Avril 2008 - Dossier technique n° 11 - Viticulture-Oenologie - Chambre Infos-16 – 7
AUXILIAIRES, BIODIVERSITE ET VITICULTURE DURABLE
A ce jour, seuls les acariens sont
réellement régulés au vignoble par
leurs prédateurs naturels : les typhlo-
dromes.
La lutte contre les insectes rava-
geurs peut passer par le développe-
ment de la faune auxiliaire au moyen
de haies et d’enherbement naturel.
A l’heure où les restrictions régle-
mentaires en matière de phytosani-
taires se renforcent, la lutte intégrée
faisant appel aux mécanismes de ré-
gulation biologique fait l’objet d’une
attention croissante et constitue une
voie intéressante pour assurer une
viticulture durable.
Les quelques insectes qui posent
problème
Les vers de grappes sont rapi-
dement nuisibles car ils attaquent
directement les fruits et favorisent
l’installation du botrytis. Le seuil de
population tolérable est donc bas.
Ce niveau est peu compatible avec le
maintien d’une population suf sante
pour qu’une prédation continue puis-
se s’opérer (Campoplex capitor).
Pour la cicadelle verte, le taux de
parasitisme avec le parasitoïde Ana-
grus atomus en première génération
est important. Mais par la suite, par
manque de synchronisation, les po-
pulations du parasitoïde chutent
avec pour résultat une non ef ca-
cité du contrôle en juillet-août. Pour
compliquer le tout, les populations
hibernent et se multiplient surtout à
l’extérieur des parcelles de vignes et
les vagues d’infestations sont surtout
importantes en juillet.
Dans un certain nombre de si-
tuations, les populations de vers de
Les attaques des insectes et acariens ravageurs en vigne se limitent en général à une ou deux espèces réelle-
ment considérées comme nuisibles. La vigne est une culture peu attaquée par les insectes comparativement
à d’autres cultures pérennes telle que l’arboriculture fruitière, où le nombre d’insectes ravageurs est beaucoup
plus important.
grappes et cicadelles vertes se main-
tiennent en deçà de seuils d’interven-
tion : une régulation a donc bien lieu.
Toute la dif culté réside dans le re-
censement et la caractérisation de la
fonctionnalité des auxiliaires vis-à-vis
des ravageurs de la vigne : en effet,
si certains parasitoïdes spécialisés
sont bien présents, ils paraissent in-
capables à eux seuls de contrôler les
pics de population. Il apparaît qu’un
certain nombre d’ennemis naturels
généralistes s’adaptent pour manger
ou parasiter les ravageurs quand ils
sont présents, et utilisent d’autres
ressources en cas d’effectifs faibles.
Comment favoriser les auxiliaires ?
Par un choix judicieux de spécia-
lités phytosanitaires :
• En utilisant modérément les pro-
duits agrochimiques
• En évitant les produits polyva-
lents
• En minimisant les effets non
intentionnels indésirables des spé-
cialités en utilisant des produits N
(neutres) à faiblement toxiques (NFT)
vis-à-vis des prédateurs
Par le maintien d’un paysage le
plus diversi é possible (haies, bos-
quets, enherbement, etc…) et riche
en espèces botaniques a n de :
• Créer des abris pour l’hiberna-
tion des auxiliaires
• Garantir le développement des
hôtes intermédiaires
• Offrir une nourriture de substitu-
tion
Exemples d’auxiliaires présents sur
le vignoble :
Rôle et ef cacité
Grandes destructrices d’insec-
tes, jouent un rôle important dans
l’équilibre de l’écosystème.
• Polyphages.
Généralement présentes en
grand nombre dans le vignoble.
Description et biologie
Arachnides de tailles et cou-
leurs diverses.
Une trentaine de familles com-
prenant plus de 1500 espèces.
Beaucoup d’espèces sont pré-
sentes dans le vignoble.
Capturent leurs proies à l’affût
dans des toiles ou à la course.
Les araignées
8 – Chambre Infos-16 - Viticulture-Oenologie - Dossier technique n° 11 - Avril 2008
Rôle et ef cacité
• Détruisent pucerons, chenilles
et œufs d’insectes et d’acariens.
Peuvent se contenter de nourri-
ture végétale en cas de disette.
• Jouent souvent un rôle de sta-
bilisateurs des parasites grâce à
leur polyphagie.
Description et biologie
Petites punaises (hétéroptères)
prédatrices mesurant de 2 à 5 mm.
• 2 à 3 générations par an.
• Hibernent sous forme adulte.
• Certaines espèces pondent
leurs œufs dans les tissus végé-
taux, sans toutefois leur nuire.
Les anthocorides
Rôle et ef cacité
Intéressants car parasitent les
œufs des vers de la grappe.
Les trichogrammes
Rôle et ef cacité
• Grandes dévoreuses de puce-
rons, chenilles, psylles.
Une espèce s’intéresse tout
spécialement aux acariens et aux
thrips : Stethorus puncbilum,
très petite coccinelle (1 à 15 mm)
avec des élytres tout noirs et ve-
lus et des pattes jaunes.
Description et biologie
Coléoptères.
Dessin et couleur des ailes va-
riables d’une espèce à l’autre.
Possèdent 2 paires d’élytres
(ailes antérieures) typiques.
Œufs jaunes orangés en forme
de fuseau, pondus en groupe
perpendiculairement au revers
de la feuille.
Larves fuselées, segmentées et
de couleur grise.
Hibernent sous forme adulte
dans des cachettes protégées :
Les coccinelles
murs de pierre, fentes rocheuses,
piles de bois.
Ponte dès le réchauffement
des températures.
Plusieurs centaines d’œufs par
femelle et par semaine.
