aînés de retour de la crèche ou de l’école ; - les mains avant tout soin chez le nourrisson ; - le nez du nourrisson avec un mouchoir jetable ; - nettoyer régulièrement les objets en contact avec le nourrisson (jeux, Les Experts répondent aux Mamans ! tétines…). Limiter : - les sorties en lieu public (métro, supermarché) surtout aux heures d’affluence ; - les contacts avec les sujets malades dans la famille. Interdire : - le tabagisme à la maison ; - les baisers sur la bouche ; - l’échange des tétines entre enfants. Prévoir : - les consultations médicales non urgentes (vaccinations, visites systématiques) aux heures creuses pour éviter les contacts avec les enfants déjà atteints. Enfin, l’allaitement maternel est recommandé pour diminuer le risque d’infections chez le nourrisson. • 63 A retenir • Ne perdons pas la notion de la fragilité du tout petit. • Ne l’exposons pas inutilement à des microbes potentiellement dangereux et ne fragilisons pas ces bronches en l’exposant au tabagisme passif. Références : - ANAES. Prise en charge de la bronchiolite du nourrisson. Conférence de consensus. 2000. Pour en savoir plus : www.reseau-bronchio.org 5.8. Quelle est la meilleure méthode pour prendre la température de mon enfant ? avis d’exper t Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris Répondre à cette question revient à poser à la fois le problème de la fiabilité des instruments et des sites de mesure (rectal, auriculaire, axillaire) mais aussi celui de l’acceptabilité de la méthode et de la culture des familles. Rappelons que la fièvre est définie par une élévation de la température centrale au-dessus de 38° C, en l’absence d’activité physique, chez un enfant normalement couvert, dans une température ambiante tempérée. Ce n’est qu’à partir de 38,5° C qu’il est éventuellement utile de la traiter (1). Enfin la fièvre est le premier motif de consultation en soins primaires chez les enfants, atteignant 28 % des consultations chez les moins de 15 ans dans une enquête réalisée en Aquitaine (2). Dès lors, un tableau comparatif des différents types de méthodes s’impose. Il permet de passer en revue leurs avantages et leurs inconvénients à l’heure où quantité de thermomètres sont sur le marché ! Sans oublier la main parentale ! Les recommandations britanniques (3) stipulent que les mesures rectales, axillaires et auriculaires sont probablement équivalentes au toucher parental pour détecter la fièvre. Elles ne recommandent pas, compte tenu du peu d’études, les mesures cutanées par faisceau infrarouge ou par bandeau frontal à cristaux liquides. L’Afssaps (1) propose la mesure rectale comme méthode de référence. Les autres sites sont pour elle moins précis mais ils ont leurs intérêts (rapidité, acceptabilité). La Société canadienne de pédiatrie recommande (4) le site rectal jusqu’à 2 ans puis la mesure auriculaire après. Pourtant en pratique quotidienne, certaines méthodes de dépistage, moins précises, sont intéressantes (bandeaux à cristaux liquides, mesures infrarouges à visée frontale) même si la main parentale semble faire aussi bien voire peut-être mieux ! • 64 A retenir • La prise de la température rectale reste la référence et permet au moins de contrôler une température anormale mesurée par une autre méthode • La fièvre n’est qu’un symptôme. Elle ne se traite pas systématiquement et s’apprécie en fonction de la tolérance de la maladie infectieuse qui la provoque. Références : 1- Mise au point sur la prise en charge de la fièvre chez l’enfant. Afssaps 2005. 2- Branthomme E. La mesure de la température corporelle lors de la consultation de médecine générale. Revue du Praticien Médecine Générale 1999 ; 477 : 1841-2. 3- Issues guidance to help assess children with fever. The National Institute for Health and Clinical Excellence 2007. 