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L’eau potable constitue dans de nombreuses régions du monde une source très importante d’arsenic anorga-
nique. En ce qui concerne notre eau potable, il n’y a pas de problème car les teneurs en arsenic sont très faibles,
tant dans l’eau de distribution que dans les eaux minérales. Il est possible que certaines eaux de puits soient
enrichies naturellement en arsenic anorganique. Si ces eaux sont utilisées pour préparer des boissons, cela pour-
rait alors causer des problèmes. Mais cela n’a pas été constaté. Dans les boissons rafraîchissantes, la bière et les
boissons lactées, des concentrations totales peu élevées en arsenic ont été observées et aucune spéciation n’a été
réalisée. Il est cependant à noter que le vin est susceptible de contenir une concentration assez élevée en arsenic.
Des teneurs totales allant jusqu’à environ 25 µg L-1 ont été détectées dans des vins d’origine spécifique, dont 75%
était anorganique. L’origine de cet arsenic n’a pas pu être identifiée clairement. Dans les raisins de table, aucune
teneur accrue en arsenic n’a été constatée.
Quasiment tous les légumes contiennent peu, voire très peu, d’arsenic total (pomme de terre, tomate, endive) et
la moitié environ de cet arsenic est anorganique. Il est probable qu’un certain nombre de légumes contiennent
également des arsénoglucides, chose qui nécessite encore des recherches supplémentaires. Les champignons
constituent ici une exception car ils contiennent bien plus d’arsenic total. Il s’agit toutefois surtout d’arsenic orga-
nique (à 90%), ce qui limite fortement le risque.
Très peu d’arsenic a également été retrouvé dans différentes espèces de fruits. Les pommes et les poires
contiennent peu d’arsenic anorganique et les agrumes en contiennent très peu.
Dans le groupe des compléments alimentaires, ce sont surtout ceux préparés à base d’algues marines qui sont
susceptibles d’être problématiques. Il n’y a pas de chiffres de consommation disponibles pour ces compléments
alimentaires, raison pour laquelle ils n’ont pas été repris dans l’analyse des risques. Il existe néanmoins une
réglementation pour ces compléments alimentaires, qui est basée sur les concentrations totales. La majorité de
l’arsenic présent dans les compléments alimentaires l’est généralement sous forme anorganique.
L’ingestion journalière moyenne d’arsenic total en Belgique, pour une personne de 70 kg, a été calculée à 1,04 µg
kg-1
poids corporel d-1 sur base des données obtenues. Cette valeur est conforme aux estimations de l’EFSA. La majorité
de cette ingestion est due à l’ingestion d’arsénobétaïne. L’ingestion journalière moyenne d’arsenic anorganique
s’élève à 0,11 µg kg-1
poids corporel d-1. La principale contribution à l’arsenic anorganique provient de la consommation
de riz et de vin. Les grands consommateurs de ces produits alimentaires présentent une ingestion additionnelle
d’arsenic anorganique de 0,06 µg kg-1
poids corporel d-1. Les personnes dont le régime alimentaire est essentiellement
basé sur le riz présentent une ingestion moyenne d’Asi de 0,22 µg kg-1
poids corporel d-1.
Comme scénario de base dans l’évaluation du risque, l’ingestion estimée d’arsenic anorganique (Asi) a été
comparée avec la PTWI antérieure de 15 µg kg-1
poids corporel (i.e. 2.1 µg kg-1
poids corporel d-1), qui était valable jusqu’en
février 2010. De plus, les valeurs BMDL01 (Benchmark Dose Limit) de l’EFSA (0,3-8 µg kg-1
poids corporel d-1) et la valeur
BMDL05 du JECFA (3 µg kg-1
poids corporel d-1) ont été utilisées comme fil conducteur. La marge d’exposition (‘Margin of
exposure’, MOE) a été calculée par rapport à chacune de ces valeurs de référence. En comparaison avec la limite
inférieure des valeurs BMDL01, la marge d’exposition est très étroite (1.4-2.7), tant pour les consommateurs moyens
que pour les grands et très grands consommateurs de riz. Pour les autres scénarios, la marge d’exposition varie
entre un facteur 9.7 et un facteur 72.7. Au niveau de l’évaluation des risques, on ne sait actuellement pas encore
clairement quelles valeurs doivent être prises en considération pour une “marge d’exposition sûre”.
Ludwig De Temmerman, Ann Ruttens, Nadia Waegeneers
Ludwig.DeTemmerman@var.fgov.be