4 stades larvaires et un stade
de chrysalide.
Selon l’espèce, 1 à 3 généra-
tions par an.
Migration sur de grandes dis-
tances possible.
Rôle et ef cacité
• Principal ennemi naturel de la
cicadelle verte (Empoasca vitis).
• Parasite les œufs de cicadelles.
• La présence d’A. atomus dans
le vignoble devrait permettre de
maintenir un seuil de tolérance
relativement élevé pour la cica-
delle verte, soit 500 cicadelles
par piège et par semaine.
Il n’est donc généralement pas
nécessaire de traiter dans ces
parcelles.
Description et biologie
• Hyménoptère de 0.3 mm
environ.
• Couleur généralement claire,
de jaune pâle à rouge-brun.
• Ailes frangées de longues
soies.
• Présence de cerques.
• Se développe également aux
dépens d’autres petites cicadel-
les se trouvant sur charmilles,
églantiers, noisetiers et d’autres
arbustes.
• Rôle très important de ces ci-
cadelles pour l’hibernage d’A.
atomus.
Anagrus atomus
Très bonne ef cacité en pre-
mière génération (généralement
suf sante pour maintenir les po-
pulations en dessous du seuil de
tolérance).
Ef cacité insuf sante en
deuxième génération.
Description et biologie
Petites guêpes (hyménoptères)
de 0.3 mm.
Déposent leurs œufs dans les
œufs de certains lépidoptères.
Avril 2008 - Dossier technique n° 11 - Viticulture-Oenologie - Chambre Infos-16 – 9
Rôle et ef cacité
• La prédation est surtout l’œuvre des larves.
S’attaquent aux œufs, larves et adultes de divers insectes et acariens
(notamment P. ulmi).
• Leur mobilité et leur polyphagie les rendent moins ef caces qu’un préda-
teur spécialisé.
• Contribuent néanmoins de manière appréciable et complémentaire à la
réduction de divers ravageurs.
Description et biologie
Névroptères.
L’adulte mesure de 1 à 1.5 cm et est de couleur vert à vert-jaune.
Ailes nement réticulées de vert, d’une envergure de 2.5 à 3 cm.
Œufs de forme elliptique et de 1 mm de long,  xés à l’extrémité d’un pé-
doncule  exible.
• Larves vert-brun avec parfois des stries longitudinales brun-rouge.
Selon les espèces, l’hibernation se fait sous forme adultes ou de larves.
2 à 3 générations/an.
Ponte de 800 à 1000 œufs par femelle déposés au hasard.
3 à 15 jours sont nécessaires à la maturation des œufs.
Les larves sont très mobiles, leur développement dure de 8 à 20 jours.
Les chrysopes
Les haies
indispensables !
Le développement d’une faune
auxiliaire est indissociable de la pré-
sence de haies au vignoble. La vigne
est une monoculture et constitue un
terrain idéal pour les ravageurs qui
y trouvent une nourriture abondante
sur un végétal de qualité et rencon-
trent peu d’ennemis naturels, au
contraire d’un écosystème naturel où
beaucoup d’organismes coexistent.
De nombreux travaux (INRA ;
ENITA) sont menés depuis plusieurs
années visant à mieux connaître le
rôle des haies dans la stimulation des
insectes utiles.
Pour stimuler et satisfaire les auxi-
liaires, il est nécessaire d’avoir plus
d’insectes au vignoble.
Comment stimuler
les espèces d’auxiliaires ?
Des chercheurs ont testé plusieurs
essences arbustives sur les dynami-
ques de populations en phytopha-
ges et auxiliaires en étudiant plus
particulièrement le cas de la pyrale,
les tordeuses ou la cicadelle verte.
L’aubépine, le chêne, la bourdaine, le
sureau noir, l’orme sont des plantes
riches en biodiversité en général.
Une in uence certaine
mais complexe
Diversi er un paysage en implan-
tant des haies a tendance à défavo-
riser les populations de tordeuses de
la vigne, mais risque de favoriser la
cicadelle verte (cas des ronces). Il
convient aussi de surveiller l’agent
vecteur du bois noir (Hyalestes ob-
soletus).
En début de saison, en mai, les
populations de phytophages sont
nombreuses. Ensuite les auxiliaires
prennent le dessus et quittent la haie
pour aller sur la vigne et s’attaquer
aux ravageurs viticoles. Or ces rava-
geurs sont peu diversi és et ne sont
pas présents en quantité importante.
Pour satisfaire ces auxiliaires, il est
nécessaire d’avoir plus d’insectes au
vignoble. Dans ce but, l’enherbement
qui a l’avantage de se situer directe-
ment au vignoble offre des résultats
intéressants. Ce sont les enherbe-
ments naturels spontanés qui offrent
le plus de biodiversité, bien plus que
les enherbements semés de grami-
nées. Les dicotylédones de ce point
de vue contribuent le plus favorable-
ment au maintien des populations
de typhlodromes. Les recherches
doivent encore se poursuivre, notam-
ment pour les haies, mais l’effet com-
biné de celles-ci avec l’enherbement
naturel paraît déjà fort intéressant.
Contact : Laurent Duquesne - 05 45 36 34 00
e-mail : laurent.duquesne@charente.chambagri.fr
Certains vignobles ont lancé des initiatives pour recréer de la biodiversité sur leur aire d’appellation a n de faciliter le
contrôle des insectes nuisibles par les faunes auxiliaires. Les travaux visent l’élaboration d’actions collectives coor-
données sur les exploitations pour l’aménagement de la lutte intégrée.
Bibliographie : Phytoma janvier 2008- Lutte biologique par conservation en vignoble, le rôle des haies et des zones enherbées –
monsieur Van Helden - Mondiaviti 2004
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