4- Société canadienne de pédiatrie. La mesure de la température en pédiatrie. Paediatrics Child Health 2000 ; 5 : 00-01. Les Experts répondent aux Mamans ! Avantages Inconvénients Fiabilité (sensibilité pour détecter la fièvre) Variation par rapport à la température rectale La mesure rectale avec un thermomètre électronique Rapidité de mesure. Mode répandu en Europe du Sud. Les thermomètres sont munis d’embouts souples et minimisent le risque de blessure. Stress de l’enfant ? Des accidents de perforation rectale ont été décrits chez des enfants se retournant brusquement au cours de la mesure (4 mois et 3 ans). La référence en matière de mesure ! 0 La mesure axillaire avec un thermomètre électronique Bonne corrélation entre température rectale et axillaire seulement chez le nouveau-né. Moins bonne corrélation après l’âge de 1 mois. Temps de prise long. Comprise entre 25 à 90 % Sous-estimation de 0,5° parfois jusqu’à 2 °C ! La mesure auriculaire avec un thermomètre à infrarouge Rapidité de la mesure : 1 seconde ! Comprise entre 51 à 97 % Sous-estimation de 1,3 °C. La main des parents Simplicité et rapidité de Aucun mesure ! Comprise entre 74 à 97 % Bandeaux à cristaux liquides à lecture frontale Thermomètres à infrarouge à visée temporale Peu étudiés ? Sous-estimation de 1,2 °C en moyenne. Simplicité et rapidité de Peu étudiés mesure ! ? ? 5.9. Jusqu’à quel âge donner de la vitamine D ? avis d’exper t Dr Sydney Sebban, Pédiatre, Paris. La vitamine D joue un rôle essentiel dans l’absorption du calcium. Les besoins sont d’autant plus grands que : - le climat est moins ensoleillé (la photosynthèse cutanée de vitamine D est très efficace mais très variable) ; - la peau est plus pigmentée ; - l’on se trouve au cours des 2 premières années de la vie et en période péripubertaire : périodes où la croissance staturale est plus rapide. Les réserves du nouveau-né dépendent étroitement de celles de leur mère. Elles sont souvent basses. Les prématurés n’auront donc pas constitué de stock suffisant et requièrent une supplémentation plus importante. Le lait maternel contient peu de vitamine D (25-70 UI/L), tout comme les laits pour nourrisson et les laits de suite (40 à 120 UI/100 kcal depuis 1992). Il faut donc assurer une supplémentation adaptée à l’enfant et à son mode d’alimentation. Celle-ci se fera sous forme de gouttes buvables quotidiennes de la naissance à 18 mois : - 1 200 UI/j pour les nourrissons allaités au sein ; - 800 UI/j en cas d’alimentation au lait artificiel ; - 1 500 UI/j en cas de prématurité ; - 2 500 UI/j chez l’enfant présentant une peau pigmentée. Puis 2 doses de charge trimestrielles (80 000 à 100 000 UI) pendant les mois d’automne et d’hiver (novembre et mars par exemple) de 18 mois jusqu’à l’âge de 5 ans (1). L’adolescence est également une période essentielle pour la minéralisation osseuse (fixation du calcium sur le squelette protidique). Pour cela il est nécessaire que les adolescents reçoivent un minimum de calcium dans leur alimentation (ce qui mérite d’être vérifié en particulier chez ceux et celles qui veulent contrôler leur poids) et une supplémentation en vitamine D qu’il est maintenant recommandé d’administrer 2 fois par an dans la période péripubertaire (10 à 18 ans) (2). • 66 A retenir • Nourrisson allaité : 1 000-1 200 UI/j. • Enfant < 18 mois recevant un lait enrichi en vitamine D : dose supplémentaire de 800 UI/j. • Enfant de 18 mois à 5 ans et adolescent de 10 à 18 ans : 2 doses de charge trimestrielle de 80 000-100 000 UI/j en hiver. • Femme enceinte : dose de charge unique de 80 000-100 000 UI au début du 7e mois de grossesse. Références : 1- Malet E. D, une vitamine dont en pensait avoir tout dit. Médecine et Enfance 2009 ; 29, 5 : 240-3. 2- Garabedian M et al. Prévention de la carence en vitamine D chez l’enfant et l’adolescent. Arch Ped 2005 ; 12 : 410-9 Pour en savoir plus : - La vitamine D, une vitamine toujours d’actualité chez l’enfant et l’adolescent. Mise au point du Comité de nutrition de la société française de p dédiatrie. Mars 2012. http://www.sfpediatrie.com Les Experts répondent aux Mamans ! ! snamaM xua tnednopér strepxE seL snoitseuq 04 seL setneuqérf sulp sel noitaniccaV .1 /noitsegid/noitirtuN.2 ecnassiorc eigolotamreD .3 /tnemeppolevéD .4 ecnassiorC/liemmoS snoitseuq sertuA .5 setneuqérf